Le Peuple Loup, ou encore Wolfwalkers est un film d’animation franco-irlandais-luxembourgeois imprégné de folklore, sorti en 2020. Réalisé par Tom Moore (Brendan et le Secret de Kells, Le Chant de la Mer) et Ross Stewart (Brendan et le Secret de Kells, Belle).
Fille le jour, Louve la nuit
Le film se déroule dans l’Irlande du XVIIème, annexée par les Anglais. Messire Protecteur envoie ses troupes pour ravager la forêt et étendre son pouvoir. Robyn est une jeune fille intrépide qui rêve d’aventures en compagnie de son faucon, Merlin. Son père, Goodfellow, est un chasseur au service de Messire Protecteur. Son travail consiste à tuer tous les loups de la forêt.
Robyn décide un beau jour de le suivre pour l’aider. Seulement, les choses ne se passent pas comme prévu. Elle se retrouve happée en plein raid lupin, et la flèche qu’elle tire atteint Merlin. Alors une fille-loup surgit et l’emporte. Pour le manger ou… le soigner ? Un paysan prétend qu’une Wolfwalker l’a déjà soigné par le passé.
Les Irlandais sont très attachés à leurs croyances, que les Anglais essaient de museler. Goodfellow aimerait que sa fille s’acharne dans les corvées ménagères, comme toutes les autres filles de son âge ; mais Robyn a l’esprit libre et souhaite retrouver Merlin. Elle se rend dans la forêt et réalise que son ami est désormais dévoué à Mebh, la Wolfwalker qui l’a guéri. Robyn essaie tout d’abord de la tuer. Mebh l’apprivoise peu à peu, toutefois elle la mord par mégarde. Robyn est destinée à se transformer à son tour…
À la recherche de la Louve
Mebh est une Wolfwalker, c’est-à-dire qu’elle est moitié humaine et moitié louve. Le jour, elle arpente la forêt sous sa forme humaine ; quand elle s’assoupit, son âme sort de son corps pour prendre la forme d’un loup bien tangible. Elle essaie de chasser les humains de sa forêt, mais rien n’y fait et ces derniers la dévastent un peu plus au fil du temps… Mebh cherche désespérément sa mère. Il ne reste que son corps, privé de son âme. Peut-être est-elle retenue quelque part…
J’ai beaucoup aimé Brendan et le Secret de Kells à l’époque. Mais je préfère Le Peuple Loup qui m’a complètement happée. Ses musiques sont incroyables, ses décors superbes et sa direction artistique bien pensée. Le style de dessin est particulier, on aime ou on n’aime pas. En tout cas, cette alchimie a complètement fonctionné sur moi. Le doublage VF est réussi, les idées de mise en scène sont saisissantes. Tout sonne juste, de manière incroyablement poétique.
Choisir la chanson d’AURORA « Running with the Wolves » est un excellent choix. Le titre a été réarrangé pour l’occasion. J’adore cette artiste ; par ailleurs, cette chanson fait partie de mes préférées depuis un paquet d’années.
D’un côté, Robyn a soif d’aventure, de l’autre, Mebh tente d’intimider les humains pour préserver son territoire. Leur rencontre fait des étincelles, car Robyn essaie tout d’abord de l’abattre. Mebh la convie dans son monde fantasmagorique et Robyn lui apprend que l’amitié peut exister entre deux créatures radicalement opposées. La jeune chasseuse, en devenant Wolfwalker, prend conscience de la cruauté humaine. Elle change de camp, la perspective s’inverse.
J’ai beaucoup aimé la manière dont les loups discernent leur monde, celui des esprits en somme. Des sillons colorés, sortes de pistes en lien avec leur odorat. Il y a de très bonnes idées et cette Irlande mystique permet d’embarquer immédiatement.
Conclusion : I’m running with the wolves tonight
Le Peuple Loup nous invite dans une fable toujours d’actualité : l’avidité humaine, qui engendre pollution et destruction pour asseoir sa domination. Poétique et mystique, il met en scène les Wolfwalkers de manière majestueuse. C’est une vraie réussite qui ravira tous les amateurs de folklore irlandais.