Comment parler de MechWarrior 5: Mercenaries… 20 ans. Il aura fallu 20 ans pour que sorte enfin un nouvel opus de l’une des plus légendaires licences de Mechas de toute l’histoire du jeu vidéo. Et si à l’époque le studio FASA nous avait régalé avec un monumental Mechwarriors 4, ce cinquième opus de la franchise partait avec de sérieux handicaps.

Incapable de lever les fonds nécessaires après une restructuration plus que hasardeuse, le studio a en effet fermé ses portes ; non pas sans revendre au passage sa précieuse franchise à… Piranha Games. Oui. Ceux qui étaient derrière le désastreux portage console de Duke Nukem Forever. Et soyons précis : on ne parle pas des développeurs. Uniquement de la société qui a adapté à la va-vite le jeu.

Sortis en exclusivité sur l’univers Xbox, nous étions en droit d’attendre de Microsoft des exigences de qualité relativement importantes, tant la franchise avait le potentiel pour devenir le nouveau fer de lance de son catalogue aux côtés de Gears ou Halo.

Grand jeu ou réelle déception ? Déception. Inutile de vous mentir ni de laisser un quelconque suspens. C’est un désastre.

Editeur(s)
Piranha Games
Sortie France
10 déc. 2019
PEGI
+16 ans
Liens Site Officiel
Support de test Xbox Series

Le Développement pour les Nuls

Sans doute aurait-il été préférable que les équipes de Piranha Games se procurent quelques exemplaires de ce livre avant de vouloir sortir ce MechWarrior 5: Mercenaries sur consoles. Car la désillusion débute avant même d’avoir pu jouer. Et c’est quand même extraordinaire.

Mais avant de vous expliquer cela en détail, une petite précision quant aux conditions de test s’impose : il est assez commun, afin de pouvoir vous livrer une critique la plus exhaustive possible, que je fasse des parties à la fois sur Series et sur Xbox One. Cela me permet, entre autres, d’orienter ledit test en fonction des différences significatives constatées.

Par exemple, si un jeu est particulièrement injouable de Xbox One (ou mal optimisé), j’aime pouvoir vous en avertir. Bien que la génération actuelle soit bien implantée dans les foyers, il reste une part non négligeable de joueurs étant encore sur la précédente. Considérez donc que si aucune mention n’est faite, c’est que le titre tourne dans des conditions plus qu’acceptables sur l’ensemble des supports de la marque. Et justement…

Acheté en version boîte, MechWarrior 5: Mercenaries vous accueille avec un magnifique « CD incompatible » lorsque vous tentez de le lancer pour la première fois sur Xbox One. Oui, la version physique n’est compatible qu’avec la Series X (malgré les mentions de ladite boîte).

Par « chance », les développeurs ont pu résoudre le problème de la meilleure manière qui soit : une fois le CD inséré dans votre console, il vous suffit de… vous connecter à internet, vous rendre dans le store ; et télécharger la version dématérialisée.

Mais pour éviter toute forme de piratage, vous devez quand même jouer avec le CD dans la console. Oui. Le jeu vous prend le même espace que s’il était intégralement dématérialisé, mais ne peut pas être joué sans le CD. Il vous offre donc un concept unique : le pire des deux mondes.

Et bien entendu, il n’est fait mention de cette « solution » absolument nulle part. Ni sur la page du jeu via le store ni sur le site des développeurs. Pour le découvrir, il m’a fallu naviguer sur d’obscurs sites anglais. Magnifique.

Vous n’avez pas encore vu une seule seconde du titre, et c’est déjà un carnage. Avec un tel niveau de finition, je pense que vous attendez la suite avec impatience.

Donc vous lancez le jeu et… c’est flou. C’est flou. Pourquoi les sous-titres sont flous ? Comment est-il seulement possible d’avoir des sous-titres flous dans un jeu vidéo ? Visiblement ce n’est pas partout alors quoi… c’est une sorte de « flou artistique » ? Sur des sous-titres ?

