Vlad Circus: Descend into Madness est le second titre du studio Indiestruption, déjà à l’œuvre sur l’original Nine Witches: Family Disruption. Si leur première production était un jeu de type point-and-click empreint d’humour noir, Vlad Circus: Descend into Madness s’oriente, lui, vers l’horreur psychologique pure et simple.
Le titre est prévu pour le 17 octobre 2023 sur toutes les plateformes modernes et, comme vous pourrez le constater, souffre cruellement de la comparaison avec les ténors du jeu d’horreur indépendant.
Editeur(s)
|
Blowfish Studios |
Sortie France
|
17 oct. 2023
|
PEGI
|
+16 ans
|
Liens | Site Officiel |
Support de test | Nintendo Switch |
Des monstres, un psy, du fun !
Vlad Circus: Descend into Madness vous met dans la peau d’Oliver Mills, autrefois clown dans le cirque de Vlad Petrescu. Dix ans plus tôt, le chapiteau a mystérieusement pris feu, tuant sur son passage bon nombre d’artistes. L’enquête révéla que le pyromane n’était autre que Josef, frère du M. Loyal. Il fut exécuté l’année suivante sur la chaise électrique.
Après un long séjour en hôpital psychiatrique, Oliver reçoit une lettre de Vlad, l’invitant dans l’ancien manoir de sa famille, en compagnie de tous les monstres survivants. Il veut rouvrir le cirque. Oliver s’y rend donc et, pour la première fois en dix ans, revêt de nouveau le costume d’Oli le Loir, rêvant de redevenir le clown qu’il était autrefois.
La suite appartient à l’intrigue du jeu, qui ne sera bien entendu volontairement pas spoilée ici, puisqu’il s’agit du plus gros attrait du titre.
Scénaristiquement, Vlad Circus: Descend into Madness est un bon jeu. Il sait prendre le temps de distiller son intrigue via des flashbacks, des hallucinations ou encore par le truchement de dialogues savamment dosés avec les quelques PNJ qui accompagnent votre protagoniste.
Ces derniers sont d’ailleurs plutôt bien écrits et disposent tous d’un background relativement étoffé, qu’il vous faut découvrir au gré de l’évolution du scénario. Tous sont plus profonds que ce qu’ils arborent simplement en surface ; qui est pourtant, déjà à la base, fort intéressante.
Ainsi, vous allez partager cette aventure aux côtés de Dom, l’ancien homme fort désormais invalide à cause de la polio ; Harry, le magicien sans jambes ; Alessia, la femme à barbe enceinte ; Ranjit, le fakir masochiste ou encore les jumelles siamoises. Des « monstres », comme ils aiment à s’appeler, ravagés par une existence difficile et meurtris jusque dans leurs chairs.
Plutôt que se contenter d’utiliser la figure du « monstre de foire » comme ressort horrifique, le studio en a fait des êtres pathétiques, à qui la vie n’a fait aucun cadeau et pour lesquels le joueur ne peut qu’être pris de compassion. Une excellente idée, d’autant qu’ils ne sont pas réellement au cœur de l’intrigue.
Le jeu tourne bien plus, en effet, autour de votre héros. Oli est un clown, triste quadragénaire, psychologiquement écorné. Ses traumatismes sont nombreux, presque autant que son cœur est faible. Nonobstant son histoire personnelle très sinistre, il vient de sortir de dix années d’internement psychiatrique à une époque où les méthodes d’accompagnement étaient encore… expérimentales ; et il en porte clairement les stigmates.
Au manoir, il va d’ailleurs retrouver le psychiatre qui l’a suivi durant toutes ces années, seule ancre avec le réel durant ses délires psychotiques. De nouveau, un personnage éminemment bien écrit, d’autant que sa seule présence fait douter le joueur de tout ce qu’il voit ou découvre.
Avec ces bases excessivement solides, Vlad Circus: Descend into Madness aurait dû figurer parmi les meilleurs jeux d’horreur indépendants de la console ; aux côtés de Ib, Mad Father ou encore Yuppie Psycho. Mais…
Un gameplay qui dessert l’intrigue
Vlad Circus: Descend into Madness est un titre étrange, singulier et qui manque clairement de finitions. Ou, pour être plus précis, qui en a trop eu. Ainsi, vous allez rapidement vous rendre compte du plus grand défaut du titre : il est très long, étire trop son histoire, distille les informations avec parcimonie… comme si, au final, il ne disposait pas d’assez de substance pour réellement tenir le joueur en haleine.
L’impression que les développeurs ont tout fait pour masquer des lacunes d’écriture s’installe rapidement, dès lors que votre sac est plein pour la première fois. Au départ, vous ne pouvez ainsi porter que quatre objets en même temps… parmi lesquels trois dont vous ne pouvez jamais vous séparer.
Bien vite, vous allez certes trouver deux améliorations pour ce dernier, augmentant votre capacité de stockage à six ; mais les items essentiels à votre progression vont également devenir de plus en plus nombreux.
Jeu de rôle indépendant en pixel art tout à fait classique, Vlad Circus: Descend into Madness base son déroulement sur une succession d’énigmes entrecroisées qu’il faut résoudre afin de progresser. Trouver une clé pour ouvrir une porte, puis récupérer une courroie dans la pièce afin de réparer un ascenseur, qui lui-même va vous conduire dans un nouvel endroit…
Les idées sont certes bonnes et les énigmes plaisantes ; mais rapidement se développe le sentiment d’être pris au piège dans une boucle infernale, essentiellement à cause de la taille de votre inventaire. Régulièrement, vous allez en effet devoir vous délester de tout ce fatras afin de récupérer un élément indispensable… pour mieux vous rendre compte que vous avez laissé sur place un objet qui devient alors essentiel.
Les allers-retours sont légion, horriblement longs, d’autant que ce cher Oli peine à courir sur de longues distances et doit régulièrement faire des pauses afin de reprendre son souffle. L’ennui s’installe en à peine deux heures, sans que le scénario n’ait réellement décollé d’un iota.
L’idée ingénieuse du titre vient en revanche de sa principale mécanique : le stress. Votre héros est en effet soumis à une tension palpable dès lors qu’il croise certaines hallucinations particulièrement choquantes, ou qu’il se fait attaquer. La jauge de stress grimpe alors de manière vertigineuse et ne s’interrompt que lorsque vous êtes à l’abri, ou parvenu à vous défaire de tous les ennemis à proximité.
Pour la faire baisser plus vite, Oli peut prier ou boire l’une des décoctions de son psychiatre. Là encore, des mécaniques intéressantes et étroitement liées au scénario.
Au final, très convenu, Vlad Circus: Descend into Madness souffre vraiment de la comparaison avec l’ensemble des autres jeux du genre s’y rapprochant grandement. Tous, sans exception, offrent pratiquement les mêmes possibilités, mais sans ces longueurs rédhibitoires.
Plongée au pays de la folie
Dernier point et non des moindres, Vlad Circus: Descend into Madness est un jeu en pixel art relativement beau. Les environnements sont nombreux et diversifiés, vous faisant voyager de forêts à cimetières en passant par des marais, égouts ou encore dans les souvenirs d’Oli.
Il faut lui reconnaître un certain charme, surtout dans ses représentations les plus graphiques de la violence. Ces scènes particulièrement gores vous sont présentées en un instant, si bien que seul en reste une image floue et rémanente.
Et il en va de même concernant les animations, toutes plus réussies les unes que les autres. Elles concernent surtout Oli, qui est criant de vie dans le moindre de ses mouvements.