Ah ! L’univers de La Mascarade ! J’ai un lien tout particulier avec lui ! Il m’a inspirée pour écrire Strarda. Ma première approche avec ce jdr remonte à 2009, durant le FIJ de Cannes. Un ami masteurisait L’Appel de Cthulhu, 7ème Mer et… Vampire La Mascarade. La feuille de personnage m’a alors laissée perplexe, il y avait tellement d’informations ! En revanche, j’ai bien aimé la description des Clans et j’ai remarqué à quel point les joueurs étaient heureux de partager ces moments. Mais je n’ai pas joué tout de suite, eh non ! Je n’étais pas disponible, puis j’ai déménagé.

C’est en Janvier/Février 2011 que j’ai créé ma feuille de perso. J’ai hésité entre plusieurs Clans : les Gangrels pour leur union avec leur Bête, les Malkavians pour leur génie teinté de folie… Finalement, je suis restée sur mon tout premier choix, celui qui me ressemble le plus ; l’évidence même en tant qu’artiste : Toreador… Ainsi est née Dame Ashera, fille de marchands opulents, Étreinte par un Sire inconnu qui l’a laissée croupir sans rien savoir de sa nature.

Je précise que j’ai joué à Dark Age, soit la Mascarade au temps médiéval, ce que je préfère largement.

Alors, qu’en est-il de ce Visual Novel ? Eh bien, j’ai failli commencer par Shadows of New York, sauf que cet opus se déroule après et ne dispose pas de traduction française sur Xbox, alors qu’elle est intégrée sur Steam…

Editeur(s)
Draw Distance
Sortie France
24 mars 2020
PEGI
+16 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

3 Clans et de la vulgarité à outrance

La déception a émergé lors du choix de personnage… 3 propositions : un Brujah, une Ventrue et un Toreador. Deux hommes et une seule femme. Et évidemment, la seule fille est une Ventrue, pas une Toreador… Beaucoup trop masculine dans son design de surcroît. Mais soit, j’ai fait l’effort.

Et j’ai failli l’abandonner dès la première session. À cause de sa vulgarité ! Je ne supporte pas la vulgarité, surtout dans un univers vampirique… C’est déplacé, sale, déplaisant ; déshonore le genre tout entier… Mais je me suis dit : « Je vais quand même faire un effort, ne pas m’arrêter à ça… Il y a peut-être un scénario abouti derrière ? »

Et donc, oui, j’ai insisté. C’était compliqué, car outre le langage grossier, les fautes sont régulières, mon héroïne est souvent traitée au masculin, de quoi casser l’immersion…

Toutefois, dès que la Coterie est en construction, le jeu devient plaisant. La Coterie en gros, c’est un groupe que l’on forme, induisant plusieurs Clans sur qui on peut compter.

J’ai détesté la Malkavienne, beaucoup trop cinglée pour moi, même si son approche des Tulpas m’a intéressée. Mon premier choix s’est évidemment tourné vers le Tremere Agathon et c’est avec lui que j’ai eu le plus d’affinités. Ensuite, Tamika, la Gangrel. La trame est assez mal réglée, de fait, on a du mal à calculer les actions. Par exemple, j’aurais aimé approfondir le lien avec Benoît le Toreador, mais je n’en ai pas eu le temps…

Malheureusement, le Visual Novel ne dure que 17 nuits. À la fin, il rushe tous les événements en empêchant d’établir de nouvelles relations et d’en apprendre plus sur l’univers. Je suis d’accord sur le fait que c’est une adaptation de jdr, qu’il y a des choix à faire, mais bloquer d’autres voies n’est pas très rp. Il aurait fallu avertir le joueur que le scénario prendrait fin à tel moment en choisissant tel événement. De manière à tout grouper sans le pénaliser.

Je n’ai pas lu le lexique en blanc sur fond noir, mais connaissant l’univers, je n’étais pas perdue. En revanche, je pense à tous les joueurs qui n’ont rien pané et se sont retrouvés déconcertés ; sans parler du fait que les Visual Novels s’adressent à un public de niche.

Il n’y a que 13 pistes audio en tout et pour tout. Assez peu en somme. Heureusement, elles captent bien la tension attendue dans certaines situations bien spécifiques.

