Roboquest est le tout dernier jeu en date du studio indépendant lyonnais RyseUp, en activité depuis près de 10 ans. Des vétérans français, à l’œuvre sur un projet de fast FPS mariné de Roguelite ? Nul doute que certains n’y croiraient pas le moins du monde. Et pourtant une fois encore, il faut le reconnaître : nos développeurs ont du talent.

Bad Robomance

Roboquest place son intrigue dans un monde post-apocalyptique du plus bel effet, désertique et austère. Vous y découvrez Max, jeune chercheuse en quête de réponses (et de nourriture) qui, par un heureux hasard, va tomber un beau jour sur un robot antique abandonné depuis plus de 500 ans.

En parvenant à le réparer et à le réactiver, Max va également relancer sa mission première ; à savoir escorter les humains jusqu’à une cité censée pouvoir les abriter et les aider à survivre à l’effondrement. Mais pour parvenir jusqu’à là, vous allez bien entendu devoir vous battre et défourailler des robots adverses par paquets de mille au sein de divers niveaux.

Contrairement à ce que vous pourriez croire de prime abord, vous n’incarnez pas directement Max dans Roboquest. Certes, cette dernière est au cœur du scénario principal et est la seule à disposer d’interactions « réelles » ; mais vous contrôlez le fameux robot.

Ou plutôt devrais-je parler au pluriel. Car si vous débutez uniquement avec le Gardien, bien vite d’autres vont se joindre à la fête. Au total, ce sont pas moins de six modèles de robots différents que vous allez pouvoir diriger dans votre quête effrénée de justice (et de massacre de tas de ferraille).

L’intelligence du soft vient bien entendu de ces fameux personnages, qui sont plus traités comme de véritables héros contrairement à la majorité des Roguelite. Chacun dispose d’une capacité secondaire unique, allant de la création d’un champ de force pare-balle à des roquettes en passant par une lance destructrice.

Roguelite oblige, le scénario de ce Roboquest est plus qu’anecdotique mais se suffit à lui-même, justifiant au passage les divers biomes traversés via une certaine cohérence diégétique. Et là encore, le travail effectué par le studio est assez impressionnant, tant ces biomes s’avèrent différents et intrigants.

Nonobstant les canyons et autres ruines, il y est également question d’une « corruption » qui se répand petit à petit. Et si cette dernière est au cœur de l’intrigue, elle sert aussi et surtout à justifier l’obligation d’atteindre certains points de passage sous un temps défini afin de débloquer des zones bonus. En elle-même, l’histoire de ces différents lieux vous est racontée par Max, mais également via des journaux de données astucieusement disséminés dans les niveaux. Libre aux joueurs les plus adeptes de parkour de tenter de les collectionner, avec à la clé des bonus non négligeables.

On regrettera peut-être le fait que le level design de ces fameux niveaux soit peu ou prou le même et manque un poil d’imagination, chose malheureusement délétère dans une Roguelite dans laquelle tout le principe est justement de refaire en boucle les mêmes zones.

Watch Over

Manette en main, le constat est sans appel : les équipes lyonnaises de RyseUp ont visiblement beaucoup, BEAUCOUP joué à Overwatch. Dire que les sensations sont identiques est un doux euphémisme, surtout lors de l’utilisation d’armes présentes dans ce dernier.

Arc, kunai, lance grenades… certes, l’équipement peut sembler de prime abord relativement basique ; mais c’est une fois au cœur du jeu que le constat est terrible. Tout, dans la maniabilité ou les sensations de jeu, fait penser au Hero Shooter de Blizzard.

Et que dire de certaines appellations, qui ne laissent pas place au moindre doute ? La capacité de base du Gardien est « Bastion », le dernier modèle de robot débloqué contrôle des sphères non sans rappeler Sigma. Loin d’être un point négatif, cette acceptation met surtout en exergue les inspirations premières du studio sans pour autant nuire au plaisir en jeu. Oui, Roboquest est incroyablement fun une fois en jeu, c’est indubitable.

Nonobstant ce fait, il est nécessaire de considérer le gameplay dans son ensemble. Roguelite oblige, votre héros débute chacun de ses runs uniquement équipé d’un simple pistolet doté de munitions illimitées.

