Tout dernier jeu développé par le studio allemand Deck13 Interactive à paraître le 10 août 2023, Atlas Fallen est l’un des titres ayant le plus attiré mon attention lors de la GamesCom 2022.
Une année plus tard, voici le dernier titre des créateurs du trop sous-estimé Lords of the Fallen et de The Surge, qui arrive sur nos consoles.
Alors, pétard mouillé ou renouveau du genre ? C’est ce que je vous propose de découvrir tout de suite !
Editeur(s)
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Focus Entertainment |
Sortie France
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10 août 2023
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PEGI
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+16 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Xbox Series |
Des débuts… difficiles
Tout commence avec un homme bleu tout nu combattant des monstres en invoquant un marteau géant… Oui, je sais : dit comme ça, ce n’est guère engageant.
Très vite, ce tutoriel quelque peu déroutant débouche sur la création de votre avatar. Premier préambule avec le titre et l’aventure qui vous attend, le système de personnalisation manque de punch, de profondeur et d’options. Entre les bugs de texture des chevelures, le peu de choix disponibles au niveau des formes de visages ou des tignasses, les couleurs ternes et peu variées ; Atlas Fallen part clairement sur de mauvaises bases.
Ces deux premiers contacts avec le titre sont délétères. On perçoit, au bas mot, des années de retard tant sur le plan technique que grammatical. À ce moment précis, avant même d’avoir pu découvrir l’intrigue ou le gameplay ; Atlas Fallen a l’air de sortir d’un sommeil cryogénique sans avoir rien appris des évolutions du médium durant ces dernières années… et le pire est à venir.
La première heure de jeu vous met dans la peau de votre avatar, un Sans-Nom réduit en esclavage qui vient de réchapper à une tempête en plein désert. Pisteuse le ramène dans la caravane au sein de laquelle ils travaillent. Le Sans-Nom souhaite se rebeller, d’enfin dire ses quatre vérités à Morath, son chef tyrannique.
Envoyé dans le désert pour une mission suicide, votre héros découvre un artefact des plus singuliers : un gantelet habité par un esprit qui, une fois équipé, lui permet d’invoquer des armes et de pouvoir se défendre contre les Ombres, des créatures mystiques issues des sables.
À l’image de ce que je décrivais tantôt, cette première heure de jeu est un calvaire. Trop longue, cette nouvelle introduction se perd en explications vaseuses au sein d’un scénario inutilement complexe et à la narration confuse.
C’est tout simplement l’antithèse de tout ce qui doit être fait pour immerger le joueur dans un nouvel univers : bases scénaristiques posées trop rapidement et sporadiquement, trop de termes inconnus au cœur d’une histoire certes riche, mais paradoxalement hermétique.
Il y est question d’un Dieu antique, Thelos, qui cherche à récupérer de l’Essence. D’une reine, servante de la déité obscure, réduisant le peuple en esclavage. De monstres des sables. Et, bien entendu, du fameux homme bleu tout nu : Nyaal, esprit enfermé dans le gantelet, le seul capable de se dresser contre Thelos et la reine.
Comme si ce lore incroyablement riche et alambiqué ne suffisait pas, une surcouche de scénario s’ajoute à celui-ci via votre héros, porteur du gantelet, mais également esclave dénué d’identité ayant survécu à une tempête dans une caravane devant transporter cette fameuse essence jusqu’à la capitale.
Et pour couronner le tout, le titre de Deck13 ajoute encore en complexité via divers didacticiels afin de vous apprendre les bases (très) originales de son gameplay…
Véritable épreuve, cette première sera sans doute celle sur laquelle bien des joueurs et (je le redoute) des testeurs vont buter.
Pourtant assez court (comptez entre 15 et 25 heures pour le terminer entièrement), Atlas Fallen dispose de bien des arguments en sa faveur…
Prince of Riding
Une fois cette épreuve terminée, Atlas Fallen vous laisse quelque peu plus libre de vos mouvements. Pas d’open-world ici, vous êtes bel et bien devant un A-RPG où il est difficile de se perdre. Toujours guidé par pléthore d’indicateurs (qu’il est possible de désactiver via les options), votre terrain de jeu se découpe en zones interconnectées par des ponts ou des vallées étroites.
Bien qu’elles soient relativement vastes, ces dernières n’offrent pas pour autant une exploration particulièrement prégnante. Monde en ruine oblige, l’univers d’Atlas Fallen est fort de nombreuses plaines de sable, dunes et autres ruines. Les villages se comptent sur les doigts d’une main et, outre quelques objets collectables fort utiles, rien n’est réellement fait pour vous donner l’envie de découvrir les moindres secrets de ce monde.
Certes, des quêtes secondaires émaillent votre progression ; mais ces dernières s’avèrent particulièrement classiques. Tuer des monstres, récupérer des objets… ou parvenir à activer des piliers en un temps limité.
