Goldorak – Le documentaire

Test réalisé par Farrel

     La plateforme en ligne Paramount+ vient de lancer son premier documentaire dédié aux mangas. Ce dernier se concentre sur Goldorak, l’un des animés les plus marquants de ces cinquante dernières années.

     À un moment où le célèbre robot revient en force (nouvel animé, jeu, manga, exposition, etc.), l’idée de proposer aux plus jeunes une rétrospective documentée sur ce dernier est excellente. Mais vaut-il le coup ? C’est ce que je vous propose de découvrir immédiatement.

Une perspective franco-française

     Durant un long segment, le documentaire se concentre sur la réception critique des jeunes de l’époque en France, après la première diffusion de l’animé sur Recrea2 durant l’été 78.

     Au travers d’interviews de fans, de déclarations de passionnés et d’images d’archives, le documentaire encense la culture manga dans son

Krzyżacy 2

ensemble et plus particulièrement Goldorak. En somme, un segment Goldorakophile très étendu réalisé par des passionnés, pour des passionnés, sans jamais tenter de conserver le moindre esprit critique, ni donner la parole aux détracteurs, sauf pour les tourner en ridicule.

     Car oui, vous avez également droit à quelques brèves « paroles d’adultes » parlant de « Mangasse », pointant la violence excessive et débilitante, sans autre argument à mettre en avant, avouant même ne jamais avoir réellement regardé. Et c’est sans doute la principale critique que j’opposerai à ce « documentaire » : ce n’en est pas un.

     Durant la moitié de ce dernier, il s’agit ni plus ni moins que d’une lettre d’amour à la série, visiblement rédigée par des amateurs (pour ne pas dire des fans) biaisant totalement la réception de l’époque pour privilégier un prisme idéologique sans nuances : tout le monde trouvait ça génial, sauf les critiques.

     Pourtant, il ne m’a guère fallu plus de 34 secondes pour retrouver les archives de l’INA coupées, montées et sorties de leur contexte présent dans ce documentaire. Et le résultat est édifiant : en 1979, le journaliste donnait la parole à toutes les voix. Des enfants adorant le robot, d’autres ne l’aimant pas (dont un trouvant ça « débile »), des parents inquiets, d’autres encore validant totalement la diffusion.

     Un choix éditorial atterrant, bien loin du travail habituel d’un documentaliste ; qui ressemble plus à un manifeste orienté en faveur du manga éponyme.

Encore une demi-heure… ?

Exoprimal

     Une fois la moitié du documentaire atteinte, il vous propose de partir au Japon pour découvrir les origines de Goldorak. Enfin, pensez-vous ! Enfin, vous allez apprendre quelque chose !

     Ne vous réjouissez pas trop vite, la suite n’est guère meilleure. Après une brève histoire sur la création du Manga au sortir de la guerre, dont Astro

(moins de cinq minutes), vous avez enfin droit à des déclarations plus conséquentes de Go Nagai, puis à une brève explication sans profondeur concernant l’industrie de l’animation nippone mise en place pour donner vie à ses idées.

     La durée de ce segment ? Un quart d’heure. Les interventions de Go Nagai, sur l’ensemble du documentaire, ne couvrent guère plus de 5 minutes ; dont la majorité dans ce segment. La manipulation est telle que ces quinze minutes sont entrecoupées d’images d’archives et d’autres passages télévisés afin de « gratter du temps d’antenne ». À la fin de celui-ci, vous n’apprendrez littéralement rien que vous ne savez déjà.

     Et c’est reparti pour un dernier quart d’heure totalement édifiant, sous forme d’une conclusion trop longue. Retour en France, sur l’importance du manga chez nous, mettant de nouveau en avant les personnes interviewées (les fans) continuant d’encenser à outrance Goldorak sans la moindre once de subtilité, avant de s’achever sur l’importance de continuer à faire découvrir ce manga aux plus jeunes.

     Édito personnel : J’aime beaucoup Goldorak. En tant que pur produit des années 90, j’ai découvert ce dernier étant enfant au même titre qu’Albator ; deux œuvres que je tiens en très haute estime.

     Mais être amateur d’une œuvre ne signifie aucunement valider la construction d’un documentaire de cet acabit, bien au contraire. Un documentaire se doit d’être neutre, objectif et éducatif, afin de livrer le regard le plus impartial possible et permettre au spectateur d’apprendre tout en développant son esprit critique.

J’aime

L

L'interview de Go Nagai

J’aime moins

K

Ce n'est PAS un documentaire

K

Des passages d'archives volontairement tronqués

K

N'enseigne strictement rien

K

Totalement orienté en faveur de son sujet