Sea of Stars est un RPG au tour par tour en pixel-art. Il fait vibrer la corde nostalgique des boomers tout en apportant un vent de fraîcheur.
Les Guerriers du Solstice
Le monde frémit sous la puissance des Hôtes, créatures façonnées par le Fleshmancer, un être immortel qui tente de tromper son ennui en semant le chaos. Pour vaincre les Hôtes, le monde a besoin des Guerriers du Solstice. Dotés du pouvoir de la Lune et du Soleil, ils sont capables de détruire ces créatures de malheur.
Valere est une Moine Lunaire, Zale un Danseur de Lame Solaire. Vous avez le choix d’incarner l’un ou l’autre ; dans tous les cas, ils voyagent ensemble. Le petit groupe va s’agrandir au cours de ses pérégrinations, en commençant par Garl, leur ami d’enfance. Seraï, une fille qui se bat à la dague et traverse des portails. Resh’an, un Alchimiste mystérieux. Et enfin B’stiol, le Golem de verre. Chacun possède des capacités uniques qui peuvent donner l’avantage durant les combats.
Votre groupe se compose de 3 personnages, à vous de décider de la composition. Je pense qu’il est plus judicieux de conserver Zale et Valere qui se complètent parfaitement entre dégâts physiques et dégâts spirituels. Les combats se déroulent au tour par tour, mais vous pouvez choisir qui commence. Dès l’instant où Resh’an rejoint votre groupe, les combats sont plus simples, car il peut grouper les ennemis afin que Valere et Zale puissent déployer leurs sorts de zone. Car oui, les ennemis se dispersent aléatoirement sur le terrain selon la manière dont vous débarquez.
Tout votre groupe bénéficie du level-up en même temps. C’est un énorme point fort, notamment pour les personnages qui ne combattent pas et que vous pourriez déployer ultérieurement. Une fois le niveau acquis, vous avez le choix de donner un bonus dans la catégorie de votre choix. PV, Mana, Attaque Physique ou Magique, Défense Physique ou Magique. Vous êtes libre de faire monter vos persos comme bon vous semble. Toutefois, se concentrer sur la force brute est une mauvaise idée. Les hordes de mobs affiliées aux Hôtes ne sont sensibles qu’à la Magie solaire et Lunaire. Je me rappelle d’un donjon particulièrement oppressant qui grouillait de créatures amorphes, des sacs à PV uniquement sensibles à la Magie du Solstice. Une ambiance très dark, tout en rouge, avec une musique angoissante… Pas très agréable comme passage. Mais Sea of Stars n’est pas un jeu pour enfants.
Un jeu mature
J’ai vu Sea of Stars en recommandation pour les enfants de 8 ans et plus. Je crois que les journalistes qui ont rédigé ça n’y ont pas joué, comme d’habitude… Le scénario est mature. Très mature. Il y a même un passage dans lequel un Hôte séquestre la Matriarche Gorille pour l’engrosser en boucle et dévorer ses petits. Euh… Non, pas Made in Abyss !
Ce screen est parfait pour étayer mon propos. Le combat qui a suivi était extrêmement long, mais j’étais prise aux tripes devant une scène si atroce… Et sinon, on parle des expériences immorales qu’a subies B’stiol ? Au point de perdre son corps et vivre coincé dans un état éthéré à tout jamais… Or donc, vous là, les journalistes bien-pensants ; vous conseillez ce jeu pour des enfants de 8 ans et plus ? Je crois que vous n’êtes pas très sains d’esprit… Ou plutôt, que vous n’y avez joué qu’1h tout au plus. Encore des gens qui se sont dit « Une école dans les nuages, allez, pour enfants ! » Oui, mais et après ?
Je suis persuadée que pour rédiger un test vraiment objectif et pertinent, il faut terminer le jeu au préalable. Bien sûr, quand on doit tenir les embargos, ce n’est pas toujours possible. Surtout concernant les RPG qui sont très longs. Toutefois, on sent le propos adulte de Sea of Stars assez rapidement. Rien qu’au début, lorsque Zale et Valere sont enfants, ils bravent l’interdit en allant dans une grotte remplie de monstres. Garl les accompagne et perd son œil dans l’affrontement. Il conserve une cicatrice à vie. Donc, il y a bien des indices qui permettent de repérer que ce jeu ne s’adresse pas aux plus jeunes.
Pour en revenir aux combats, chaque ennemi a ses propres sensibilités, affichées une seule fois au début du combat. Certains boss peuvent en changer lors de l’affrontement. De même, il faut s’équiper d’un objet pour voir les PV adverses, même si ça ne s’applique pas aux boss. Assez dommageable, car les boss ne manifestent même pas de fatigue quand ils leur restent ¼ de vie, contrairement aux autres jeux. Il y a quelques exceptions, mais cette donnée aurait dû s’appliquer à l’ensemble des boss.
