Darkest Dungeon est le premier jeu du studio Red Hook, cofondé par Tyler Sigman. Si ce nom ne vous dit rien, sachez que sa notoriété n’est plus à faire… dans le domaine du jeu de société.

Après avoir étudié en long, en large et en travers les différentes mécaniques de game design, il a également travaillé sur plusieurs projets vidéoludiques (Age Of Empires DS, Sonic Rivals ou encore Hoard).

Autrement dit, le studio savait où il allait avant même de voir le jour. Et c’est par la nuit qu’ils ont décidé de se lancer, dans les méandres étatiques des désordres mentaux les plus troublants…

Editeur(s)
Red Hook Studios
Sortie France
18 janv. 2018
PEGI
+16 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

 

L’Aventure au bout du Chemin

C’est par une froide nuit d’hiver que vous recevez une missive. Dans celle-ci, vous apprenez le trépas d’un lointain parent, qui vous lègue son domaine. Ce dernier y a passé sa vie à creuser, encore et encore, à la recherche de trésors enfouis et de secrets oubliés. Mais au lieu d’or et de richesses, il a ouvert une porte que nul ne peut refermer. Et c’est à vous désormais qu’il incombe de pénétrer dans le plus noir des Donjons.

C’est sur ce synopsis, certes simpliste, mais mis en scène dans une cinématique brillante faite d’encrages et de musique stressante, que vous lancez votre première partie de Darkest Dungeon.

Au début, tout va bien. Votre carrosse s’est écrasé et il faut simplement rejoindre le hameau, votre domaine. Le jeu se présente donc comme un side-scroller 2D composé de différentes pièces visibles sur une mini-map. Une fois la première explorée, vous passez simplement à la suivante en la choisissant sur la carte.

Toutes les bases vous sont enseignées dans ce bref tutoriel : la lumière joue sur le stress de vos personnages, les combats sont au tour par tour, les différents points d’intérêt peuvent être piégés. Rien de bien novateur, en somme…

Mais ce n’était là que le tutoriel. Car désormais arrivé dans ce sinistre hameau, il ne vous reste plus qu’à recruter vos premiers compagnons ; et à vous lancer dans une aventure dont vous ne ressortirez pas indemne.

Le Cimetière comme seul horizon

La force de Darkest Dungeon s’apprend rapidement ; et à la dure. Assez vite, vous comprenez que les torches sont essentielles, car plus la luminosité est faible et plus vos ennemis sont nombreux, retors, capables de vous surprendre ; et plus le stress de votre équipe grandit.

Cette mécanique principale, vous la ressentirez jusque dans votre chair si vous daignez vous impliquer ne serait-ce qu’un peu.

Car la tension ressentie à mesure que la jauge de stress de vos personnages augmente est bel et bien palpable. Vous le savez. Vous l’avez déjà expérimenté. Une fois la jauge arrivée à 100, un « jet de courage » est automatiquement lancé. Sur une réussite, votre protagoniste sera nimbé d’une aura nacrée, il pourra galvaniser ses compagnons, deviendra plus fort et résistant. Mais en cas d’échec… c’est la folie qui l’attend.

Et les réussites sont, comme l’espoir, bien rares dans ce monde de ténèbres.

Ces afflictions sont nombreuses. Ainsi un personnage ayant atteint sa limite de stress peut devenir paranoïaque, allant jusqu’à attaquer ses compagnons, cleptomanes (et dérober vos précieuses découvertes), ou simplement incapables de se battre, voire insulter ou démoraliser gratuitement vos autres compagnons d’infortune.

Et les jauges continuent alors de monter, redoublant le palpitent de votre cœur, à mesure que vous comprenez qu’aucun de vos héros ne reviendra vivant. Une fois la jauge à 200, c’est la crise cardiaque. Ni plus. Ni moins.

Rapidement, sans même que vous ne le réalisiez, le cimetière se remplit plus que la taverne. Votre premier personnage ? Il n’est plus que poussière depuis une éternité. Ne reste alors que les nouveaux arrivants, différents à chaque fin de missions (mais limités en nombre) pour espérer progresser encore. Des fous, attirés par les promesses de richesses et de gloire. Les plus chanceux périront rapidement. Les autres finiront sans doute leur médiocre existence en se flagellant ou dans un alcoolisme sans lendemain.

Oui, dans Darkest Dungeon la mort est permanente. Et tout le développement si durement gagné, tout l’équipement et l’expérience récupérés à la sueur de votre front sont perdus à jamais.

Un effort de chaque instant

Chaque nouvelle plongée dans le donjon s’effectue avec une tension redoublée ; surtout lorsque vous apprenez à vos dépens que jamais rien n’est joué.

