Fruits Basket (2019)

Fruits Basket est un monument de l’animation. Bien plus qu’un shôjo ordinaire, il aborde la psychologie de ses personnages avec une maturité saisissante. Aujourd’hui, je vais vous parler de l’adaptation de 2019, plus fidèle que celle de 2001.       

Tohru Honda vient de perdre sa mère, décédée dans un accident de la route. Son grand-père, ne pouvant l’héberger dans l’immédiat, la jeune fille plante sa tente dans un terrain qui s’avère être la propriété des Sôma. Elle découvre alors cette famille sous un nouveau jour. Tohru connaît déjà Yuki, surnommé le Prince du lycée. Elle rencontre dans leur maison Shigure, un écrivain cabotin et Kyo un garçon rebelle. Par mégarde, Tohru les enlace, ce contact les transforme en Rat, Chien et Chat ! La famille Sôma est maudite : au contact d’un membre du sexe opposé, ils se transforment en l’animal du zodiaque chinois qui les hante.

Shigure, le Chien, voit une aubaine dans cette rencontre. Après tout, sa maison est sale et en désordre. La venue de cette jeune fille pourrait lui être utile, surtout si elle s’occupe de la cuisine… Tohru, qui cumule ses études ainsi que du ménage le soir pour glaner quelques yens, accepte finalement son offre. Elle ne peut pas vivre dans une tente indéfiniment. La cohabitation avec Shigure, Yuki et Kyo promet d’être tumultueuse…

Si la première version de l’anime débordait d’humour en minimisant la détresse de chacun ; ce remaster exploite l’obscurité de ses protagonistes en respectant le manga. Chaque personnage a ses propres cassures, jusqu’à Akito, le chef de la famille Sôma.

Tohru est incroyable. Sa compassion est tellement grande qu’elle essaie de tous les sauver, panser chacune de leurs blessures. Et c’est bien grâce à cette qualité que tous ceux qui gravitent autour d’elle évoluent positivement à son contact. Tohru apporte lumière et chaleur dans cette famille suffocante qui maintient des règles absurdes.

Le conte initial prétend qu’un jour, la divinité organisa un grand banquet. 12 animaux s’y rendirent, sauf le Chat. En punition, il accueillit le cœur de la malédiction.

Cependant… lorsqu’on termine la saison 3 et que toutes les révélations sont exposées, cet aphorisme devient absurde, le Chat demeurant le plus important des 13. Nulle acrimonie de la part de la Divinité, ce pour quoi ce châtiment m’échappe…

Déjà petite, Tohru, en entendant cette histoire, souhaitait être du signe du Chat et non du Chien. Car son sort l’attristait beaucoup.

À ce propos, les dates de naissance des personnages sont complètement incohérentes. Shigure précise que lui, Hatori et Ayame ont le même âge. Idem : Tohru, native du Chien, est dans la même classe que Yuki le Rat et Kyo le Chat. Maintenant, je vais vous donner la liste des Signes du Zodiaque Chinois dans l’ordre : le Rat, le Buffle, le Tigre, le Lapin/le Chat, le Dragon, le Serpent, le Cheval, la Chèvre, le Singe, le Coq, le Chien et le Cochon. Ces signes bénéficient d’un élément chaque année : Bois, Feu, Terre, Métal et Eau. Il y a toujours deux années consécutives du même élément. 1988 Dragon de Terre, 1989 Serpent de Terre, 1990 Cheval de Métal, 1991 Chèvre de Métal etc…

En bref, non, Yuki et Kyo ont 2 ans d’écart, donc pourquoi partager la même classe ? Un redoublement ? Si c’est le cas, Shigure a redoublé… 6 ou 7 fois ? J’avoue être extrêmement dubitative…

Il y a quelques incohérences dans ce genre, mais c’est bien celle-là qui me gêne le plus… Pourtant, l’auteure note bien l’arrivée des animaux dans l’ordre lors du banquet de Buddha.

Outre le fait que cet anime nous présente les 13 signes du Zodiaque, il soigne remarquablement ses personnages. Chacun appuie sur un trait de caractère en rapport avec son signe, même si je trouve Tohru très éloignée de Shigure, dont elle partage le signe. Une question d’élément ?

