Chronique de Misha

         Sans le savoir, je connaissais déjà l’auteure. Eh oui, j’ai beaucoup aimé L’Ours et le Rossignol (beaucoup moins la suite, que j’ai abandonné).

Un roman d’automne

         J’ai lu des commentaires positifs sur Terreur à Smoke Hollow. Ils le dépeignent comme un roman d’automne sympathique avec ce qu’il faut de frissons.

         Gros point fort : l’ambiance, effectivement. La pluie, l’amour des livres, les chaussettes, le plaid, le père d’Ollie aux fourneaux… Ce roman respire clairement l’automne.

         L’histoire se laisse suivre très facilement. La mère d’Ollie est décédée, la jeune fille a du mal à faire son deuil. Tout la ramène à ses souvenirs heureux. Mais un beau jour, elle tombe sur une femme qui essaie de jeter un livre pour le moins étrange dans la rivière. Ollie finit par le lui arracher des mains. Intitulé « Recoins », il ressemble à un journal intime. Il raconte la vie d’Elizabeth Morrison qui explique que ses fils « sont revenus » d’entre les morts après avoir passé un marché avec l’Homme qui Sourit…

         Ollie dévore ce livre dès qu’elle le peut (et non en une nuit comme le prétend le résumé d’origine…). À chaque fois qu’elle a un moment, elle avance sa lecture, en nous livrant des bribes. De fait, ce n’est jamais indigeste. Je déplore toutefois la narration de plusieurs passages du journal qui sont beaucoup trop dans la description, ce qui brise l’authenticité. Quand on rédige un journal, on ne l’écrit pas comme un roman justement. C’est spontané, sans fioritures. C’est le cas au début, puis les passages avec Caleb et Jonathan deviennent trop fournis. Elizabeth narre tout cela comme un roman et non plus comme un journal…

         Ollie reste persuadée qu’il s’agit d’un livre de fiction un peu bizarre. Jusqu’à ce qu’elle visite une ferme, dirigée par la jeune femme qui essayait de se débarrasser du livre.

         Les choses dérapent peu à peu. Un conducteur de bus affamé, aux lèvres très rouges lui explique qu’il va livrer tous les enfants à son maître. Des épouvantails s’animent la nuit et servent de portails à cette entité…

Un problème de classification

         Ils ont osé classer ce livre « Dès 8 ans »… Ça va dans votre tête ?! Ça me fait penser à la fois où je suis allée à l’espace culturel de Figeac et j’ai vu du Stephen King en section jeunesse… Vous êtes tarés ! Et, oui, j’ai lu Terreur à Smoke Hollow contrairement à vous visiblement. {Je m’adresse aux vendeurs illettrés, pas à vous lecteurs. Vous, vous êtes gentils, prenez un cookie !} Si le début se déroule sans anicroches, ce n’est pas le cas dans la suite… Et clairement, ce livre ne se destine pas à des gosses de 8 ans… Bon sang, lisez jusqu’au bout les livres que vous vendez ! Mais hélas, j’en demande trop là. On en revient à tellement d’autres exemples, comme Happy Tree Friends qui, parce que le graphisme était mignon, est passé sur une chaîne pour enfants… Alors qu’il y a des tripailles, c’est extrêmement gore et a traumatisé toute une génération…

         Eh bien là, c’est un peu pareil dans le sens où des gens qui ont lu quelques lignes se sont dit : « OK, on classe ça en jeunesse ! Allez 8-12 ans ! » Hum, est-ce que vous faites pareil dans votre vie privée ? Vous offrez ce bouquin à vos propres enfants ? No souci ? Sérieux ?

         Je m’insurge car c’est important ! On ne donne pas n’importe quoi à des enfants !

         Bien, mon coup de gueule étant passé, revenons au livre. Une lecture adéquate pour des ados qui souhaitent passer un moment frissonnant, oui. La plume (enfin la traduction) est très bonne. Il est facile à lire, honnête dans ses émotions. Le comportement d’Ollie dans son deuil, le mur entre son père et elle, son absence d’amis. Le décor est posé, il est authentique.