Sorti il y a pile un an, Gotham Knights est la toute dernière production Triple A des studios Warner Bros. autour de la licence du Chevalier Noir. Confié à l’équipe de Montréal, déjà à l’œuvre sur le décrié Batman: Arkham Origins ; le titre a reçu au moment de sa sortie des critiques plutôt moyennes, tant de la part de la presse que des joueurs.

Un an plus tard, fort de nombreux patchs et correctifs, d’améliorations et d’ajustements ; que vaut ce Gotham Knights ? C’est ce que je vous propose de découvrir immédiatement.

Editeur(s)

Warner Bros. Games

Sortie France
21 oct. 2022
PEGI
+16 ans
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Batman est mort (oui encore) !

Gotham Knights s’ouvre sur le dernier combat du Chevalier Noir contre Ras’Al Ghul. Beau-Papa, visiblement très en colère (comme à son habitude), lui administre une leçon qu’il n’est pas près d’oublier… ou plutôt si, puisque Bruce (finalement pas si puissant que ça) finit par faire exploser le manoir Wayne en désespoir de cause.

Donc, techniquement oui, il est mort. Pour une fois, une adaptation de comics ose même aller jusqu’au bout de son concept en nous montrant le corps inerte du héros, ainsi que son enterrement. Pourquoi en faire autant ? Les amateurs de comics le savent : dans l’univers des Supers, la mort est toujours relative. Par cette mise en scène, le studio cherche à bien vous faire comprendre que c’est fini, Batman ne reviendra pas. Ne vous attendez donc pas à la moindre résurrection tout au long de l’aventure, ni à une quelconque suite le mettant en scène de leur part.

Et c’est un problème… Car ici, vous n’êtes pas face à un comics, mais bien à un jeu vidéo. Les codes narratifs ne sont pas les mêmes et, pour les amateurs de divertissements vidéoludiques, insister autant sur le décès d’un personnage ne signifie qu’une seule chose : qu’il va revenir. Un twist auquel vous avez sans doute déjà assisté… dans la trilogie Batman: Arkham !

Comment faire croire à ce qui est montré, si les précédents jeux de la licence ont tout simplement brisé la « valeur » symbolique de la mort si souvent ? Une erreur fondamentale et préjudiciable à l’appréciation de l’intrigue globale, car durant l’intégralité de l’aventure vous allez vous attendre au retour de Batman… ce qui n’arrive jamais. Oui, il est bel et bien six pieds sous terre.

Enfin, un jeu se déroulant dans l’univers du Chevalier Noir va mettre en lumière d’autres protagonistes ! Car bien entendu, maintenant que ce dernier a franchi le Styx ; tous les criminels s’en donnent à cœur joie. Il faut donc que la relève soit à la hauteur.

Et qui de mieux pour endosser le rôle que les enfants spirituels de Bruce ? Ses quatre disciples vont de fait se réunir et lutter ensemble pour sauver Gotham des griffes des pires brigands possibles.

Vous êtes donc amené à incarner les Chevaliers, à savoir : Barbara Gordon (Batgirl), Dick Grayson (Nightwing), Jason Todd (Red Hood) et Tim Drake (Robin). La première bonne idée du titre est de vous laisser libre choix, sans vous imposer de les alterner tour à tour. Notez d’ailleurs que les cutscenes s’adaptent au héros que vous incarnez à ce moment précis. Certes, cela ne change pas le scénario ; mais a au moins le mérite d’apporter un peu de logique et de cohérence dans la diégèse de l’univers de Batman.

Première déception cependant, le jeu est très peu généreux en visages connus. Parmi les ennemis célèbres par exemple, vous n’avez affaire qu’à Harley Quinn, Gueule d’Argile, le Pingouin et Mr. Freeze. C’est peu… et visiblement une volonté de la part du studio, qui comptait sans doute sur le succès de leur jeu afin de proposer un modèle économique « en tant que service » (incluant de fait du contenu régulier).

L’univers du Chevalier Noir étant incroyablement riche, il aurait été aisé d’imaginer un Gotham en extension, fort de moult saisons introduisant à chaque fois une série de quêtes mettant en avant un ennemi iconique. Après une année, il est désormais clair que ce ne sera jamais le cas. Le contenu n’a, pour ainsi dire, pas évolué d’un iota en un an.

