Dragon Quest Builders 2 est, comme son nom l’indique, la dernière itération de la licence de spin-off « Builders » de Dragon Quest.

Sorti en 2016 en exclusivité temporaire sur Ps4 et PsVita, le premier Dragon Quest Builders proposait une aventure à la fois originale et éloignée de vos habitudes de la série. Véritable bac à sable faisant évoluer la formule traditionnelle des Minecraft-like, il en ressortait un jeu sympathique bien qu’imparfait.

Devant son succès, il était évident que Square Enix voudrait capitaliser sur la licence en sortant une suite. Ce dernier est disponible depuis décembre 2018 et promet moult évolutions incroyables. Mais ne serait-ce pas là qu’une énième fumisterie du géant nippon ?

Editeur(s)
Nintendo
Sortie France
12 juil. 2019
PEGI
+7 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

 

T’as vu mon gros marteau ?

Suite directe du premier opus, Dragon Quest Builders 2 vous met cette fois dans la peau d’un illustre inconnu censé, une fois n’est pas coutume, sauver le monde grâce à son pouvoir de construction.

Bien plus scénarisé que son grand frère cependant, le titre vous amène via une histoire… longue… sur plusieurs îles proposant des biomes aux objectifs variés. Comptez à minima une cinquantaine d’heures pour en venir à bout (toujours en prenant le temps de vous amuser).

Si cette durée de vie peut paraître colossale, elle est cependant et paradoxalement son principal défaut.

En effet, Dragon Quest Builders 2 prend son temps. Beaucoup trop. Une fois l’introduction bouclée et la première île atteinte, vous comprenez la supercherie : tout le jeu n’est qu’un immense tutoriel qui s’éternise, traîne, s’étire ; pour mieux ne laisser en bouche que le goût amer d’une perte de temps injustifiée.

Si les divers environnements sont sympathiques et agréables, si les découvertes sont nombreuses ; il n’en demeure pas moins que dans ce type de jeu il n’y a bien qu’une seule chose qu’attend le constructeur avisé : la liberté de créer.

Bien entendu, ce même grief était déjà fait dans le premier opus… à la différence que l’intrigue principale pouvait se boucler en une dizaine d’heures tout au plus !

Pourquoi est-ce gênant ? Imaginez lancer Minecraft ; et que le jeu vous dise « construire des vitres pour ta maison ? Euh ouais… non. Désolé mais tu ne peux pas. Il faut d’abord faire une série de quêtes interminables pour apprendre comment faire ». Voilà le concept de Dragon Quest Builders 2.

Tout au long de votre aventure, vous allez apprendre comment confectionner une pièce, une maison, un lit, une arme, des objets de soins, etc. Et si le titre se montre, au final, extrêmement généreux quant à son impressionnante liste de craft ; demeure le sentiment étrange que tout aurait pu simplement vous être offert dès le début, pour mieux vous laisser vous amuser selon votre propre imagination.

Et ce choix fait par les développeurs de distribuer avec parcimonie les divers plans aurait pu être justifié si les méthodes de constructions étaient complexes ; mais vous êtes, de nouveau, ici face à un Minecraft like tout ce qu’il y a de plus classique : vous brisez des blocs, récupérez des minerais, avant de les combiner. Point.

Il ne faut guère plus d’une dizaine de minutes montre en main, même pour un parfait néophyte, pour comprendre le principe. Alors, pourquoi vouloir restreindre le joueur ainsi, simplement pour servir une narration particulièrement creuse ?

Là est le cœur du problème : chaque nouvelle île va vous enseigner un nouveau type de gameplay, intrinsèquement lié à l’histoire. Il faut, par exemple, atteindre la première pour découvrir toutes les nuances de l’agriculture (entre autres). Et chaque plantation se débloque via une série de quêtes scénarisées pour vous apprendre comment planter du blé ou des choux… strictement de la même manière.

Si une telle structure narrative peut se justifier pour la récupération des différents outils disponibles ; elle est beaucoup moins logique concernant le craft en lui-même et casse totalement votre inspiration et vos envies non seulement en vous bridant, mais également en vous demandant parfois de simplement détruire ce que vous venez de réaliser pour créer une pièce moins évoluée !

Particulièrement frustrant et décevant la première fois, vous allez rapidement abandonner toute velléité de bâtir des villes complexes pour mieux suivre bêtement ce que le jeu vous demande sans oser la moindre petite folie.

Et les heures s’égrènent lentement dans Dragon Quest Builders 2, vous dépossédant petit à petit de toute envie d’originalité pour mieux suivre les directives comme un gentil robot, qu’importe que ce que demande le jeu soit intéressant ou d’une affligeante banalité… jusqu’au moment où tous vos rêves se brisent lorsque, à la fin d’un biome, le titre vous indique que l’ensemble des habitants décident… de quitter le village pour rejoindre votre « base » principale, vous laissant pantois devant le temps perdu.

Et rebelote dans une nouvelle zone.

À deux, c’est mieux.

L’une des plus grandes promesses de ce Dragon Quest Builders 2 est sans nul doute son mode multijoueur. Pouvoir parcourir un vaste monde, combattre des ennemis, accomplir des quêtes et construire avec un ami ; voilà qui sur le papier est alléchant.

