Salt and Sacrifice est la suite de l’exceptionnel, de l’extraordinaire, du somptueux Salt and Sanctuary. Et si vous n’avez pas eu la chance, à l’époque, de découvrir ce pur chef-d’œuvre ; sachez qu’il fait simplement partie des meilleurs héritiers des jeux signés From Software, parvenant avec une justesse exceptionnelle à mêler Metroidvania et Soulborne.

Pourtant, malgré le succès aussi bien commercial que critique du titre, le studio Ska a subitement cessé de donner des nouvelles quant à la suite. Sept ans plus tard, voilà Salt and Sacrifice débarquer sur tous les supports dans un silence médiatique et critique absolu.

Fan du premier opus, il fallait que j’en réalise le test. Après l’avoir terminé, une chose est sûre : le Studio Ska n’a rien perdu de son talent… mais s’est mis une pression bien trop grande pour satisfaire les joueurs les plus exigeants.

Chronique d’un échec qui n’aurait jamais dû exister.

Rage of Mage

Le scénario de Salt and Sacrifice n’a peu ou prou rien à voir avec celui de son illustre prédécesseur, sinon qu’il se déroule au sein du même univers.

Vous y incarnez un prisonnier tout juste condamné. Comme pour tous les autres criminels, le choix vous est laissé entre être exécuté ou devenir Inquisiteur. Une décision somme toute assez contraignante et ne laissant que peu de place à une quelconque liberté.

Votre héros opte donc fort logiquement pour la deuxième et est envoyé au cœur d’une terre sauvage où la magie domine. C’est là que va se dérouler l’ensemble de l’intrigue, via une nouvelle mécanique présentée comme « révolutionnaire » pour le genre : la chasse.

À l’instar d’un (mauvais) Monster Hunter, Salt and Sacrifice vous demande régulièrement de sélectionner une cible, puis de la traquer dans différents niveaux tout en combattant moult adversaires plus ou moins coriaces ; toujours sous le joug de cette identité très « Soulborne » dans l’âme.

Une fois la trace du Mage trouvée, il va vous falloir le vaincre quatre ou cinq fois afin de le repousser dans sa tanière, où vous pourrez alors vous en défaire une bonne fois pour toutes. Tout comme dans son modèle non assumé, chaque boss va vous permettre de récupérer des composants de fabrication spécifiques en quantité restreinte.

Rapidement, afin de créer un équipement suffisamment puissant pour résister aux futures créatures, vous débloquez la possibilité… de recommencer lesdites chasses en boucle, afin de farmer encore et toujours.

Et si cette mécanique est le cœur de la licence de Capcom, ici elle s’avère particulièrement frustrante pour deux raisons spécifiques. Tout d’abord, Salt and Sacrifice dispose de mécaniques très classiques dans le fond : votre personnage va glaner de l’expérience lui permettant d’augmenter ses statistiques ; rendant ainsi les chasses des premiers boss d’une simplicité effarante.

Ensuite et surtout… Parce que Salt and Sacrifice est un Die & Retry ! Perdre un affrontement dans Monster Hunter n’a généralement pour conséquence que de vous forcer à reculer pour mieux revenir. Mais ici, vous laissez sur place l’ensemble de vos points d’expérience à chaque fois !

Si durant les premières heures l’idée est excellente, force est de constater que rapidement une forme de lassitude empreinte de frustration grandit à mesure que la boucle de gameplay s’impose comme le cœur du titre.

Car si les cartes sont immenses, si l’exploration est plutôt bonne et les sensations de combats agréables ; l’ennui point lorsque vous commencez à réaliser que le titre n’a strictement rien d’autre à offrir qu’une répétition interminable de quêtes de farming.

Car n’espérez certainement pas progresser sans cela. Certains équipements sont tout simplement indispensables et ne peuvent être obtenus qu’au prisme de plusieurs combats contre le même adversaire… tout en sachant, bien entendu, que le loot est aléatoire.

Le même, en mieux !

Salt and Sacrifice n’est pas un mauvais jeu sur le fond. Dès les premiers instants, les amateurs du premier opus ressentent le travail colossal fait par le studio afin de pallier toutes les errances du précédent.

Très clairement, la ligne prise par le studio initialement est limpide : faire la même chose mais en plus grand, plus beau, plus intense.

Est-ce une réussite ? Pas du tout. Reste désormais à comprendre pourquoi, nonobstant la mécanique de la traque des mages, particulièrement frustrante et rébarbative. Mais avant cela, prenons un instant pour deviser sur ce qui est réellement réussi.

