Hogwarts Legacy est un action-RPG qui se déroule dans l’univers d’Harry Potter, au XIXème siècle.
Bienvenue À Poudlard !
Vous démarrez l’histoire en intégrant Poudlard chez les 5èmes années. Une situation peu commune. Le Professeur Fig vous présente au Directeur Phineas Nigellus Black, un homme très antipathique qui exprime sa réprobation à votre arrivée. Vous êtes libre d’incarner une Sorcière ou un Sorcier, toutefois, la personnalisation est excessivement limitée ; la modélisation des protagonistes est… laide… Il n’y a que quelques archétypes proposés, le rendu des cheveux est immonde. Puisqu’il n’y a pas de roux dans le set de couleurs, j’ai opté pour du rouge…
Adeline Chetail, la doubleuse de l’héroïne féminine est tellement connue que je ne me suis pas sentie impliquée dans mon rôle au début ; il m’a fallu du temps pour m’y faire. Elle double très bien, là n’est pas la question. J’avais ses autres personnages en tête en l’écoutant parler : Yor Forger dans SPYxFAMILY, Ellie dans The Last of Us, Jinx dans Arcane, Steph dans Life is Strange: True Colors, Amalia dans Wakfu, Zelda dans The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom… C’est très perturbant, vous en conviendrez. Peut-être qu’une comédienne moins connue aurait pu interpréter ce rôle, mais Hogwarts Legacy étant un triple A, le studio a préféré s’appuyer sur des acquis solides.
Le Choixpeau vous pose trois questions à peine pour déterminer dans quelle Maison vous irez. J’ai trouvé ça trop rapide, on parle quand même d’une scolarité qui est censée durer de longues années. Même si vous arrivez en 5ème année, mieux vaut être en accord avec les convictions profondes de votre Maison. Sans surprise, je suis toujours Poufsouffle. Mes valeurs (Compassion, Honnêteté et Loyauté) se rapprochent le plus de celles du célèbre Blaireau.
Le bouton + sert à ouvrir votre menu, qui se compose de : votre Niveau actuel avec une jauge bleue pour indiquer le remplissage de l’expérience. Votre Équipement qui inclut 9 sections. Chaque item nécessite d’avoir le niveau requis pour être équipé. Votre Inventaire qui se limite à 20 emplacements pour vos pièces d’équipement. Vos Objets de Quêtes sont consultables ici. 36 espaces peuvent accueillir vos Ressources. Il vous est impossible de vendre vos Potions Wiggenweld (Potions de Soin) en stock.
Les Talents se répartissent ainsi : Sorts, Magie Noire, Cœur, Futivité et Salle sur Demande. Vous pouvez accroître les effets secondaires de votre Magie, vous rendre plus facilement indétectable, ou atteindre plusieurs ennemis en même temps par exemple.
Les Collections : Une compilation de tout ce que vous pouvez récupérer dans les diverses sections dédiées. Pages de Revelio, Balais, Invocations…
Les Défis ressemblent à ce qu’on peut trouver dans un MMO comme : Vaincre 60 Gobelins, Terminer 8 quêtes du scénario principal, Récupérer 50 pages du guide du Sorcier à Poudlard… Chacun donne de l’EXP et une récompense.
La Carte, je vais y revenir plus bas, car elle est, hélas, ultra buguée…
Diverses Quêtes jalonnent votre aventure, indiquées à l’aide d’un curseur doré pour la quête principale, et gris pour les secondaires. Elles sont localisables sur la Carte. Le niveau requis pour l’histoire principale n’est pas au point. Une fois que toutes les quêtes annexes disponibles sont terminées, que votre personnage est niveau 13 et que le scénario principal suggère un niveau 3 pour la suite… Il y a comme un souci.
Hibou Express : Il amène votre courrier. Étrangement, chaque lettre s’accompagne de la voix de votre interlocuteur, malgré le fait qu’il ne s’agisse pas de Beuglantes.
Les Paramètres : Vous pouvez sauvegarder et ajuster vos préférences. Excellent point : la possibilité de désactiver les secousses de caméra, sans quoi, je n’aurais pas pu le faire.
Vous pouvez assignez 4 Sorts simultanément, modifiables selon vos besoins du moment. Il est possible d’en déverrouiller davantage par la suite.
Ça Ne Vaut Pas La Carte Du Maraudeur !
La Carte mérite une section rien qu’à elle. Combien de fois ai-je appuyé sur X depuis l’emplacement des Quêtes pour localiser ma destination. La Carte m’indiquait un endroit, puis me demandait de faire demi-tour, puis de me rendre dans un tout autre endroit… Une porte notamment : j’entre, les empreintes de pas me signalent qu’il faut poursuivre en ce sens… avant de changer de direction en sens inverse… Et rebelote… 5 minutes après, la Carte m’informe qu’il faut en fait descendre l’escalier. Elle n’aurait pas pu commencer par-là ?
