Starfield. Que dire de ce titre qui déchaîne les passions ? La presse est pratiquement unanime quant aux qualités intrinsèques du jeu, les joueurs un peu plus polarisés. Pourtant, nul ne semble pouvoir rester indifférent face à la dernière production signée Bethesda.
Univers immense, riche et immersif, nombreuses planètes à visiter, scénario dantesque aux multiples embranchements, crafting, constructions de bases et de maisons… sur le papier, le studio semble avoir mis tout en œuvre pour vous faire oublier ses échecs et errances passés en proposant une épopée spatiale dantesque.
Car qui dit nouvelle licence dit, bien entendu, fondations neuves et saines… n’est-ce pas ?
Editeur(s)
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Xbox Game Studios |
Sortie France
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6 sept. 2023
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PEGI
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+18 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Xbox Series |
Une histoire de Constellation
Dans Starfield, vous incarnez la nouvelle recrue d’une station de minage. À peine débarqué sur une lune somme toute classique, votre chef de chantier vous demande de vous occuper de l’extraction d’un étrange artefact. Mais en touchant ce dernier, votre personnage est pris de visions singulières.
Barrett, mercenaire indépendant missionné par le groupe Constellation pour récupérer ledit artefact, vous enjoint à rejoindre la Loge de la confrérie afin d’en apprendre davantage sur cet objet. Vous voilà parti pour une longue, très longue quête aux multiples embranchements.
Dans sa construction scénaristique, Starfield est une production Bethesda on ne peut plus classique : les bases du gameplay vous sont posées dans une introduction aux faux airs de tutoriel, avant que le jeu ne vous lâche complètement dans la nature. Quiconque a déjà joué à une œuvre du studio depuis sa création sera donc en terrain connu.
Après quelques heures, vous êtes en effet libre de faire peu ou prou tout ce qui vous passe par la tête. Comme toujours avec les jeux signés Bethesda, il n’est absolument pas nécessaire de suivre une quelconque trame narrative pour profiter du titre. Toutes les fonctionnalités sont débloquées dès la fin du tutoriel, vous permettant ainsi de jouer comme vous l’entendez.
La liberté de Starfield est tout bonnement incroyable, de même que les possibilités offertes par le titre. Que vous souhaitiez devenir le héros que la galaxie attend, chasseur de prime, commerçant, brigand ou simplement mineur ; le jeu ne vous impose aucune limite.
Si vous souhaitez néanmoins vous concentrer sur le scénario, sachez que ce dernier vous demandera entre 80 et 100 heures pour en venir à bout. Il s’avère particulièrement intéressant, fort de quelques rebondissements savoureux et d’une conclusion au diapason de sa narration. Un très gros point positif à mettre au crédit du titre, et sans doute sa plus grande force.
Si en revanche vous souhaitez épuiser jusqu’à la dernière activité que le jeu propose… bon courage à vous, car ce dernier peut être peu ou prou considéré comme « infinie ». Avec plus de 1 000 planètes à visiter, d’innombrables quêtes annexes et objets à récupérer, Starfield s’impose comme une aventure longue, intense et vraiment addictive.
Le Paradoxe Starfield
Je l’avoue sans peine ni honte : j’ai adoré Starfield, jusque dans ses moindres défauts. Pourtant, le jeu est oh combien imparfait. Il souffre de nombreuses tares qui pourraient, très légitimement, le discréditer auprès du public. Une question s’est alors imposée : pourquoi ? Pourquoi ne parvenais-je pas à cesser d’y penser, à vouloir y revenir pour un instant ou des heures entières ?
Et la réponse m’a semblé plus qu’évidente : je suis un produit Bethesda. Ayant grandi dans les années 90, j’ai connu mes premières grandes claques vidéoludiques avec les productions du studio : de Morrowind à Skyrim en passant par Redguard ou leur (singulier) jeu Pirates des Caraïbes ; Bethesda a défini durant ces trois dernières décennies ce qu’était (selon moi) la valeur étalon du médium. Même à leur époque la moins reluisante, j’étais un fervent amateur de leurs productions.
Et là est sans doute l’explication la plus simple de mon amour pour leur dernier titre. Car Starfield n’est pas un simple jeu vidéo, c’est la quintessence de la « formule Bethesda ».
Techniquement hasardeux, le titre souffre de temps de chargements incompréhensibles autant qu’inadmissibles. Chaque transition, qu’il s’agisse de visiter une planète, de charger une nouvelle zone (même minuscule) ou simplement de lancer une partie, est soumise à un écran d’attente. S’il ne s’agissait que de préparer une planète entière, cela passerait encore, mais la systématisation de ces moments suspendus se fait y compris en visitant un simple bâtiment !
Comment également passer sous silence l’aspect graphique du jeu ? Visuellement, on oscille entre la catastrophe industrielle et la douce contemplation.
Tout ce qui concerne les personnages (qu’ils soient principaux ou secondaires) semble venir tout droit d’un âge révolu et diablement lointain, chaotique et nébuleux. Outre la synchro labiale dissonante, ce sont bel et bien les visages qui sont les plus problématiques. Faire la différence entre Starfield et Fallout 4 tient parfois de l’exploit tant ces derniers sont ratés, inexpressifs et vieillots.
Par chance, Starfield jouit d’une direction artistique réussie, surtout lors de l’exploration de systèmes exotiques.
Et c’est une transition toute trouvée d’ailleurs pour aborder ce jeu très précis. La plus grande critique que vous pouvez entendre est bien celle-ci : « Starfield, c’est Fallout 4 dans l’espace ».
