Détails
Genre

RPG| Action| Aventure

éditeur

PLAION

Développeur

Warhorse Studio

Date de sortie

15 Mars 2024

Support de test

Nintendo Switch

 

A propos de l'auteur

Farrel

Farrel

Co-Fondateur de Geek and Chill, streamer, responsable relations Presse, illustrateur, webmaster, responsable jeu vidéo & tech.

Quelques six années après sa sortie initiale, Kingdom Come Deliverance arrive sur Nintendo Switch dans une Royal Edition tout à fait surprenante.

Le chef-d’œuvre médiéval de Warhorse, maintes fois nominé et récompensé, était à l’origine sorti sur PS4, Xbox One et PC; avant de faire un bond via des mises à niveau sur les supports de dernières générations.

Et il faut admettre que l’annonce de ce portage a été une surprise pour tout le monde. Car rares sont les jeux à faire un tel saut, sinon ceux étant sortis sur la génération précédente (PS3 / Xbox 360) et qui, malgré tout, arrivent peu ou prou dans un état très limite.

Or Kingdom Come est avant tout un jeu excessivement gourmand en ressources, offrant un open world immense et incroyablement immersif. Quand on constate les carnages que furent, à leur sortie, des titres comme ARK ou encore The Outer Worlds; le doute est forcément permis.

Certes, d’autres jeux s’en sortent avec les honneurs, comme The Witcher 3 ou encore World War Z. Et quel est le point commun entre ces deux-là et Kingdom Come ? Les trois ont été portés sur Nintendo Switch par la même société : Saber Interactive. Sont-ils de nouveau parvenus à transformer l’essai et à livrer une version rendant hommage aux qualités du titre ? La réponse courte est “bordel OUI !”. Pour la longue, je vous propose de voir ça en détail dès à présent…

Mais avant, et comme je n’ai jamais eu l’occasion de déclarer tout mon amour pour le titre, voici un test complet de ce dernier !

Je vous parle d’un temps…

Kingdom Come Deliverance vous transporte à une époque révolue, en 1403 en plein cœur de la Bohême. Vous y incarnez Henry, fils du forgeron d’une petite ville tout à fait classique; en plein milieu d’une guerre opposant Sigismund à son frère, l’empereur du Saint Empire Romain.

Comme tout le monde s’y attend dés l’introduction, votre village va se faire envahir et tous ses habitants décimés. Ne reste que vous, partant à cheval afin de prévenir de l’arrivée prochaine de l’armée de Sigismund vos voisins directs.

Henry va de fait être pris dans une quête de vengeance qui va le transporter d’un bout à l’autre du pays, enrôlé par la force des choses dans une guerre dont il se moque.

Kingdom Come Deliverance propose donc une fresque médiévale du plus bel effet, loin des œuvres de fantasy traditionnelles. Il n’y est nullement question de magie, de pouvoirs mystiques ou autre. Le scénario ne vous implique d’ailleurs jamais comme une sorte de héros ni d’élu. Vous êtes simplement un vulgaire quidam, un bouseux grattant la terre qui va petit à petit devenir une pièce maîtresse au cœur de cette histoire magnifique.

Et c’est sans doute là l’une des plus grandes forces de Kingdom Come Deliverance : Henry débute littéralement comme ce qu’il est, soit un fils de forgeron sans capacités particulières ni destinée audacieuse.

Il en résulte pour vous l’obligation de vous former, d’apprendre, d’évoluer; dans une direction qui est à votre seule discrétion. Certes, vous pouvez simplement prendre les armes et vous entraîner pour devenir un véritable chevalier au cœur pur; mais rien ne vous empêche de préférer la filouterie pour parvenir à vos fins, ou simplement de jouer de vos charmes.

La liberté proposée par le titre dans le déroulé de ses faits est tout simplement un cas d’école, dans le sens où – outre certaines missions principales – il existe toujours mille manières de vous dépêtrer d’une situation particulière.

Certaines quêtes, comme “les voies impénétrables”, sont d’ailleurs au cœur de cette narration libre et ne dévoilent leur plein potentiel qu’en cas d’échec. Vous réussissez votre jet de charisme ? Fort bien, le père Godwin va simplement vous donner les informations que vous êtes venu quérir et la quête se termine là.

