Harvest Moon: The Wind of Anthos est la dernière itération de la légendaire saga signée Natsume. Depuis le schisme de son équipe principale de développement, l’éditeur a enchaîné les productions au rabais et sans ambitions.

Malgré une belle tentative de se renouveler via son dernier opus, Un Monde à Cultiver ; ils continuent de s’enfoncer face à la concurrence des productions Marvelous, systématiquement plus qualitatives et novatrices.

C’est désormais certain : Natsume est devenue un studio indépendant uniquement capable de sortir des titres médiocres. Chronique d’un nouvel essai qui peine à convaincre.

Editeur(s)
Natsume
Sortie France
06 oct. 2023
PEGI
+3 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

Attack on Titans

Tout commence par une « cinématique » (utilisant le moteur du jeu) dénuée du moindre doublage ni sous-titre, vous expliquant bien difficilement les bases scénaristiques de ce Harvest Moon: The Wind of Anthos.

Vous y retrouvez la Déesse et ses lutins, usant de leurs pouvoirs afin de sauver la vallée d’une terrible éruption volcanique. La séquence, particulièrement mal mise en scène, se termine sur l’image d’une bouteille dérivant dans le fleuve.

Dix ans plus tard, le jeu vous invite à créer votre personnage. Un premier contact avec le « vrai jeu » on ne peut plus décevant, tant l’outil mis à votre disposition est succinct.

Outre le sexe, la couleur de la peau, des yeux et des cheveux ; vous ne disposez d’aucune option afin de personnaliser l’avatar de vos rêves. Vous voilà de fait contraint d’incarner un héros terriblement lambda, au sourire niais et à la tête de benêt.

Via une narration forcée pour vous enseigner les bases de son gameplay, Harvest Moon: The Wind of Anthos tente de vous introduire également à son histoire : alors qu’il pourchassait une poule, votre personnage trouve la fameuse bouteille contenant… le dernier message de la Déesse.

Vous voilà donc parti pour une longue (et insipide) quête afin de la sauver, tout en aidant au passage les désormais usuels lutins de la nature.

Votre grande aventure débute au sein du petit village de Lenctenbury, dans lequel votre héros vit isolé du reste du monde. Après cette fameuse éruption, la Déesse a érigé de hauts murs afin de protéger la bourgade, au détriment de la liberté de ses habitants.

Les soucis de cohérence s’enchaînent à une vitesse folle (les événements narrés, pourtant vieux d’à peine dix minuscules années, sont déjà considérés par certains comme une « légende ») et peinent à convaincre. Reliquats visibles de quelque chose de bien plus ambitieux, ce scénario tire clairement son inspiration… de l’attaque des Titans.

Vous apprenez rapidement en effet que « quelque chose vit dans le mur ». Votre première mission principale consiste donc à enquêter afin de découvrir la vérité (spoiler qui ne surprendra personne : c’est un lutin).

Particulièrement mal écrit, le scénario de ce Harvest Moon: The Wind of Anthos ne brille jamais. Certes, le titre bénéficie d’une localisation française… mais la qualité de cette dernière laisse tant à désirer que certains passages en deviennent pratiquement incompréhensibles.

Ainsi, la course à pied est ici traduite par « précipitation » et son didacticiel vous apprend que « le fait de s’élancer épuise considérablement votre endurance ». Une génération aléatoire de termes, visiblement faite via un logiciel particulièrement mauvais ou une I.A. non maîtrisée.

Légende Harvest Moon: Arceus

Après deux bonnes (et interminables) heures d’un classicisme assez hallucinant, votre héros parvient à « ouvrir » ce fameux mur tout en libérant au passage le lutin. Bien entendu, vous réalisez que cette première partie n’était rien d’autre qu’un tutoriel particulièrement mal pensé et bien trop long pour son propre bien.

Désormais libre, il va vous falloir voyager par monts et par vaux pour accomplir votre destin… au sein d’un véritable Open-World qui n’est clairement pas sans rappeler celui de Légende Pokémon : Arceus.

Vous pouvez ainsi vous balader librement dans de très vastes étendues, y couper des arbres, casser des cailloux… ou traquer des animaux sauvages.

Pour ce faire, il faut maintenir RB afin de vous accroupir pour mieux vous approcher de ces derniers (ainsi que des « flammes de la moisson ») dans le but de les dresser ou d’interagir avec eux.

Et cette partie est… étrangement agréable. Bien que les problèmes de maniabilité et les possibilités offertes par le titre soient relativement restreints (nous y reviendrons ultérieurement), force est de constater que cette nouvelle direction prise par Natsume apporte un véritable vent de fraîcheur (ou devrais-je dire, un « vent d’Anthos ») à sa licence tout en proposant une exploration inédite dans ce type de production.

Les environnements sont vastes, les biomes variés et le périple vraiment attrayant. Au gré de vos pérégrinations, vous allez également pouvoir découvrir de nombreux petits villages, tous riches de leurs PNJ et quêtes.