On se perd obligatoirement dans Poudlard. Il y a des escaliers partout, des étages, des ailes qui recoupent le château ; 7 zones dont chacune implémente plusieurs Flammes de Cheminette pour se téléporter, des passages secrets… Cet agencement n’est pas intuitif ; la Carte, mal aboutie, est un réel frein pour l’appréciation globale du jeu. Il faut continuellement bouger, aller dans tel hameau, récupérer des quêtes, explorer des ruines, des grottes etc… Alors, imaginez le calvaire pour avancer correctement dans ces conditions…
Au sein de Poudlard, vous devez effectuer un zoom dans chaque aile pour discerner les PNJ qui souhaitent vous donner des quêtes. Ils sont affichés avec un curseur gris. Je n’ai pas remarqué de limite de temps et vous n’avez pas non plus l’obligation d’accomplir toutes les quêtes annexes.
Si vous enfourchez votre balai, il se peut que les points dorés qui aiguillonnent votre destination disparaissent… J’ai eu ce bug pour la Quête de la Fugitive, une araignée géante qu’il faut abattre dans sa grotte. Et, bien sûr, il est interdit d’utiliser un balai à Pré-au-Lard, mais 1 mètre plus loin c’est bon, pas de problème ! Pas logique du tout. Voir Lodgok le Gobelin dans l’horizon, mais appuyer quand même sur Y parce que ce n’est plus la même zone, ça sort du contexte.
Ambiance
Le plus gros point fort d’Hogwarts Legacy réside dans son ambiance mystérieuse. Elle retranscrit fidèlement celle d’Harry Potter, malgré le fait que l’époque choisie soit… anachronique. Il est plaisant d’explorer, de savourer les changements de la nature au fil des mois. Les musiques collent à merveille en maintenant toute cette magie et ces dangers tapis dans l’obscurité. Poudlard est loin d’être un endroit sûr… Il y a beaucoup d’ennemis, autant dans l’école qu’à l’extérieur. Même Pré-au-Lard n’est plus préservé…
Toutefois, les anachronismes sont nombreux. À commencer par la Professeure Kogawa quand elle dit : « Ce n’est pas fun. » Non, un Professeur du XIXème siècle ne tient pas ce langage… Sans évoquer celui de tous les autres personnages, qui banalisent la familiarité et l’absence de vocabulaire. Il n’y a pas le vouvoiement d’usage, le maintien, la cohérence diégétique… Et, non, l’homosexualité était sévèrement punie à l’époque. Les femmes finissaient malheureusement internées, car c’était considéré comme une maladie mentale… La femme était extrêmement brimée et n’avait pas le droit de rire trop fort, d’exprimer une joie intense, une tristesse profonde, de la colère excessive ou encore d’être marginale ; sans quoi son époux ou sa famille l’internait. Elle devait une totale obéissance à ses aînés et à son mari, étant par définition dénuée d’esprit selon la croyance populaire… Dois-je vous rappeler qu’autrefois, les pères mariaient leurs filles avec une dot ? Oui, ils les vendaient dans des mariages arrangés…
La lobotomie a été créée en 1935, soit un peu plus tard que la période d’Hogwarts. Une horreur sans nom… En revanche, l’hydrothérapie remonte aux années 1800, donc en usage dans Hogwarts. Les femmes se faisaient torturer en se faisant asperger d’eau glaciale, sans parler des autres sévices qu’elles taisaient… Beaucoup finissaient violées là-bas, battues ; elles perdaient réellement la raison au final… Plus tard, une fois la lobotomie instaurée, elles ne pouvaient plus se plaindre, et qui les aurait cru de toute façon ?
De fait, entendre une Sorcière parler de « sa femme » est impossible, pas à cette époque, avec tous les risques qu’elles encouraient. La Sorcière aurait pu employer le mot « amie » pour conserver un flou volontaire à l’oral.
Autre anachronisme : Sirona Ryan, la tenancière des trois Balais. Elle raconte que peu de gens la reconnaissent, car ils l’ont connue en tant que Sorcier, ce pourquoi elle apprécie Lodgok. Nous savons que le Professeur Ésope Sharp était Auror en 1875, que votre personnage intègre Poudlard en 1890 (soit 2 ans avant l’arrivée d’Albus Dumbledore).
Une des premières opérations transgenres remonte à 1930, celle de Lili Elbe. Ces dernières étaient encore au stade expérimental ; Lili Elbe est malheureusement décédée d’une infection après que son corps ait rejeté la greffe…
Il est concevable que Hogwarts Legacy essaie d’inclure toutes les communautés, toutefois, cet anachronisme heurte l’histoire. Peut-être aurait-il fallu choisir une époque plus récente ?
Concernant les lunettes de soleil, les toutes premières ayant été créées en 1752, c’est logique d’en disposer.
