Chronique de Misha

     Parfois, on se laisse séduire par une couverture. Et soudain, on embarque, en vivant réellement l’histoire grâce à une plume incroyable…

Romance de Noël

     Rendez-vous sous le gui est une romance de Noël, comme vous vous en doutez. L’appartement de Charlène subit une panne d’électricité, elle doit loger dans un hôtel qui n’est toujours pas disposé à la recontacter malgré l’urgence de la situation. Son employé, Olivier, lui propose de l’héberger le temps des travaux. D’abord réticente, la jeune femme finit par accepter.

     Il s’avère que Charlène appréciait déjà beaucoup Olivier lors de son arrivée dans sa boutique, elle a simplement déguisé ses sentiments. Après tout, quand on est habitué à la solitude, on fait en sorte d’y rester, par confort. Par ailleurs, elle est persuadée, au même titre qu’Olivier, que ce dernier en pince pour Camille, une de leurs clientes régulières. S’en suivent des quiproquos qui ralentissent l’évolution de leurs relations respectives.

     En déposant ses bagages et sa petite chatonne prénommée Cookie chez

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Olivier, Charlène tisse un lien privilégié avec lui. Et petit à petit, ils se rapprochent.

     Bien évidemment, leur vie n’est pas toujours toute rose, loin de là. Charlène reçoit la visite de son demi-frère qui l’informe que leur père va bientôt mourir et souhaite la voir. Père qui a toujours renié cette première fille, par confort financier. Il était plus simple de mettre fin à son histoire d’amour avec une femme ordinaire plutôt que de tirer un trait sur sa prochaine fortune.

     Or donc, Charlène a grandi sans père, ses grands-parents sont décédés, ainsi que sa mère. Il ne lui reste que ses amis proches, dont Clémentine, la plus importante.

     Je craignais que l’aspect du deuil assombrisse beaucoup cette lecture, mais Chloé Duval a su l’amener de manière honnête, sans que ça ne pèse trop. Tout est parfaitement agencé pour rendre cette histoire fluide, authentique et addictive.

     Parée de sa carapace, Charlène préfère croire qu’il n’y a rien entre elle et son colocataire, c’est plus simple. Mais les semaines filent et Olivier suscite en elle un trouble très vif. La farine qu’il essuie sur son visage, leur danse, la façon dont il joue de la guitare pour elle. Et même s’il choisit les chansons d’amour d’Elvis, elle refuse de les entendre, persuadée qu’elle se méprend.

Plume exceptionnelle

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     La plume de Chloé Duval est sublime, il n’y a pas d’autre mot. Tout est vivant, fluide, poignant. Elle a une maîtrise absolument parfaite de la phraséologie et il est clair qu’elle est destinée à écrire. Certains gribouillent en guise de passe-temps ; ici, clairement, on ressent que c’est la voie de Chloé Duval, son destin. Car elle instille tellement d’émotions, tellement d’authenticité que je ne peux que saluer cette virtuosité.

     Tout ce petit monde qu’elle a déployé dans ce roman est vivant, j’ai adoré chaque instant passé avec eux. Bon, beaucoup moins ceux avec son père, que j’appréhendais… Mais finalement, j’ai réussi à franchir ce passage un peu dur pour découvrir une Charlène différente qui, même si elle n’a pas pu lui pardonner de son vivant, avance et a réussi à lui confier ce qui lui pesait avant qu’il s’éteigne.

     Revenons sur Charlène. Elle est propriétaire du café-bibliothèque La petite madeleine de Proust. Au début de chaque Chapitre, on découvre une petite note consignée dans son Livre d’Or, rédigée par un client. J’ai trouvé ça très mignon.

     L’ambiance de son café est extrêmement chaleureuse. On ressent le Hygge puissamment dans les odeurs de ses cookies, de son chocolat, de son café. Ses pantoufles de Noël, son pyjama. Mais c’est surtout la plume de l’auteure elle-même qui dégage quelque chose de cosy. Rendez-vous sous le gui nous emmène dans ce petit havre de paix, chamboulé par les aléas du quotidien. Il y fait bon vivre malgré les drames qui surviennent.

     J’ai beaucoup aimé la relation entre Charlène et Olivier qui a évolué sans crier gare ; un amour extrêmement profond. C’est beau. Cookie devient un excellent prétexte pour qu’ils s’envoient des photos, s’appellent. Ils doivent prioriser son confort avant tout… plutôt qu’avouer qu’ils ont envie de se rapprocher.