Tate No Yuusha (ou The Rising of the Shield Hero en dehors du Japon) est un animé débuté le 9 janvier 2019 et composé actuellement de 3 saisons.

Le roman d’origine, écrit par Aneko Yusagi, a connu un beau succès sans pour autant parvenir à traverser les frontières. Mis en image par Aiya Kyû, le manga a, quant à lui, su séduire les foules et est désormais diffusé en simulcast par Crunchyroll.

Et si aujourd’hui j’ai choisi de détailler cet animé saison par saison, c’est pour mieux pouvoir expliquer les raisons d’un échec aussi cuisant que malheureux qui, pourtant, débutait si bien…

Un pur chef-d’œuvre d’originalité

Tate No Yuusha est un Isekai, c’est-à-dire qu’il vous fait suivre les pérégrinations d’une personne lambda venant de notre monde au cœur d’un univers de fantaisie. Comme dans la majorité des autres œuvres du genre, Naofumi s’y retrouve transporter simplement après avoir poser sa main sur un livre; et va devoir apprendre une vie différente dans un monde singulier.

Le premier épisode est impressionnant d’originalité. S’il débute ainsi comme n’importe quel Isekai ; très rapidement les spécificités de l’animé arrivent. Car Naofumi n’est pas seul à débarquer dans ce monde. Il est accompagné par trois autres protagonistes.

Chacun d’entre eux est considéré par essence, dans cet univers, comme un « héros » lié à une arme magique spécifique. Ses comparses ont tous été dotés d’équipements impressionnants et létaux : épée, lance et arc. Des artefacts mortels, qui les propulsent immédiatement au rang de légende auprès d’une population en pamoison devant eux.

Quid de Naofumi ? Eh bien lui a obtenu le bouclier et est considéré comme le plus faible des héros, voire totalement inutile… pour ne pas dire une honte, que les autres méprisent. Toujours au sein de ce premier épisode, Naofumi va se voir trahi, banni, jeté au ban de la société et humilié. Un renversement total de ton et de situation inattendu, qui prend aux tripes autant qu’il surprend.

Les épisodes s’enchaînent avec la même intensité, brisant la dynamique traditionnelle du genre via une narration vraiment rafraîchissante et originale, bien loin de l’histoire héroïque à laquelle on s’attendait initialement. Naofumi va ainsi très rapidement devenir un véritable anti-héros, embarqué dans une quête inextricable mu par son désir de vengeance, contraint de devenir plus fort et de se surpasser. Ce déchaînement de violence gratuite à son encontre est particulièrement difficile, mais nécessaire afin de forger le personnage cruel, cynique et vindicatif au centre de l’intrigue.

Bien entendu, il n’est en rien un « méchant » à proprement parler. Simplement une figure d’anti-héros contraint par les affres de la vie et les vicissitudes à se forger une armure de haine afin de survivre.

Une pente glissante…

Au milieu de cette première couche de scénario arrive Raphtalia, une demi-humaine réduite en esclavage que Naofumi va prendre en pitié et sauver.

Unis dans la haine de ces hommes injustes qui les ont autant fait souffrir, ils vont voyager ensemble et affronter, seuls contre tous, à la fois leurs anciens alliés et les ennemis qui se dressent sur leur route.

Et si cette première approche est diablement originale et particulièrement palpitante ; force est de constater que cette dynamique s’essouffle complètement au bout de quelques épisodes à peine. L’histoire redevient plus conventionnelle à mesure que Naofumi et Raphtalia parviennent à remplir leur rôle de héros et à retrouver la confiance du peuple ; malgré les quelques interventions des autres protagonistes.

Pis encore, cette première saison de Tate No Yuusha s’achève alors que Naofumi est redevenu l’archétype consensuel qu’il aurait dû être depuis le départ, oubliant pratiquement intégralement ce « côté sombre » si intéressant pour ne plus devenir qu’une caricature de lui-même.

Au lieu de poursuivre sur cette métaphore prégnante de la société nippone mettant au ban ceux jugés moins performants, Tate No Yuusha se contente simplement de revenir dans les clous pour ne plus devenir que l’ombre de lui-même.

Et toute cette transition s’amorce dès la moitié de la saison, lors de l’introduction d’un certain personnage principal (ceux qui ont vu la série sauront lequel, je garde la surprise pour les autres). Ce dernier s’avère rapidement être un Deus Ex Machina fort utile, mais qui brise totalement le suspense en dévoilant bien trop d’informations quant à la suite de l’intrigue. Le scénario dans son intégralité devient limpide, sans la moindre surprise.

Certes, la direction est bonne… mais spoiler ainsi l’ensemble du scénario n’a pour effet que de lasser le spectateur, qui n’est plus tenu en haleine que par les objectifs secondaires des héros et non par la trame principale.

De très bonnes idées, dans un emballage clinquant

Tate No Yuusha n’est pas un animé conventionnel et regorge d’idées originales et rafraîchissantes. Première d’entre elles, l’utilisation des codes du jeu vidéo comme ressort scénaristique.

Naofumi est conscient d’être dans un Isekai, et même dans un univers régi par des codes purement vidéoludiques. L’ingéniosité de l’animé vient également de là, puisque ce dernier se sert à son avantage des règles et spécificités du médium à de nombreuses reprises. Il dispose également d’un accès à un « menu », ainsi qu’à un arbre de compétence depuis lequel il peut visualiser ses compétences.

Encore une idée ingénieuse et utilisée avec brio et de manière diégétique. Mis en scène par le studio renommé Kadokawa, Tate No Yuusha est un animé Triple A pratiquement sans imperfection dans la forme.

Visuellement très réussi, l’animation est également particulièrement convaincante… sans pour autant jamais chercher à offrir quoi que ce soit d’original ni de novateur. Le studio a plutôt cherché à rester sur ses acquis, proposant une mise en scène assez proche de ses autres productions.

J’aime

L

L'animation, très convaincante...

L

Un Isekai très original

L

Les codes du jeu vidéo habilement utilisés

L

Des personnages impactants

J’aime moins

K

...mais qui ne surprend jamais

K

prend une tournure très consensuelle vers la moitié de la saison