Pas De Réel Libre Arbitre
Le libre arbitre est biaisé. Je m’en doutais déjà lorsque j’ai refusé de récupérer un item dans le bureau du Professeur Sharp pour Garreth. Le Professeur m’a alors dit : « Ça va pour cette fois. » Comme si j’avais validé cette quête… Non, mon personnage n’est pas une voleuse. Ne m’imposez pas ce méfait sous un vernis de libre arbitre qui n’existe pas. Puis, quand un marchand a répondu à côté durant les dialogues, cela n’avait aucune cohérence. Mais c’est surtout lorsque j’ai exprimé mon refus à l’idée de suivre un élève de Serdaigle en balai que le jeu m’en a empêché. Il m’a forcé à le suivre et donc m’attirer le mécontentement de la Professeure. Ça m’a fortement déplu…
Au final, vos choix n’ont aucune incidence, puisque tout est cousu de fil blanc, peu importe vos aspirations rôlistiques. Ce manque cruel de liberté dessert royalement cette itération qui met à l’honneur votre personnage, détenteur d’une Magie ancestrale.
Bugs À Gogo
J’ai déjà cité la Carte plus haut. Mais ça ne s’arrête pas là… Le butin qui s’affiche dans le vide, l’absence de cercle d’attente pour commencer le cours de potions. Il faut passer de la nuit au jour manuellement. Le balai qui se coince dans les textures, les cheveux de mon personnage qui débordent du capuchon… J’ai arrêté de porter des capes en conséquence. Ce portage Switch aliase énormément, malheureusement…
La Salle sur Demande est extrêmement ennuyante. Vous pouvez identifier des objets trouvés, certes. Vous pouvez meubler avec des établis, des décorations… En bref, avoir un endroit à vous, mais pas vraiment. Votre chambre ne bénéficie pas de cette fonctionnalité. Cette appellation de Salle sur Demande a un côté très impersonnel.
Votre personnage ne dort jamais. Le jour et la nuit se succèdent sans jamais le fatiguer, ou alors il dort par terre dans le cercle d’attente. J’imagine le Professeur Sharp découvrir votre personnage allongé dans sa classe lorsque son cours va commencer : « Eh bien, en voilà une qui a bu une potion qui n’était pas au programme… Des points en moins pour Poufsouffle ! » Oui, mais combien ? Durant toute la partie, on vous dit « Des points pour Poufsouffle ! », ou pour d’autres Maisons, mais combien ? Nulle quantité n’est indiquée et les Sabliers sont parfaitement égaux. Je pense qu’un éclaircissement aurait été judicieux, et surtout un système temporel comme dans Persona 5 pour vous situer : tels cours pendant la demi-journée, telle action pour avancer la timeline. Sobre et efficace. Car passer au mois suivant parce que vous avez rempli votre quota de quêtes dans le scénario principal, mais que ça ne fait absolument pas 30 jours… Eh bien, encore une fois, ça casse la diégèse.
Tout le jeu est intégralement doublé en français. Si la plupart des comédiens de doublage sont corrects voire bons, leur intonation est trop souvent insipide. Je pense notamment à Fig au tout début : « Oui, ma femme Myriam est morte. Nous devons mener l’enquête. » On aurait dit un robot… Cet homme vient de perdre son épouse et ça ne l’affecte pas plus que ça… Et je ne parle même pas du recyclage de doubleurs qui se chargent des PNJs. On perçoit un manque de vie fréquent, et une absence d’implication régulière, surtout chez les voix additionnelles.
Grosse déception concernant le personnage d’Isidora Morganach. J’espérais sincèrement que son but était d’infiltrer Poudlard pour se venger.
La progression du scénario principal est tellement longue… Il y a constamment des allées et venues à effectuer, des quêtes principales et annexes, des nouveaux lieux à atteindre… Habituellement, j’aime tout fouiller dans un RPG. Mais cette fois, il s’agit d’un open world, ce qui n’est pas dans mes habitudes de joueuse. En conséquence, j’ai préféré ne pas trop m’éloigner des sentiers, quitte à passer à côté d’équipement légendaire.
Malgré ses nombreux défauts, l’atmosphère est attrayante. Utiliser le sort Revelio et dénicher des pages qui révèlent des détails sur l’objet/lieu concerné est plaisant. S’imprégner de cet univers a quelque chose de très distrayant ; proposer un format consacré au scénario principal pour les joueurs qui préfèrent suivre l’histoire aurait été bénéfique, avec une correction de bugs digne de ce nom, bien entendu.
Plutôt que de proposer un patch correctif, Hogwarts Legacy 2 est actuellement en développement. De jeu solo, il basculera au format de jeu en ligne à contenu payant… Espérons que cette démarche ne détruira pas cet univers, extrêmement riche et respectueux.