Combien de fois l’appât du gain m’a amené dans la gueule d’un groupe d’ennemis qui ont décimé mon équipe ? Il suffit souvent d’un rien, d’un coup de malchance, d’un critique sur le mauvais personnage ; pour que tout bascule comme un enchaînement de dominos.

Et rien n’est réellement fait pour vous aider dans votre périple : vos ennemis n’hésitent jamais à achever un personnage blessé, les pièges sont nombreux, les ressources limitées par ce que vous pouvez seulement porter.

Mais Darkest Dungeon a bien d’autres choses à offrir qu’un simple Rogue-Lite stressant au possible. Le jeu dispose de finitions remarquables ; comme la possibilité d’améliorer le hameau. Ainsi, les quelques bâtiments épars vont rapidement devenir votre principale source de préoccupation.

Devez-vous prioriser l’amélioration de la forge pour renforcer l’équipement de vos héros ; ou plutôt rénover la taverne pour mieux réduire le stress des personnages restés en retrait ? Peut-être la caravane, afin que de meilleures recrues puissent vous permettre d’avancer un peu plus ?

Et zut… vous n’aviez pas prévu que votre voleur devienne alcoolique au terme de son expédition. Il va donc falloir prioriser la taverne, si vous espérez pouvoir le revoir un jour en pleine santé mentale.

Mais… pourquoi votre soigneuse n’est plus à l’Église pour prier et se reposer ? Elle vous avertit qu’elle est partie, et ne sait pas si elle reviendra… Pourtant elle avait l’air d’aller bien, n’a jamais sombré dans la folie ni été particulièrement blessé.

Mais parfois dans Darkest Dungeon, les meurtrissures de l’âme sont plus importantes encore que les cicatrices visibles. C’est ainsi, et il va falloir composer avec.

Le nombre d’événements aléatoires rend chaque une de vos parties plus palpitantes, ne vous laissant jamais un instant de répit, tout en proposant une rejouabilité pratiquement infinie.

Sur Nintendo Switch, Darkest Dungeon est sorti en 2018. Une note plus personnelle sur ce test vous permettra de mieux comprendre mes propos. Je possède le jeu sur Xbox Series, Switch et PC. Et sur chaque plateforme, je dois dépasser les 200h de jeu. Et régulièrement j’y reviens, plongeant aux limites de la folie, avant toujours autant de surprise et de plaisir.

Une D.A. incroyable

L’autre force de Darkest Dungeon, c’est indubitablement sa patte visuelle. Si graphiquement le jeu n’est pas particulièrement beau et accuse même un certain retard concernant la technique pure; il a l’avantage d’une Direction Artistique tout simplement magnifique.

Que ce soit sur le design des personnages, des monstres ou des décors ; qu’on mette en avant les animations ou les différents dessins qui viennent ponctuer votre aventure ; tout est simplement sublime et animé d’une ambiance résolument unique.

Alors certes, on aurait préféré que les améliorations d’équipements soient visibles sur les personnages. Certes, il aurait été souhaitable que les modèles des différentes classes ne soient pas tous identiques. Certes, le nombre d’environnements différents aurait gagné à être plus nombreux. Mais ce ne sont là que babillage, tant le reste rend grâce à la rétine.

Une version Switch presque parfaite

Si on pouvait redouter le portage de l’un des meilleurs Rogue-Lite jamais créés sur l’hybride de Nintendo, le résultat une fois joy-con en main est convaincant.

Tout le sel du jeu PC est là ; et jamais vous n’aurez jamais le sentiment d’être bloqué dans votre progression par les limitations techniques de la machine.

Tout aussi beau que ses homologues et disposant de l’ensemble du contenu sorti à ce jour, il aurait sans doute nécessité un poil plus de travail pour perfectionner les contrôles.

Parfois incertains, il arrive que l’on doive s’y reprendre à deux fois avant de parvenir à changer de pièce. Cependant rien qui n’empêche la progression ni ne génère de frustration réelle.

Au prix affiché de 21,99€ contre 22,99€ sur PC ; on ne saura que trop apprécier d’avoir enfin un titre au juste prix, surtout de cette qualité.

J’aime

L

Une Direction Artistique fabuleuse

L

Un concept simple, mais tellement efficace

L

Une rejouabilité énorme

L

Un stress palpable

L

Une narration impressionnante

L

Des doubleurs totalement impliqués

J’aime moins

K

À ne pas mettre entre toutes les mains

K

Incroyablement difficile, frustrant et rageant

K

Une technique un peu dépassée

K

Assez redondant au bout d’une centaine d’heures