Rapidement, vous allez bien entendu en récupérer d’autres. Des tas de flingues, petits et grands, communs (mitrailleuse, fusil d’assaut, etc.) ou plus originaux (lance bulles, doubles arbalètes, fulguro-poings, …). Chaque équipement dispose de sa propre rareté (commun, peu commun, rare, épique et légendaire), ainsi que d’un niveau. Bien entendu, plus une arme est rare et d’un niveau élevé, et plus elle est efficace en combat.

Chaque run vous impose de tout reprendre à zéro ; sinon en ce qui concerne certaines améliorations définitivement débloquées (à l’aide de clefs à molettes) et qui vous simplifient grandement la vie. La prise en main de Roboquest est de fait simple, facile à comprendre et incroyablement plaisante. Vous êtes bel et bien ici en face de ce qui se fait de mieux en termes de gameplay pur. Un fast FPS dans l’esprit et dans l’âme, qui vibre au rythme des balles tirées et des doubles sauts d’esquives dans une danse mortelle et brutale demandant maîtrise et vivacité d’analyse.

Vaincre vos ennemis est de plus important, puisque chacun lâche des capsules de soins ainsi que de précieux points d’expérience ; vous permettant ainsi de glaner des niveaux au gré de vos explorations. Chaque nouveau niveau est l’occasion de choisir entre deux « modules », chacun proposant divers avantages uniques tirés aléatoirement. Un bon moyen d’optimiser vos runs en profitant, par exemple, d’avantages significatifs sur les coups critiques ou sur les dégâts élémentaires.

Le titre propose également différentes routes, débloquables selon des conditions spécifiques (atteindre une porte sous une certaine durée, obtenir un certain nombre d’objets, etc). Il peut donc être nécessaire de se mettre en danger, voire de foncer tout en sacrifiant certains équipements ou une bonne dose d’expérience pour espérer tout débloquer. Particulièrement difficile lors des premiers runs, Roboquest est un jeu qui ne conviendra clairement pas à tout le monde, sinon aux tryharders et autres férus de Fast-FPS. Mais malgré tout, le jeu dispose indubitablement d’une autre corde à son arc pour séduire.

La principale particularité de Roboquest, c’est bien entendu la possibilité de parcourir l’aventure à deux joueurs en coopération en ligne. L’ajout d’un mode local avec écran partagé aurait été un plus indéniable, qui n’est malheureusement pas au programme au moment où je rédige ce test. En multi, le plaisir est intense d’autant que le côté Roguelite permet des runs rapides et sans concessions. La difficulté s’adapte bien entendu, pour vous proposer des soirées d’anthologie.

Roborderlands

Visuellement, Roboquest oscille entre un cell shading de qualité et quelques effets un poil cheap. Là encore, il est aisé de ressentir l’inspiration du studio pour des jeux comme Borderlands, sans pour autant parvenir à en saisir toute la splendeur. S’il n’est guère moche, tout au contraire, Roboquest s’entache de velléités économes qui le desservent grandement.

Outre Max, aucun humain n’est jamais visible. De même concernant les Robots, ces derniers ne sont pas modélisés ni visibles dans les décors. Les quelques PNJs existants, soit les créations artificielles de Max vous aidant lors de votre périple, sont peu nombreux et ne parviennent jamais à insuffler un supplément de vie à cet univers pourtant coloré. Enfin, les ennemis sont nombreux mais uniquement robotiques, provoquant rapidement chez le joueur le sentiment de tourner en rond, de se confronter toujours aux mêmes modèles malgré leurs spécificités.

Mention spéciale malgré tout pour les décors qui, il faut le reconnaître, sont riches et variés malgré un level design excessivement redondant. Enfin, comment ne pas évoquer cette bouillie sonore insipide, horripilante et bruyante que le titre ose appeler « musique » ?

Être face à une « bande son » qui ressemble généralement plus à une fourchette raclée contre une assiette humide est une hérésie de nos jours, surtout dans ce genre de productions après des jeux tels que Doom ou Metal Hellsinger. Mon conseil final pour réellement apprécier le jeu : coupez tout simplement le son, au risque de rapidement jeter votre casque par la fenêtre (et la console avec).