Test de Farrel

     Le studio Petoons et l’éditeur PQube présentent le tout premier « ratoidvania » : Curse of the Sea Rats.

     Principalement connu pour ses jeux familiaux autour de la licence Peppa Pigs, Petoons s’est décidé à lancer un titre ambitieux et très éloigné de ses habitudes.

     Prévu pour le 6 Avril 2023 sur tous les supports, le metroidvania est passé entre mes mains sur Nintendo Switch pour un test complet. Alors, les promesses du studio sont-elles tenues ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.

Ratatouille au pays des pirates

     Curse of the Sea Rats raconte l’histoire d’un navire revenant du Nouveau Monde en direction de la Grande-Bretagne, avec à son bord des traîtres et des pirates devant être jugés (et pendus).

     Au beau milieu de l’océan, une prisonnière dénommée Flora utilise un artefact ancien afin de transformer tout le monde (elle comprise) en rats anthropomorphes.

     Après le naufrage du vaisseau, Flora disparaît en enlevant le fils du capitaine. Ce dernier propose à quatre prisonniers de partir à sa poursuite. Quiconque parviendra à lui ramener la fugitive et son fils aura la vie sauve, toutes les poursuites seront abandonnées.

     Votre personnage principal est au choix : David Douglas, un colon opposé à l’Empire britannique, Buffalo Calf, un chasseur cheyenne, Bussa, ancien esclave et enfin Akane Yamakawa, une guerrière japonaise en mission secrète.

     Libre à vous de décider qui sera votre héros, mais également d’en changer en cours de partie. Et cette idée est excellente, puisque chaque personnage dispose de caractéristiques très différentes. L’agile Akane dispose d’une excellente portée d’attaque, Bussa est une force de la nature, Calf bien plus rapide ; et, enfin, David ne dispose d’aucune force ni faiblesse spécifique.

     Cette possibilité de changer de héros en fonction de la situation donne un vrai plus au titre, d’autant qu’il est jouable jusqu’à 4 en local (sur une même console).

     Ce mode multijoueur est vraiment sympathique, rend le jeu plus facile (puisqu’il est possible de ressusciter ses alliés tombés au combat), et promet de belles soirées d’amusement.

     Cependant, lors de ces sessions en groupe, il est à noter quelques problèmes au niveau de la caméra : cette dernière suit le joueur le plus en avant dans un niveau, et peut régulièrement masquer les autres joueurs, même en position

délicate.

     Si le scénario n’est guère original, on sent malgré tout un talent narratif certain, rehaussé par une excellente mise en scène composée de plusieurs cutscenes dessinées.

     Au gré de votre périple, vous allez rencontrer Wu Yun, un esprit chinois ancestral enfermé dans un bracelet. Ce dernier peut utiliser les forces spirituelles de l’île pour débloquer des points de téléportation, mais aussi améliorer vos capacités et vous soigner.

     L’idée d’avoir mis en scène de manière logique et diégétique ces mécaniques usuelles du metroidvania est excellente, et augmente l’immersion dans cet univers singulier.

     Intégralement dessiné à la main, Curse of the Sea Rats a ce petit « quelque chose » en plus, ce supplément d’âme qui manque cruellement aux productions plus traditionnelles.

     Vraiment très beau avec ce côté dessin animé, le titre peut se targuer d’être une petite pépite visuellement. Mais ça ne fait pas tout…

Welcome to Rat Souls

     Curse of the Sea Rats est un jeu surprenant. Si l’on est en droit de s’attendre à un jeu familial, il n’en est malheureusement rien. Et ça, vous le découvrez assez rapidement.

     Particulièrement difficile, il n’est pas rare de périr très, très rapidement. À ce moment-là, vous revenez directement au dernier point d’améliorations, tout en laissant une partie de votre expérience à l’endroit de votre défaite. Oui, comme

dans un Soulborne. Eh oui, contre les boss également.