Les Signes du Zodiaque et leur trait de personnalité marquée :

• Le Rat : Yuki est introverti, timide et solitaire. Le Rat est très intelligent, doté d’un talent artistique inné et de facilités pour communiquer. Ambitieux, instinctif et sentimental.
• Le Buffle : Hatsuharu est complètement borderline, proche du TDI. Dans les extrêmes, avec un tempérament passionné. Loyal, honnête, il dit ce qu’il pense et ressent sans filtre. Le Buffle (ou Bœuf) est un signe pragmatique. Sérieux, responsable et fidèle.
• Le Tigre : Kisa intériorise tous ses problèmes, quitte à détruire ses proches et elle-même. Le Tigre est impulsif et aspire à une vie romanesque. Courageux, franc et généreux.
• Le Lapin : Momiji est un garçon doux et gentil. Il enfouit ses cassures derrière un sourire affable. Le Lapin (ou Lièvre) est d’une nature calme et patiente. Constant, bienveillant et sociable. / Le Chat : Kyo partage la même année que le Lapin. La culpabilité qui le dévore est énorme et il se considère comme un monstre. Hôte de la vraie forme de la malédiction, il explose et détruit tout ce qui l’entoure. Si je devais bien cerner le caractère du Chat d’après tout ce que j’ai lu, je dirais qu’il est méfiant, introverti, réfléchi et créatif. Discret, fidèle et casanier.
• Le Dragon : Hatori est intelligent, noble et charismatique. Laconique, il parle peu et souffre en silence. Il dispose d’un pouvoir conséquent : celui d’effacer la mémoire des gens. Le Dragon est un leadeur né, autoritaire, et arrogant. Chanceux, passionné et aventureux.
• Le Serpent : Ayame est excentrique, élégant et mystérieux. Il crée un monde et colore celui des autres par sa seule présence. Le Serpent est affilié à la sagesse, au secret. Analyste, ses déductions sont très justes. Fascinant, intelligent et prudent.
• Le Cheval : Isuzu cherche à briser la Malédiction. Indépendante, elle défend ses convictions et se raccroche à Hatsuharu de toutes ses forces. Le Cheval est dynamique, égocentrique, nomade. Il inspire les autres et attire la sympathie. Sauvage, autonome et éloquent.
• La Chèvre : Hiro est arrogant, méprisant même. Il fait preuve de méchanceté envers Tohru avant de s’apercevoir que c’est vraiment une bonne personne. La Chèvre (appelée aussi Bouc) est sensible, rêveuse, timide et stable. Mais aussi inconstante, ses émotions la dominent. (On remarque qu’il s’adoucit avec le temps justement.) Idéaliste, insouciant et imaginatif.
• Le Singe : Ritsu passe son temps à s’excuser, c’est maladif. Il est de nature angoissée. Poli et curieux, le Singe est un inventeur qui ne manque pas d’humour. Il excelle dans divers domaines grâce à son intelligence. Tempérament tranquille et conciliant. Optimiste, indépendant et créatif.
• Le Coq : Kureno est dévoué à Akito. Il est honnête, loyal et fidèle à son maître, quitte à en pâtir. Le Coq (ou encore Phénix) peut imposer ses idées aux autres en pensant bien faire. Il est fier, franc et ne passe pas inaperçu. Ses relations (amicales ou plus) sont essentielles pour lui, il en prend soin en essayant de résoudre leurs problèmes. Déterminé, brillant et conservateur.
• Le Chien : Shigure est cabotin (ou cabot-in pour la blague ?), il joue un rôle la plupart du temps. Enjoué, il épanche sa bonne humeur dans la maisonnée. Il est extrêmement loyal envers Akito. Le Chien est aussi aimable, généreux, dévoué aux autres et persévérant. Altruiste, têtu et bienveillant.
• Le Cochon : Kagura a un caractère… de cochon ! C’est le cas de le dire ! Patiente et possessive, elle espère toujours que Kyo acceptera son amour. Le Cochon (ou Porc, Sanglier, Éléphant) est sociable, obstiné et franc. Épicurien, courageux et authentique.

