Knight vs Giant : The Broken Excalibur est un Roguelite indépendant développé par Gambir, un studio indonésien ayant vu le jour en 2016 et spécialisé dans la création de petits jeux mobiles relativement moyens.

Avec ce titre plus ambitieux, ils tentent pour la première fois une percée sur les consoles et de démontrer l’étendue de leur talent.

Un pari risqué pour cette toute petite équipe d’à peine cinq personnes, mais qui risque fort de s’avérer payant tant leur production est qualitative.

Editeur(s)
PQube
Sortie France
05 oct. 2023
PEGI
+7 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

Arthur ! Couillère !

Dans Knight vs Giant : The Broken Excalibur, vous incarnez le Roi Arthur tout juste ressuscité après une lutte épique contre un géant cherchant à détruire Camelot.

Au dernier moment, alors que tout espoir semblait perdu, Merlin parvient en effet à téléporter le monarque dans un plan d’existence parallèle et à lui rendre la vie. Mauvaise nouvelle cependant : l’intégralité des Chevaliers de la Table Ronde ont également péri quelques jours plus tôt, emportés par une violente explosion dont nul ne garde le moindre souvenir.

Bloqué dans ce nouveau monde, uniquement équipé de sa fidèle armure et des restes d’une Excalibur brisée, il va avoir la lourde tâche de parcourir divers lieux mystérieux afin de réunir les âmes de ses Chevaliers disparus et d’acquérir la puissance nécessaire pour vaincre le fameux Géant et ses sbires.

Au lancement du soft, le joueur ne peut qu’être dubitatif devant un tel scénario. Un microstudio indonésien qui choisit de baser son œuvre la plus importante dans l’univers de Chrétien de Troyes ? Que voilà une décision risquée, d’autant que la légende prise pour base est internationalement connue.

Pourtant, force est de constater qu’au sein de l’équipe quelqu’un s’y connaissait ; et même très bien. Les liens de filiation entre les divers protagonistes sont respectés, de même que l’ensemble des sous-intrigues pourtant jamais adaptées hors des romans. Une prouesse qu’il est assez difficile de trouver ailleurs, et qui donne indubitablement du crédit quant au sérieux dont a dû faire preuve le studio pour parvenir à un tel résultat.

Le mieux étant qu’à aucun moment ces informations ne sont « forcées ». Vous n’avez jamais droit à d’interminables scènes d’exposition ni d’explications. Juste des faits, placés ci et là, sans autre incidence sur la narration ni le déroulement des événements. Les connaisseurs seront agréablement surpris, les autres passeront simplement outre.

Roguelite oblige, ne vous attendez certainement pas cependant à une intrigue particulièrement travaillée. Le but d’Arthur, c’est de vaincre le Géant. Point. Quelques petites révélations ponctuent l’aventure, sans grandes ambitions et déjà comprises par le joueur en amont.

Il se dégage cependant des interactions avec les divers PNJ comme un relent d’Hades ; titre qui lui a servi d’inspiration à bien des égards. Loin du plagiat cependant, il s’agit plus là d’un jeu qui a indubitablement et profondément marqué les développeurs, au point que cela s’en ressente.

De plus, Knight vs Giant : The Broken Excalibur bénéficie d’une excellente localisation française, que ce soit dans la traduction même ou l’adaptation. Un travail indubitablement soigné et qui donne un gros plus au titre.

L’héritage du studio

Knight vs Giant : The Broken Excalibur est un titre qui se laisse étrangement prendre en main avec une déconcertante facilité. On y ressent en quelques instants un désir indéniable de la part des développeurs de justifier l’ensemble de leurs choix de manière diégétique… comme ce devrait toujours être le cas.

Roguelite oblige, il fallait en effet trouver une solution pour proposer à ce bon Roi Arthur la possibilité de se servir d’armes très différentes, au risque de rapidement lasser le joueur. La solution est particulièrement ingénieuse, puisqu’elle s’ancre parfaitement avec le scénario : Excalibur est brisée, et les Chevaliers sont morts… Mais Merlin, s’il n’est pas parvenu à les ramener, a pu lier leurs âmes à cet univers.

Au départ, deux sont disponibles sous forme de statues parlantes : Lancelot et son oncle Bohort. Chacun dispose d’un style de combat et de compétences uniques… qu’ils sont capables de « prêter » à votre personnage.

Avant de lancer la moindre run, vous avez donc logiquement le choix de votre équipement, ainsi que de votre technique principale, à choisir parmi celles débloquées. Épée, lance, arc, etc. ; que vous pouvez librement combiner avec des attaques puissantes, de zone, des charges, et ainsi de suite. Les possibilités sont variées, et le gameplay qui en résulte indubitablement diversifié.

