Paléo Pines est un jeu de ferme indépendant développé par les Irlandais d’Italic Pig, un studio fondé en 2010, composé d’une dizaine d’employés cherchant à briser le cercle infernal du travail sous tension de l’industrie.

Une petite équipe de passionnés travaille 4 jours par semaine, refusant toute idée de « crunch » et privilégiant la qualité à la quantité. Une idéologie risquée à une époque où les productions s’enchaînent à une vitesse industrielle, et qui se ressent indubitablement dans leurs jeux… en bien comme en mal.

Editeur(s)
Modus Games
Sortie France
26 sept. 2023
PEGI
+3 ans
Liens Site Officiel
Support de test Xbox Series

La chance sourit aux audacieux

Dans « Paléo Pines », vous incarnez un jeune héros ayant trouvé un œuf de dinosaure. Après s’en être occupé nuit et jour éclot Lucky, une femelle Parasaurolophus.

Malheureusement, la vie citadine convient très mal à un herbivore pouvant mesurer une fois adulte plus de 10 mètres et peser deux tonnes. Par chance, vous découvrez une brochure pour « Paléo-les-Pins », une vallée enchanteresse et un refuge pour les créatures de son espèce. Vous vous empressez donc de faire vos valises, de seller Lucky et de vous mettre en route.

Sur place, vous faites la rencontre de Mari et Owynn ; deux habitants de la Vallée Verdoyante extrêmement surpris de découvrir un dinosaure de son espèce, qui vous invitent à rester vivre dans le vieux ranch abandonné. Votre merveilleuse aventure peut alors débuter.

« Paléo Pines » ne cherche pas à réinventer le genre, et on l’en remercie. Son intrigue de départ est semblable à la quasi-intégralité des simulations de fermes, dans le plus pur esprit de ce qui a été proposé par le premier « Harvest Moon » en 1996. Sa seule spécificité réside dans l’ajout de dinosaures… et d’un héros enfin loquace !

Très agréables à suivre, les pérégrinations de votre avatar se font au sein d’une vallée riche en vie animale. Il est particulièrement agréable de simplement déambuler au milieu de ces créatures « mignonisées » pour des besoins purement esthétiques. Ne vous attendez pas à rencontrer des dinosaures à taille réelle, mais plutôt des versions miniatures.

Une attention toute particulière a été apportée par l’équipe sur les personnages secondaires, les rendant uniques en leur genre ; plus même que dans bien des jeux similaires… et heureusement, car ces derniers sont incroyablement peu nombreux. Outre Mari et Owynn, vous n’allez en effet pouvoir rencontrer que sept autres humains vivant dans la vallée (sans compter les PNJ errant sans but). Jeu à destination des enfants oblige, il n’y a pas de notion de romance dans « Paléo Pines » (et heureusement).

Si dans les premiers temps les habitués risquent d’être décontenancés, force est de constater les côtés indubitablement positifs de cette sélection limitée : chaque personnage est plus facilement reconnaissable, vous apprenez rapidement à les distinguer et, de fait, à les apprécier. De même, il devient d’une simplicité enfantine d’accomplir leurs quêtes annexes, sans avoir à passer un temps considérable à simplement les chercher ou à se souvenir de qui est qui et habite où.

Côté intrigue globale, le scénario ne cherche pas non plus la complexité. Votre quotidien est émaillé d’événements, de quêtes et autres recherches sur la vie des dinosaures ; avec en fil rouge la nécessité de retrouver la famille de Lucky. Simple et sobre, l’histoire se suit avec plaisir et sans contrainte.

Jurassic Farm : Evolution

« Paleo Pines » est une simulation de ferme dans la plus pure tradition. Vous arrivez dans un Ranch dévasté, qu’il va falloir petit à petit nettoyer de l’intégralité des déchets qui l’encombrent. Vous pouvez ensuite le personnaliser en ajoutant du mobilier, en construisant des enclos pour vos dinosaures et (bien entendu) en plantant des graines.

Le titre propose une belle liberté créatrice, que ce soit dans le placement des divers éléments ou dans l’orientation que vous souhaitez donner à votre aventure. Rien ne vous oblige en effet à devenir agriculteur, sinon le besoin de gagner des coquillages (faisant ici office de monnaie). Il existe cependant d’autres manières d’en glaner, comme répondre aux demandes quotidiennes des habitants.

Via un panneau d’affichage situé en ville, ces derniers ont régulièrement des requêtes : livrer une certaine quantité de matériaux, les aider à trouver une ressource particulière ou amener un objet à un autre personnage.

Si l’idée est bonne en soi et se rapproche de ce que vous pouvez trouver ailleurs, elle pèche cependant par un manque clair de vie au sein de la vallée et une lourdeur assez préjudiciable. Certaines en deviennent particulièrement ridicules, comme lorsqu’il s’agit d’aller voir un PNJ afin de récupérer un objet précis pour l’apporter à un autre… se trouvant littéralement à trois pas, avant de revenir discuter avec le premier afin de récupérer votre récompense.

Bien entendu, le cœur du jeu concerne l’élevage de vos propres dinosaures. Lucky est certes la première, mais vous avez toute liberté d’en accueillir d’autres au sein de votre Ranch. Les espèces sont diversifiées, et il est particulièrement agréable de les voir évoluer.

« Paleo Pines » intègre en effet un système d’expérience pour ces derniers. Leur demander de l’aide dans les tâches du quotidien leur permet donc de progresser, en plus de les rendre heureux. Car, et c’est là une autre mécanique très appréciable du titre, vous avez la lourde tâche de devoir vous en occuper correctement. Cela passe par la nourriture, mais également en leur offrant un cadre de vie agréable et en répondant à leurs besoins : espace, compagnie, etc.