Respect de l’univers

Une fois qu’on met de côté les petits problèmes, surtout la vulgarité outrancière (et ça reste un très mauvais point) ; on réalise que les créateurs sont des fans de La Mascarade. J’ai détecté un tel respect des règles… Oui, le terme Lécheur, Panhard qui officie en tant que Prince de New York, les Anarchs, tout l’historique avec la Seconde Inquisition… Et même mon perso qui ne peut boire qu’un seul type de sang en qualité de Ventrue, elle vomit tous les autres. J’ai eu l’impression de rôler sur table, même si les choix proposés ne correspondaient pas aux miens la majorité du temps. Je joue différemment, de manière plus subtile et créative. C’est ce qui m’a permis de développer une résistance au soleil pour mon perso à l’époque où je rôlais ; en contactant certaines personnes et en monnayant des compromis…

Il y a quelques faux raccords scénaristiques, rien qu’au début. J’ai suivi Quadir gentiment, ce qui a été apprécié au sein de La Camarilla. Mais ils prétendent le contraire plus loin, « comportement insupportable ». Euh… Non…

Connaissant les Clans et sachant que les Ventrues appartiennent à La Camarilla, j’ai mis de l’eau dans mon vin pour ne pas recevoir La Mort Ultime. Je ne suis pas stupide. Mais je pense que beaucoup de joueurs se sont crus supérieurs grâce à leur immortalité, sans réaliser qu’il y a des règles. La Mascarade pour commencer, qui consiste à conserver le secret autour de l’existence des Vampires. Puis la Camarilla qui représente l’ordre en quelque sorte, tandis que les Anarchs ne se soumettent pas à leurs lois et agissent en indépendants. Il existe d’autres subtilités, mais c’est suffisant pour comprendre le contexte.

Les 3 protagonistes proposés dès le départ appartiennent à La Camarilla. Un choix délibéré qui m’a laissé penser que l’opus Shadows of New York se situe du côté des Anarchs. Après vérification, je confirme, vous incarnez un Lasombra dans la suite, logique, cela complète le tableau pour une meilleure expérience de l’univers.

Peut-être que ma chronique vous semble obscure. Effectivement, il y a de nombreux termes, une hiérarchie, et un amour de cet univers qu’il est utile de connaître à l’avance. Étant joueuse et fan du Monde des Ténèbres ; c’est tout naturel pour moi. Mais j’insiste sur le fait que les novices se perdent certainement dans cet imbroglio d’informations éparses.

Les illustrations sont jolies, nul besoin de les animer, elles suffisent dans cette atmosphère urbaine fantasque. D’ailleurs, les effets animés m’ont sortie du contexte, je les ai désactivés, comme la lampe grésillante. Petite fausse note avec le regard dans le rétroviseur, toutefois. Ce choix amène une fixité qui n’est pas naturelle. On ne peut conduire en regardant uniquement son rétro. Il aurait mieux valu que les yeux observent la route.

Sang et Pouvoir

J’ai nommé ma Ventrue Analys. Elle doit se sustenter normalement chaque nuit, mais sur ce point, je n’ai pas eu de pénalités. Idem, utiliser les 3 Maîtrises de mon Clan (Domination, Endurance et Présence) coûte des points de sang, mais d’une nuit à l’autre, c’est déjà arrivé que cela soit restauré. Je n’ai pas très bien cerné son type de sang dédié. Les caféinomanes gorgés d’adrénaline ?

C’est pile lorsque l’histoire est devenue passionnante, avec de réels enjeux, des luttes de territoire et des rebondissements, qu’elle a pris fin… Comme un soufflé qui retombe avant la fin de la cuisson. Quelle frustration ! Quelle déception !

Vous vous attendez à ce que ma conclusion soit mauvaise ? Eh bien, non. En dépit des fausses notes, l’ambiance est là et le respect de l’univers vaut le coup. Il y a peu de musiques, mais elles collent parfaitement aux scènes. J’aurais aimé en apprendre plus sur chaque protagoniste, avoir le temps, profiter jusqu’au bout et y mettre un terme au moment opportun. Hélas, ce fut trop court !