Ad Infinitum est le tout premier jeu du jeune studio allemand Hekate Games, composé de deux figures de proue auxquelles s’ajoutent des prestataires pour des besoins spécifiques.
Le titre, édité par Nacon, est un jeu d’horreur en vue à la première personne se déroulant durant la Première Guerre mondiale. Si le titre a reçu un accueil de la presse plutôt chaleureux, les joueurs eux se sont montrés bien plus durs à son encontre. Une preuve de plus que tester objectivement un jeu n’a peu ou prou rien à voir avec le simple fait de donner son avis sur les réseaux sociaux…
Editeur(s)
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Nacon |
Sortie France
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14 sept. 2023
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PEGI
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+16 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Xbox Series |
L’Opération de l’Aube
Ad Infinitum vous place dans la peau d’un soldat allemand lors de la Première Guerre mondiale. Ce dernier, télégraphiste en poste dans les tranchées, reçoit un message : « À toutes les stations de tranchées : Opération Morgengrauen ».
Votre héros le comprend immédiatement : le commandement central demande à son unité de lancer l’assaut contre les troupes françaises. Ce qui, dans la guerre des tranchées, ne signifiait qu’une chose : la mort.
Vous n’avez guère le choix cependant : soit vous tombez au champ d’honneur, soit vous êtes fusillé pour désertion et jetez l’opprobre sur votre famille. Vous saisissez donc votre fusil, et vous lancez à l’assaut.
Cette première approche du titre est particulièrement convaincante, tant Ad Infinitum joue l’approche cinématographique. La mise en scène est bonne, tandis que ce passage sans le moindre risque vous enseigne les bases d’un gameplay excessivement simple, mais efficace.
Vous n’êtes confronté à aucun ennemi, seulement à l’horreur de la guerre via une bande son épique entrecoupée des hurlements et des complaintes des autres soldats qui tombent un à un… jusqu’à ce qu’un obus vous projette droit dans des barbelés. Une main arrachée, le corps en sang horriblement coincé dans ces fils acérés, vous suppliez un inconnu à l’aide avant de perdre connaissance.
Paul, le personnage que le joueur incarne durant l’intégralité de l’œuvre, se réveille dans le confort de son lit sous les hurlements de sa mère, suppliant pour qu’on lui rende son fils… tandis que son père la tance que vous êtes bien rentrés, qu’elle est devenue folle.
S’en suit alors une première exploration du manoir familial. Le scénario s’y distille en douceur, au gré des diverses énigmes qui composent le jeu. Uniquement composé de trois chapitres, Ad Infinitum est un titre qui se boucle en environ 4 heures et pourtant sait prendre son temps, cherche avant tout à inspirer l’angoisse par une ambiance lourde et oppressante, ainsi qu’une intrigue que vous devez découvrir au prisme d’événements au premier abord décousus, mais bel et bien logiques dans la diégèse du titre.
Une jolie réussite narrative tantôt lancinante et envoûtante, tantôt plus brutale et sinistre, mais qui parvient à faire mouche de bout en bout. Ne jouant jamais la carte du « torture porn » ni ne comptant sur des effets gore ou choquants, Ad Infinitum est un jeu qu’il serait plus logique de classer d’horreur psychologique ; puisqu’il va explorer la psyché de Paul et de ses proches avant, durant et pendant cette tragique période historique.
Il faut également lui reconnaître une narration un poil complexe qui pourrait perdre une partie du public, plus habitué dans ce genre de production à un rendu prémâché, simple et réel besoin de réflexion.
Écrire le simple résumé ci-dessus a été un véritable casse-tête, tant l’intrigue ne se dévoile que par petits bouts épars. La moindre information ou tournure de phrase maladroite peut indubitablement spoiler et gâcher intégralement le plaisir ineffable du jeu.
Pour une meilleure compréhension du titre et de ses (nombreuses) subtilités, je ne saurais que trop vous conseiller de vous le faire au moins deux fois. Une épreuve guère trop difficile, eu égard du fait qu’il existe plusieurs fins dans Ad Infinitum.
Une belle réussite qui ne tient certes pas du chef-d’œuvre, mais qui a le mérite de proposer un style narratif original et rarement vu dans le médium.
C’était pas ma guerre !
Ad Infinitum n’est pas un jeu d’horreur conventionnel, malgré sa vue à la première personne. Si vous vous attendez à un titre où vous allez combattre des monstres à tout va, vous risquez d’être déçu.
Le titre est plus un jeu de réflexion, qui développe son histoire tout en vous opposant des énigmes dans la droite veine des point-and-click. Vous vous déplacez dans divers lieux, trouvez des objets que vous devez ensuite utiliser sur d’autres afin de progresser. Un gameplay simple et très convenu, sans fioriture, et qui souffre malheureusement d’un classicisme excessif.
Seuls quelques brefs passages (ceux vous mettant en présence de créatures infernales) vous offrent un brin de fraîcheur en vous demandant de fuir. Mais là encore, le résultat est d’une banalité excessivement plate.
Ad Infinitum aurait mérité une vision plus originale, une prise de risque dans son gameplay. Certains choix, comme celui de la caméra, se justifient en termes de scénario ; malheureusement ça s’arrête là. Par chance, le jeu est trop court pour s’avérer réellement décevant ; tout au contraire même.
Une ambiance franchement réussie
S’il n’y a guère beaucoup à dire sur le gameplay de Ad Infinitum, tant ce dernier est basique, ce n’est pas le cas du reste. Visuellement déjà, le titre s’avère particulièrement beau. Au sein des divers chapitres, vous êtes amené à visiter des environnements diversifiés et réellement plaisants. Des tranchées au No Man’s Land en passant par l’intérieur du manoir familial ou un hôpital de guerre ; chaque décor se prête parfaitement au jeu tout en parvenant à offrir des propositions très intéressantes.
Graphiquement fort joli, il souffre néanmoins d’un problème de luminosité dans les espaces clos et mal éclairés, ce qui peut certes renforcer l’immersion… au détriment, une fois encore, du gameplay ; qui en pâtit sévèrement. Il n’est pas rare de devoir visiter plusieurs fois certains lieux afin d’y découvrir un objet à côté duquel vous êtes passé.
En revanche, l’ambiance sonore est une belle et franche réussite. Les musiques sont incroyablement riches, allant de la marche militaire à des sonorités plus épiques ou mélancoliques. Une bande originale riche, composée avec un immense talent et qui accompagne l’ensemble de cette aventure avec brio.