Sea Horizon est le tout premier jeu des développeurs taïwanais de chez 45 Studio. Initialement sorti en octobre 2022 sur Nintendo Switch et PC (via Steam), le titre débarque finalement sur l’ensemble des plateformes PlayStation et Xbox.

L’occasion pour moi de réaliser la critique complète d’une pépite de l’indépendance.

Editeur(s)
Eastasiasoft
Sortie France
12 juil. 2023
PEGI
+12 ans
Liens Site Officiel
Support de test Xbox Series

Une mer de solitude

Sea Horizon est un RPG Roguelite au tour par tour se déroulant sur des cartes aux cases hexagonales. Que ce soit dans son concept, sa structure narrative ou ses mécaniques, le titre est d’une grande originalité.

Par corollaire logique, cela signifie que je vous conseille plus que fortement de commencer par le court (mais précis) tutoriel afin d’éviter de perdre bêtement dès le début de votre aventure.

Commençons par la base. Très sobre, le menu principal vous propose soit de vous lancer dans la campagne, soit en mode « donjon », ou encore dans une « aventure libre ».

Et les trois sont intimement liés. La première vous permet à la fois de comprendre l’intrigue globale, mais également de débloquer les différents personnages pouvant intégrer votre équipe dans les deux modes suivants. Le second, lui, tient plus d’une courte expérience vous permettant d’acquérir des skins uniques, également utilisables dans les autres modes.

Concrètement, chaque histoire du mode campagne vous propose d’incarner un héros différent au travers d’un court chapitre développant à la fois sa propre intrigue et le lore général. Une fois cette étape bouclée, le personnage devient jouable dans les autres modes de jeu.

Ces petites aventures personnelles sont très bien réalisées et développent les histoires de chacun, leur but et leur objectif ; tout en permettant de comprendre leurs spécificités en termes de gameplay.

Car oui, bien que Sea Horizon soit un RPG au tour par tour, chaque héros dispose d’une manière de jouer très, très différente. L’un sera plus axé sur les dégâts physiques, l’autre magiques, le troisième se mettra en danger pour maximiser ses dommages, un autre pourra augmenter drastiquement sa puissance de feu au détriment des tours suivants…

Chaque petite histoire est réellement plaisante à suivre. Le gameplay n’étant jamais le même, le sentiment de redite ne s’impose jamais. D’autant plus que, je le répète, ces fameux chapitres sont très, très courts !

Ne comptez pas plus d’une demi-heure par personnage, ce qui permet simplement de lancer une petite session si vous manquez de temps, tout en bouclant l’histoire. Un gros plus à mettre au crédit du jeu.

Roguelite oblige, parvenir à terminer un chapitre vous octroie des bonus pour votre prochaine tentative. Plus votre score (concrétisé via des objectifs secondaires) est élevé, plus ces derniers seront importants.

Certes, j’aurais aimé que ces fameux objectifs soient clairement indiqués ou, a minima, accessibles via un menu. Ici, il faut absolument terminer l’histoire du personnage en question avant de les découvrir.

Mais ce n’est pas tout. Non content de faciliter vos futures expéditions, boucler les chapitres vous permet également de gagner des pièces. Ces dernières peuvent être utilisées pour acheter des classes de personnages différentes, rendant le jeu encore plus intéressant à mesure que vous y jouez.

La richesse dans l’exploration

Ce test avance, et je n’ai même pas encore concrètement parlé du système de jeu. Signe que nous sommes, au bas mot, en présence d’un très grand titre.

Dans Sea Horizon, vous progressez sur une carte aux cases hexagonales. Chaque mouvement consomme une certaine quantité de nourriture, définie en fonction de plusieurs critères (type de terrain, effets de la météo, etc.). Une fois la jauge vidée, ce sont vos points de vie qui sont consommés jusqu’à la mort.

Il est donc primordial de garder un œil sur l’estomac de votre équipe pour éviter le pire… D’autant que se nourrir n’est pas chose aisée ! En effet, outre les événements aléatoires et donc non prédictibles, vous ne pourrez faire un bon repas qu’à certains campements… et contre de l’argent. Particulièrement coûteux, arriver à ces derniers peut rapidement se transformer en casse-tête insoluble.

Il vous reste par exemple dix points de faim dans votre jauge. Votre objectif est à douze cases au nord, et le campement le plus proche se trouve à 8 à l’ouest. Donc faire le détour vous coûtera au total 20 points de faim… Et vu votre bourse, vous ne pourrez en récupérer que 40.

Ce genre d’exemple est assez fréquent et contraint rapidement à prendre des décisions pas forcément heureuses, comme sacrifier un coffre au trésor pour minimiser la consommation, ou planifier ses voyages étape par étape pour éviter l’inanition.

Très intéressante sur le papier et durant les aventures individuelles de vos héros, cette mécanique devient rapidement une corvée dans les autres modes de jeu. Inclure une option pour acheter des provisions n’aurait clairement pas été de trop, bien que cette difficulté supplémentaire impose une tension et une stratégie vraiment prenante.

Mais la gestion de la nourriture ne représente, bien entendu, qu’un aspect de Sea Horizon. L’exploration est d’une richesse incroyable. La carte affiche de manière simple, claire et concise tous les obstacles qui se dressent sur votre route : événements spéciaux, temples, combats, trésors, etc.

S’y repérer est donc d’une simplicité extrême et efficace, d’autant que vous pouvez à tout moment cibler votre objectif principal de quête en appuyant simplement sur la touche Menu de votre manette.

