Warm Snow est le premier jeu du studio indépendant chinois BadMood. Mais l’importance que revêt ce titre est tout autre, puisqu’il s’agit également d’une collaboration entre notre fleuron national Microids et Bilibili ; géant de l’édition basé à Shanghai.

Car en plus d’être un excellent Roguelite, la sortie de Warm Snow sur notre territoire (et en français) relève tout simplement du symbole le plus important qui soit. Il s’agit d’une première tentative d’apporter des jeux indépendants chinois chez nous, traduits dans notre langue, comme il en existe malheureusement bien peu.

Et si vous êtes un habitué du site, alors vous savez combien ces productions sont toutes (pratiquement sans exception) exceptionnelles et avant-gardistes.

Mais trêves de digression, place au test !

Éditeur
Microids
Sortie France
20 oct. 2023
PEGI
+16 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

La Malédiction de la Neige Chaude

Votre histoire débute lors de la 27e année de l’ère Longwu. Durant cet hiver, la neige qui tomba des cieux était étrange, chaude plutôt que froide ; et ne fondait pas.

Tous ceux qui respirèrent cette poudreuse moite devinrent fous, se changeant peu à peu en monstres ; tandis que le monde se drapait d’un épais manteau blanc teinté de rouge.

Bien entendu, seul le sang des pauvres pavait les routes ; là où les riches se goinfraient de viandes, bien à l’abri au sein de cités souterraines.

Vous incarnez Bi-an, un guerrier solitaire immunisé à la malédiction de la Neige Chaude (ou peut-être que non, tout au contraire ?). Votre objectif est simple : sortir et, étape par étape, découvrir la vérité sur cette malédiction tout en combattant les créatures qui hantent désormais la surface.

Tout comme pour un certain Afterimage (meilleur metroidvania de tous les temps) ; Warm Snow distille son scénario avec parcimonie par l’intermédiaire d’une narration toute en poésie et en subtilité.

Warm Snow est un jeu magnifique, sur tous les plans. Et son intrigue n’est pas en reste. Parvenant sans peine à happer le joueur au sein d’un univers onirique et sinistre, il ne s’appuie jamais sur les effets gore à outrances ni sur les poncifs usuels du genre pour maintenir votre attention.

Tout au contraire, comme c’est le cas de la plupart des productions chinoises modernes, Warm Snow est un jeu qui ne cesse jamais de surprendre ; que ce soit dans ses propositions de gameplay, dans son histoire, sa mise en scène ou sa narration.

Bien entendu, le jeu n’est pas exempt de tout reproche et, si l’on doit rendre grâce à Microids de nous avoir apporté un titre aussi bon dans la langue de Molière ; force est de constater que les sous-titres sont particulièrement petits… en plus d’être excessivement nombreux.

Les explications des différentes mécaniques ne sont jamais simples ; mais tout au contraire bien trop détaillées et inutilement complexes ; le tout en blanc sur fond noir. Un détail peut-être au regard des autres qualités du titre ; mais un écueil qui aurait très simplement pu être évité.

L’hériter légitime d’Hades

Lancer Warm Snow ressemble peu ou prou à une première partie du titre signé Supergiant Games : on n’y croit pas. C’est mou, pas forcément intéressant ni révolutionnaire… juste un roguelite au demeurant très basique, bien qu’agréable et joli.

La première partie est plutôt médiocre, sans grandes ambitions ni révolution à l’horizon. Certes, le jeu demeure joli grâce à son ambiance hivernale. Certes encore, ce dernier dispose d’un gameplay simple et efficace… mais qui peine à se démarquer face à la myriade de titres similaires qui pullulent sur les différents shops et autres bacs à soldes des boutiques spécialisées…

Pourtant, ce n’est qu’après une première défaite que toute la profondeur du titre de BadMood Studio se dévoile. Vous vous réveillez au sein d’une immense forteresse, bien à l’abri de cette neige chaude, où les derniers humains vivent encore.

De nombreux PNJs hantent cet endroit, tous plus surprenants les uns que les autres. Une prêteuse sur gage géante, un vieil homme acariâtre, une prêtresse de rouge vêtue… au fil de vos parties, l’endroit se remplit d’autant plus à mesure que vous progressez ; vous offrant alors de plus en plus de possibilités.

Le contenu proposé par Warm Snow est… pharaonique. Peut-être même trop vaste et complexe au départ pour son propre bien. Contrairement à Hades justement, comprendre toutes les mécaniques proposées ici demande un peu plus de concentration et de temps. Rien de rédhibitoire cependant ; mais il s’agit là encore d’un écueil qui aurait pu être évité à l’aide de quelques tests supplémentaires…

Pour en revenir au jeu, cette forteresse vous sert de HUB central entre chaque run. C’est ici que vous allez pouvoir dépenser les âmes obtenues pour débloquer des améliorations, mais également choisir divers bonus temporaires et votre équipement avant de partir dans le cœur de l’action.