Pourtant, il se dégage de cette ambiance, clairement inspirée du classique de Frank Herbert, quelque chose de très singulier. Une invitation au voyage, au sein de décors enivrants avant tout pensés pour le plaisir du joueur. Atlas Fallen est avant tout riche d’une réflexion sur le médium, sur comment mettre en place des mécaniques impactantes et prenantes afin de divertir le joueur. Et c’est bien là l’une de ses principales forces.
Commençons par la base : le gantelet. Cet équipement unique est à la fois au cœur de l’intrigue et du gameplay d’Atlas Fallen. Habité par l’esprit de Nyaal, ce dernier va vous permettre de puiser dans ses pouvoirs afin de vous défaire de vos ennemis… et plus encore.
Concrètement, votre gantelet est incomplet. Au début, il ne vous permet d’utiliser qu’une seule arme (la hache), un médaillon pour vous soigner, mais aussi effectuer des doubles sauts.
À mesure de votre progression dans le jeu, vous aurez la possibilité de récupérer des fragments dudit gantelet, afin de pouvoir le reforger ; augmentant ainsi sa puissance, débloquant de nouvelles armes et vous octroyant de nouvelles capacités uniques.
En une heure trente environ, vous apprendrez ainsi à maîtriser toute la puissance d’un gameplay qui exige précision et concentration. Car Atlas Fallen n’est pas un A-RPG comme les autres. Loin de là.
Les combats s’effectuent dans des arènes fermées, contre un ou plusieurs monstres. Très proches des sensations procurées par un Tales of Arise, Atlas Fallen est pourtant bien plus technique qu’il n’y paraît au premier regard.
Votre héros peut en effet équiper ses armes sur deux raccourcis : X pour la principale, Y pour la secondaire ; à votre libre choix. La variété de combinaisons possibles permet de faire face à tout type de situation et, surtout, de trouver le style de jeu qui vous convient le mieux.
Bien entendu, vous pouvez esquiver les attaques, ou effectuer une parade. Cette dernière action nécessite un timing serré pour être exécutée à la perfection ; mais en contrepartie, vous octroie des bonus significatifs : le temps de rechargement de la parade est réinitialisé et la « cristallisation » de l’adversaire qui dure quelques secondes l’empêche de se déplacer ou de se défendre.
Prendre en main Atlas Fallen peut donc s’avérer particulièrement complexe dans les premiers temps ; mais maîtriser son personnage devient au fur et à mesure un réel plaisir, d’autant que ce système de « garde parfaite » vient étoffer la complexité du gameplay et récompense réellement la prise de risque, au point de pouvoir totalement retourner l’issue d’un combat.
Mais si c’était tout… Atlas Fallen va plus loin. Bien plus loin. Et ce, grâce à un ajout absolument génial : la jauge de « ferveur ». Cette dernière se remplit à mesure que vous enchaînez les coups, et décroît rapidement en cas d’inactivité. Découpée en paliers, elle débloque au fur et à mesure de son remplissage diverses techniques et attaques spéciales personnalisables.
En cas de difficulté (ou pour mettre rapidement fin à un combat), vous pouvez également utiliser la combinaison LT+RT pour dépenser l’intégralité de votre jauge de ferveur et déclencher une attaque dévastatrice. Bien entendu, plus la jauge est remplie et plus les dégâts seront conséquents. Pour vous aider à l’utiliser de manière optimale, la barre de vie des monstres brillera en bleu lorsque cette fameuse attaque « ultime » pourra les décimer en un seul coup.
Mais revenons un instant sur les fameux segments de cette jauge de ferveur. Comme je le disais tantôt, à chaque nouveau palier rempli, une technique se débloque. Ces dernières sont récupérables dans des coffres ou grâce au craft et peuvent être équipées à votre libre choix, vous laissant l’opportunité de personnaliser plus encore votre propre style de combat.
Certaines vous permettent de lancer des combos dévastateurs, d’autres d’augmenter vos défenses ou encore d’ajouter un effet passif à votre potion. Le theory-craft est donc bel et bien présent et, s’il manque un poil de profondeur, s’avère particulièrement satisfaisant.
Lors des affrontements, votre regard doit rester vigilant en conséquence : que ce soit vos points de vie, votre jauge de ferveur, le cooldown de vos attaques et, bien entendu, vos ennemis afin de pouvoir parer efficacement.
Pourtant, malgré la pléthore d’informations à l’écran, l’action demeure toujours claire et lisible. Jamais vous n’aurez le sentiment d’être perdu dans un marasme incompréhensible. Tout au contraire, les affrontements sont incroyablement plaisants et fluides.