Eh bien… oui et non. Plutôt Fallout 76, pour être précis. D’ailleurs, nombre de bruitages, animations, objets et quelques musiques proviennent directement de la base de données de ce dernier.
La marouflerie va d’ailleurs plus loin encore, puisque la quasi-intégralité des mécaniques de jeu est directement importée des autres productions de la firme.
Que ce soit dans les combats, le maniement des armes, la construction de base ou l’aménagement des diverses maisons ; tout est un simple duplicata de ce que vous connaissez déjà par cœur, avec parfois quelques ratés.
Il est, par exemple, toujours impossible de placer des objets récupérés lors de vos voyages sur des étagères afin de les admirer si le jeu ne le prévoit pas. Toutes les babioles, décorations et autres livres ne sont là que pour faire office de marchandise, et non vous permettre de créer un espace personnel.
Pis encore, certaines fonctionnalités manquent cruellement à l’appel, comme la possibilité de stocker des ouvrages dans une bibliothèque ou de la nourriture dans un réfrigérateur.
Et comment ignorer ces choix de game design pour le moins surprenants ? La navigation dans les menus est un enfer, accéder à la carte d’une zone avant de revenir à l’action prend une éternité (vous êtes contraint d’afficher celle de la zone, puis de la planète, du système et enfin de la galaxie), s’équiper est tout sauf intuitif, la maniabilité des vaisseaux est une horreur et ne procure strictement aucune sensation.
Mais le comble revient sans nul doute à l’exploration de ces fameuses 1 000 planètes. Car, dans les faits, vous êtes limités à des zones restreintes essentiellement vides de toute vie ou de ressources. D’immenses cailloux bien vides qu’il faut parcourir à pied pendant de (très) longues minutes avant de tomber sur un quelconque « point d’intérêt » qui n’en porte que le nom.
Starfield souffre d’une vilaine comparaison avec d’autres jeux proposant une expérience peu ou prou similaire. Dans son état actuel (c’est-à-dire avec l’ensemble des mises à jour), No Man’s Sky fait mieux sur pratiquement tous les plans.
Construction d’avant-poste, découverte de civilisation, exploration de planètes,
combats spatiaux, extraction de ressources… jouer à Starfield vous rappelle combien le titre signé Hello Games est exceptionnellement en avance sur son temps.
Il serait également de bon aloi de citer Star Citizen qui, bien que toujours en Alpha et nonobstant les écueils liés à son financement, propose un gameplay similaire… mais bien plus abouti.
Bien entendu, la comparaison s’arrête à quelques mécaniques de gameplay peu ou prou similaires. Starfield est avant tout un RPG, et c’est bel et bien cette acception qui le rend si unique.
Ça… et cette combinaison de tout ce qui fait le sel des productions Bethesda depuis de nombreuses années.
Mais alors, quel est donc ce Paradoxe Starfield que j’évoquais plus haut ? Eh bien, pour vulgariser au maximum, le titre de Bethesda est tout simplement celui qui a bénéficié du plus de soin et de peaufinage.
Les bugs sont rares et généralement bénins. Quelques problèmes de collision, de rares animations qui ne se déclenchent pas, un ou deux soucis de chargement
de sauvegarde (sur toute une partie)… en comparaison avec ce que le studio avait pour habitude de livrer, Starfield est un bond de géant en avant.
Paradoxe, donc. Puisqu’il est tout à la fois le titre le mieux aboutit de Bethesda… mais également celui qui semble le plus en décalage avec son temps. Et si un Skyrim ou un Fallout 76 ont pu bénéficier de mises à jour majeures corrigeant la majorité des problèmes et malfaçons, Starfield ne pourra en aucun cas bénéficier du même traitement… sinon à repenser complètement la structure même du jeu.
Cependant…
Oui, Starfield est un grand jeu
Imaginez un titre vous permettant de vivre l’expérience Bethesda en illimité.
Imaginez pouvoir construire des avant-postes sur chaque planète afin de récolter des ressources, y faire travailler votre équipage et construire des colonies, mettre en place des routes commerciales, diriger un véritable empire…
Imaginez ne rien vouloir de tout cela et voyager seul à bord d’un chasseur puissamment armé, parcourir la galaxie en traquant les pires scélérats, équipé d’une veste de cuir et d’un six-coups flamboyant.
Imaginez-vous engoncé dans une combinaison rouge sang, votre fidèle hache en main, terrorisant chaque ville, pillant et construisant votre légende sur les cadavres de vos ennemis.
Imaginez-vous dans la peau d’un explorateur, catégorisant chaque découverte sur l’ensemble des planètes du système, découvrant des mystères et résolvant des énigmes.
Starfield n’a de limite que votre imagination.
Les possibilités offertes sont tellement énormes que tout le monde y trouvera son compte. Et les parties s’enchaînent, chaque fois dans un costume différent, pour une expérience sans cesse renouvelée.
Certes, vous allez revivre des instants parfois similaires… et d’autres totalement différents. Sur mes trois parties, j’ai pu expérimenter ces différences tantôt en jouant d’une manière classique, tantôt en incarnant un pirate de l’espace, avant de vouloir devenir l’explorateur que je rêvais d’être étant enfant.
Aboutissement de plus de vingt années d’apprentissage et de peaufinage d’une formule désormais connue de tous, Starfield pourrait se rapprocher de l’expérience sandbox ultime que tous les amateurs de la firme rêvaient d’avoir un jour entre leurs mains.
Si vous êtes client de la « formule Bethesda », vous passerez sans nul doute les prochains mois (années ?) à écumer la galaxie avec un plaisir sans cesse renouvelé. Dans le cas contraire, vous rejoindrez les hordes de détracteurs du jeu.