Bon… vous avez tout de même dépensé l’équivalent du prix d’un triple A pour ce MechWarrior 5: Mercenaries, donc vous n’allez pas vous arrêter là ! Alors vous regardez la séquence d’introduction et…

C’est du JPEG. Pourquoi est-ce que la première image que vous voyez du jeu, c’est l’espace avec la terre en JPEG ? Même pas un GIF animé. Juste… un JPEG. Et en basse résolution, visiblement ! Un JPEG tout pixelisé de la terre sur votre télé 4k HDR. Pourtant, sur la boîte, il est bien écrit 4k… bon, il est aussi écrit « compatible Xbox One ». Je suppose que les développeurs se sont dit que toutes ces mentions étaient là pour faire joli et combler le vide.

Bref, le jeu débute enfin et… Who ! C’est… c’est moche ! Et je ne dis pas ça sans avoir une réelle conscience de ce qui peut sortir sur les machines modernes ni des limitations de certains petits studios. Je teste assez de jeux indépendants pour vous dire, en toute objectivité et sans aucune ambiguïté, que… c’est vraiment laid.

Les textures bavent et ont l’air de dater d’une autre génération de consoles. L’aliasing est omniprésent. C’est laid. Ce n’est ni fait ni à faire. Et c’est une exclusivité Xbox intergénérationnelle.

Et plus le jeu avance, plus les problèmes s’enchaînent. Je ne me souviens que trop bien de ce moment où, faute de batterie, ma manette s’est éteinte. Dans la grande majorité des jeux solos, ces derniers se mettent tout simplement en pause afin de vous laisser le temps de reconnecter votre joystick. Mais pas dans MechWarrior 5: Mercenaries. Dans MechWarrior 5: Mercenaries, on préfère vous dire « manette déconnectée, appuyez sur A pour abandonner la mission » … tout en laissant la partie continuer sans vous. Aberrant.

À l’identique, lorsque vous mettez le jeu en pause lors d’un dialogue, votre interlocuteur continue de parler comme si de rien n’était. Oui, il vous ignore totalement. Vous n’êtes rien pour le jeu. Ni visiblement pour Piranhas Games…

Si l’ensemble de ces défauts sont purement techniques, ils gâchent grandement l’expérience de jeu finale et vous plongent assez rapidement dans une spirale qui vous sort de l’action autant que de l’immersion. Ce ne sont pas des bugs à proprement parler, non… Mais plus des malfaçons. Comme si vous aviez embauché un maçon pour construire la demeure de vos rêves et qu’il vous rendait une maison pleine de trous. Certes, elle tient debout. Certes, elle respecte les plans ; mais le résultat est tout sauf acceptable.

L’évolution, ce n’est pas que pour les Pokémon

S’il est bien une chose que nul ne pourra reprocher à MechWarrior 5: Mercenaries, c’est d’être fidèle à ses origines. Trop, sans doute ; tant vous avez parfois de la peine à réaliser être sur un nouveau titre (et sur une machine 150 fois plus puissante).

Vous retrouvez les mêmes types de Mechs, les mêmes armes, les mêmes modules… tout est identique, jusqu’aux commandes.

Le gameplay semble avoir vingt ans de retard. Si, en 2000, le fait de pouvoir piloter un engin « désolidarisé » était vraiment novateur ; aujourd’hui, vous avez juste le sentiment d’être aux commandes d’un paquebot désarticulé. Pour entrer dans les détails, il faut bien comprendre l’une des principales « originalités » de la série : votre stick analogique gauche commande vos jambes, tandis que le droit gère le reste. Autrement dit, votre caméra ne suit pas forcément le mouvement de votre engin.

Oui, l’idée est originale. Certes, c’était pratique il y a de nombreuses années. Vous pouviez ainsi continuer d’avancer tout en canardant à tout va alentour, sans jamais vous arrêter… Mais à l’époque, MechWarriors 4 était sorti en exclusivité sur PC et il était très simple de trouver un joystick à moindres frais.