Bien que cet Open-World puisse sembler bien vide et son level design relativement plat, l’idée même de proposer une vision résolument différente et novatrice d’une simulation de ferme est une surprise à saluer.

Il en résulte un titre relativement long, plaisant, qui tente une évolution de sa formule sans simplement se reposer sur ses acquis.

Bien entendu, les saisons défilent et la vie dans la vallée ne cesse également de s’enrichir à mesure que vous progressez. Les différentes fêtes et événements sont au diapason de cette nouvelle formule, c’est-à-dire particulièrement agréables et divertissants. Que ce soit lors de concerts en automne, de concours canin ou d’autres courses de chevaux, il y a toujours quelque chose à faire dans Harvest Moon: The Wind of Anthos.

Un gameplay toujours plus simplifié

Harvest Moon: The Wind of Anthos continue sur la voie déjà débutée sur Un Monde à Cultiver (le précédent opus de la série) en proposant une vision résolument plus accessible des simulations de ferme.

Ainsi, le titre perd sa « barre d’accès rapide » vous contraignant à choisir le bon outil, au profit d’une utilisation automatique en fonction de la situation uniquement via le bouton A.

Pour vous occuper de vos plantations, il suffit donc de vous approcher d’une case de terre puis d’appuyer sur ladite touche pour labourer. Une nouvelle pression vous invite à planter une graine, puis sélectionne automatiquement l’arrosoir, les engrais ; avant de vous permettre de récolter.

Il s’agit là peu ou prou de la maniabilité d’un titre comme Pretty Princess: Magical Garden Island ; soit une vision bien plus simple et facile de ces mécaniques.

Une très bonne chose, qui destine plus le titre à des joueurs occasionnels qu’aux habitués de la licence… mais qui souffre malheureusement de nombreuses imprécisions particulièrement délétères.

Il n’est pas rare de « viser » la mauvaise case à cause de cette maniabilité bien trop rigide, d’utiliser un engrais au lieu de récolter, ou simplement de ne pas parvenir à enchaîner de manière fluide une commande.

Il en va de même concernant la prise en main de l’intégralité des fonctionnalités du titre. Harvest Moon: The Wind of Anthos est un jeu bâclé sur cette partie, qui de plus souffre de nombreuses malfaçons horripilantes et de temps de chargements constants sur Nintendo Switch (à chaque changement de zone, entrée dans un bâtiment, etc.)

Une tannée qui ruine grandement l’immersion et gâche indubitablement les idées pourtant généreuses mises en place par le studio.

On regrettera également que cette velléité de simplification s’accompagne par des mécaniques incroyablement classiques concernant les actions à effectuer. Malgré l’envie de se renouveler, Natsume vous livre ici un titre particulièrement basique quant aux cultures, animaux, à la pêche et autres mines.

Les zones de cultures, relativement petites, ne permettent pas non plus d’assouvir vos envies d’expansion. De plus il n’est plus possible de construire le moindre bâtiment annexe ni de réellement personnaliser son logis (outre quelques options préétablies vraiment peu nombreuses).

Malgré tout, quelques idées sont à saluer, telles que la possibilité de voir s’afficher au-dessus de chaque plantation son « stade » de pousse, ou son niveau d’engrais (et donc la possibilité d’obtenir de meilleures cultures).

Techniquement… délicat

Harvest Moon: The Wind of Anthos est un jeu visuellement moyen. Nonobstant le peu d’options de personnalisation de votre protagoniste, l’intégralité des personnages et décors dispose de textures en basse résolution et d’animations rigides et peu naturelles.

Certes, l’évolution depuis les épisodes précédents est notable et Natsume semble enfin sur de bons rails ; mais le résultat est malheureusement encore bien trop insuffisant pour convaincre, surtout face à la concurrence proposée sur la même plateforme.

Il manque en réalité au jeu un « supplément d’âme », une direction artistique originale ou une identité visuelle particulièrement reconnaissable.

Pourtant, certains panoramas sont particulièrement jolis, les saisons marquées et fortes de petits effets qui donnent envie de poursuivre l’aventure.

Malheureusement, Harvest Moon: The Wind of Anthos souffre d’une technique et d’une optimisation totalement ratée. L’aliasing est omniprésent, les chutes de fréquences d’images régulières.

Oubliez dès lors le mode TV, qui souffre encore plus de ce manque d’optimisation, pour préférer jouer sur votre Switch en portable. Le jeu devient enfin à peu près correct et peut enfin être apprécié à sa juste valeur.

J’aime

L

Un open-world plaisant

L

Des mécaniques simplifiées

L

De nombreux villages

L

Des événements sympathiques

J’aime moins

K

Une maniabilité frustrante

K

Techniquement dépassé

K

Sans identité visuelle

K

Une Traduction française au rabais