Warm Snow propose quelque 38 armes différentes à débloquer lors de vos parties. Trente-huit. Et chacune, sans la moindre exception, propose des spécificités en termes de maniabilité et autres originalités de gameplay. Trente. Huit. Et aucune arme à distance ou autres boucliers. Juste… des formes d’épées différentes, des lances et autres hallebardes ; et qui pourtant se jouent toutes d’une manière peu ou prou unique.

Mais est-ce tout ce que le jeu propose ? Eh bien non… très loin de là même. Lors de vos pérégrinations (et par d’autres moyens que je ne détaillerai volontairement pas ici), vous allez également pouvoir débloquer pas moins de cinquante reliques ; des équipements qui vont vous permettre de mieux spécialiser votre héros.

Chacune, plus ou moins rare, peut en effet être affiliée à l’une des quatre « aptitudes » de Bi-an : principale (qui détermine votre capacité unique), puissance, agilité et effet. Le Theory Craft devient dès lors particulièrement intéressant, d’autant que la notion de « speed-run » est au cœur de l’expérience Warm Snow.

Bien entendu, je n’ai pas encore évoqué la moitié des fonctionnalités proposées par Warm Snow, comme les PNJs, status d’évolutions ou encore la prêteuse sur gage… mais ce test s’éternise et, outre faire une liste impressionnante de mécanismes ; l’intérêt n’est que relatif.

Le plus important à ce stade est de comprendre que Warm Snow est un jeu qui ose essayer de proposer différentes manières de jouer, un contenu énorme et des mécaniques très diversifiées ; afin de vous offrir la plus grande liberté possible.

La neige de juillet ne peut être lavée que par le sang

Ce test s’écoule tel le sang sur la neige ; et je n’ai pas encore abordé la partie la plus importante d’un Roguelite : son gameplay.

Warm Snow ne réinvente certes pas la roue, mais il a le mérite de proposer une conception assez originale du genre via une maniabilité particulièrement savoureuse ; ainsi que par une structure classique mais tentaculaire. Explication.

Toutes vos runs débutent de la même manière : vous choisissez un bonus, puis êtes lâchés dans la neige avec votre arme et bonus éventuels.

Bi-an peut attaquer les monstres qui jalonnent votre chemin avec Y, mais également dasher avec B. La gâchette gauche L permet de consommer une potion ; et ZL d’utiliser la compétence liée à la relique Principale.

Mais là où Warm Snow brille particulièrement, c’est par l’utilisation de sa mécanique « d’épées volantes ». Votre héros est en effet continuellement suivi par cinq lames en lévitation, qu’il peut projeter par la force de son esprit sur ses ennemis via le bouton R. À tout moment, vous pouvez les ramener à vous avec ZR. Et, à l’instar du marteau de Thor, faire revenir vos armes secondaires provoque de lourds dégâts à tout ce qui ose se trouver sur leur chemin.

L’originalité de cette mécanique vient essentiellement du fait que vos épées, une fois lancées, ne reviennent pas d’elles-mêmes tant que vous êtes au sein du même niveau. Il devient alors possible (et particulièrement amusant, il faut l’avouer) d’en disséminer un peu partout avant de créer un véritable carnage.

Chaque zone est bien entendu instanciée et, une fois la fin d’un niveau atteinte, le jeu vous laisse le choix entre plusieurs voies. Chacune est symbolisée par une image, vous indiquant quel type de bonus vous risquez de trouver en chemin : nouvelles armes, âmes, reliques, soins… c’est à vous de planifier au mieux votre route afin d’obtenir les meilleurs bonus possibles.

En chemin, des boss vous arrêteront à intervalles réguliers. Roguelite oblige, en cas de décès vous revenez à la case départ et devez reprendre votre périple depuis le début ; non sans avoir au préalable dépensé vos précieuses âmes glanées en chemin afin de vous rendre plus puissant et augmenter drastiquement vos chances de survie.

Chaque run est unique, fort de ses bonus et améliorations temporaires qui viennent s’entremêler dans le feu de vos propres décisions ; comme pour changer drastiquement votre manière de jouer, de simplement penser votre manière d’appréhender le titre.

Certes, on pourra sans doute lui reprocher des décors un peu redondants et certains designs malheureux ; mais malgré tout cela, Warm Snow reste l’une des productions indépendantes les plus surprenantes de cette année…

J’aime

L

Magnifique Direction Artistique

L

Une Ambiance à la fois sinistre et poétique

L

Des tas d'armes et d'améliorations, pour des runs toujours différents

L

Un gameplay pratiquement parfait

L

Nerveux, puissant, véloce, précis

L

En français !

J’aime moins

K

Des textes trop petits et sombres

K

Des explications peu claires

K

Certains designs pas franchement réussis