Mais sur Xbox Series, que reste-t-il de cette époque ? Rien, sinon le Hotas (de Thrustmaster), vendu pour une petite centaine d’euros. Sachant qu’il n’est compatible qu’avec de très rares jeux, l’achat est donc extrêmement relatif… et on avisera souvent de le laisser de côté pour privilégier une bonne vieille manette, au risque de nuire à l' »expérience » de jeu.

Le problème, c’est qu’il s’agit d’une information que Piranha Games ne pouvait ignorer. Aussi aurait-il fallu prendre cette donnée en considération pendant le développement, quitte à proposer deux gameplays différents (l’un avec le Hotas, l’autre à la manette). Ce n’est bien entendu pas le cas et, une nouvelle fois, seul le pire des deux mondes vous est imposé.

Est-ce réellement gênant, une fois sur le terrain ? Eh bien… oui et non. Pour être tout à fait honnête, j’ai pu effectuer énormément de missions sans me sentir « bloqué » le moins du monde… mais toujours avec ce sentiment de ne pas profiter du titre à 100% des capacités du jeu. Comme si je passais tout simplement à côté du fun.

Les Gardiens de la Galaxy

Maintenant que vous savez exactement où vous posez les pieds et quels griefs lui faire ; que peut-on réellement penser de ce MechWarrior 5: Mercenaries ? Après un interminable et insipide tutoriel s’étalant sur plusieurs missions d’une fadeur et d’une mollesse rare ; le jeu démarre enfin. Vous voilà lâchés dans une immense galaxie, interminable, forte de centaines de points d’intérêt à visiter.

Et c’est clairement là que le jeu prend son essor et tout son sens. MechWarrior 5: Mercenaries n’oublie pas ce que vous êtes : un mercenaire. À vous donc de choisir vos alliances, vos allégeances et vos trahisons ; de rejoindre des guerres ou simplement des avant-postes, d’attaquer d’autres mercenaires ou de prendre quelques jours de repos dans une station spatiale.

La liberté proposée est grande et l’exploration tout autant. Malgré tout, limitée par le coût en carburant, vous ne pouvez jamais aller d’un point à l’autre de la galaxie d’un simple saut, et vos voyages les plus longs coûtent cher. Très cher.

Sur chaque planète, vous attendent plusieurs missions, proposées par diverses factions. Et si ces dernières sont très nombreuses ; elles se répètent malheureusement constamment : prendre une position, assassiner une cible, récupérer du matériel, défendre un bâtiment ou une zone… le choix est trop limité ; d’autant que toutes les planètes visitables d’un même système se ressemblent, en plus de vous imposer une zone d’exploration relativement limitée (et bien vide).

Vous êtes bien loin de ce que peut proposer un No Man’s Sky en termes de diversité, par exemple, et, après quelques heures de jeu, un sentiment de lassitude assez prononcé s’installe. La boucle de gameplay n’évolue que très peu : vous vous rendez sur une planète, acceptez un contrat, exécutez la mission, touchez la récompense et réparez votre Mech… Puis vous recommencez. Encore et encore, jusqu’à ce que votre réputation (ndlr : notre niveau) soit suffisante pour passer sur une zone plus dangereuse ou accepter une mission principale afin de faire progresser le scénario.

Ces dernières font par ailleurs office de calvaires sans nom. Généralement plus simples que les autres, elles cassent le rythme en tentant de vous introduire à une histoire réellement soporifique digne d’un téléfilm de SF des années 80. Les méchants ont tué votre père, vous devez le venger.

Il aurait été plus judicieux de laisser cours à l’imagination du joueur, de lui proposer des missions plus libres et non orientées vers telle ou telle faction, pour qu’il s’implique plus. En l’occurrence… comme l’a très bien fait From Software durant des années avec les Armored Core, une autre série de jeux de Mecha bien plus dynamique et plaisante, que ce soit en termes de gameplay ou de ramification scénaristique. En bref : de vous offrir un sandbox sans contraintes ni condition.