Autre point noir : certains personnages sont relativement mal écrits ou, pour être plus précis, disposent ici d’incarnations très libres qui respectent assez peu leur homologue dans les comics ou les précédents opus vidéoludiques. En tête, bien entendu, la pauvre Harley Quinn qui ne cesse de changer de personnalité au gré des adaptations.

Mais il en va de même concernant vos héros. Et pour cause : Gotham Knights se veut être une suite directe à la trilogie Arkham… sans pour autant totalement respecter le scénario établi par cette dernière. Ainsi, les événements se situent bien après Arkham Knight (plusieurs éléments y font référence, comme la mort de Jim Gordon ou du Joker) ; mais d’autres sont totalement illogiques et s’intègrent mal dans cette continuité.

C’est particulièrement criant concernant les personnages principaux issus de l’univers de Batman, qui ont tous sans exception eu droit à une ou plusieurs apparitions au sein de la trilogie de Rocksteady. Que ce soit des points de détails comme le retour de Harley à Blackgate en passant par des éléments plus gênants… notamment Red Hood ou Nightwing. Leur personnalité semble avoir totalement changé, opérer un virage à 180°, sans aucune cohérence avec leurs précédentes incarnations. Dick a ici l’air plus benêt par exemple, là où c’était un héros au sommet de son art dans Arkham Knight.

Une version plus accessible, mais pas simplifiée

Warner Bros. Montreal a cherché, sur Gotham Knights, à livrer une production prenant le contrepied de celles de Rocksteady… et on ne peut que les en féliciter. S’il aurait été plus simple (et acceptable pour une certaine frange de fans décérébrés) de se contenter de copier-coller les mécaniques existantes ; ils ont en effet préféré s’orienter vers une amélioration significative du gameplay afin de proposer une vision plus originale et, de fait, moins consensuelle.

Ne reniant pour autant pas leur héritage, déjà bien ancré via leur expérience sur Arkham Origins, les développeurs ont choisi de plus mettre en avant les capacités et spécificités de chacun des « jeunes » héros qui composent les Gotham Knights.

Là où Batman était une force de la nature, brutal et sans pitié ; les nouveaux venus doivent encore faire leurs preuves. Ainsi, les affrontements s’avèrent plus fluides et orientés sur l’esquive. Le bouton X vous sert à effectuer des attaques basiques (ou lourdes en le maintenant enfoncé), là où Y utilise les projectiles spécifiques aux personnages et B sert à éviter une attaque. Fi donc de la touche de parade, propre à la trilogie Arkham, pour privilégier les cabrioles et autres roulades. Une décision certes surprenante mais, de nouveau, parfaitement justifiée après quelques heures de jeu…. Si vous oubliez totalement l’existence même de la trilogie de Rocksteady.

Car, tout comme pour la partie scénario, Gotham Knights omet tout simplement que bon nombre de joueurs ont, au moins une fois, touchés aux précédents opus… et ont de fait incarné les personnages mis en scène dans leur titre. Il paraît donc assez surprenant de contrôler un Nightwing qui n’ose tout simplement plus contrer la moindre attaque, cherchant à tout prix à éviter les coups ; là où ce dernier enchaînait les patates de forain précédemment.

Nonobstant ce non-respect de ses aînés, Gotham Knights s’avère au final plus accessible, surtout dans sa première partie. Tous les héros se dirigent peu ou prou de la même manière, disposent d’un panel de coups assez similaire ; tout en ayant leurs petites spécificités.

Ainsi, quiconque, qu’il soit habitué au médium ou non, peut prendre en main le titre et en profiter. Attention cependant : en avançant, la difficulté augmente à mesure que les ennemis s’endurcissent.

L’introduction de ces nouvelles menaces s’avère cependant particulièrement décevante ; puisque les types d’ennemis sont sensiblement les mêmes mais avec un skin différent.

Là où la trilogie Arkham osait introduire petit à petit des adversaires plus coriaces, mieux armés ou disposant de certaines spécificités ; Gotham Knights se contente d’augmenter les points de vie et les dégâts des sbires tout en changeant leur équipement ; sans rien proposer d’autre ni de plus original.

