Kingdom Eighties est le dernier-né des développeurs de Fury Studio, une entreprise interne fondée par l’éditeur de jeux indépendant Raw Fury. C’est également (et surtout) la dernière itération de la série de microgestion Kingdom, débutée en 2015 avec le jeu éponyme.

Le titre, particulièrement apprécié par les amateurs de ce genre si singulier, a connu trois opus depuis son lancement. Kingdom Eighties, prévu pour le 16 octobre 2023, est donc le quatrième, reprenant le gameplay si spécifique de la série tout en transposant son intrigue dans les années 80.

La question qu’il est légitime de se poser est de fait assez simple : les développeurs ont-ils su renouveler la licence, ou se sont-ils contentés d’y appliquer un simple skin différent ? Réponse tout en nuance ci-dessous.

Editeur(s)
Raw Fury
Sortie France
16 otc. 2023
PEGI
+7 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

Des Choses Étranges au cœur du Royaume

Kingdom Eighties vous propose d’incarner un adolescent durant ses vacances au Camp Kingdom, joli petit lieu isolé au cœur des bois, comme il en existe dans tous les films d’horreur des années 80. Il se retrouve rapidement démuni dès lors que des créatures monstrueuses débarquent, se répandant en même temps qu’un miasme violacé.

Mais votre héros, sobrement nommé « Chef », est l’héritier de la Couronne, un artefact puissant issu des précédents opus de la série. Il va devoir accepter ce destin et commander aux enfants prisonniers du camp afin de vaincre cette menace et de tous les mettre en sécurité.

Contrairement aux précédents volets de la licence, Kingdom Eighties dispose d’un scénario plus fourni et détaillé. Au gré des niveaux qui le composent, vous allez rencontrer plusieurs personnages secondaires qui vont vous accompagner, mais aussi avoir droit à des cinématiques régulières afin de développer ce court scénario.

Certes relativement sobre et consensuelle, l’intrigue de Kingdom Eighties est parfaitement dans le ton qu’il cherche à développer en reprenant tous les codes des films d’aventures mettant en vedette des enfants, le tout baignant dans une ambiance très proche de Stranger Things (soit une version moderne de ce type de cinéma propre aux années 80).

Sans être particulièrement palpitante (et très convenue), il faut reconnaître au titre de multiplier les références adroitement placées dans son décor, sans pour autant se jeter aux yeux du joueur. Que ce soit une DeLorean, une boutique s’appelant « Neverending Story » ou même ce fameux camp, qui n’est pas sans rappeler celui de Vendredi 13 (une occasion manquée d’ailleurs pour le studio, puisque le jeu sort le 16 octobre… alors que cette année le 13 octobre tombe un vendredi).

Cette profusion de références disséminées un peu partout au sein des niveaux rappelle forcément le travail de Joe Dante sur le premier Gremlins, et apporte une bonne dose de rejouabilité au titre à tous les amateurs de pop culture. Si vous êtes né dans les années 80 ou appréciez particulièrement les productions audiovisuelles de cette époque, alors Kingdom Eighties va faire frémir votre petit cœur nostalgique, qu’importe ses défauts.

C’est Kingdom… mais en vachement mieux

Kingdom Eighties propose une expérience très proche des autres opus de la série. Vous y incarnez un monarque, ayant cette fois-ci troqué son cheval pour une bicyclette.

Au centre de votre mini Royaume se trouve votre château, ici remplacé par des bâtiments plus cohérents dans la diégèse de cet univers (le centre de tourisme, la mairie, l’école, etc.), en fonction des niveaux traversés.

Libre à vous alors d’aller vers la gauche ou la droite, dans un jeu de microgestion en défilement horizontal. Tout ce qui fait le sel de la série principale est ici importé pratiquement à l’identique, remplaçant simplement les éléments médiévaux par des textures et des assets plus logiques avec l’époque.

Les soldats sont de fait remplacés par des enfants, les camps de travaux par des salles d’arcade, pizzerias et autres piscines. Les limites de votre territoire, elles, sont symbolisées par des cônes de signalisation sur lesquels vous allez pouvoir bâtir des tours de fortune.

Le principe est donc radicalement identique, sans pour autant oublier quelques ajouts notables. Le premier (et le plus visible) vient bien entendu du fait que désormais, vous ne voyagez pas seul. Vos premières missions consistent en effet à recruter vos trois acolytes : Bricoleuse et son talent indéniable pour la construction, Champion et sa force colossale, ainsi que Wizard (Mage en français… brisant totalement la référence pop), le geek passionné de jeux vidéo et de technologies.

Tout ce petit monde vous assiste dans votre périple via divers apports fort bien pensés. Ainsi, Champion peut trimballer d’énormes bennes à ordures comme s’il s’agissait de béliers, indispensable pour vous lancer à l’assaut des portails ennemis ; Bricoleuse va confectionner des tours lasers et, enfin, Wizard peut construire… un robot tueur télécommandé.