Une attaque normale restaure vos PM. Mais si vous êtes vraiment à court, vous pouvez utiliser vos provisions pour vous restaurer.
Lorsqu’une attaque spéciale adverse est en charge, il est possible de la briser en visant les points faibles adéquats durant le nombre de tours imparti. C’est ingénieux. Par ailleurs, il est possible de se procurer des Reliques et de les activer pour simplifier l’aventure. Ce que j’ai choisi d’appliquer pour profiter du scénario.
Nostalgie
Chaque dialogue incrémente l’avatar du personnage, accompagné d’un bruitage qui m’a rappelée Golden Sun. Le pixel-art est réussi, c’est coloré, bourré d’imagination. Les paysages sont très variés, c’est un véritable voyage qu’on nous propose.
Heureusement pour moi, le jeu est extrêmement linéaire, ce qui évite de se perdre. Le schéma est simple : des ennemis à combattre dans chaque donjon, des énigmes à résoudre et possiblement un boss. Une fois la zone terminée, pas besoin de faire tout le chemin en sens inverse, sauf pour retourner au Lac des Docarri. Là-bas, une jeune fille échange vos Conques arc-en-ciel contre des items rares, comme les plans de l’auberge de Mirth. C’est un village qui nécessite votre aide pour son développement. En bref, pour vous rendre au Lac des Docarri, vous devez retraverser la Jungle et accepter les combats qui vont avec… Au moins à l’aller, au retour, vous pouvez sauter pour nager et éviter de vous faire aggro. Mais tout de même, cette marchande aurait dû se situer dans un lieu facile d’accès.
L’humour de Yolande m’a bien fait rire « Et le vendeur là, il vend sa dague 2200 pièces d’or et il vit dans une baraque délabrée. » Haha, elle a cassé le 4ème mur plusieurs fois en évoquant les Reliques pour simplifier le jeu, la sauvegarde… Pertinent et savamment amené ! D’ailleurs, Yolande m’a fait penser à la vieille Dora dans Le Château dans le Ciel, à cause de ses nattes et parce qu’elle est membre de l’équipage du Capitaine Klee’Shäe. Pirate du ciel, pirate de la mer, ça reste cool !
La pêche est un point négatif du jeu. Premièrement, la maniabilité est complexe pour certains spécimens hargneux. Il faut bouger le fil dans la zone verticale lumineuse et appuyer sur A lorsque le poisson y bifurque. Mais le pire, c’est que j’ai perdu la moitié de mes prises… Pourquoi ? Parce qu’une fois pêché, vous avez la mention Filet. Vous n’acquérez pas votre Poisson automatiquement. Et ce Filet m’a complètement perdue. Donc j’ai appuyé de nombreuses fois sur B pour annuler une seconde pêche, ce qui me semblait logique… libérant le poisson attrapé par la même occasion…
Vous pouvez cuisiner au coin du feu. Les campements se situent près des points de sauvegarde. Vous pouvez d’ailleurs en dresser manuellement sur la Carte du Monde si vous le souhaitez. Les recettes se trouvent en magasin, mais aussi dans les donjons. Il faut ouvrir l’œil, comme pour les Conques arc-en-ciel qui sont généralement cachées.
Les ingrédients s’achètent et se récoltent également. C’est une donnée à ne pas négliger, car certains boss sont exigeants et la nourriture vous restitue PV et PM. L’Attaque Ultime de Resh’an rétablit tous vos PV d’ailleurs, quand je vous disais que c’était le meilleur perso après les Guerriers du Solstice…
Diverses séquences animées ponctuent Sea of Stars. Moins belles que le pixel-art employé tout du long, elles n’en demeurent pas moins toujours justes et fort bienvenues.
J’ai adoré Teaks, qui raconte ses histoires au coin du feu. Elle propose différents contes, tous en lien avec le lore du jeu. C’est pertinent, bien amené et jamais imposé. Ces petites séquences sont intéressantes et instaurent une ambiance vraiment appréciable.
Les OST collent parfaitement. On sent l’amour des vieux RPG au niveau des accords qui, ici, ne sont pas dissonants. Ce monde, de fantasy, mais aussi de SF une fois qu’on arrive dans le monde de Seraï, propose de jolis rebondissements.
Zale et Valere sont certes les protagonistes principaux, mais leurs compagnons n’ont pas été négligés dans leur construction. Leur voyage ne se déroulera pas sans heurts ; ils ne survivront pas tous, malheureusement… Mais je n’en dirais pas plus.
Avec des enjeux matures, une réflexion intéressante, un environnement sans cesse renouvelé, Sea of Stars est une pépite du RPG à découvrir.
Conclusion : Un voyage onirique et mature
Sea of Stars est un excellent RPG qui fait vibrer la corde nostalgique des amateurs du genre. Tout en pixel-art, il propose un voyage onirique et violent tout à la fois. Il se destine à un public mature, adepte de stratégie et de RPG à l’ancienne.