Sachez que vous allez également découvrir tout au long de votre aventure de nombreuses enclumes. Ces dernières font tout, sauf le café : régénération de vie, point de sauvegarde, téléportation… Elles vous permettent également de reforger votre gantelet, ainsi que vos armures.
La transition est toute trouvée pour faire un point sur ces dernières. A-RPG à l’Allemande oblige, Atlas Fallen se situe dans la droite ligne des Gothic et autres Risen. Les armures sont en nombre limité, difficiles à trouver, mais peuvent être améliorées en contrepartie. À chaque nouveau niveau gagné, votre personnage débloque un point de « don », vous permettant ainsi de débloquer (encore) de nouvelles capacités passives via le menu connexe.
Et il est important d’insister tout particulièrement sur ces fameuses armures, puisque Atlas Fallen dispose d’un système d’évolution des plus singuliers. Malgré le fait que le titre soit bel et bien un A-RPG, vous ne glanez aucun point d’expérience à l’issue des combats.
Chaque ennemi vaincu vous octroie des fragments de sable, qui servent à la fois de monnaie pour les marchands et s’avèrent également nécessaires pour upgrader vos équipements et compétences ; en plus de matériaux et autres artefacts.
Chaque armure peut être améliorée de une à trois fois. Et ce sont elles qui vont déterminer votre niveau global.
Vous l’aurez compris : tout le titre repose sur cette mécanique d’évolution de vos équipements qui, si elle est singulière, s’avère également à long terme indubitablement bien pensée et originale.
Mais comment parler de Atlas Fallen sans évoquer ce que les trailers ont vendu comme l’une des mécaniques les plus « fun » du titre, à savoir le « surfing » ?
Oui, oui. Le surf. Votre héros, habité par l’essence de Nyaal, commande le sable. Rapidement, l’esprit va vous permettre de vous en servir pour surfer. En appuyant sur le stick analogique gauche (bouton LS), vous vous élancez sur le sable comme un rider de l’extrême.
Loin d’être anecdotique, cette mécanique a réellement été réfléchie pour s’adapter parfaitement au titre et procurer des sensations réellement plaisantes. Non seulement cela vous permet de vous déplacer bien plus rapidement ; mais en plus, elle peut s’avérer particulièrement utile en combat.
Glisser sur le sable vous permet de vous rapprocher (ou de vous éloigner) bien plus rapidement de vos ennemis, de tourner autour, de mieux maîtriser le momentum de chaque affrontement.
Une fois maîtrisé, le surf devient un élément essentiel du gameplay ; d’autant qu’il n’est pas tout le temps utilisable. Comme je le disais, cette fonctionnalité n’est disponible… que sur le sable. Autrement dit : lors des combats sur des sols plus durs ou mixtes, vous allez régulièrement devoir gérer vos déplacements pour ne pas essuyer une perte d’agilité significative.
Techniquement… en retard
Atlas Fallen souffre des affres de sa production. Deck13 Interactive n’est, contrairement à ce que vous pourriez penser de prime abord, pas un studio particulièrement important.
Fort d’environ 70 employés au dernier recensement (cette année), les équipes conçoivent ce que les Allemands savent faire de mieux : des jeux extrêmement originaux, aux concepts bien étudiés et qui cherchent sans cesse à faire évoluer le médium et à se réinventer… mais qui ne sont pas particulièrement beaux ni optimisés.
Loin des triples A de dernière génération, Atlas Fallen n’a clairement pas l’attrait d’un jeu next-gen, bien qu’il profite des spécificités des machines modernes pour limiter ses temps de chargement.
Que ce soit sur un plan graphique ou technique, le titre de Deck13 n’en met jamais plein les yeux. Les effets sont datés, tout comme le moteur. Pourtant, ce n’est pas tant au niveau des environnements que le jeu pèche ; mais plutôt du côté de la modélisation des protagonistes.
Ces derniers sortent tout droit d’une époque révolue, que ce soit en termes d’animation ou simplement de graphisme. La mise en scène des différents dialogues se contente généralement d’un simple champ contre champ, sans jamais tenter quoi que ce soit d’un tant soit peu original. Et, bien entendu, pour « sublimer » l’action de certaines scènes, vous avez droit à la sempiternelle shaky-cam.
Côté bande-son et bruitages, c’est du même acabit : sans être catastrophique, Atlas Fallen se contente de rester sur les acquis d’un genre bien trop représenté, sans jamais chercher à se renouveler.
Mais il est temps de faire un petit point « doublage ». Une fois n’est pas coutume, le jeu propose deux langues pour donner vie aux différents protagonistes. Je vous conseille de passer immédiatement le jeu en allemand. Les comédiens anglais semblent totalement à la ramasse, simplement venus chercher leur chèque avant de retourner pointer au chômage. En revanche, les doubleurs allemands insufflent des émotions vraiment puissantes aux personnages, ils ont saisi l’essence même de ce qui était attendu.