Pour le reste, tout est scrupuleusement identique. Kingdom Eighties se repose drastiquement sur les acquis déjà bien rodés de la licence : vous récupérez des pièces qui sont stockées dans un sac, que vous allez pouvoir dépenser dans la construction ou l’amélioration des divers bâtiments nécessaires pour vous défendre.

À intervalles réguliers, vous allez tomber sur des portails desquels les créatures (ici nommées Parasites) vont surgir lors des nuits. Pour les détruire, votre objectif est de faire suffisamment évoluer votre camp de base afin de débloquer la benne à ordures, que le Champion va pousser. Vous entrez alors en « mode assaut », et une partie de vos soldats vous suit.

Chaque niveau dispose de son propre objectif principal : récupérer un radeau, réparer un pont, détruire un mur et vaincre la source du mal. Libre à vous de vous précipiter vers celui-ci, ou plutôt de préférer explorer afin de débloquer diverses améliorations cachées.

Les enfants qui vous assistent peuvent devenir hommes à tout faire (pour construire, réparer ou s’occuper des stands), archers ou héros. Ces derniers sont des unités avancées particulièrement chères à construire, qui ne peuvent être plus de quatre en même temps et qui vous seront d’une aide précieuse lors de vos campagnes.

Malheureusement, Kingdom Eighties ne propose guère plus. Très limité dans ses propositions qui n’ont que peu évolué depuis l’épisode précédent, le jeu pourrait rapidement s’essouffler et lasser… s’il avait été plus long.

Cependant, Kingdom Eighties demeure un jeu fantastique pour tout nostalgique du cinéma des années 80. Nonobstant ses inspirations évidentes, le titre vous permet également de changer à loisir de véhicules : bicyclette, skateboard, voiture… vous allez même avoir l’opportunité de conduire la DeLorean, dégoter un véritable Overboard ou chevaucher une licorne arc-en-ciel !

Chacun de ces moyens de transport a une fonctionnalité bien spécifique qui ne se contente pas d’être simplement cosmétique. Le vélo vous permet de frapper des adversaires en faisant une roue arrière, la voiture de les écraser, le skate va plus vite au détriment de cette fonctionnalité et la licorne… défèque des pièces. Les véhicules spéciaux offrent également divers ajouts notables, comme des traînées de feu pour la DeLorean ou une énergie infinie avec l’Overboard.

Il est particulièrement aisé de se prendre au jeu, de vouloir explorer intégralement chaque niveau afin de découvrir les quelques surprises que vous ont réservées les développeurs. Une excellente idée pour augmenter la durée du titre. D’autant que…

Dites-moi que c’était une démo…

Quatre niveaux.

Voilà tout ce que Kingdom Eighties propose comme contenu dans son « mode histoire ». Quatre petits, minuscules niveaux.

Certes, ces derniers sont d’une grande qualité, différents les uns des autres et parviennent sans peine à vous tenir en haleine. Il faut également leur reconnaître une direction artistique particulièrement réussie, un pixel art au summum de ce qu’il est possible d’espérer d’une production indépendante et des musiques très inspirées des années 80 qui s’écoutent en boucle avec un plaisir indéniable.

Certes encore, les multiples références et véhicules apportent une certaine rejouabilité et il est très difficile de simplement lâcher Kingdom Eighties avant d’en avoir vu le bout…

… Mais l’intégralité du titre se boucle en un peu moins de 2 heures, surtout si vous êtes habitué de la série.

D’une simplicité extrême, seul le dernier niveau vous oppose une petite résistance lors de son combat final. En définitive, Kingdom Eighties est plus à voir comme une introduction à la licence qu’une suite réellement assumée.

Une fois la fin du jeu atteinte, vous débloquez cependant le « mode survie », une nouvelle manière de jouer sans fin dont le but est de refaire l’intégralité des niveaux dans une difficulté supérieure avec pour objectif de tenir le plus longtemps possible, sans autre bonus ni récompense (sinon une très belle interface sous forme de lecteur de cassettes).

De plus, les niveaux de ce mode précis ne sont pas reliés entre eux. Ainsi, les véhicules débloqués ne sont pas transportés dans la suite… Il faut tout de même noter l’ajout d’une « cassette ??? », soit un niveau mystère, qui mélange les assets des quatre précédents pour proposer une expérience différente qui se renouvelle à chaque fois. Une bien maigre compensation cependant qui ne rend pas honneur aux qualités indéniables du titre.

J’aime

L

Des nouveautés appréciables…

L

Une direction artistique magnifique

L

Un pixel art de grande qualité

L

Une bonne histoire, inspirée des films des années 80

L

De très nombreuses références pop

L

Une excellente bande-son

J’aime moins

K

… mais clairement insuffisantes

K

Très, très court

K

Un mode survie anecdotique

K

Une campagne beaucoup trop simple