Particulièrement addictif grâce à son côté stratégique induit par la jauge de faim, Sea Horizon sait tenir son joueur en haleine en lui procurant de bonnes sensations à chaque partie. D’autant que le système de combat, en plus d’être original, est jouissif…

Enfin un bon RPG DeckBuilder !

C’est la grande mode, et Sea Horizon n’échappe pas à la tendance. Mais plutôt que de céder aux sirènes de la simplicité comme Shattered Heaven (dont vous pouvez retrouver mon test ici), ce dernier a choisi de réellement réfléchir à son gameplay pour livrer un produit de grande qualité.

Le système est on ne peut plus simple : chaque carte de compétence peut être utilisée un nombre de fois précis chaque tour, en étant soumise à un coût en ressources. Au nombre de cinq (force, agilité, magie, bouclier et vide), ces dernières sont tirées aléatoirement aux dés en fonction de votre équipement à chaque début de tour. Vous êtes alors libre de planifier vos stratégies en fonction de vos tirages.

La grande idée de Sea Horizon, c’est que ces fameuses cartes de compétences sont peu nombreuses : 4 au niveau 1, puis une supplémentaire à choisir parmi 3 autres à chaque nouveau niveau.

Oui, c’est peu… et c’est tant mieux ! Chaque compétence demande à être comprise dans ses moindres détails afin d’être exploitée au mieux, il est donc parfaitement logique de ne vous les livrer qu’avec parcimonie.

Cela permet, en effet, de mieux appréhender ces dernières, de s’y habituer en combat et, surtout, de mieux élaborer son build au gré de l’évolution des personnages.

Les héros, justement, sont très différents en matière de decks. Si Dylan va jouer sur la force brute et la possibilité de se protéger avec de nombreux boucliers, Lyya va tout au contraire sacrifier cesdits points de bouclier pour maximiser ses dégâts… tout en se rendant forcément vulnérable. Le nain, en revanche, utilisera au mieux les ressources « vides » (inutiles pour tous les autres).

Vous l’aurez compris, il faudra faire preuve de beaucoup de sagacité et d’une grande dose de stratégie dans chacun de vos builds pour vous assurer une survie optimale, d’autant que, comme pour la nourriture, la vie ne se régénère pas seule.

Certes, chacun de vos personnages dispose d’au moins une carte de soin, mais ces dernières sont généralement très faibles et consomment de précieuses ressources.

Optimiser son équipement permet en plus de minimiser les risques de tirages aléatoires, pour mieux gérer les combats à venir. Et ce renouvellement stratégique perpétuel est on ne peut plus galvanisant, d’autant qu’à chaque niveau, à chaque trésor découvert, ce sont de nombreuses possibilités qui s’offrent à vous.

C’est un sentiment de maîtrise totale qui se forge au fur et à mesure de vos tentatives, de vos réflexions, tout en vous laissant une bonne liberté d’orientation.

Certaines compétences peuvent ainsi entrer en synergie avec des équipements pour, par exemple, utiliser les buffs ou debuffs afin de pulvériser vos adversaires.

Un plaisir immense, sans cesse renouvelé, mais…

Chaque session de Sea Horizon apporte son lot d’originalité. Si, contrairement aux autres Roguelite, les cartes ne changent pas, ce sont les éléments qui y apparaissent qui diffèrent à chaque fois.

Ainsi, deux parties ne se ressemblent jamais, d’autant que vous avez la liberté de choisir parmi la liste de héros pour fonder votre équipe de trois. Une fois, vous aurez une grotte à proximité, une autre une horde de monstres, des trésors, des camps, etc.

Ce placement aléatoire des événements est une aubaine qui vous incite à adopter une stratégie différente, à planifier votre route vers l’objectif final sous un regard neuf, surtout si vous lorgnez les fameux objectifs secondaires.

Incroyablement riche dans tous ses aspects, Sea Horizon est une pépite de l’indépendance comme j’aimerais en découvrir plus souvent. Mais qui n’est, pourtant, pas exempt de défauts. Et sur ce point, il faut parler de la localisation.

À ce stade, la traduction est une catastrophe. Certes, on apprécie d’avoir tout de même droit à une version française, même de piètre qualité, et vous parviendrez sans nul doute à vous habituer aux errances linguistiques du titre… mais à quel prix ?

Sea Horizon est un jeu incroyable, totalement plombé par le manque évident de moyens mis dans la localisation. Par chance, pour avoir échangé avec l’éditeur, ce dernier m’a assuré que l’équipe travaillait actuellement pour corriger ce souci et fournir enfin une VF de qualité.

Si dans vos premières parties, vous risquez d’être confronté à quelques situations particulièrement retorses, les suivantes peuvent souvent se révéler bien plus simples. En effet, une fois les mécaniques inhérentes à vos héros parfaitement assimilées, la plupart des affrontements seront d’une simplicité enfantine.

Car l’équilibrage est, par moments, très mal pensé. Ainsi, si la plupart des héros sont des Gros Bill en puissance, capables de décimer tout ce qui se dresse sur leur route, d’autres (à l’image du Paladin) vont vous donner du fil à retordre… et sans doute vous coûter une manette ou deux.

Outre ces deux écueils, Sea Horizon reste l’un des meilleurs jeux indépendants de l’année, un plaisir à chaque partie, une merveille qu’il faut découvrir.

J’aime

L

L'un des meilleurs jeux de l'année

L

Le top du RPG Deckbuilding

L

Un gameplay absolument incroyable

L

Graphiquement somptueux

L

Des musiques enivrantes

L

Trois modes de jeux addictifs

J’aime moins

K

Une localisation française en berne

K

Une gestion hasardeuse de la difficulté