La mécanique d’approche des dinosaures sauvage est particulièrement ingénieuse, puisqu’elle s’effectue par l’intermédiaire d’une flûte avec laquelle vous communiquez grâce à la musique. En appuyant sur les gâchettes, vous allez pouvoir faire des notes plus ou moins longues, nécessaires pour « répondre » aux créatures qui vous entoure et leur donner des ordres.

Un jeu qui vient du Jurassic

« Paleo Pines » est un jeu qui souffre d’un défaut majeur : il ne sait pas réellement à qui s’adresser… et de fait, ce test non plus. Si on le prend sous le prisme d’une simulation de ferme classique, il ne tient pas la comparaison face aux ténors du genre. Que ce soit l’intégralité des titres signés Marvelous, « Stardew Valley, » « My Time at Portia » ou le tout récent « Fae Farms »; tous proposent indubitablement une meilleure expérience, plus riche, mieux finie et bien plus ludique.

En revanche, si on considère « Paleo Pines » comme un jeu à destination d’un public plus jeune (entre 7 et 12 ans), il prend tout son sens… mais de fait certaines mécaniques en deviennent préjudiciables. Là encore, on lui préférera « Dreamlight Valley » ou « Pretty Princess: Magical Garden » (du moins pour les anglophones).

En cause, des choix de game design pas forcément adaptés à un jeune public en quête d’une expérience simple sur un temps de jeu limité. Et ces problématiques sont malheureusement nombreuses.

Commençons par la base : la carte. L’exploration est au cœur de « Paleo Pines ». La zone principale, soit la Valley Verdoyante, est une vaste plaine qu’il est agréable de parcourir… mais où trouver son chemin peut rapidement virer au casse-tête. Pour vous aider, le jeu met à disposition l’une des pires cartes imaginables. Certes jolie et colorée, cette dernière manque tout simplement d’indication, se contentant de jouer sur ses visuels attrayants. La position de votre personne est représentée par un simple cercle rouge, pratiquement invisible tant ce dernier est petit et ne dénote pas du reste.

Aucune mention ne vient également vous guider : ni l’emplacement des divers PNJ, ni la dénomination des endroits. Durant les deux premières heures, trouver la maison de Mari vire rapidement au cauchemar.

Viennent ensuite les menus. Plutôt que de chercher la simplicité d’actions automatiques d’un « Harvest Moon: The Wind of Anthos » ou d’une barre d’accès rapide comme dans les « Story of Seasons », « Paleo Pines » choisit… de tout mettre pêle-mêle au sein d’un inventaire ridiculement petit. Au départ, votre sac ne dispose que de seize emplacements. Et vos outils, indispensables durant votre périple, en prennent déjà quatre.

Très mal pensé et totalement contre-intuitif, la moindre action prend un temps considérable en navigation inutile au sein des menus. Vous souhaitez planter une graine ? Il faut ouvrir l’inventaire avec Y, sélectionner la binette, quitter le menu, utiliser l’outil avec A, ouvrir le menu, choisir les graines, quitter de nouveau l’inventaire, planter, réouvrir le sac, sélectionner l’arrosoir, fermer et l’utiliser…

C’est à se demander si quiconque au sein de l’équipe de développement a touché à un jeu de ferme depuis les années 2000… d’autant que cette lourdeur est pratiquement continuelle durant l’intégralité de l’aventure.

Le jeu apporte, par exemple, une fonctionnalité particulièrement ingénieuse via un journal, dans lequel vous allez pouvoir simplement poser par écrit toutes vos découvertes. Mais là encore, la lourdeur du gameplay nuit gravement à son utilité. Inutilisable à dos de dinosaure, poser la moindre découverte par écrit vous impose de mettre pied à terre, d’ouvrir le menu, sélectionner le journal, quitter le menu, maintenir A enfoncé le temps de noter votre découverte, ouvrir le menu, ranger le journal, quitter le sac, puis remonter en selle…

Par chance, « Paleo Pines » ne se montre jamais punitif et vous laisse le temps de flâner à loisir, sans subir la moindre conséquence… mais il est difficile de croire que quiconque au sein du studio ait testé le titre et validé ces choix de game design sans la moindre objection.

De même, la maniabilité globale est singulièrement complexe. Récupérer ou placer le moindre élément de décors souffre des mêmes lourdeurs, rehaussées par un manque de précision préjudiciable à l’expérience.

Enfin, les développeurs ont fait le choix (toujours aussi étrange) d’ajouter une barre d’endurance à votre héros ainsi qu’à vos dinosaures. Mécanique certes commune des jeux du genre… à destination d’un public plus adulte. Depuis quelques années maintenant, il est acquis que ce type de productions orientées pour les enfants supprime cette jauge afin de les simplifier. Mais « Paleo Pines » prend le contrepied… et votre endurance s’effondre, quelle que soit la tâche effectuée. Y compris simplement courir. Certes, il n’est pas possible de s’effondrer de fatigue ; mais si vous êtes à court d’énergie, il n’est alors plus possible d’effectuer la moindre action.

J’aime

L

Des PNJ bien écrits…

L

Entièrement en français…

L

Les mécaniques liées aux dinosaures

L

Un jeu Chill au possible

L

Des musiques très douces

L

De nombreuses options de customisation

L

Une direction artistique mignonne

J’aime moins

K

…mais très peu nombreux

K

… sauf certains textes, qui ont visiblement été oubliés

K

Ne sait jamais à quel public s’adresser

K

Une lourdeur incompréhensible dans les menus

K

Des mécaniques issues d'un autre âge