     Principale problématique du titre, cette mécanique semble totalement inadaptée à ce genre de productions grand public. Si l’idée n’est en soi pas mauvaise et plaira indubitablement aux amateurs (dont je fais indubitablement partis), elle tombe comme un cheveu dans la soupe et vous la découvrez au prisme de votre première défaite.

     Pour expliciter quelque peu mon propos, il y a un défaut de communication sensible autour de ce qu’est réellement le titre. Ce qui risque malheureusement de lui nuire fortement, et de lui porter indubitablement préjudice alors que ce dernier est pétri de bonnes intentions et de qualités indéniables.

     La plupart des boss, justement, ne sont pas indiqués par un visuel spécial. Vous les découvrez par hasard en avançant dans les niveaux… et ces derniers sont retors. Excellemment mis en scène, disposant de patterns bien pensés et donc jamais frustrants ; ils sont cependant très, très coriaces et nécessitent généralement plusieurs tentatives avant de parvenir à les vaincre.

     Concernant le gameplay en tant que tel, il n’y a peu ou prou rien à dire : vous êtes face à un metroidvania on ne peut plus classique. Vous avancez, tuez des monstres, gagnez de l’expérience et des niveaux ainsi que de nouveaux pouvoirs permettant d’atteindre des zones jusqu’alors bloquées.

     Cette formule maintes fois éprouvée est certes maîtrisée, mais de nouveau bien éloignée de la réalité du soft. Car, à l’instar de (l’extraordinaire, je ne

cesserai jamais de le dire) Salt & Sanctuary ; Curse of the Sea Rats est avant tout la fusion de deux genres. Et jamais il n’oublie son inspiration Dark Soulesque.

     Ainsi, la majorité des ennemis rencontrés sont capables de vous rosser promptement ; nécessitent plusieurs coups pour en venir à bout, et n’hésitent pas à vous tendre des pièges pour entraver votre progression.

     Pis encore, les (rares) objets de soins que vous êtes amené à découvrir tout au long de votre progression ne reviennent pas après votre trépas, vous contraignant régulièrement à devoir de nouveau affronter les divers boss dans des conditions plus difficiles encore.

Un Patch Day One inquiétant ?

     J’ai été informé de la mise à disposition d’un patch corrigeant peu ou prou la grande majorité des bugs majeurs du titre. Il est de facto important de vous livrer mon ressenti concernant ce dernier.

     À sa lecture, il semble en effet que le titre dans son état actuel souffre de nombreuses problématiques… que je n’ai pas rencontrées une seule fois au cours de mes deux parties sur Nintendo Switch.

     Aucun bug majeur, aucun crash de sauvegarde ni même de problèmes lors des cutscenes, rien. Tout au contraire, Curse of the Sea Rats est un exemple d’optimisation que j’aurais souhaité mettre en avant dans une partie dédiée.

     Cependant… un point attire particulièrement mon attention : les développeurs promettent ainsi un « Ajustement de l’équilibrage entre ennemis et personnages », que j’interprète comme « beaucoup de testeurs ont trouvé le jeu trop dur ».

     Je souhaite me tromper, car je retrouve alors le frisson délétère de mon expérience passée sur Nexomon : Extinction. Tout comme pour le titre qui vous intéresse aujourd’hui, nombreuses furent les récriminations à son encontre concernant son niveau de difficulté… que je mettais justement à son crédit. N’en reste désormais qu’une version certes plus accessible, mais également moins intense et, par corollaire, plus oubliable.

     Ne pouvant juger de ce correctif, je réserverai donc mon avis sur ce dernier. Car, si en l’état, Curse of the Sea Rats est un jeu exigeant et parfois frustrant, c’est une excellente chose qui le place au niveau des ténors du genre. Je gage cependant que réduire cette difficulté ne fera guère plus de lui qu’un énième metroidvania au funeste destin.

J’aime

J’aime moins

L

Dessiné à la main (et particulièrement beau)

L

Quatre héros très différents et complémentaires

L

Le multijoueur local, un vrai plus

L

Un niveau de difficulté corsé

K

Des problèmes de caméra en multijoueur local