Mais si au contraire vous échouez… vous êtes parti pour une quête bien plus longue et périlleuse, au terme de laquelle il va vous proposer de boire un coup. Acceptez, et préparez-vous à une nuit de beuverie et de fornications en compagnie de charmantes donzelles… et même d’une chèvre. Refusez, et vous devrez trouver d’autres alternatives pour obtenir ce que vous cherchez.

Kingdom Come Deliverance est rempli de ce genre d’embranchements qui vont de surprise en découvertes plus ou moins joyeuses, au point que la rejouabilité globale s’avère particulièrement intéressante pour quiconque apprécie les mécaniques du titre.

Vaste et immense, le jeu vous promet des heures d’explorations pour en voir le bout; et même au-delà pour en découvrir les moindres subtilités… d’autant qu’il est de nouveau possible de jouer Henry selon votre propre discrétion.

Allez-vous vouloir nouer une relation amoureuse ? Vous concentrer sur la vengeance ? Devenir un voleur aux doigts agiles et vous lancer dans de vastes opérations de contrebande ? Peut-être tenter de découvrir les trésors antiques enfouis ci et là dans les différents lieux ?

Plus qu’un simple jeu, Kingdom Come Deliverance est une aventure avec un grand A, une expérience à nulle autre pareille capable de transcender jusqu’aux fondements même du médium.

La partie narrative est un sans faute absolu, écrite avec soin et talent, et magnifiée par une version française entièrement doublée forte de comédiens impliqués et toujours justes.

Une simulation de survie

Kingdom Come Deliverance se présente comme un RPG en vue à la première personne assez classique, du moins au début.

Le premier contact avec le titre le place d’emblée dans cette catégorie. L’interface est sobre : en haut du HUD se trouve votre boussole, en bas vos barres de santé et d’endurance.

Et déjà, une première originalité se fait ressentir : votre endurance maximale est limitée à la fois par votre santé, mais également par votre faim et votre fatigue.

Car oui, Kingdom Come Deliverance fait partie de ce genre de jeu qui va vous demander de prendre soin de votre avatar numérique. Il faut veiller à le faire manger (mais pas trop), dormir, ou encore se laver et nettoyer ses vêtements régulièrement.

En effet, l’une des fonctionnalités les plus intéressantes du jeu vient de la gestion de l’apparence physique de votre héros ainsi que de son état global; chacun ayant un effet direct sur vos chances de réussir diverses actions.

Vous présenter devant la haute bourgeoisie habillé en haillons et puant le fennec jouera indubitablement sur votre chance de convaincre les élites. Votre discrétion est également grandement réduite si vous portez des armures lourdes, ou simplement des habits trop voyants.

Parallèlement, se balader tranquillement dans les rues des bourgades habillé tout de noir attirera l’attention des gardes et suscitera la méfiance des badauds.

Et il en va de même concernant tous les aspects esthétiques : des traces de sang sur votre armure augmenteront vos chances de menacer, une armure lourde intimidera, etc.

Quand la négociation ne fonctionne pas, vous pouvez également faire sonner les pièces pour soudoyer les autres ou, dans les cas extrêmes (ou si c’est là votre manière de jouer).

Vos chances de persuader les personnes qui vous entourent dépendent ainsi de nombreux facteurs, y compris (comme dans tout bon RPG), de vos caractéristiques. Ces dernières sont au nombre de 4 principales et 5 secondaires.

Pour les principales, vous retrouvez les usuelles Force, Agilité, Eloquence et Vitalité. Chacune peut être augmentée au gré de vos niveaux, et permettent de débloquer des capacités qui leur sont directement affiliées (par exemple augmenter votre Force vous permet de porter plus de poids ou de ne pas subir de pénalité lorsque vous transportez un corps).

Les secondaires, elles, sont directement influencées par votre équipement et votre état général (cf ce qui a été dit plus haut). Il s’agit du Charisme, de la Visibilité, de l’Equivoque (se fondre dans l’environnement), du Bruit et de la Vitesse.

Impossible de les modifier, donc; sinon en veillant à prendre soin de vos atours, armes, armures et autres.

Il en résulte une grande diversité dans ce qu’il est possible de faire, car si Kingdom Come Deliverance ne vous bride jamais dans vos possibilités d’évolution, rapidement vous allez comprendre qu’il est impossible de créer un héros parfait.

