Troisième jeu du studio hongrois Kite Games après Sudden Strike 4 et S.W.I.N.E. HD, The Valiant est un STR dans la plus pure tradition du genre.

Mais c’est également le premier titre purement original des développeurs, une création de A à Z issue de leurs propres tripes. The Valiant arrive donc sur console pratiquement une année après sa sortie initiale sur PC, cherchant à se confronter directement aux ténors d’un genre déjà bien représenté par des mastodontes indétrônables.

Ou peut-être le titre de Kite Games a-t-il justement ce qu’il faut pour prétendre au rang de meilleur STR console ? C’est ce que je vous propose de découvrir immédiatement.

Editeur(s)
THQ Nordic
Sortie France
11 juil. 2023
PEGI
+16 ans
Liens Site Officiel
Support de test Xbox Series

Les Chevaliers de Baphomet

The Valiant » est un jeu médiéval fantastique dans la plus pure tradition, c’est-à-dire qu’il vous narre une histoire fictive ancrant sa base scénaristique dans une période historique et au sein d’événements bien réels. Vous y incarnez Theoderich, un templier luttant aux côtés de ses frères d’armes lors de la campagne d’Antioch, en 1204. Lui et Ulrich, son commandant et ami, tombent sur une relique issue d’un autre âge alors qu’ils pourchassent un calife adverse.

Rapidement, les deux comparses découvrent qu’il s’agit du Bâton d’Aaron, frère de Moïse ; une arme enchantée par Dieu lui-même et fournie à son Elu durant l’Exode afin de protéger son peuple. Cependant, Theoderich comprend que la relique transforme petit à petit son vieil ami, l’obsédant au point d’occuper toutes ses pensées, tel une drogue contre laquelle il ne peut rien. Totalement soumis au pouvoir du Bâton, le commandant en vient à prendre des décisions inexcusables, allant jusqu’à sacrifier la vie de ses hommes ou à massacrer et torturer des innocents pour en apprendre plus.

Car la relique est brisée, scindée en plusieurs morceaux afin de protéger le monde contre ses pouvoirs incomensurables. Et Ulrich est prêt à tout, y compris aux pires exactions, simplement dans le but de mettre la main sur les fragments manquants. Bien entendu, votre héros ne peut le supporter et s’éloigne de son ancien compagnon au terme de la campagne d’Antioch. Chacun retourne dans son fief. Mais là où Theoderich range son épée et souhaite oublier les horreurs de la guerre, Ulrich continue de guerroyer et de gravir les échelons du pouvoir, simplement dans le but de reforger le Bâton.

Onze années plus tard, un moine arrive chez Theoderic. Depuis longtemps, il étudie le Bâton et son histoire, rassemblant témoignages et parchemins afin de réussir à comprendre ce qu’il est réellement et, surtout, quels en sont les dangers. Durant sa quête, il est parvenu à trouver l’emplacement des deux fragments restants… mais Ulrich également. Vous n’avez d’autre choix que de fourbir de nouveaux vos armes afin de réunir les deux artefacts avant Ulrich afin de sauver le monde, mais aussi l’âme de votre ancien ami.

Tout ce que vous venez de lire, cette intrigue incroyablement dense, riche et écrite avec soin, représente peu ou prou le tutoriel de « The Valiant ». Le titre de Kite Games dispose d’un scénario tout simplement incroyable, parvenant avec une déconcertante aisance à poser des bases complexes sans pour autant perdre le joueur. Le jeu sait prendre son temps, déployer son histoire au rythme de cinématiques dessinées à la main et de missions parvenant à l’exploit de trouver le parfait équilibre en narration et gameplay.

