Détails
Genre

RPG| Stratégie| Aventure

éditeur

Nacon

Développeur

Abrakam 

Date de sortie

21 Avril 2022

Support de test

Nintendo Switch

 

A propos de l'auteur

Farrel

Farrel

Co-Fondateur de Geek and Chill, streamer, responsable relations Presse, illustrateur, webmaster, responsable jeu vidéo & tech.

Roguebook est un rogue-like deck builder disponible depuis un peu moins de deux ans sur Nintendo Switch. Si le jeu est édité par Nacon, le studio à l’origine de cette pépite est belge puisqu’il s’agit de nul autre que de Abrakam, déjà à l’œuvre sur un certain Faeria; tous deux situés dans le même univers.

Mais si le premier était un jeu passé relativement sous les radars (en cause une non traduction française et une communication plutôt minimaliste), Roguebook ne joue clairement pas dans la même cour.

Et pour cause : afin de s’assurer un système particulièrement chaidé, les développeurs se sont entourés de l’innénarable génie des Jeux de Cartes : Richard Garfield. Oui le papa de Magic: The Gathering, mais aussi des JCC Star Wars, Battle Tech ou encore Artifact. Rien que ça.

Une société ayant à cœur de narrer des histoires originales et enchanteresses alliée au Pape des jeux de cartes… Il ne pouvait de fait en résulter qu’un énième chef-d’œuvre.

Et c’est ce que je vous propose de découvrir tout de suite.

Raconte-moi une Fable

Nombreuses sont les histoires à raconter…

Si l’on devait regarder dans un endroit isolé, à travers de longues ruines tombées dans l’oubli, non loin de la forêt sacrée, caché sous les plus grands arbres du monde de Faeria; on y trouverait la maison secrète d’un vieil aventurier.

Certains l’appellent… le voleur grenouille.

Et dans cette petite maison, il y a une échoppe.

Et dans cette échoppe, il y a un livre.

Et dans ce livre…

Se trouve un nouveau monde.

Voici le texte d’introduction de Roguebook qui, à mon sens, résume parfaitement le cœur de l’œuvre ici proposée. Empli de magie, de poésie et d’onirisme; Roguebook fait partie de ces jeux qui marquent instantanément, que ce soit par leur narration ou leur approche artistique du médium.

Rien n’y est laissé au hasard : ni la forme, ni le fond; de sorte que chaque partie ne peut débuter autrement que par une plongée fantasmagorique au cœur de cet univers enchanteur digne des fables d’antan.

Vous y incarnez, dans un premier temps, Sharra et Sorocco ; deux alliés prisonniers du fameux Roguebook devant trouver un moyen de s’en échapper. Mais ce scénario, aussi succinct soit-il, dissimule tellement plus.

T’as pas une p’tite carte ?

Roguebook est un énième rogue-like deckbuilder comme il en existe des dizaines sur la portable de Nintendo. Pourtant, ce dernier dispose de solides arguments pour appâter le chaland.

Nonobstant sa direction artistique impeccable et ses qualités narratives impactantes; c’est surtout la présence de Richard Garfield au générique qui laisse pantoi. Avec un tel nom à la tête de l’équipe de game design, l’aspect deck builder de Roguebook ne pouvait être qu’une grande réussite… n’est-ce pas ?

Eh bien malheureusement, c’est sans doute là que le titre s’avère particulièrement décevant. Car s’il s’agit d’un deck builder tout à fait classique dans le fond, la forme elle a subi des choix de game design passablement discutables.

Au début de chaque tour, vous tirez 5 cartes et disposez de 3 points d’actions. Chaque carte coûte un certain nombre de points, il est de fait nécessaire de bien faire attention aux cartes jouées pour éviter de se retrouver bloqué.

Car contrairement à d’autres jeux du genre, à la fin de chacun de vos tours… vous allez défausser l’intégralité de votre main. Autrement dit, toute carte non jouée ne pourra plus l’être par la suite.

Une idée saugrenue, pour ne pas dire totalement contreproductive; puisque Roguebook finit indubitablement par vous demander d’établir une stratégie… uniquement basée sur la chance et l’aléatoire.

Impossible de songer, par exemple, à conserver une carte de côté afin de l’utiliser plus tard en combo avec une autre; ni de préférer passer son tour afin de conserver de puissants boucliers en prévision d’une attaque critique d’un boss.

Non, ici ce que vous ne jouez pas est jeté immédiatement aux ordures. Et c’est réellement la pire décision de game design possible dans ce genre de production.

Car vos adversaires, eux, disposent d’une icône au-dessus de leur tête afin de vous “prévenir” de leurs prochains mouvements. Si vous y voyez une épée à côté duquel est indiqué “11”, c’est que l’ennemi va vous attaquer et infliger 11 points de dégâts au prochain tour.

Une bonne idée… s’il était possible, de nouveau, de conserver certaines cartes de sa main afin de prévoir ce genre d’action. Ici, vous n’avez qu’à espérer que la chance vous octroie suffisamment de cartes de “blocage” afin de parer l’ensemble des dégâts; ou une carte de “placement” pouvant changer la cible de l’attaque. Dans le cas contraire, vous allez simplement regarder la mort arriver sans rien pouvoir faire.

La défaite en devient irrémédiablement frustrante, puisqu’elle ne peut directement être imputée à de mauvaises décisions ou à une stratégie défaillante; mais est uniquement le fruit du hasard et de la chance. Soit ce qu’il y a de pire dans un rogue-like.

