Beacon Pines est un jeu d’aventure teinté d’énigmes sorti en septembre 2022 sur Nintendo Switch. Il s’agit également de la plus grosse production à ce jour du studio indépendant Hiding Spot.

Ayant connu un beau succès d’estime lors de sa sortie, il était grand temps pour moi de me pencher sur ce titre singulier et particulièrement savoureux.

Animal Crossing en enfer

Beacon Pines vous fait suivre les aventures de Luka, un jeune cerf se recueillant sur la tombe de son père. Avec son meilleur ami Rolo, un renard, votre héros va parcourir la ville de Beacon Pines afin d’en découvrir les secrets.

Les deux compères en sont certains : il se passe quelque chose de surnaturel dans le vieil entrepôt ; mais les adultes semblent ne rien avoir remarqué ou, à minima, décider de l’ignorer.

Commençons par la base : Beacon Pines est un jeu mettant en scène des personnages anthropomorphes au sein d’une cité qui n’est composée que d’animaux divers et variés.

Au départ, le titre s’avère particulièrement mignon. Que ce soit via sa patte graphique très enfantine et cartoon, l’âge de ses protagonistes principaux ou encore son cadre idyllique ; tout laisse à penser à une aventure douce et paisible.

Luka est en vacances chez sa grand-mère et part explorer la ville avec ses amis. Les jeux d’enfants se multiplient, sans grandes conséquences ni implications. Durant la première heure environ, le joueur est même invité à envisager les événements sous ce regard juvénile, ne prêtant pas réellement d’attention aux divagations de ces derniers en plaçant sous le joug de jeux.

Rapidement cependant, le titre s’avère être bien plus que cela. Vous obtenez ainsi un premier médaillon doré, gratifié d’une jolie illustration ainsi que d’un mot.

La narration de Beacon Pines est on ne peut plus originale, puisque le titre ne vous fait pas directement incarner ses héros… mais plutôt le lecteur d’un livre de Conte incomplet, dans lequel manquent certains mots. L’histoire qui se déroule devant vous est de fait souvent interrompue ; et il vous revient de la compléter en enquêtant et en découvrant ces fameuses amulettes. Outre la musique et les bruitages des personnages, la seule voix intelligible qui vous guide est celle de la narratrice ; ou plutôt de la Conteuse, qui se contente de lire et se permet, par moment, quelques interjections fort utiles. Comme pour vous expliquer l’utilité de ces médaillons, censés vous permettre de compléter l’histoire.

L’intégralité du titre se déroule dans la petite ville éponyme et ses alentours : des bois, le fameux entrepôt… tout semble parfaitement banal et particulièrement agréable ; d’autant que Beacon Pines est en effervescence grâce à la fête qui se prépare.

Les choix au cœur du gameplay

Beacon Pines étant un jeu narratif d’enquête, en rédiger un test sans spoiler est particulièrement délicat ; d’autant que les découvertes qui en découlent sont les principaux attraits du titre.

Pour comprendre le concept même du jeu, ce dernier vous propose de résoudre diverses situations et de prendre des décisions qui ont une incidence directe, réelle… et parfois bien sinistre sur l’histoire en elle-même. Le tout par l’intermédiaire de ces fameux mots manquants et des médaillons.

Très rapidement, le titre vous introduit à cette mécanique particulièrement ingénieuse. Ainsi, les pages se tournent ; mais un mot manque. « Luka lui répond que nous allons juste… ». Mais juste quoi ? C’est à vous de compléter librement cette phrase, via les mots trouvés ça et là lors de vos pérégrinations.

Les possibilités sont de fait multiples, symbolisées par un arbre aux multiples embranchements que vous pouvez explorer à loisir. Libre à vous donc de prendre une décision, puis de revenir ultérieurement sur cette dernière pour emprunter une autre voie en usant d’un nouveau mot.

Cette mécanique, particulièrement ingénieuse, s’avère cependant un poil lourde lorsque le jeu vous oblige à emprunter un chemin que vous ne souhaitez clairement pas parcourir, uniquement dans l’optique de trouver un nouveau médaillon.

Car ces choix peuvent s’avérer tragiques… et particulièrement marquants. Le fait d’incarner un groupe d’enfants ne les met clairement pas à l’abri du danger, ni de situations parfois traumatisantes.

Beacon Pines est un jeu mélancolique, triste et parfois sinistre qui n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Âmes sensibles s’abstenir.

D’autant que le jeu parvient, et c’est à mettre à son crédit, à un véritable sans faute en termes d’immersion. Jamais Luka ni ses amis ne sont conscients de votre présence, ni des événements qui se sont produits dans les différentes temporalités que vous explorez. Voir les enfants faire aveuglément confiance à une personne qui a causé leur trépas dans un autre embranchement est frustrant, rageant ; et particulièrement difficile psychologiquement.

Au terme de la petite dizaine d’heures qu’il faut pour en atteindre le terme, Beacon Pines est un jeu qui prend aux tripes et aux nerfs ; mais qui paradoxalement pose rapidement ses limites. Au final, seules quatre « routes » principales sont à découvrir, malgré la multiplicité des embranchements.

Malheureusement, Beacon Pines souffre d’un défaut rédhibitoire : il est intégralement en anglais.

Et l’aventure peut s’avérer déstabilisante, tant le niveau de langage est important. Tantôt soutenu tantôt plus léger, parfois enfantin voire mâché ; les termes employés nécessitent une bonne maîtrise de l’anglais afin de pouvoir comprendre toutes les subtilités du titre. Eu égard de son aspect narratif bien entendu, les dialogues et autres interactions textuelles sont légion. Attention donc avant de vous lancer dans l’aventure.

J’aime

L

Une Narration originale

L

Des Énigmes Engageantes

L

Esthétiquement jolie

L

Emotionnellement très fort

J’aime moins

K

Uniquement en anglais

K

Des thèmes vraiment difficiles

K

Des choix parfois trop contraignants