Notre été éphémère est un shôjo-ai qui met en avant Shizuku, une écrivaine en herbe bâchée par la critique des internautes. Alors qu’elle s’apprête à jeter son roman aux ordures, Kaori le récupère et décide de le lire.

Une fausse histoire d’amour

Shizuku ne manifeste pas spécialement d’émotions. Elle est renfermée, ne sait pas comment se comporter en présence d’autrui. Initialement, elle a écrit son roman pour elle-même. Je ne sais pas ce qu’il en est de la suite, mais ce premier volume ne traite absolument pas l’histoire de son roman ! Il est pourtant le cœur de la romance entre Shizuku et Kaori qui adore immédiatement son univers ! Aucune ligne n’est intégrée nulle part, alors que Kaori souhaite sortir avec Shizuku pour l’inspirer justement… Je crois que mettre en avant une romancière mérite d’inclure des extraits pour découvrir sa plume, savoir ce qu’elle écrit. On sait juste qu’elle est très empathique, que c’est un univers noir, rien de plus. C’est beaucoup trop succinct pour se faire un avis et surtout apprécier sa propre histoire. Imaginez un couple qui se rapproche grâce à un livre écrit par l’un ou l’autre et qu’on ne découvre rien du tout… Ça gâche l’immersion. Je pourrais citer R.O.D (Read or Dream, la suite de Read or Die) qui implique l’auteure Nénéné Sumiregawa, amoureuse de sa chère amie, Yomiko Readman. Cette dernière a vraiment adoré son œuvre et ça se ressent dans tous les pores du scénario. Leur romance est douce, savamment construite.

Problème de proportions

Le plus gros point négatif de ce manga réside dans son problème de proportions. Shizuku passe encore, mais à côté d’elle Kaori a des bras démesurés et une taille à ras la poitrine. Un bras peut arriver vers les genoux, un autre plus haut. C’est hésitant, manque de perfectionnement. Le niveau de dessin n’est clairement pas au point.

Les décors sont très anecdotiques. La demeure de Shizuku introduit quelques éléments qui sont posés là pour meubler les cases. On ne ressent pas de réel investissement dans les perspectives.

Concernant la relation entre Shizuku et Kaori, je la réprouve au plus haut point… Kaori propose à Shizuku de faire semblant de sortir avec elle jusqu’à la fin de l’été. Et l’auteure accepte. Même si le premier volume ne révèle pas les motivations de Kaori, on peut les deviner dans sa manière d’agir et ses accès de faiblesse.

Kaori prétexte que faire semblant de sortir avec Shizuku lui inspirera forcément un roman. Et elle lui impose même de l’écrire, ce que je n’ai pas apprécié du tout. Un auteur crée à son rythme. Lorsqu’une personne tierce a l’outrecuidance de se prendre pour une Muse et d’imposer un chef-d’œuvre au nom de l’inspiration qu’elle prodigue… C’est horripilant !

Leur histoire d’amour ne m’a absolument pas touchée à l’inverse d’I’m in Love with the Villainess ; car ici, tout est faux. On part sur une base mensongère : faire semblant d’avoir des sentiments et s’en contenter. Ça ne me convient pas du tout, étant authentique par nature. Et de surcroît, je suis écrivaine de métier, donc forcément, j’avais quelques exigences concernant ce manga.

De nos jours, il y a un réel glissement sémantique. On parle de yuri pour une histoire d’amour entre filles, sauf qu’initialement, le yuri inclut des rapports sexuels, tout le comme le yaoi entre garçons. Je respecte les appellations shôjo-ai et shônen-ai. C’est plus clair et plus honnête.