Achilles: Legends Untold se présente comme un « RPG d’action avec des combats intenses à la Souls ». Le titre promet d’explorer un monde ouvert très riche, un mode en coopération, une vingtaine d’heures de jeu et une difficulté particulièrement poussée.

Premier titre du studio polonais Dark Point Games, n’importe qui serait en droit de se dire que les développeurs semblent avoir de trop grandes ambitions pour un budget trop faible… du moins, jusqu’à jouer au jeu. Car ce que vous avez là, mes amis, n’est rien d’autre qu’un exemple que même une équipe réduite et avec trois francs six sous est capable de rivaliser avec les géants de l’industrie, pourvu qu’ils aient la passion, l’ambition et le talent.

L’Iliade et la Mandale dans les dents

Achilles: Legends Untold débute durant la guerre de Troie. Vous incarnez Achille qui, accompagné de son armée de Myrmidons, tente de percer les défenses de ces porcs de Troyens bien décidés à empêcher le sac de leur ville. Même le prince Hector est de la partie, défiant très rapidement votre héros en duel.

Mais la vie est cruelle, y compris pour un héros comme Achille. Vous tombez au combat lors de cet assaut des mains de Pâris, prince de Troie. La mort n’est cependant pas votre destin, puisque vous vous réveillez dix ans plus tard, en Mycènes, guidé par la voix d’Hadès en personne.

Comment en êtes-vous arrivé là ? Pourquoi ? Que s’est-il passé durant ces dix longues années ? Tout cela est bien plus encore est au cœur du scénario de Achilles: Legends Untold.

Le premier contact avec le titre est plus que positif. En effet, ce dernier peut se targuer de disposer d’une intrigue très bien pensée, forte d’une narration immersive et particulièrement poussée, assez proche de ce que l’on peut retrouver dans le dernier opus de Diablo.

Le studio semble avoir mis les petits plats dans les grands afin de créer un univers médiéval mythologique cohérent, s’implémentant avec une certaine aisance dans l’histoire grecque antique.

Le titre reprend en effet à son compte bon nombre de mythes et de légendes, les reliant en un grand tout guidé par un fil d’Ariane original. En ce sens, Achilles: Legends Untold s’inscrit parfaitement dans la droite ligne de jeux tels que Titan Quest ou Rise of the Argonauts (un titre injustement oublié de l’époque PS3 / Xbox 360). Si d’aventure vous avez aimé l’un ou l’autre, nul doute que celui-ci vous plaira.

On pourra cependant lui reprocher une traduction en dent de scie, voire quelques libertés scénaristiques assez poussives afin de faire entrer des carrés dans des ronds et ainsi justifier des choix narratifs particulièrement capillotractés. Mais ces points sont fort rares et ne parviennent pas à gâcher le plaisir d’un titre qui dispose de qualités vraiment indéniables.

Diablo Souls

Achilles: Legends Untold se présente donc comme un Action-RPG en vue isométrique, à l’instar de Diablo avec qui il partage bon nombre de points communs. Cependant, le titre de Dark Point Games tient plus du Beat’em’All que du hack’n’slash.

Ainsi, les ennemis sont limités en nombre. N’espérez donc pas déchaîner les feux des enfers contre des hordes de centaines d’adversaires déferlant sans cesse, ni même faire pleuvoir la mort via des compétences particulièrement graphiques.

Tout au contraire, Achilles: Legends Untold s’avère particulièrement ardu dans ses premiers temps. Votre héros revenu des rives du Styx se bat en effet avec un équipement médiocre, en usant essentiellement de capacités utiles contre un adversaire isolé (voire un petit groupe très rapproché).

Le choix du mappage des touches est la première incongruité du titre. Votre arme principale s’utilise via RB (attaques légères) et RT (attaques lourdes). Courir en attaquant permet de fondre sur vos cibles afin de briser leur garde.

LB permet de brandir son bouclier pour parer les attaques et LT de se la jouer Captain America en lançant sa rondache directement sur les adversaires. Notez que cette dernière reste à son point d’impact jusqu’à ce que vous rappuyez, permettant alors de la faire revenir à vous.

C’est d’ailleurs indubitablement la meilleure mécanique du titre, qui n’est pas sans rappeler ce qui avait déjà été mis en place dans (l’exceptionnel) Warm Snow ; puisqu’en revenant à vous, votre bouclier inflige des dégâts aux adversaires sur sa trajectoire.

Il est particulièrement agréable, une fois cette technique pleinement maîtrisée, de se délester de son bouclier afin de mieux tendre un piège à vos antagonistes tout en parvenant à en tuer un maximum d’un seul et unique coup.

Côté boutons, le B vous permet d’effectuer une roulade ou de courir (en la maintenant enfoncée), seul moyen d’esquiver les attaques impossibles à parer ou de vous dégager d’une situation particulièrement critique. A, B et X sont toutes liés à des compétences plus ou moins utiles et modifiables à mesure que vous progressez dans l’aventure.

