Les Chroniques de Thomassin Von Knochen se déroulent à une époque moyenâgeuse baignée de fantastique. Thomassin est un chasseur régulièrement missionné par l’église de Mittelsbach. Aigri depuis le décès prématuré de son épouse, il se raccroche à ses missions aux côtés d’Albrecht, un prêtre de 17 ans qui se spécialise en exorcismes.

Après avoir chassé un fantôme qui hantait la demeure de sa femme pour lui nuire, le père supérieur de l’abbaye les exhorte à se rendre dans un petit village au sein duquel deux jeunes filles semblent possédées. En cette année 1350, la peste noire frappe la France et les gens manifestent la plus vive défiance. Certains fanatiques vont jusqu’à infliger des châtiments tout en s’abstenant de se laver pendant plus de 20 jours pour expier les péchés des hommes…

C’est dans cette atmosphère lugubre que Thomassin et Albrecht rencontrent un physicien, entendez par-là un médecin à cette époque-là. Venu tout droit de Montpellier, Arnaud rejoint leur petit groupe bientôt complété par Sarah, une rescapée Juive.

Ensemble, ils vont enquêter pour déterminer si Isabeau et Hannah sont possédées ou non.

Manducatore

Ici, le mythe du Vampire ancre ses racines très loin. Le premier terme employé est revenant, soit un être qui sort de sa tombe. Ensuite, le mot Manducatore, mâcheurs en latin, fait son apparition et demeure tout le long de l’ouvrage. La coutume à l’époque consistait à placer une énorme pierre dans la bouche/la gorge des défunts qu’on suspectait de pouvoir revenir. Pratique bien mise en scène ici.

Il y a un réel respect des us et coutumes, mais aussi de l’histoire en elle-même. Anaïs Guiraud écrit des romans historiques depuis 2015 et on sent la maîtrise de son art.

Outre l’univers sombre et bien construit de Pestilence, le plus gros point fort de ce roman réside dans sa plume, tout bonnement incroyable. Le vocabulaire est extrêmement riche, soigné, émaillé. J’ai appris de nombreux termes que je ne connaissais pas, c’est une pépite de culture !

Les dialogues rythment le récit de manière continu, ce qui le rend très vivant, c’est très appréciable. Les émotions des protagonistes sont travaillées, ils ont tous une personnalité marquée, aucun d’entre eux n’a été mis de côté. Les scènes d’action sont finement dosées pour ne pas tomber dans des débauches de combats à rallonge.

J’ai particulièrement aimé l’atmosphère si singulière de cet ouvrage. Du fantastique habilement maîtrisé, entremêlant mythes, coutumes et faits réels. C’est une lecture idéale pour fêter Halloween !