Le studio sait où il va et, plus important encore, comment s’y rendre. Chaque niveau a une bonne raison d’exister, chaque rencontre permet de développer certains pans scénaristiques afin de créer un enchevêtrement logique et compréhensible, au sein d’une narration totalement maîtrisée. Nonobstant le tutoriel, « The Valiant » se compose de quinze niveaux principaux pour sa campagne, vous faisant voyager de la Saxe au Moyen-Orient. Des personnages historiques vont rejoindre votre équipe, de même que d’autres figures purement fictives mais s’intégrant à la perfection dans cette histoire, sans jamais dénoter ; au point que l’on en vient à douter que certains ne soient que des créations originales.

Chacun dispose de ses motivations, background et personnalité ; d’une histoire personnelle construite avec soin et dont les éléments ne se dévoilent qu’au moment le plus opportun. Oui, sur le papier « The Valliant » se rapproche dangereusement du Chef-d’œuvre narratif, tout simplement. Mais cette intrigue incroyablement puissante, qui ne fait que se perfectionner à mesure que le jeu s’étoffe, peut également compter sur une bande-son épique forte d’envolées lyriques pour sublimer son action ; ainsi que sur le concours de comédiens de doublage incroyablement impliqués, pour ne pas dire habités par leurs personnages.

Pour un réalisme optimal d’ailleurs, sachez que les personnages parlent leur langue natale (les Sarrazins s’expriment en arabe). Pour une meilleure immersion, n’hésitez sous aucun prétexte à passer immédiatement le titre en Allemand. Frissons garantis. On pourra en revanche regretter des sous-titres français trop petits et mal positionnés sur l’écran. En police 8, écrits blancs sur fond noir, ils font indubitablement souffrir la rétine de tout joueur console confortablement installé sur son canapé.

Warcraft Under Fire

The Valiant cherche à se démarquer de ses principaux concurrents en proposant un STR mariné d’Action, quelque part entre un Warcraft 3 et un Kingdom Under Fire. Une proposition atypique dans le genre, mais qui colle parfaitement au style du jeu et à la narration.

Ainsi, au début de chaque mission à partir du troisième chapitre, vous devez choisir les héros qui accompagnent Theoderic. Ces derniers sont parfois imposés pour des raisons purement scénaristiques, mais bien souvent vous avez toute liberté de confectionner l’équipe de vos rêves.

Chacun dispose bien entendu d’équipements spécifiques (que vous pouvez acheter dans les échoppes sur la carte du monde ou trouver au sein des missions), mais également de compétences uniques (déblocables via des arbres de compétences en dépensant l’expérience durement gagnée au combat).

Enfin, vous allez également devoir décider du type de troupe qui vont accompagner vos héros : archers, épéistes, lanciers ou cavaliers. Et c’est justement sur cette partie que « The Valiant » n’est pas sans rappeler Kingdom Under Fire ; puisque ces soldats sont liés au héros, ne pouvant s’en détacher. Ensemble, ils forment un bataillon inséparable avec lequel il faut composer durant l’intégralité de la mission en cours.

Bien choisir sa composition initiale est de fait indispensable si vous espérez pouvoir vous en sortir, de même que planifier une stratégie viable ; chaque type d’unité étant plus efficace contre un autre bien entendu. Il va donc falloir faire preuve de logique, mais aussi d’une bonne tactique, avant même de lancer le combat.

Pour parfaire le concept, vos héros gagnent de l’expérience en fonction de leurs performances sur le champ de bataille, mais également en remplissant divers objectifs secondaires (ne pas mourir, ne subir aucun dégât, accomplir divers exploits, etc.)

Très vite, vous comprenez que pour mieux aborder les missions suivantes il est indispensable d’optimiser vos compositions et d’atteindre l’ensemble des objectifs, afin de faire progresser plus rapidement vos héros et ainsi gagner plus sereinement les missions les plus retorses.

Car « The Valiant » est loin d’être un jeu aisé. Malgré le peu de missions qui le composent, le titre demande une bonne dose d’investissement, mais aussi une exploration poussée des diverses cartes. Simplement rejoindre l’objectif principal afin de speedrun le jeu n’aura pour effet que de vous empêcher de trouver des campements et coffres cachés, ou de remplir les quêtes secondaires.