Le système d’évolution de votre personnage est en effet suffisamment complexe (et long) pour vous contraindre à vous spécialiser assez rapidement; d’autant que jouer un personnage “multiclassé” risque de vous imposer de naviguer longtemps dans les menus afin de changer continuellement de tenue, gâchant ainsi grandement le plaisir de jeu autant que l’immersion.

Des combats d’anthologie

Mais si Kingdom Come Deliverance a autant marqué son époque (et continue encore à faire parler de lui), ce n’est pas seulement pour son scénario incroyable et ses possibilités fabuleuses, c’est aussi et surtout pour son système de combat, à la fois original et… singulier.

Afin de retranscrire au mieux toute la ferveur des affrontements de l’époque, les développeurs ont en effet fait le choix de ne pas simplement proposer un “vulgaire” système traditionnel. Une fois en position, un curseur en forme d’étoile apparaît au centre de l’écran.

En orientant votre stick dans une direction, vous allez porter un coup différent… qu’il est possible pour votre adversaire de parer en validant la même direction. Si vous décidez de ne pas choisir de direction, alors c’est un assaut frontal qui sera lancé (ndlr : une attaque perforante si vous êtes équipé d’une épée, par exemple).

Cette prise en main originale et novatrice va rapidement s’avérer déconcertante à plus d’un titre pour n’importe qui n’ayant jamais touché au jeu. Dans les premiers temps, il n’est pas rare de perdre ses affrontements tant il est ardu de maîtriser toutes les subtilités de ce gameplay.

Mais tandis que les heures passent, vous commencez à comprendre, à ressentir, à parvenir à prévoir les attaques de vos adversaires… et le constat se pose alors : le système de combat de Kingdom Come Deliverance a été pensé comme difficile à maîtriser, afin de refléter l’inexpérience d’Henry au maniement des armes.

De nouveau, gardez en tête que votre héros n’est qu’un fils de forgeron; certainement pas un guerrier. Et plutôt que de refléter cela par un vulgaire système de progression basé sur une valeur numéraire (les fameux “points d’XP”), le studio a opté pour une solution une fois encore plus immersive : vous demander à vous, le joueur, d’apprendre à maîtriser les arcanes de ce système de combat.

Le constat est le même concernant les autres aspects du jeu : le tir à l’arc, par exemple, est également terriblement déconcertant en ce sens où, lorsque vous visez, vous n’avez pas le moindre réticule pour vous aider. Attendez-vous à manquer la grande majorité de vos cibles sans un entraînement adéquat. Et par là, entendez “partir chasser durant des heures afin d’apprendre à viser”.

La grande majorité des joueurs auront, à ce stade, totalement abandonné quelques arcanes du titre pour mieux se concentrer sur une seule. Et pourtant, ce serait passer totalement à côté de l’incroyable richesse de Kingdom Come Deliverance.

Car là encore, le système d’apprentissage fait son office jusqu’à la toute fin du titre : vous parvenez désormais à parfaitement viser avec un arc ? Très bien, mais dans les batailles qui vont suivre il faudra y parvenir… à cheval, sur des cibles mouvantes, en pleine tempête et de nuit. Bon courage !

Le seul réel bémol de cette envie de proposer une simulation à chaque instant concerne le crochetage de serrure. Clairement pensé pour PC, sur console c’est une horreur. Par chance, cette version Nintendo Switch inclut un patch sorti ultérieurement simplifiant cette mécanique… qui n’en demeure pas moins très peu compréhensible et vraiment hasardeuse.

Enfin, pour symboliser au maximum ce côté simulation; sachez qu’il est impossible d’effectuer des sauvegardes manuelles à loisir. Pour ce faire, vous avez besoin d’un Élixir du Sauveur, une boisson alcoolisée assez rare et relativement coûteuse. Bien entendu, le titre propose très régulièrement des sauvegardes automatiques. Cette fonctionnalité est là uniquement pour les joueurs souhaitant ne pas assumer les conséquences de leurs actes.

Une édition vraiment Royale

Cette version Nintendo Switch de Kingdom Come Deliverance est sobrement sous-titrée “Royal Edition”. Comprenez par là qu’il s’agit de l’expérience complète, DLC inclus.

Mais avant d’entrer dans les détails, il est important de préciser que, comme beaucoup de titres similaires, le jeu nécessite un accès à internet (et à l’eShop) afin de télécharger divers packs de langues selon vos préférences. De base, le doublage proposé est uniquement en anglais, le français étant disponible via la boutique de Nintendo.