Contrairement à un Hades, justement, Knight vs Giant : The Broken Excalibur ne permet malheureusement pas de profiter d’une quelconque « évolution » desdites armes et techniques, ni de rien pour vous inciter à en changer. Rapidement, vous allez donc continuer à enchaîner les niveaux en ne vous servant que de la combinaison avec laquelle vous vous sentez le plus à l’aise, en ignorant tout bonnement les autres.

Une fois sur le terrain, vous allez pouvoir expérimenter un gameplay relativement plaisant et très intuitif en utilisant votre arme principale avec Y, et la compétence via X.

Roguelite oblige, les niveaux sont générés de manière aléatoire, de même que les quelques « événements » que vous allez y trouver. Et ces derniers sont nombreux : des statuts de Chevalier vous octroyant diverses améliorations d’armes temporaires, des « souvenirs » de la Table Ronde vous conférant de nouvelles compétences, des personnages secondaires (Morgane, Joueur de Flûte, etc.) vous proposant divers défis, ou encore d’autres protagonistes souhaitant rejoindre votre base de Camelot pour vous assister.

Car bien entendu, entre chacune de vos runs, vous rejoignez Camelot. Ce hub central abrite à la fois les statues des Chevaliers, mais également divers PNJ venus là pour vous prêter main forte et vous permettre d’acheter des améliorations permanentes et autres bonus.

Knight vs Giant : The Broken Excalibur est un jeu… qui fourmille de bonnes idées, mais manque d’un soupçon de maîtrise, un je-ne-sais-quoi qui le rend terriblement frustrant à la longue ; contrairement à son illustre modèle.

Il est relativement délicat de vous expliquer ce sentiment, qui pourtant se ressent une fois la manette en main. Concrètement, vous avez le sentiment que le titre a avant tout été pensé pour mobile ; et non pour console.

Votre seule esquive se fait avec B, les attaques ennemies ne peuvent être interrompues sinon en achevant un combo de trois coups… qui est généralement plus lent que le chargement desdites attaques. L’esquive devient donc une solution indispensable pour progresser, d’autant que chacune de vos runs vous fait repartir depuis le départ.

L’action y est également assez peu lisible et résulte souvent par des blessures involontaires. Il n’est pas rare non plus de tomber dans un piège que l’on n’a tout simplement pas vu auparavant. Et tout ceci est lié, justement, au passé du studio ou, pour être plus clair, à un style graphique usuel des jeux spécifiquement pensés pour smartphones.

Alors, c’est joli, mais…

Knight vs Giant : The Broken Excalibur est un jeu qui est graphiquement très plaisant. Le style des dessinateurs est tout en courbes et en arrondis, fort de couleurs chaudes et vives.

Les différents dessins représentant les protagonistes ne sont pas en reste non plus, chacun ayant bénéficié d’un soin tout particulier pour représenter au mieux l’image que les dessinateurs se font des héros de Chrétien de Troyes.

Pourtant ce style, et toute la direction artistique qui en découle, ne laisse pas la moindre place au doute : il est directement inspiré des jeux pour smartphone.

Fait pour séduire le chaland au premier regard, autant dans le but de pouvoir développer rapidement et en consommant le moins de ressources possible ; il s’adapte parfaitement à la Switch… mais beaucoup moins à un Roguelite.

Car, en corrélation avec la partie précédente, ces couleurs vives manquant clairement de contrastes nuisent grandement à la lisibilité globale de l’action. Les attaques de vos adversaires sont, par exemple, représentées soit par des flèches soit par des cercles.

Ces indications sont censées vous indiquer quand elles vont se déclencher, pour mieux vous permettre de les interrompre ou de les esquiver.

Sauf que dans cette explosion de couleurs chatoyantes, il n’est pas rare de tout simplement ne pas les voir !

Et il en va de même concernant les décors. Là encore particulièrement réussis et agréables à l’œil, ils souffrent des mêmes griefs. Vous allez souvent, très souvent, tomber dans des pièges sans y prêter attention tant ces derniers se « fondent » aux autres éléments.

Et qu’y a-t-il de plus frustrant que de perdre dans un Roguelite sans comprendre pourquoi ? Ne répondez pas, c’est une question rhétorique.

J’aime

L

Le respect de l’œuvre de Chrétien de Troyes

L

Une très bonne localisation française

L

Des armes très diversifiées…

L

Une direction artistique fort agréable…

J’aime moins

K

Un héritage mobile trop prégnant

K

Peu de possibilités d’esquive

K

… mais le jeu ne vous incite jamais à les expérimenter

K

… mais qui nuit à la lisibilité de l’action