Même s’il n’en oublie jamais d’être un STR, « The Valiant » dispose d’une exploration particulièrement plaisante qu’il ne faut surtout pas négliger, malgré la prise de risque indéniable qu’elle représente. Une excellente idée non sans rappeler les plus anciens représentants du genre et qui donne un petit côté RPG fort plaisant au titre.

Bien entendu, vous pouvez également capturer divers camps lors des missions, afin de créer de nouvelles unités en échange de ressources, de vous soigner ou encore de reformer des unités entières décimées.

Enfin, vos personnages principaux ont accès à des pouvoirs uniques pour vous aider lors des affrontements. Un premier, attribué à la touche Y, s’active à loisir mais est soumis à un cooldown ainsi qu’à une jauge de vigueur. Le second, lui, s’active en appuyant simultanément sur les deux gâchettes LB et RB une fois une seconde jauge chargée.

Des choix de game design… surprenants

En 2023, les STR sur consoles sont légion. Et même s’ils sont tous moins agréables que sur PC, les développeurs choisissent systématiquement d’orienter la prise en main de manière très consensuelle. En d’autres termes, Age of Empires a réussi à imposer un « style » unique qui, au fil du temps, a été repris par tous pour sa simplicité et son ingéniosité. Si je commence par cette observation, c’est bien entendu pour mettre en exergue le fait que The Valiant fait… tout le contraire. Pourtant, tout commençait parfaitement bien : l’interface est on ne peut plus classique, la navigation dans les menus parfaitement convenable… Puis le jeu arrive.

Et là, le constat est loin d’être bon. En voulant à tout prix adapter à la lettre la jouabilité PC, les développeurs oublient d’optimiser le titre pour la manette ; au point de perdre le joueur dans un déluge de commandes digne d’un jeu de combat. Par exemple, le simple fait de sélectionner vos unités avec le bouton A est un calvaire. Cibler une unité spécifique permet certes de la choisir, mais si vous souhaitez diriger un groupe… il faut maintenir ladite touche, tout en montant le stick analogique gauche vers le haut afin de créer un cercle particulièrement imprécis.

Une fonctionnalité très difficilement utilisable dans le cœur de l’action pour, par exemple, tenter de faire reculer ses archers et les mettre à l’abri ; ou simplement pour tenter de contourner les adversaires afin de les prendre en tenaille.

Visiblement conscients de cette problématique, et plutôt que de tenter de sauver les meubles en revoyant leur copie, les développeurs ont choisi d’ajouter un mode de « sélection rapide » via… la croix directionnelle.

Via gauche et droite, vous naviguez entre les unités et pouvez toutes les sélectionner à l’aide du bouton bas. Il s’agit, d’ailleurs, de la seule et unique manière de réellement réussir les missions sans trop rager.

Mais qu’en est-il de la sélection partielle des unités permettant, par exemple, de réunir l’ensemble des lanciers afin de dresser une première ligne efficace ; ou d’arroser à distance à l’aide des archers vos ennemis ? Eh bien, sur console, cette fonctionnalité est tout simplement absente.

Et encore une fois, les développeurs ont visiblement pris le temps de tester leur jeu pour mieux se rendre compte de leur échec… car ils ont ajouté une « pause active » au titre… qui n’est même pas activée par défaut. Il faut vous rendre dans les options au préalable.

Et que dire de la caméra ? À l’identique du point précédent, cette dernière n’est tout simplement pas paramétrable sur console. Impossible de la tourner ni de zoomer, le plan est fixe et vous impose une certaine vision de l’action… impensable dans un STR.

J’aime

L

Un scénario exceptionnel

L

Des personnages très bien écrits

L

Une bande–son magistrale

L

Des doubleurs totalement impliqués

J’aime moins

K

Une prise en main laborieuse à la manette

K

La taille des sous–titres

K

L’impossibilité de gérer la caméra