Et que dire de l’exploration de la ville ? Vos pérégrinations s’effectuent par « nuit », c’est-à-dire un laps de temps durant lequel le héros que vous avez choisi va parcourir Gotham afin d’accomplir des quêtes secondaires et/ou principales. Libre à vous de vous déplacer, de découvrir quelques secrets, de récupérer de l’équipement dans des caches ou de combattre le crime afin de récolter des indices sur l’emplacement de missions plus importantes.

Si durant les deux premières heures ce concept est particulièrement attrayant, il montre rapidement ses limites eu égard du peu de diversité dans lesdites missions proposées. Vous allez en effet enchaîner les mêmes objectifs, de nouveaux simplement avec des types d’ennemis différents…

Mais la pire idée du titre vient bien entendu de ce concept même de « nuit », vous contraignant à revenir à la base lorsque votre santé est trop basse, que vous mourrez ou simplement lorsque vous n’avez plus le temps de jouer. Et les conséquences sont néfastes, puisque vous perdez alors toutes les intel que vous étiez pourtant parvenu à rassembler.

Ces informations, comme dit plus haut, servent à débloquer des missions plus conséquentes ; nécessaires afin de looter des matériaux nécessaires au craft de votre équipement. Un concept singulier s’il en est, et particulièrement mal pensé, contraignant à être certains d’avoir le temps de s’engager dans une session complète avant même d’allumer la console.

Jeu service oblige, les équipements sont particulièrement difficiles à dégoter ; d’autant que ces derniers doivent tous être confectionnés une fois de retour dans votre base. Et le système de loot est d’une lourdeur rare dans ce genre de production.

Vous allez souvent trouver des plans vous permettant de confectionner des équipements moins puissants, totalement inutiles, mais qui viennent polluer votre inventaire et dont il est impossible de se débarrasser.

Des critiques injustifiées ?

Au gré de mes lectures sur le net en prévision de ce test, je me suis rendu compte qu’un nombre considérable de critiques faites envers le titre étaient tout bonnement… injustifiées, pour ne pas dire totalement hors de propos. Il est donc important d’y répondre afin de replacer les choses dans leur contexte.

Car entendre qu’il est « impossible de planer » alors que la fonctionnalité se débloque au bout d’une petite heure de jeu m’a fait froid dans le dos et m’interroger sur la probité de certains critiques qui, visiblement, n’ont même pas pris la peine d’aller « aussi loin » dans leur test.

Gotham Knights n’est pas un mauvais jeu en soi, et se paye même le luxe d’offrir de beaux petits moments de scénario particulièrement raccord avec l’acception moderne des incarnations de la « Bat Family » telle que développée dans les Comics.

On y découvre des héros inexpérimentés, cherchant leur style autant qu’à accepter la mort de leur mentor. Le titre est pensé comme une quête initiatique, pour ne pas dire une seconde Origin Story à l’ensemble des membres de l’équipe.

Certes, il peut être particulièrement frustrant en incarnant certains protagonistes de constater la différence de traitement avec les jeux de Rocksteady ; mais ce serait oublier tout ce qui a été accompli pour en arriver là, pour enfin nous offrir un nouveau jeu estampillé Batman.

Après de (très) nombreuses heures de jeu, il semble évident que Gotham Knights est un titre qui a dû subir pas mal de changements de direction lors de sa confection. Plus que de mettre en scène quatre héros, le studio aurait dû se concentrer sur un seul, développer son intrigue au maximum ainsi que son gameplay. Et qui de mieux pour cela que Batgirl ?

Car oui, Gotham Knights est un acte manqué. Il aurait été parfait comme le premier jeu Triple A moderne mettant en scène l’héroïne ; plutôt que les autres. Une sorte de « passage de relais » totalement justifié par la mort du commissaire Gordon et de Bruce Wayne, les deux figures paternelles de Barbara.

Au lieu de cela, Gotham Knights est un titre brouillon qui cherche à tout faire, mais mal.

J’aime

L

Enfin un jeu gotham sans batman

L

une équipe très sympathique à suivre

L

bien plus accesssible au plus grand nombre

L

graphiquement dans la norme des triples a

L

Entièrement doublé en français

J’aime moins

K

très vite redondant

K

le système de nuit, particulièrement frustrant

K

Aucun nouveau contenu ni amélioration

K

Le craft et le loot, totalement ratés