J’ai noté quelques traits, ce qui ne signifie pas que chaque personne se limite à cette description. Pour ma part, je suis native du Serpent de Terre (1989) et Farrel du Chat de Feu (1987). Les éléments brossent un portrait très différent d’un signe à l’autre. Par exemple, mon élément est le plus chaleureux des 5 : le Serpent de Terre est extrêmement bienveillant, à l’écoute des autres. Ne connaissant pas les éléments associés aux héros de Fruits Basket, je ne peux que me baser sur leurs signes.

Le duo Shigure/Ayame est vraiment comique ! Quand ils sont ensemble, rien ne les arrête ! Parfois, ils font croire aux autres qu’ils ont une relation MM, juste pour rire. Et ça fonctionne ! Vous l’avez deviné, j’adore Ayame, je le trouve très réussi. J’aime beaucoup Saki également. Sa médiumnité l’a isolée des autres, jusqu’à ce qu’elle rencontre Tohru, capable de l’accepter avec ses dons.

Les interactions entre les signes, et plus encore celles qui impliquent Tohru, ont été peaufinées. Chaque protagoniste évolue drastiquement, Hiro en est le meilleur exemple. De gamin insupportable, il apprend à s’ancrer dans la réalité, ne se focalise plus sur sa petite personne. Il finit même par parler de « l’accident » de Rin, un poids qu’il a gardé sur les épaules pendant trop longtemps.

Dans la première version de l’anime, Tohru avait les yeux bleus, Yuki violets. Le trait était moins fin. Cette fois, on remarque un réel respect au niveau de la colorimétrie, des teintes beaucoup plus chaudes et soignées. Les textures sont fluides, souples, rien n’a été lésé.

Bien sûr, j’ai également lu le manga il y a de nombreuses années. J’avais souvent du mal à reconnaître les personnages en noir et blanc, surtout en grandissant… Momiji, Hiro, Kakeru… Je me suis retrouvée perdue en me demandant si je n’avais pas laissé couler trop de temps entre deux volumes, ou peut-être que ce n’était pas le bon numéro ? En fait, je tenais bien la suite, mais les personnages se démarquent vraiment en couleur. Voilà pourquoi je pense qu’il est plus judicieux de découvrir Fruits Basket en anime pour commencer, avec ce remaster en 3 saisons. Tous les secrets sont dévoilés contrairement à son prédécesseur qui s’arrête sur la vraie forme du Chat.

Pourquoi ce titre « Fruits Basket » ? C’est expliqué dans un épisode. Enfant, Tohru jouait le rôle de la boulette de riz dans le panier de fruits, alors forcément, tous les fruits ont été appelés, sauf elle. Car un Onigiri n’a rien à faire dans un panier de fruits…

J’ai beaucoup aimé ce passage. Tohru compare les gens à des Onigiris. Ils ont tous une prune dans le dos, mais comme ils ne peuvent pas la voir, ils n’ont pas conscience de leurs qualités. Elle a une belle vision des choses, c’est une personne très positive et altruiste. Sans doute dans le haut du panier (rire, panier de fruits !) des personnages que je préfère. Certains reprochent sa naïveté, sa candeur. Mais Tohru est comme ça : elle voit le meilleur chez les autres, les pousse vers l’avant, les bonifie.

Il faut souligner la grande qualité de la VF de ce remaster. Même si certains doubleurs incarnent plusieurs personnages, le ton reste juste et l’émotion toujours au rendez-vous. C’est une pure réussite avec des comédiens de doublage impliqués. Certaines séquences ont rendu mes yeux humides, pas uniquement pour leur contenu, mais bien parce que le ton était parfait. Quand on nous donne une information d’un air détaché, on l’obtient sans rien ressentir. Quand le personnage la livre avec des trémolos dans la voix, c’est différent.

C’est donc un énorme plus pour ce remaster !

Les OST collent parfaitement à ce slice of life doux-amer. Elles mettent en lumière la douceur, la tristesse et les fous rires tour à tour. Un bouquet d’émotions superbement amenées.