Les Louvetiers du Roi de Serge Brussolo est un roman historique qui se déroule après la mort de Louis XIV.
Frédéric Lemât est un artiste de grand talent, spécialisé dans le trompe-l’œil. Mais c’est aussi un assassin émérite qui vend ses tableaux aux femmes qui souhaitent se débarrasser de leurs époux vicieux. Époux qui leur sont imposés lors de mariages arrangés : les marquises désargentées sont vendues aux plus offrants. Frédéric n’hésite pas à les aider grâce à son art. Grâce à un procédé chimique particulier, la lumière du soleil chauffe le poison imprégné dans la toile et cette dernière finit par répandre un produit toxique qui empoisonne l’occupant des lieux.
Parmi les clients de Frédéric, Timoléon de Garaban fait partie des plus fortunés. Défiguré, il cache son visage derrière un masque qu’il change selon ses humeurs. Ayant essuyé le refus de bon nombre de dames de haute naissance, il a demandé à Frédéric de lui construire des statues de cire à leur image après leur mort. Ces homoncules ont ensuite été conduits dans son sanctuaire secret.
Timoléon lègue à Frédéric un hôtel particulier. On prétend qu’un trésor y serait caché. En frappant 3 coups de maillet à un point précis, la caisse de résonance vibre et multiplie de nombreux échos, capables de détruire toute la bâtisse et libérer ce qu’elle renferme.
Alors que Frédéric s’y intéresse de près, un certain Ikônos fait parler de lui. Il est capable de créer des tableaux mirifiques, mais surtout prophétiques. En utilisant un processus chimique spécial, les couches de vernis s’écaillent pour dévoiler la scène cachée en dessous. Tous les Parisiens désirent acquérir une toile de ce grand maître. Frédéric en éprouve une jalousie très vive et en vient à souhaiter sa mort. Les Louvetiers du Roi sont persuadés que Frédéric et Ikônos ne font qu’un et essaient de se débarrasser de lui ; prédire l’avenir est un blasphème.
Timoléon, grâce à sa position et à sa fortune, fait passer Frédéric et son partenaire Lahuilette, pour ses propres valets, afin de les faire rentrer au service du fameux Ikônos. Julie, une femme qui ne manque pas d’intelligence, se joint à leur expédition. Tous les trois vont découvrir la réelle identité du peintre et surtout devoir survivre en milieu hostile…
Faits réels
Pour ce roman, Mr Serge Brussolo s’est beaucoup documenté afin de livrer un récit riche en détails authentiques. Comment était la vie juste après le décès du Roi Soleil ? On découvre qu’en vérité, ce Roi n’avait aucun talent pour la danse, le théâtre ou le chant ; mais que ses sujets préféraient flatter sa vanité plutôt que le lui avouer, au risque de subir de lourdes représailles… Les corsets causaient des dommages très graves aux femmes ; les organes descendaient, subissaient des lésions…
« Pour guérir la goutte et les rhumatismes, on coupait un chiot en morceaux et on le faisait bouillir ; la sauce résultant de cette cuisson, une fois réduite, constituait un élixir souverain contre la douleur. » Décidément, la cruauté de l’homme ne cessera jamais de me révulser…
La religion a créé des fanatiques. Le Père Lespades en est un parfait exemple dans cette histoire. C’était une époque de révoltes, les jacqueries générant des crimes infâmes.
Outre le contexte historique, fourmillant de détails et d’anecdotes ; l’histoire des Louvetiers du Roi est très intéressante. J’ai bien aimé cette idée de toiles prophétiques utilisées à l’aide de procédés chimiques. Toiles qui, bien évidemment, suscitent un trouble très intense.
La plume est excellente, comme toujours. Les réactions des protagonistes très réalistes. Je pense à la manière dont la peur altère le cerveau de Frédéric, ses mains prennent alors le relais de manière mécanique. Le bruit, tellement intense qu’il donne l’impression que ses dents vont se briser. Ce réalisme induit une meilleure immersion.
Serge Brussolo est mon auteur préféré depuis de très longues années. Il signe ici un excellent roman, une fois encore.
Conclusion : Peintures prophétiques et jacqueries
Les Louvetiers du Roi est un roman historique riche en documentation. Nanti d’un vocabulaire recherché, d’une histoire intéressante et d’un héros assassin doté de moralité ; c’est un livre excellent qui se déguste comme un bon vin.