Wartales est le tout dernier jeu de Shiro Games, un studio indépendant connu pour ses productions de qualité telles qu’Evoland ou Northgard.

Et pour une fois, dans cette introduction, je vais briser la règle séculaire qui consiste à faire court pour prendre le temps de détailler l’historique de l’entreprise. Car, on l’oublie parfois : nos développeurs ont du talent. Eh oui, pour ceux qui l’ignorent encore, Shiro Games est un studio français, basé à Bordeaux.

Fondé en 2012 par Sébastien Vidal et Nicolas Cannasse (personnalité de l’année 2023 aux Pégases, il a également co-fondé Motion Twin, à qui l’on doit Dead Cells, et développé le langage de programmation Haxe), le studio a tout simplement enchaîné les succès à la fois critiques et populaires en ne sortant que des jeux incroyablement riches, profonds et novateurs. Ils viennent également de publier Dune: Spice War, un 4X qui semble tout simplement merveilleux et sur lequel j’ai grand-hâte de pouvoir poser les mains.

Une « success story » à la française qui prouve, une fois de plus, que notre pays n’est pas en reste en termes de jeux vidéo. Petit spoiler : WarTales est tout simplement l’un des meilleurs RPG de l’année, y compris cette version Nintendo Switch.

Editeur(s)
Shiro Games
Sortie France
14 Sept. 2023
PEGI
+16 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

 

Les Contes de la Guerre

WarTales ne dispose, à proprement parler, d’aucun scénario. Pour être plus précis, c’est l’intrigue qui est ici volontairement lacunaire. Le titre vous propose tout simplement de créer un groupe de quatre mercenaires vivant dans un monde de low-fantasy en proie à une guerre terrible, et d’y écrire votre propre histoire.

Avant même de prendre en main le jeu, ce dernier va vous inciter à déterminer quel type de groupe vous souhaitez jouer via une série de questions qui influent directement sur la composition initiale de votre équipe. À vous la liberté d’être en compagnie d’aventuriers, de brigands, de marchands, de soldats déserteurs ou encore de simples fermiers.

Ne prenez pas à la légère cette partie, car vos réponses décideront des bonus et des malus inhérents à votre équipe. Vous retrouvez d’ailleurs, à droite de l’écran, les divers avantages et types de personnages inhérents à ces propositions.

Vient ensuite le choix de vos privilèges. Bonus de vitesse de déplacement, d’expérience au combat, de constitution, de dégâts critiques ou de progression dans les divers métiers.

Pour terminer ce paramétrage initial, et parce que la vie est injuste, il vous faut désormais décider d’un malus. Là encore, le choix est cornélien entre une diminution de la charge totale, du bonheur, des dégâts critiques, l’augmentation d’embuscade lors de vos haltes ou une perte significative de volonté.

WarTales est un jeu exigeant à bien des égards, et vos choix initiaux ont une incidence indubitable sur l’intégralité de votre expérience de jeu. Chaque paramètre proposé est ici crucial, pour ne pas dire vital. Pourtant, il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » décision. Il s’agit plus là de déterminer une orientation globale, de poser les bases de votre manière de jouer… quitte à devoir en changer totalement en cours de route à cause des vicissitudes du quotidien.

Il n’est pas rare de vouloir se forger une solide réputation, de faire le bien ; avant d’être contraint d’attaquer de pauvres réfugiés sans défense à cause de la faim et du manque de ressources ou, à l’inverse, de vouloir se lancer dans une vie de crime avant de changer totalement d’avis face à des situations moralement complexes.

WarTales est l’aventure d’une vie, lourde de choix cornéliens et de décisions éthiques. Mais c’est avant tout votre histoire, que vous allez écrire en lettres de sang.

Le jeu vous laisse ensuite le choix entre deux modes d’exploration : « libre » adapte le niveau des ennemis au vôtre, « zoné » vous propose une expérience plus cloisonnée et proche d’une vision traditionnelle de ce genre de production, où il va falloir mériter sa place dans les endroits les plus dangereux.