Et c’est une nouvelle désillusion qui vous est assénée comme un coup de massue. Vous ne débloquez cette possibilité qu’une fois l’histoire principale bouclée. Exit donc tous vos rêves de jeu en multi, du moins jusque-là…

Et il faut, bien entendu, que chaque joueur ait atteint ce point pour voyager ensemble. Très fun, donc ; surtout quand on constate à quel point il est aisé pour un amateur du genre de quitter le titre pour se ruer sur la myriade de jeux similaires mais plus libres qui existent.

Cependant, les développeurs semblent avoir pensé à tout. Aussi, en lieu et place d’un ami fait de chair et d’os, le jeu vous impose un compagnon. Votre Végéta personnel, sorte de bro de la destruction, qui est tout votre opposé et sert de climax totalement prévisible à l’intrigue.

C’est un échec total. Totalement dissident, il va parfois détruire vos constructions en voulant taper un ennemi, partir tout seul à l’assaut, ou simplement se bloquer contre un décor. Il est tellement omniprésent dans votre vie, que chaque moment où le titre va vous demander de partir seul en exploration en devient salvateur.

Il faut également s’occuper de lui, de son équipement, de sa santé ; comme si vous aviez la charge d’un chiot malade. Par chance, une fois l’aventure bouclée, il vous quitte et vous permet de réellement profiter du jeu ; que ce soit seul ou avec vos vrais amis.

Un modèle économique discutable

Petite cerise sur le gâteau, Dragon Quest Builders 2 vous propose régulièrement de passer par la boutique pour acheter du contenu supplémentaire.

Certes de qualité et offrant de nouvelles options de décorations très appréciables ; il faut tout de même compter environ 10€ pour chacun d’entre eux (ou l’achat d’un pass saisonnier à 21€).

C’est bien trop cher, surtout pour un jeu vendu 60€ et qui ne bénéficie pratiquement jamais d’aucune remise sur les boutiques en ligne.

Des possibilités infinies

Mais Dragon Quest Builders 2 dispose malgré toutes ses tares de bons côtés. Et le premier est indubitablement le nombre conséquent de recettes qu’il va vous mettre entre les mains.

Rapidement, vous vous découvrez une âme de bâtisseur et pouvez réaliser des constructions incroyables ; de la petite bicoque sur la plage à l’immense château, en passant par tout ce que votre imagination peut proposer.

Bien plus complet en la matière que la majorité des jeux du genre ; une fois la fin de l’aventure atteinte, les propositions sont tout simplement vertigineuses. Et vous ne vous priverez jamais d’en profiter.

D’autant plus que le jeu vous offre une possibilité unique : la gestion de votre propre ville.

En effet, la majorité des personnages secondaires que vous allez rencontrer peuvent être « recrutés » sur votre île principale, passant d’une ruine déserte à une véritable mégalopole grouillante de vie.

Généralement présent dans les jeux similaires comme une zone annexe, cet endroit sert de cœur au scénario tout en vous offrant un terrain de jeu libre et dénué du moindre monstre. Une excellente idée pour mettre en pratique l’ensemble de vos « apprentissages ». Au gré de la partie, cette dernière va se peupler de plus en plus ; passant d’une ruine désolée à une mégalopole grouillante de vie.

Et chaque PNJ a ses petites exigences. Il faut leur offrir un toit, un lit, de quoi manger et s’occuper. La principale qualité du jeu apparaît alors, puisque vos habitants ne se contentent pas d’être de vulgaires modèles statiques. Ils vont vivre, se déplacer, utiliser vos constructions pour s’amuser, se détendre ou même travailler.

Vous avez ainsi la possibilité de leur assigner une résidence, des propriétés privées, un emploi ; afin de les voir évoluer et vous aider réellement dans vos tâches quotidiennes. Ils peuvent même se servir dans les coffres publics ou les remplir de ce qu’ils récoltent.

Cette partie « gestion » est diablement agréable à prendre en main et on se plaît vraiment à améliorer la qualité de vie de toute cette population.

Malheureusement et, bien que le jeu ne vous limite pas réellement, vos habitants ne s’aventurent jamais au-delà d’une zone prédéterminée, vous restreignant ainsi dans vos envies de créer des réseaux urbains complexes.

Un véritable RPG

L’autre force de Dragon Quest Builders 2 est de vous proposer une aventure relativement riche. Vous êtes ici devant un RPG en temps réel, avec ses combats, ses monstres iconiques issus de la licence, ses boss, etc.

Basher du mob est donc indispensable pour gagner en puissance, de même que de crafter de nouvelles armes. Les zones à explorer sont immenses et riches de nombreux secrets (énigmes, coffres et zones optionnelles).

Le monde est plaisant à parcourir de bout en bout, d’autant que Square Enix a eu l’intelligence de mapper des boutons spécifiques pour votre arme et vos outils. Ainsi, et contrairement à d’autres jeux du genre, vous n’aurez pas à continuellement naviguer dans votre barre d’objets pour vous battre. Tout se fait très simplement, avec fluidité, sans jamais casser le rythme.

J’aime

L

Graphiquement joli

L

Des biomes très diversifiés

L

Un véritable RPG

L

D’énormes possibilités de construction

L

Un système de gestion bien pensé

J’aime moins

K

Trop dirigiste

K

Une aventure qui n’est rien d’autre qu’un tutoriel géant

K

Votre « compagnon », inutile et frustrant

K

Un mode multijoueur déblocable uniquement à la fin de l’aventure