Il faut également ajouter la présence d’un mode multijoueur jusqu’à 4 pilotes. Un choix osé et intéressant… mais guère convaincant. En effet, vos amis peuvent rejoindre votre partie en cours (depuis leur propre console, le titre ne proposant pas de multijoueur local avec écran partagé) ; mais ne sont pas pour autant libres de venir exhiber leurs plus belles créations. Ils doivent se contenter de piocher dans votre liste de Mech et, si vous n’en avez pas assez ou que ces derniers sont en réparations… de suivre votre mission en tant que « spectateur ».

Si vous n’avez pas d’amis (ou d’abonnement payant), vous pouvez toujours compter sur des PNJ pour remplir cette fonction. Chaque mission peut accueillir jusqu’à 4 pilotes, qu’ils soient humains ou non. Il vous faut alors les recruter, les former, leur fournir Mech et armes, payer leur salaire… tout ça pour les voir lamentablement échouer en se heurtant contre un mur quelques instants plus tard.

L’intelligence artificielle, sans être catastrophique, n’est pas pour autant au point. Vos adversaires sont souvent bien plus mobiles et mieux équipés que vous, plus nombreux… et incapables de concentrer leurs tirs. Il arrive régulièrement de les voir s’éparpiller, changer de cible alors que vous étiez presque à terre ; simplement parce que vous vous êtes trop éloigné. Par moment, ils choisissent carrément la voie du suicide en arrêtant purement et simplement de se déplacer. Même les mercenaires ont droit à leur pause syndicale, après tout.

Et… c’est une chance. Car MechWarrior 5: Mercenaries est un jeu très difficile et exigeant, surtout en avançant dans les missions. Aucun cadeau ne vous est fait, d’autant que les réparations de vos Mech coûtent énormément d’argent et qu’il est pratiquement impossible de revenir en un seul morceau.

Le pire étant que le jeu intègre un système de Permadeath ! Si le Mech d’un pilote allié se fait détruire au niveau du cockpit, ce dernier perd la vie sans possibilité de revenir. Et si les dégâts sont juste matériels ; alors il finit en convalescence pour une durée plus ou moins longue.

Encore une excellente idée, malheureusement gâchée par le nombre de défauts précédemment cités. De plus, vous devez commencer à comprendre à quel point le titre est frustrant pour le joueur solitaire. En multi, vos amis font office de pilotes. Forcément plus fort, adroits et intelligents que les PNJ ; ils rendent les missions bien plus abordables. Mais en solo… non seulement vous devez composer avec une I.A. très faible, mais en plus payer le salaire de vos sous-fifres et en recruter de nouveaux à chaque fois que l’un d’entre eux perd la vie !

À force d’enchaîner les déconvenues, on finit indubitablement par penser que Piranha Games a volontairement décidé de saborder toute velléité de jeu en solitaire ; sans doute pour mieux orienter son titre. L’échec est donc retentissant sur l’un des points pourtant essentiels de la série.

Une traduction bâclée…

…Comme tout le reste de ce MechWarrior 5: Mercenaries, visiblement. Si l’ensemble du jeu est sous-titré en français, vous vous rendez rapidement compte d’une vilaine supercherie. Non, vous n’êtes pas ici face à une traduction Google. Oui, des équipes ont visiblement travaillé sur la localisation. Mais soit ils n’étaient pas assez nombreux ; soit ils n’ont clairement pas eu le temps nécessaire à la tâche.

Régulièrement, le jeu vous crache des lignes de texte sans queue ni tête ou pétries de fautes d’orthographe trop criantes pour être autre chose que de l’inattention.

Comme toujours, le joueur sort de l’immersion déjà délicate à cause de ces facéties.

Concernant les voix, le doublage anglais est de mise et, pour le coup, je n’aurais rien à en redire. Les comédiens font le travail sans réellement briller.

J’aime

L

Le retour de Mechwarrior !

L

Un concept toujours aussi passionnant

L

Une galaxie vaste à explorer

L

Des idées très intéressantes...

J’aime moins

K

Une traduction bâclée

K

En retard techniquement... d'environ 20 ans

K

Très laid

K

...mais aucune n'est correctement exécutée

K

Des bugs incompréhensibles

K

Un gameplay lourd et peu adapté à la manette

K

Les joueurs solos délaissés

K

Une I.A. dans les choux