Enfin, vous avez le choix de votre zone de départ, c’est-à-dire l’endroit où vos héros débutent leur périple. Si lors de la première partie seul le Comté de Tiltrën est disponible, vous allez rapidement en débloquer d’autres. Et ne redoutez surtout pas ce manque de liberté initiale, vous allez recommencer le jeu souvent. Très souvent.

Pour terminer, de nombreuses options de personnalisation de la partie s’offrent à vous : la difficulté des combats, la survie et le mode de sauvegarde. Là encore, le jeu se montre particulièrement ouvert et ne vous impose jamais une vision étroite. Il s’agit de votre partie, de votre aventure. À vous d’en imposer les règles.

Le bac à sable ultime

WarTales propose une expérience assez inimitable dans le genre du RPG sandbox. Vous débutez votre aventure avec quatre mercenaires personnalisables ainsi qu’un poney, qui vous sert à transporter votre barda.

Le système de création de personnages s’avère particulièrement complet, autant que simple de compréhension et de prise en main. Si les quatre classes de vos héros sont déterminées par les fameuses questions posées précédemment, vous avez malgré tout une grande liberté concernant leur identité.

Libre à vous de leur ajouter des avantages et des inconvénients, de modifier leur compétence de base, de changer leur sexe, leur style vestimentaire, etc. Loin d’être uniquement cosmétiques, tous ces choix vont influer sur votre partie et votre progression.

Vous voilà désormais lancé sur la carte du monde. Premier (et l’un des seuls) point négatif du titre : WarTales manque de didacticiels. Pour quiconque n’est pas coutumier de ce genre de production, l’immersion dans cet univers particulièrement rude et austère peut être un frein immédiat.

Sandbox complet oblige, vous n’êtes introduit à rien : ni aux mécaniques de jeu ni à son lore. C’est à vous de découvrir, au gré de vos rencontres et explorations, tout ce qui compose ce jeu singulier.

Sur PC, ce grief pourrait sembler totalement farfelu ; mais vous êtes ici sur le test de la version Nintendo Switch, une console qui n’est pas du tout habituée à accueillir ce type de production. L’ajout de didacticiels, même optionnels, aurait clairement été un plus pour ce public différent.

Lâché dans la nature sans la moindre instruction, vous vous retrouvez sur la carte d’un open-world gigantesque et magnifique, parfaitement optimisé et qui ne souffre jamais du moindre petit lag ni chute de framerate.

Si le temps de chargement du lancement initial de la partie peut sembler un peu long, c’est pour mieux vous permettre de profiter de ce terrain de jeu incroyablement vaste sans éprouver la moindre latence. Un portage d’exception pour un titre qui l’est tout autant.

Désormais, c’est à vous de décider quoi faire ! Et sur le terrain du jeu Sandbox, WarTales fait office de modèle. Libre à vous de vous diriger où bon vous semble, quand vous le souhaitez. De très nombreuses rencontres viennent émailler votre progression, qu’elles soient amicales ou non.

Mais pas le temps de chercher à comprendre ce que le titre attend de vous (c’est-à-dire : rien du tout), car vous remarquez que les heures s’écoulent rapidement. En haut de l’écran, vous découvrez également d’autres indicateurs : bonheur, puissance de combat, nourriture, primes, poids total transporté et argent.

Excessivement complet (et complexe), WarTales inclut de nombreuses mécaniques pour vous procurer une expérience d’une richesse rarement égalée. Chacun de ces compteurs revêt en effet une importance capitale qui influe directement sur votre aventure.

Vous dirigez une troupe de mercenaires. Ces derniers demandent, logiquement, à être payés à intervalles réguliers ; mais également à vivre dans de bonnes conditions, à être satisfaits et à manger à satiété.

