Après vous avoir proposé un test complet du jeu de rôle Forbidden Lands ainsi que du Livre des Bêtes, The Bloodmarch semblait être la suite logique.
Car si le jeu de base était vraiment exceptionnel pour son immense liberté inspirée des Sandbox, sans la moindre quête et ne comptant que sur l’imagination des joueurs ; voir débarquer un supplément sous forme de Campagne a de quoi surprendre.
Est-ce le début de la fin pour la formule Forbidden Lands, ou un ajout vraiment majeur à ce jeu exceptionnel ?
Quelques poncifs basiques
Commençons par la forme. Contrairement aux autres livres principaux issus du Jeu de Rôle Forbidden Lands, The Bloodmarch ne joue pas la carte du simili cuir.
Au contraire, le livre se positionne dans la même veine que les autres suppléments (type Le Châtiment du Corbeau ou The Spire of Quetzel) ; c’est-à-dire bien plus consensuel.
Couverture rigide, grand format et pages en noir et blanc ; The Bloodmarch est clairement en deçà en termes de qualité sans pour autant dénoter des autres productions similaires.
Le choix de Free Leagues, c’est avant tout de pouvoir proposer un contenu absolument énorme à un prix raisonnable. Car The Bloodmarch est un pavé de 250 pages dans lequel pratiquement chaque page est illustrée et lourde de textes. Jamais vous n’avez le sentiment de vous retrouver devant du vide, d’autant que les nouveautés sont légion et les idées foisonnent systématiquement.
La mise en page est également au même niveau et frise tout simplement la perfection. Lire The Bloodmarch, plus que de découvrir un supplément, est aussi palpitant que de se plonger dans un bon roman graphique.
Car nonobstant les idées neuves, le lecteur est surpris par la profusion d’illustrations, de graphismes, de tableaux… le tout avec une maestria telle que nul élément ne dénote ni ne gêne la lecture ou la découverte. Un pur plaisir à chaque page.
De nouvelles mécaniques, pour encore plus de souffrance
Amis Maîtres Sadiques, faites craquer vos phalanges et préparez-vous ! Vous commenciez à vous lasser de torturer vos joueurs avec les règles de base de Forbidden Lands ? Ces derniers en veulent toujours plus ? Eh bien, The Bloodmarch est fait pour vous.
Le livre introduit 16 nouveaux monstres et 27 événements aléatoires à ajouter aux voyages rapides… Marais, eaux profondes, dévoreurs de rêves ; chacun est présenté via une explication sobre et concise, mais suffisante pour vous apporter de quoi ajouter de l’eau à votre moulin… ou plutôt à vos campagnes.
Les créatures, elles, sont disséminées au gré des pages, au sein des différentes intrigues proposées par l’ouvrage. Et là encore, vous êtes face à du bel ouvrage qui s’intègre parfaitement aux autres suppléments déjà en place, particulièrement efficace conjointement avec le Book of Beast.
Mais The Bloodmarch pense aussi aux joueurs, puisqu’il introduit également trois nouvelles classes basées sur la magie : Le Chanteur de Magma, le Mentaliste et l’Oniriste.
Si le Mentaliste est relativement simple et directement inspiré d’autres jeux de rôle ; les deux autres apportent un nouveau vent de fraîcheur très original. C’est notamment le cas de l’Oniriste, capable de voyager dans les rêves.
Une campagne problématiques ?
Venons-en au cœur du livre, à savoir ses campagnes. Car The Bloodmarch ne se contente pas de proposer une seule histoire, mais bien dix, découpées avec brio.
Concrètement, The Bloodmarch est une campagne qui tente de conserver la liberté qui fait le sel de Forbidden Lands. Ainsi, outre l’introduction et la conclusion, vous allez pouvoir proposer les huit aventures illustrées jouables dans n’importe quel ordre, en fonction des choix et décisions de vos joueurs.
En soi, la campagne est épique et propose de folles soirées vraiment palpitantes… mais dénature malgré tout l’idée même du Jeu de Rôle.
La raison en est aussi simple que compréhensible : jouer à The Bloodmarch nécessite une connaissance déjà très approfondie de Forbidden Lands et de ses mécanismes… ce qui généralement induit que le Maître de Jeu en a saisi la substantifique moelle et est capable de diriger ses propres campagnes écrites par ses soins.
Il serait alors tentant de proposer ce type de scénario aux nouveaux joueurs, ou aux MJ moins expérimentés… qui à la base n’ont guère d’intérêt dans ce type de jeu ouvert à la liberté inexpugnable ; et se perdront irrémédiablement dans sa complexité.
Dernier point et non des moindres : pour profiter totalement de la campagne, il est grandement conseillé de faire l’acquisition de la map, ainsi que du pack de cartes additionnel… vendus séparément.
Conclusion : Un très bon supplément, mais à l’intérêt relatif
Forbidden Lands : The Bloodmarch est un supplément surprenant. Bien que proposant une excellente campagne divisée en dix parties (une introduction, huit histoires libres et une conclusion) ; il ne parvient pas à trouver son public en cherchant à baliser un jeu de rôle initialement reconnu pour son immense liberté.
Au final, l’ouvrage est plutôt à réserver aux Maîtres souhaitant s’inspirer librement de son contenu et ajouter de nouvelles mécaniques ; ou à ceux désireux de vivre une soirée moins intense via une campagne déjà écrite.