I’m in Love with the Villainess

I’m in Love with the Villainess est un shôjo-ai qui raconte l’histoire de Rei Ohashi, une femme qui travaille trop. Elle passe son maigre temps libre à jouer à des Otome Games. C’est une hardcore gameuse des jeux de drague. Après avoir terminé plusieurs fois le jeu Révolution et écrit des fanfictions présentées lors du Comic Con ; elle se réincarne subitement dans la peau de l’héroïne de l’univers : Rae Taylor.

Bien évidemment, les Princes ne l’intéressent pas. La seule femme qui l’émoustille s’avère être Dame Claire François, une aristocrate très orgueilleuse qui méprise les roturiers. Claire, quant à elle, a le béguin pour le Prince Thane. Ce dernier souffre d’un complexe d’infériorité car il se compare à ses deux frères.

Misha est la colocataire de Rae, elles partagent la même chambre au sein de l’Académie de Bauer. Je vous jure que ça me fait bizarre de tomber sur un personnage qui porte mon prénom… C’est rare de tomber dessus. Misha, donc, est amoureuse du Prince Yu. Chaque protagoniste développe ses propres relations amoureuses, ce qui amène des situations explosives, comme lorsque Yu manifeste de l’intérêt envers Rae lors de la partie de poker puisqu’elle a deviné qu’il trichait, ce qui enflamme Misha. Alors que Rae n’a que faire des Princes ! Seule Claire l’intéresse et elle ne s’en cache pas, au contraire !

Rae a un sérieux avantage puisqu’elle connaît déjà le jeu par cœur. Elle peut donc marquer un maximum de points aux examens, pas trop pour ne pas séduire le Prince Rod, mais suffisamment pour surpasser Claire. Et quelle meilleure initiative que de devenir sa servante personnelle pour profiter à fond de sa présence ?

« Marchez-moi dessus avec vos talons ! » La personnalité de Rae est… particulière… Elle aime toutes les attentions de Dame Claire, même s’il s’agit de harcèlement. Quand elle lui jette de l’eau à la figure, la pousse par terre, l’écrase, cache ses affaires, etc ; Rae en redemande et réclame même une bonne gifle… Je ne sais comment argumenter ce comportement des plus singuliers sans évoquer de possibles traumatismes enfouis… J’ai de la peine pour elle.

Enfin, je ne suis pas là pour décortiquer le cerveau de Rae ! Mais je trouve cela assez triste et dommageable. Et si j’en parle présentement, c’est bien parce que sa façon d’agir impacte la romance. Rae répète en boucle qu’elle aime Dame Claire. Cette dernière est terriblement gênée, surtout lorsque Rae déclame son adoration en public. Et ça devient redondant. Claire ne souhaite pas que Rae devienne sa domestique privilégiée, mais la jeune fille force le Destin en révélant des informations à son père pour l’obliger à l’engager. Je trouve cette manipulation fort discourtoise.

Je vais à présent souligner un gros problème : les tournures de phrases malhabiles. La plus grosse que j’ai relevée étant : « Tu étais si figée… que j’ai cru à une statue. » que je traduis volontiers par « Tu es tellement molle que je t’ai prise pour une statue ! » ou mieux : « Oups ! Je t’ai prise pour une statue ! » Pas besoin de justifier en longueurs, on comprend ! J’ai remarqué plusieurs coquilles également. Ce cumul altère l’appréciation de la lecture.

Malgré ces défauts, I’m in Love with the Villainess est sympathique et se laisse suivre. J’ai adoré l’intégration de l’apprentissage de la Magie dans le cursus scolaire. Bon, beaucoup moins la réincarnation dans un Otome Game, les Isekai pullulant tellement que ce genre a été restreint durant les concours de ces dernières années…

Je pense que Rae devrait montrer ses sentiments plus subtilement, sans forcer Claire à les accepter à tout prix. Parce que lui répéter en boucle qu’elle l’aime et qu’elle finira par se faire apprécier coûte que coûte n’est pas très… sain… On dirait une perverse qui a jeté son dévolu sur une fille et ne lâchera rien avant d’obtenir ce qu’elle veut… Vue comme ça, la romance en est sacrément altérée… Et c’est étonnant, car l’anime éponyme skip différents passages, ce qui confère une ambiance plus douce, plus romantique. Dans le manga, Rae saigne du nez en la contemplant en lingerie, pas dans l’anime. Dans le manga, Rae se prosterne et lui demande de lui marcher dessus en talons, ce qui la pénalise lors de l’examen. Dans l’anime, elle la regarde en bavant tout en soulignant ses qualités, ce qui la pénalise. Tout est une question de dosage. Le manga nous présente une Rae assez différente de celle de l’anime. Et je préfère la seconde, plus en nuances, qui force beaucoup moins les choses.

Pour autant, je pense que Rae n’est pas si perverse que ça. Elle aime véritablement Dame Claire. C’est juste mal amené. On le constate quand elle remporte les examens et réclame en retour à Dame Claire de ne jamais baisser les bras. Elle aurait pu profiter de la situation et exiger bien plus. Mais elle ne l’a pas fait.

Je note toutefois un faux raccord avec la petite histoire de fin. Dans tout le manga, Rae idolâtre Claire. Mais à la fin, elle remet ses goûts en question concernant le chocolat. « Vous avez flairé son talent à travers cette boisson, ou vous avez simplement mauvais goût… » « Que dis-tu…? » « Je disais juste que je vous aimais, dame Claire. » Ça me semble plutôt incohérent… Elle vénère chaque trait de caractère de Claire, y compris ses défauts. Alors, qu’elle remette en question ses goûts et grime sa désapprobation sous le couvert de son amour casse complètement son personnage…

En ce qui concerne l’agencement des cases, il est fluide. Les informations fournies ne sont pas étouffantes. Ça permet de suivre l’histoire en découvrant le lore pas à pas. Les personnages sont amenés petit à petit, même si c’est vraiment le duo Claire/Rae qui demeure le noyau de ce manga.

L’humour est vraiment appréciable. Claire, qui souhaite abîmer le livre de Rae pense aux impôts nécessaires pour sa confection. Elle se contente donc de gribouiller quelques lignes en châtiment.

Je suis curieuse de découvrir comment va évoluer leur histoire. J’ai bien aimé l’ambiance de cette romance originale. En espérant que Claire discerne les véritables sentiments de Rae derrière son obsession !