Cette version propose donc, en sus de l’expérience de base, les six DLCs sortis à ce jour de Kingdom Come Deliverance. Ces derniers vont d’un Set d’armure dissimulé à l’aide de cartes au trésor en passant par de nouvelles romances scénarisées, l’ajout d’un tournoi, d’une quête vous permettant de traquer des brigands tel un véritable chasseur de prime, ou encore… la gestion complète d’une ville.

Après avoir tenté l’expérience de Kingdom Come Deliverance à son lancement et via cette édition Royale, il est clair que les deux n’ont peu ou prou rien à voir.

Tenter l’aventure avec l’ensemble de ces ajouts change drastiquement la manière d’appréhender le jeu, notamment via certains ajouts qui ajoutent des heures entières de durée de vie à l’aide de gameplay très originaux. La seule gestion de votre village via la quête “l’Essor du Phénix” pourrait faire l’objet d’un stand-alone à part entière, ici naturellement ajouté au jeu de base.

Le studio Warhorse a d’ailleurs continué de travailler sur son titre jusqu’en Octobre 2023, date de la dernière mise à jour 1.9.6h, également incluse dans cette édition. C’est donc bel et bien une édition intégrale qui vous est proposée… à un prix réellement attractif, puisque cette version Nintendo Switch est vendue 49,99€; soit moins cher que son équivalent PC via Steam (51€ en solde au moment où j’écris ces lignes).

Tout ceci est bien joli, mais cette version Switch est-elle au niveau ?

Un nouveau miracle signé Saber Interactive

À l’époque de la sortie de The Witcher 3 sur Nintendo Switch, tout le monde s’attendait au pire… pour mieux être surpris par la qualité du produit final.

Pourtant, de nombreuses problématiques existaient alors, contraignant même le studio à déployer plusieurs patchs correctifs afin de rendre l’expérience totalement optimale (bien que inférieure aux versions consoles).

Mais voilà. The Witcher 3 était un jeu initialement sorti sur PS3 et Xbox 360; et ce sont bel et bien ces versions qui ont été portées sur Nintendo Switch. Dans le cas de Kingdom Come Deliverance, ce n’est pas la même affaire : le jeu est sorti sur la génération suivante de consoles, et est toujours considéré comme faisant partie des plus beaux titres de ces supports.

Adapter ce genre de production majeure sur Nintendo Switch tient littéralement du suicide. Jamais une console avec 4Go de RAM ne pourrait supporter un jeu qui, sur PC, en demande 8… ainsi qu’une GTX 660 et un processeur Intel Core I5 3.3Ghz; n’est-ce pas…?

Car on parle ici d’une console hybride avec un ARM Cortex-A57, 1 020 MHz; soit trois fois moins puissante que le minimum requis pour la version PC du jeu… Rien ne va. Rien du tout.

Et pourtant mes amis… Le miracle est de nouveau subjuguant. La version Nintendo Switch de Kingdom Come Deliverance vous propose rien de moins que l’expérience complète du titre, dans un portage qui laisserait pantois le pire des détracteurs de la console.

Certes, la comparaison est difficile avec les homologues Xbox Series et PS5 du titre; mais l’exploit réalisé par les équipes de Saber est tout de même à saluer.

Vous ressentez rapidement l’expertise de l’entreprise, qui a choisi de rogner tout ce qui pouvait l’être afin d’optimiser les performances du titre sans pour autant sacrifier en qualité ni en stabilité.

Et si le premier contact met en exergue les pertes évidentes, surtout sur le plan graphique (certaines textures de plantes sont réduites au strict minimum, des éléments apparaissent ça et là à mesure que vous approchez d’eux); la première plongée dans l’Open World vous met une claque comme rarement sur l’hybride.

C’est bien simple : préparez-vous, comme dans le jeu de base, à chevaucher à travers la Bohême pratiquement sans la moindre perte de FPS.

Mieux encore, vous allez rapidement comprendre que l’ensemble des éléments sur lesquels les équipes de Saber Interactive ont choisi de rogner sont purement esthétiques et secondaires, de sorte qu’à aucun moment la jouabilité de Kingdom Come Deliverance ne soit entachée.

 

Points positifs

L

Expérience complète avec tous les DLC inclus

L

Gameplay immersif et narratif

L

Grande Liberté d'approche dans les quêtes

L

Système de combat original et exigeant

points négatifs

K

Quelques rares problèmes de performance vraiment mineurs