Tout le principe du jeu est là, simplement représenté par quelques indicateurs situés en haut de l’écran, suivant une logique imparable et bien pensée. Pour vous imposer dans ce monde, il va falloir recruter. Mais plus vous avez de mercenaires sous vos ordres, plus il vous faut des ressources pour maintenir la cohésion du groupe.

Vos voyages ne sont pas non plus de tout repos. Votre équipe est limitée par la fatigue, et doit se reposer à intervalles réguliers. Dresser le camp est le meilleur moyen de leur permettre de prendre une pause, de dormir et de se nourrir ; mais également de gérer leurs liens via un système d’entente fort bien pensé et de les faire progresser.

Bien entendu, le corollaire logique de camper dans un univers si dangereux est de prendre le risque de se faire attaquer par des troupes hostiles, ou de devoir affronter leurs griefs si vous ne parvenez pas à gérer correctement vos ressources.

Attendez-vous à des désertions, des coups de sang et d’autres mots totalement injustifiés. Car, est-il utile de le préciser, vos héros sont mortels. Monde de low-fantasy oblige, ne vous attendez certainement pas à découvrir des objets leur permettant de revenir « magiquement ». Une fois tombés au champ d’honneur, il va falloir leur faire vos adieux.

WarTales propose toutes ces mécaniques, et bien plus encore ; car vous allez, tout au long de vos parties, découvrir régulièrement de nouvelles fonctionnalités qui vous étaient jusqu’alors inconnues. Plus qu’un jeu qui se suit, WarTales est une aventure qui se vit, se découvre, se dompte.

Des combats exigeants

Bien entendu, votre légende se forge au fil de votre épée. Et pour sublimer son propos, WarTales a fait le choix de combats tactiques au tour par tour.

Chaque affrontement débute par le positionnement de vos troupes, selon des conditions définies par autant de facteurs que le type de rencontre, de terrain, la composition des troupes ennemies ou encore leur nombre.

Une fois prêt, vous allez devoir frayer avec de nombreux facteurs pour vous en sortir. Le titre s’avère rapidement incroyablement plus complexe qu’il n’y paraît, en gérant des mécaniques qui peuvent retourner l’issue d’un affrontement en quelques secondes.

Vos mercenaires disposent d’une armure destructible (qu’il faut régulièrement réparer au camp ou dans les villes), d’une arme et de compétences spécifiques. Le positionnement est également un facteur clé, puisque lorsque vos héros bénéficient de bonus d’entente, ces derniers peuvent s’appliquer en combat.

Limités par des points de mouvement et l’activation par défaut du « friendly fire » ; il vous faut régulièrement faire preuve de stratégie pour éviter le pire. Un coup critique n’est jamais loin, et la mort a des conséquences dramatiques sur la suite de votre périple.

Si l’un de vos personnages a le malheur de périr, c’est le moral de toute l’équipe qui en prend un coup… en plus de vous laisser bien plus vulnérable dans les affrontements suivants.

Enfin, un système « d’engagement » s’ajoute à ces combats déjà bien retors. Une fois en face à face, deux personnages ne peuvent simplement fuir sans prendre le risque d’une nouvelle attaque. Il faut donc faire particulièrement attention à ses unités les plus fragiles, ou anticiper le recul de vos combattants blessés.

Si les premières heures peuvent sembler relativement « simples » (c’est un euphémisme) ; l’aventure prend petit à petit un virage radicalement plus complexe. Au gré de vos explorations, vous allez atteindre des régions de plus en plus dangereuses, riches d’aventures et d’expériences incomparables mais aussi mortelles.

J’aime

L

Le meilleur RPG sandbox

L

Une personnalisation riche

L

De nombreuses mécaniques ingénieuses

L

Graphiquement superbe

L

Parfaitement optimisé sur Nintendo Switch

J’aime moins

K

Une police trop petite malgré la possibilité de changer la taille

K

Des textes en blanc sur fond noir difficiles à lire

K

Manque de quelques didacticiels