Vampire : The Masquerade – Shadows of New York est la suite directe de Coteries of New York. Vous pouvez lire mon test ici. Suite à un patch correctif, le jeu est dès à présent disponible en français.
Dans cet opus, il n’y a qu’un seul personnage jouable dont le nom est déjà fixé. Vous incarnez Julia Sowinski, une enquêtrice qui épluche de sales affaires. Son Étreinte l’intègre dans le Clan Lasombra, celui de l’Ombre…
Editeur(s)
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Draw Distance |
Sortie France
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10 sept. 2020
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PEGI
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+16 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Nintendo Switch |
Fille de la Nuit
L’histoire prend son temps avant le Baiser fatal. On apprend à découvrir cette émigrée polonaise au fort tempérament. Foncièrement honnête, nul ne peut remettre en question ses valeurs, ce en quoi elle croit profondément. C’est une rêveuse, une philosophe qui réfléchit sans cesse. Derrière son langage ordurier, on découvre une femme sensible, extrêmement intelligente et cultivée. Gothique et lesbienne, Julia est entière.
Autant Coteries estompait la profondeur psychologique de ses protagonistes en n’osant pas fouiller plus loin ; autant cette fois, Julia a une véritable personnalité construite de A à Z, qu’on aime ou pas. De l’audace très pertinente qui permet de vivre son aventure à elle, de façon plus intime. Assumer ses goûts, sa richesse culturelle et ses plaisirs saphiques. Julia aime les femmes, mais en devenant une non-vivante, elle finit par se questionner sur ce sentiment aux côtés de Dakota, sa petite amie qu’elle voit hélas très peu. En temps normal, le Bétail n’est pas censé être informé de l’existence de la Mascarade. Mais Julia, de par son tempérament flamboyant, a enfreint cette règle. Dakota connaît la vérité et lui propose régulièrement de la sustenter.
Au tout début de l’histoire, Julia a un lourd désaccord avec son supérieur qui essaie de couvrir une ordure.
Alors que Julia mène déjà une vie misérable, sa boîte l’éjecte parce qu’elle veut faire tomber cette personnalité importante, sauf que ce serait un manque à gagner. Elle n’a pas le temps de voir Dakota, ne se sent chez elle nulle part, a une santé pourrie et ne se fait pas payer en qualité de free-lance.
C’est dans ce maelström d’émotions virulentes qu’une Lasombra androgyne donne le Baiser à Julia. Toutefois… le Visual Novel marque une ellipse de 5 mois. Ce qui induit un faux raccord à l’emplacement de sauvegarde : l’indication Nuit 2 est fausse puisque de nombreux mois se sont écoulés.
Julia est mandatée par la Cour pour mener une enquête sur la mort de Boss Callihan, personnage détestable que l’on rencontre dans le précédent opus. Misogyne, avide de pouvoir, aux méthodes très discutables ; sa mort apporte un bénéfice pour tout un chacun. Tout le monde est suspect et les pouvoirs de Julia peuvent être utiles, d’autant qu’elle ne fait pas partie de la Camarilla mais du Sabbat. Ce choix laisse les Anarchs au pouvoir perplexes.
Bien que Julia possède les Disciplines Domination, Obtenebration et Puissance ; je ne les ai pas beaucoup vues. Et pourtant, Obtenebration est tellement utile ! C’est inhérent aux Lasombras ! Julia peut se fondre dans les ombres, enfin techniquement, elle aurait besoin de plus d’ancienneté. Mais elle le peut ici et ne fait qu’un avec les ténèbres.
Trop rapide
Shadows of New York est beaucoup plus vivant que Coteries of New York. Il intègre plus d’illustrations également. Les musiques collent à merveille à cette ambiance gothique urbaine, romantique même. Les questions philosophiques de la place de Dieu dans la damnation sont très pertinentes. D’autant que les miroirs ne renvoient aucune image aux Lasombras. On prétend que c’est le Diable qui a volé leur reflet en punition quand ils ont déployé des ténèbres plus obscures encore que les siennes.
Julia a grandi dans le catholicisme et même si elle doute fortement de l’existence de Dieu dans son appellation première ; Benoît l’amène à se remettre en question. Benoît est un protagoniste que l’on voit dans Coteries. On revoit beaucoup d’entre eux d’ailleurs. Sauf qu’ici, Julia est proche de lui sans qu’on sache exactement pourquoi. Qu’est-ce qui les relie, comment est-ce qu’ils se connaissent ? Cela reste flou…
Il y a de multiples références, notamment un roman que je ne connais pas encore : « Le Maître et Marguerite » de Mikhaïl Bulgakov. Une réinterprétation de Faust, je me promets de le lire plus tard.
L’écriture est excellente, meilleure que dans Coteries. Cependant… Il y a des fautes absolument partout, plus encore que chez son prédécesseur. C’est un énorme point négatif… Heureusement que l’histoire compense.
Autre point négatif : la durée de jeu. En 6h, c’est bouclé. Par ailleurs, la fin ne me convient pas. Tout au long du scénario, les choix de Julia façonnent ses traits de caractère. Justement, je voulais exhiber la vérité devant la Cour, quitte à périr. Car en tant que Lasombra extrêmement fière et honnête, c’est dans sa personnalité. Et on m’a imposé cette fin qui l’oblige à valider les conclusions de Qadir…
Ce temps de jeu est tellement court qu’il pose un gros souci : Julia ne dispose que de quelques nuits au final. 9 de mémoire contre 13 pour Coteries. Et on rate énormément de dialogues, de rencontres… On a le choix entre 2 voire 3 options scénaristiques à chaque fois. Et tout s’enchaîne beaucoup trop vite. Par ailleurs, ces rencontres ne mènent nulle part, il n’y a pas de continuité logique entre elles. Julia parle à tel personnage qu’elle ne reverra plus ultérieurement. Je cible bien les ramifications annexes, car Qadir, le prince Panhard et Benoît sont des personnages fixes dans la trame principale.
Visuellement, c’est toujours aussi beau. Davantage d’illustrations colorent ce Visual Novel, apportant un souffle de vie très bienvenu. Rafał Gosieniecki a beaucoup de talent.
Grâce à sa personnalité bien ancrée, Julia discute véritablement, ce qui m’a permis de m’investir davantage dans son histoire. Ses dialogues ne se cantonnent pas aux choix proposés. Avec le recul, je discerne assez peu d’éclectisme sur la totalité du VN par rapport à Coteries, et encore moins de Disciplines en action.
Je regrette vraiment que l’enquête de Julia se clôture de cette façon.
L’ambiance de Shadows of New York est bien meilleure que celle de son prédécesseur. Plus aboutie, plus réfléchie. J’ai été surprise qu’ils abordent le Covid dans le scénario. Julia, évidemment, ne réalise pas tout de suite qu’une pandémie est en cours, trop occupée dans son enquête. C’est Dakota qui l’informe.
Je n’ai pas vu filer ces 6h, qui m’ont absorbée. Voilà pourquoi la fin me frustre autant. L’univers de la Mascarade est toujours respecté, c’est un réel plaisir de découvrir les différents Clans avec cette approche artistique et rôlistique.