Enfin, la croix directionnelle vous permet d’utiliser divers objets (potions de soins, de rage, etc.). À l’instar de tout bon Soulborne, ces dernières se récupèrent en se reposant à des sanctuaires qui ont également pour conséquence de faire revenir l’ensemble des ennemis vaincus.

Dans cette même optique, ces endroits servent à tout : monter de niveau, débloquer des compétences, etc. S’y reposer est donc essentiel pour espérer progresser, même si cela signifie devoir se farcir de nouveau les hordes de créatures issues des enfers qui hantent les différents niveaux du jeu.

Pour autant, Achilles: Legends Untold ne parvient pas totalement à atteindre son objectif. Sa difficulté décroît rapidement, à mesure que le joueur apprend à maîtriser son héros… mais également débloque certains équipements.

À l’image d’un Diablo-like, vous allez en effet trouver des armes et armures de plus en plus puissantes disposant d’une rareté… mais le loot rare tombe malheureusement très rapidement. Trop pour maintenir la courbe de difficulté du titre au niveau d’un Soulborne.

Après quelques heures seulement, vous pouvez espérer être totalement équipé en « violet » (soit la rareté la plus élevée) et ainsi décimer en un ou deux coups la grande majorité des adversaires qui se dressent sur votre route.

Seuls les boss proposent alors une petite résistance… une bien maigre compensation cependant, puisque ces derniers s’avèrent également moins imposants que dans les jeux de From Software.

Techniquement très propre…

Achilles: Legends Untold est un jeu qui s’impose comme étant un fer de lance de la génération en cours. Malgré des graphismes un poil en retrait face à la concurrence, clairement moins beau qu’un Diablo IV, il tient la jambe à des titres tels que Wolcen sans ciller. En cause : une direction artistique vraiment superbe et une cohérence diégétique continuellement respectée, quelque soit les biomes traversés. L’équipe de développement a visiblement eu à cœur de proposer une expérience optimale dans un titre parfaitement optimisé et travaillé avec le plus grand soin, jusque dans ses moindres détails.

Il est clair que les ressources ont été mises là où il y en avait le plus besoin, avec un point d’orgue sur les séquences « obligatoires » et scénarisées. Ainsi, tous les dialogues sont doublés (en anglais) et la mise en scène s’avère sobre mais convaincante.

Le level-design des différents biomes traversés n’est pas en reste, et il est fort rare d’avoir le sentiment de traverser deux fois les mêmes zones malgré un monde ouvert particulièrement grand.

Durant la vingtaine d’heures que compte Achilles: Legends Untold, vous allez traverser des marécages, cimetières, champs de ruines, zones de guerres, etc. ; tous peuplés de créatures uniques et différentes. Un exploit eu égard de la taille du studio.

… Mais un manque de moyens flagrants

Malgré toutes ces qualités indéniables, Achilles: Legends Untold souffre de quelques problématiques assez rocambolesques qui auraient clairement pu être évitées. Des écueils tellement énormes, qu’une simple phase de Beta un peu poussée aurait permis de corriger.

Et c’est là qu’est tout le drame : Dark Point Games fait indubitablement partie de ces studios que l’on découvre avec une pointe d’admiration, comme l’espoir d’un futur radieux pour le médium, de jeux créés par des équipes soucieuses de proposer des divertissements à la hauteur, réfléchis et conçus avec soin ; mais qui vont devoir souffrir d’un clair manque de visibilité, autant de défauts liés à un manque de temps et d’argent.

Et les problèmes interviennent rapidement. Nonobstant les quelques lourdeurs de gameplay, dès le premier niveau des bugs et autres malfaçons incompréhensibles apparaissent, à l’image de textes tout simplement non traduits. Pardonnable quand il s’agit d’une petite phrase lancée par votre héros, bien plus dommageable dans le cadre d’un didacticiel vous enseignant une technique indispensable pour briser la garde de vos adversaires…

La localisation justement semble avoir été confiée à des incompétents notoires n’ayant qu’une maîtrise très relative de la langue française : fautes d’orthographe, traductions alambiquées, passages du vouvoiement au tutoiement au sein de la même phrase… Jusqu’au nom du héros, qui change aléatoirement de « Achilles » avec un s à « Achille » sans.

Aucun crash ni bug majeur n’est cependant à relever, mais quelques passages qui auraient pu bénéficier d’un soin plus particulier, ou d’un coup de polish : textures manquantes ou non terminées, artefacts visuels, placeholder oublié… Achilles: Legends Untold semble manquer d’un petit trimestre de finition pour réellement atteindre son plein potentiel, autant que d’une phase de bêta test plus conséquente encore.

Malheureusement, eu égard de la taille du studio, il est à parier que ces problématiques ne seront jamais réglées, surtout vu le manque de visibilité et de succès du titre…

J’aime

L

Une histoire riche et écrite avec soin…

L

Un gameplay brutal et exigeant

L

Très bonne durée de vie

L

Un mélange Beat’m’all / Soulborne assez réussi

L

Excellente ambiance

J’aime moins

K

… mais une traduction française artistique

K

Un mappage des touches assez singulier

K

Rejouabilité pratiquement inexistante