De plus, les cartes que vous allez pouvoir récupérer ne sont clairement pas les plus originales, ni particulièrement intéressantes. Roguebook fait partie de ces deck builders dans lesquels, plutôt que de proposer des cartes complémentaires, va vous proposer de trouver des “améliorations” venant remplacer ces dernières et ainsi rendre les anciennes totalement inutiles.

Et ce constat est plus terrible encore en débloquant les “gemmes”, des pierres magiques ajoutant de nouveaux effets sur vos cartes. Car là encore, c’est une excellente idée… si vos anciennes cartes ne devenaient pas si rapidement obsolètes.

Afin de bénéficier du pouvoir de ces gemmes, vous allez de fait être contraint d’utiliser des versions moins puissantes de vos compétences, ce qui est un comble en soi.

Mais un côté RPG réussi

Par chance, Roguebook dispose d’autres arguments pour convaincre; et l’aspect RPG du titre est clairement capable de rattraper le reste.

Vous allez systématiquement lancer vos runs avec une équipe de deux héros. Ce duo est complémentaire, et peut évoluer avec le temps.

Par exemple, le premier qui vous est proposé est celui de Sharra et Sorocco. La première est une guerrière qui va rapidement trouver une épée légendaire. Une fois équipée, elle vous octroie un bonus de puissance (et donc de dégâts) de 3 si Sharra est située devant. Et il en va de même pour Sorocco : ce dernier découvre un brassage fortifiant, vous donnant 2 blocages automatiques s’il est situé sur la position frontale.

Une réelle stratégie doit donc être envisagée pour parvenir à vaincre le Roguebook. Pour vous aider dans cet objectif, vous allez pouvoir dégoter des pages perdues du livre, utiles afin de débloquer divers “embellissements” de votre propre histoire.

Roguebook se présente donc comme un rogue-like très classique sur sa partie narrative : vous allez refaire encore et encore les mêmes niveaux, vous facilitant la vie à chaque nouvelle runs via des améliorations définitives.

Par contre, c’est sur la forme que le titre s’avère particulièrement intéressant. Puisque si les cartes sont les mêmes, l’emplacement des divers éléments est, lui, complètement aléatoire.

Chaque run est donc totalement différente et doit être envisagée avec une certaine stratégie. Car progresser n’est pas aussi simple qu’il pourrait sembler de prime abord.

Afin de vous bloquer dans votre progression, le Roguebook est entièrement masqué. Pour débloquer de nouvelles zones, vous allez devoir utiliser de l’encre afin de redonner vie à ces pages. Encre que vous ne pouvez récolter que sur les ennemis ou dans certains coffres.

La boucle de gameplay vous impose donc de trouver de l’encre, de vaincre des ennemis, de débloquer des endroits; tout ça dans le but de vous renforcer et d’obtenir les améliorations nécessaires pour vaincre le boss qui bloque le passage au chapitre suivant.

Inutile de vous dire qu’il est excessivement difficile d’explorer l’ensemble de la carte avant de pouvoir atteindre le boss. Il va donc falloir faire des choix, souvent stratégiques, afin d’optimiser au maximum vos déplacements et ainsi pouvoir rendre votre progression plus aisée.

Car Roguebook se classe instantanément parmi les rogue-like les plus difficiles, ou plutôt à la courbe de difficulté la plus surprenante. Généralement, vous n’avez aucune difficulté à vous défaire des adversaires de bases… les boss et ennemis d’élites, eux, sont au contraire d’une puissance disproportionnée par rapport à vous; et vous impose réellement d’optimiser votre jeu et vos compétences pour parvenir à les vaincre.

A chaque défaite, vous perdez bien entendu l’ensemble des cartes et artefacts glanés jusqu’alors; de sorte que vous devez tout reprendre à zéro tout en comptant sur les améliorations débloquées pour progresser un peu plus à chaque run.

Une DA enchanteresse

Mais faire une review de Roguebook sans évoquer sa direction artistique tient peu ou prou de l’hérésie, tant cette dernière est au cœur de la magie qui se dégage du titre.

Graphiquement pourtant, le titre opte pour une 2D qui n’est guère impressionnante, et plutôt même datée. Les différents personnages, qu’ils soient alliés ou non, sont animés de manière minimaliste. Rien qui ne soit en mesure de mettre une claque.

Et pourtant… un onirisme certain se dégage de l’ensemble, justement grâce à une direction artistique du plus bel effet (et qui n’est pas sans rappeler, logiquement, celle de Faeria dont Roguebook est la suite spirituelle).

Le jeu emprunte ainsi aux différents folklore occidentaux et scandinaves et se pare de couleurs sombres et puissamment contrastées, dans l’optique de faire ressortir toute cette magie issue des contes de fées.

De même, les différents designs sont travaillés avec le plus grand soin pour s’intégrer à la perfection dans ce tout si enivrant.

La musique n’est pas en reste, et fait indubitablement écho au travail effectué par Russell Shaw sur Fable.

Points positifs

L

Une DA sublime

L

Une bande son au même niveau

L

Une narration enchanteresse

L

Un gameplay efficace

points négatifs

K

Un système de jeu un poil complexe

K

Des mécaniques qui cassent totalement la stratégie

K

Une boucle de gameplay un poil lourde