Car au départ, tout semble absolument parfait. Salt and Sacrifice dispose d’une localisation française, tout comme son prédécesseur. Mais cette fois-ci, le travail effectué est de grande qualité. D’ailleurs, les dialogues et autres scènes d’expositions sont légions ; de même que les PNJs que vous n’allez cesser de croiser et qui approfondissent intelligemment le scénario et le background des divers ennemis.

Une excellente idée qui ancre le joueur dans un monde cohérent et logique, tout en lui donnant un but clair dans son malheur, une raison de poursuivre sa traque des Mages sans simplement vouloir fuir à la première occasion.

Bien moins obscur et cryptique que celui du premier, il faut malgré tout lui reconnaître (encore) une fin cryptique et particulièrement mal pensée qui envoie directement le joueur en New Game+ sans même lui demander son avis ni lui laisser le choix.

Le terrain de jeu est également particulièrement bluffant. Si les Marches de l’Ouest sont le premier endroit visité et servent tant à la fois de hub et de tutoriel ; rapidement vous allez découvrir un moyen de voyager rapidement dans différents lieux afin d’accomplir votre mission par l’intermédiaire d’un portail activable via un système de runes assez original.

Et les cartes sont vastes… très vastes. L’exploration y est plaisante, forte de nombreux chemins de traverses, de raccourcis à débloquer et autres zones secrètes à découvrir. Le level design n’est pas non plus en reste, procurant un réel plaisir lors de vos pérégrinations.

On ressent là toute la volonté de l’équipe de briser le cadre cloisonné du premier afin de vous permettre de mieux apprécier de grands espaces, d’offrir une liberté supplémentaire au joueur sans pour autant renier l’héritage « Soulborne » de la licence.

Le côté Metroidvania est bien entendu toujours de la partie, cette fois encore particulièrement bien pensé via l’intermédiaire de divers outils que vous allez débloquer au fur et à mesure et qui vont vous permettre de découvrir de nouveaux lieux jusqu’alors impossibles à atteindre. Chacun apporte un souffle nouveau à l’exploration et renforce encore l’envie inexpugnable de découvrir chaque recoin de cet univers si sombre.

Mais les six années nécessaires au développement de Salt and Sacrifice semblent avoir été particulièrement chaotiques à partir d’un point précis…

Le moment où tout a basculé

Une fois le monde construit et le scénario posé, les développeurs de Salt and Sacrifice sont visiblement passés par de nombreuses phases de réflexion pour en arriver à ce résultat.

Le sentiment d’être devant un produit bâtard, sorte de monstre informe résultant d’expérimentations maléfiques, se fait de plus en plus prégnant à mesure que les heures s’égrènent.

Malgré la taille colossale des cartes, sachez qu’il faut compter entre 15 et 20 heures pour en avoir fait le tour. Certes, c’est honorable ; mais de nouveau, une majorité de ce temps est consacrée à refaire en boucle les mêmes combats afin de récupérer des ressources.

Et ces combats justement… il faut en parler. Car si le système de Salt and Sanctuary s’avérait particulièrement simple et fluide, ici le choix a été fait… de faire fi de la gravité ?

Concrètement, votre héros dispose peu ou prou des mêmes techniques et capacités que dans le premier opus (ou n’importe quel Soulborne) : attaque, blocage, esquive, roulade, saut… Mais l’originalité de Salt and Sacrifice tient sur le fait qu’en attaquant en étant en l’air, votre personnage reste dans cet état et ne retombe pas. Pire encore : il se fige.

Comprenez par là qu’il est, par exemple, totalement impossible de vouloir effectuer un saut pour s’éloigner tout en tapant ; puisque si vous avez le malheur d’appuyer sur le bouton d’attaque, l’animation de saut s’interrompt pour vous laisser flotter magiquement dans les airs.

Très vite, le sentiment de ne jamais totalement maîtriser son personnage se fait ressentir. Un comble pour un Die & Retry clairement inspiré par Dark Souls, dans lequel il est nécessaire d’être particulièrement précis pour espérer s’en sortir.

Et bien entendu, les ennemis ne sont pas en reste. Contrairement au premier opus ainsi qu’à l’intégralité des (bons) jeux du genre ; ces derniers sont pratiquement tous dénués de pattern fixe, vous empêchant ainsi d’apprendre comment les contrer. Une idée totalement saugrenue et qui rend le jeu particulièrement frustrant dans les premiers temps.

Dans sa volonté de proposer toujours plus, Salt & Sanctuary inclut également un arbre de compétence stupidement disproportionné, des objets à ramasser par kilos pour crafter la moindre potion de soin ou encore l’obligation de faire des allers-retours interminables à chaque traque…

J’aime

L

Une bonne écriture

L

Traduction française de qualité

L

De très vastes cartes à découvrir

J’aime moins

K

Un gameplay...singulier

K

Le principe de chasse, totalement raté

K

Excessivement répétitif