Little Goody Two Shoes est une production indépendante développée par le studio nippon AstralShift et éditée par Square Enix. Un grand nom soutenant un projet modeste, comme pour légitimer les qualités intrinsèques du titre.

Mais est-ce pour autant gage de qualité ? Réponse toute en nuance.

Magic Knight Elise

Autant parler immédiatement de ce qui saute aux yeux dès les premières secondes : Little Goody Two Shoes dispose d’un style graphique… particulier.

Et par là, j’entends « excessivement old school ». Le studio semble être resté coincé dans les années 90, que ce soit via des dessins faisant indubitablement penser au style des Clamp (Magic Knight Rayearth, Angelic Layer, Cardcaptor Sakura, etc.) ou à un moteur graphique imprégné d’une aura rétro non sans rappeler l’époque S.NES.

Que ce soit concernant le level-design, les décors ou les personnages ; tout fleure bon une époque révolue qui n’est pas à prendre au sens péjoratif. Tout au contraire, il faut reconnaître à Little Goody Two Shoes un certain charme désuet qui saura à coup sûr satisfaire les plus nostalgiques d’entre vous.

Pour les autres en revanche, la direction artistique risque d’être rédhibitoire, voire même de provoquer un certain malaise quant à des formes et des corps souvent disproportionnés, à des visages ciselés et triangulaires, et à une ambiance issue d’un autre âge.

Créé via RPG Maker, Little Goody Two Shoes est un jeu à la technique bien entendu irréprochable. Aucun bug ni blocage n’est à signaler, l’optimisation est excellente et ne souffre jamais du moindre petit ralentissement.

Ma Sorcière bien aimée

Dans Little Goody Two Shoes, vous incarnez Elise. Cette jeune fille pleine de vie ne se sent pas à sa place au cœur de Keiferberg, un étrange village singulièrement obnubilé par la chasse aux sorcières.

Par un beau matin, elle découvre une paire de chaussures enterrées dans son jardin. Bien entendu, les enfiler va doucement la conduire dans une boucle infernale. Au gré des jours, elle se laisse glisser sur la pente de la folie, contrainte de masquer sa nouvelle nature tout en cherchant à se défaire de sa malédiction.

Inspiré du conte anglais éponyme de John Newbery en 1765, Little Goody Two Shoes est un titre qui, comme toutes les productions similaires, s’appuie avant tout sur son scénario et sur sa narration pour séduire.

Et si l’ambiance est bien retranscrite et le gameplay particulièrement satisfaisant, force est de constater que le jeu souffre de deux défauts majeurs, pour ne pas dire rédhibitoires : il est uniquement en anglais, et souffre d’un réel problème de niveau de langage.

Elise est une protagoniste insupportable et vulgaire, qui n’hésite pas à employer des expressions totalement dissonantes avec l’époque présumée de la narration. Cette discordance est particulièrement prégnante dans l’ensemble des dialogues, mais également au sein de quelques descriptions ; ce qui induit forcément que le joueur se trouve comme sorti de l’histoire.

Nonobstant ces deux points précis, il faut reconnaître à Little Goody Two Shoes un charme certain dans la présentation de ses divers événements, autant que dans la profusion d’actions à réaliser et de scénettes disponibles.

Un résultat en demi-teinte quant à la qualité d’écriture, donc ; mais un réel travail de fond fait avec passion qui se ressent.

Le cycle de la vie

L’originalité de Little Goody Two Shoes vient bien évidemment de son gameplay. Concrètement, le titre se décompose selon un cycle nycthémère.

Le jour, Elise doit travailler et nouer des relations sociales avec les villageois afin de parfaire sa couverture. Vous allez donc pouvoir donner rendez-vous à vos amis, profiter d’un moment agréable et en apprendre plus sur l’histoire et les relations des personnages. Mais il vous faut également travailler : ramasser des pommes ou des œufs, couper du bois ou effectuer un mini-jeu assez surprenant avec un rat.

Ces activités diurnes n’ont qu’un seul et unique but : glaner des sous. Avec cet argent, vous allez pouvoir vous rendre dans la boutique pour mieux faire l’acquisition d’objets indispensables à votre survie : de quoi vous nourrir, regagner de la vie ou de la santé mentale.

Car la nuit approche à grand pas, et c’est justement là que Little Goody Two Shoes prend tout son sens.

Une fois à l’abri de votre masure, votre héroïne va atteindre « l’heure de la Sorcière » ; un instant durant la nuit où les créatures surnaturelles surgissent. Elise, en tant que nouvelle sorcière, est indubitablement attirée par ces êtres surnaturels.

Vous allez donc sortir et devoir explorer les bois et autres donjons afin de vous rapprocher de l’endroit où vit la véritable sorcière, dans l’optique de briser enfin cette malédiction.

Comme dans beaucoup de jeux du genre, Elise ne peut pas combattre. Vous devez donc fuir, vous cacher ; mais aussi résoudre diverses énigmes afin de progresser. Les morts sont nombreuses, d’autant que ces moments sont également délétères pour sa santé mentale ; d’autant qu’elle y est contrainte de signer un pacte diabolique.

L’ambiance retranscrite est excellente, bien que les phases diurnes manquent clairement de diversité. Par chance, la durée de vie relativement courte du titre (quatre à cinq heures) permet d’éviter de tomber dans un ennui mortel à cause de la redondance des actions à mener. Malgré tout, il est un peu difficile d’y revenir en boucle afin de débloquer les 10 fins différentes.

J’aime

L

Très bon scénario

L

Deux gameplays différents

L

Un style graphique très agréable et rétro

L

Les phases nocturnes, clairement le plus du titre

L

Dix fins à découvrir

J’aime moins

K

Entièrement en anglais

K

Très peu d’activités diurnes

K

Une narration en dents de scie