Double Dragon Gaiden: Rise of the Dragons est le douzième opus de la licence éponyme, bien connue des amateurs de jeux d’arcade des années 80/90 comme étant l’un des principaux représentants du beat’em up.

Pour tout trentenaire qui se respecte ; Double Dragon est une institution. Entre les jeux vidéo, produits dérivés ou encore le film (avec Marc Dacascos et Alyssa Milano) ; la licence a été exploitée jusqu’à la dernière goutte de fun afin d’en retirer jusqu’au dernier centime exploitable.

Quoi de plus logique donc, que de la retrouver en 2023 ?

Billy et Jimmy, des jumeaux pourtant si différents

Double Dragon Gaiden: Rise of the Dragons vous met dans la peau de Billy et Jimmy Lee, deux maîtres de karaté déterminés à nettoyer les rues de Metro City des gangs qui les contrôlent.

Conçu comme un redémarrage de la franchise, le jeu vise à séduire à la fois les joueurs nostalgiques et une nouvelle génération en prenant clairement pour modèle… le film de 1994. Que ce soit dans le design, les environnements, les ennemis ou le scénario, tout évoque ce film culte d’une époque révolue que beaucoup préféreraient oublier. Cependant, certaines choses semblent indestructibles.

En 2023, point de demoiselle en détresse. L’intrigue originale de la série est remplacée par un groupe d’individus déterminés à botter les fesses des punks à grands coups de tatanes.

Il est inutile de préciser que le jeu ne brille pas par un scénario complexe ni par une histoire captivante. Est-ce un problème ? Eh bien… oui et non. Pour être clair, il est évident que de nombreux joueurs pardonneront à un beat’em up de se concentrer davantage sur son gameplay que sur son histoire. Cependant, à l’époque, Double Dragon s’était également distingué par son scénario et sa narration innovante.

Bien que basique, l’histoire guidait nos deux héros à travers différents niveaux logiquement reliés, les menant à la libération de Marian des griffes du dernier boss, suivi d’un combat fratricide entre eux. Cette version de 2023 parvient à faire encore moins, vous plongeant directement au cœur de l’action sans le moindre contexte.

Conçu sous forme de Roguelite, le jeu de Secret Base vous propose d’explorer différents quartiers dans l’ordre de votre choix. Chacun est sous l’emprise d’un gang particulier qui se renforce à chaque étape de votre voyage. La principale nouveauté apportée à la franchise est également son principal (et presque unique) attrait.

Nouveaux ennemis, adversaires plus puissants et mieux équipés… progresser à travers les niveaux peut devenir un défi de taille à mesure que vous nettoyez les rues. Bien sûr, en tant que Roguelite, divers bonus ponctuent votre progression pour vous aider dans votre mission.

Cependant, la redondance inhérente au genre demeure présente, et vous finirez par ressentir de la lassitude, car les missions se répètent sans proposer le moindre contenu original ou différent. Seule la quantité et la puissance des ennemis, ainsi que leur équipement, changent.

Ocean 13

Ce Double Dragon Gaiden: Rise of the Dragons vous propose d’incarner l’un de ses treize personnages jouables ; à condition de les avoir débloqués au préalable. Au départ, seuls quatre sont disponibles (Billy, Jimmy, Marian et l’oncle Martin). Les autres viennent s’ajouter au fur et à mesure à ce roster en accomplissant divers objectifs annexes. Au final, vous allez pouvoir recruter des héros iconiques de la licence autant que des boss emblématiques de ce dernier opus.

Le premier point positif du titre, cette fine équipe s’avère particulièrement surprenante et diversifiée. Chacun des personnages dispose de son propre gameplay, de ses coups et de sa maniabilité. Que ce soit parmi les premiers ou les suivants, les sensations sont uniques et réellement différentes.

Certains sont plus lents, tapent plus forts, disposent de combos uniques ou sont plus utiles à distance. Malgré la redondance globale du titre, il s’avère particulièrement plaisant de tous les débloquer.

Double Dragon Gaiden: Rise of the Dragons propose, comme l’intégralité de ses prédécesseurs, de partir à l’aventure à plusieurs. Désormais, l’intérêt est rehaussé par la diversité des protagonistes qui permet toutes les folies entre amis. Enfin, « propose » n’est sans doute pas le bon mot ; puisqu’il est désormais impossible de jouer totalement en solitaire.

Au lancement, vous devez en effet obligatoirement sélectionner deux personnages. Si vous jouez en multi, chacun dirige l’un d’entre eux. Dans le cas contraire, vous pouvez switcher de personnage à loisir. Et si cette prise en main est déroutante dans les premières minutes, son utilité ne fait aucun doute, puisque ce changement s’accompagne d’une attaque de zone particulièrement efficace pour vous sortir d’un mauvais pas.

Si ce roster conséquent peut séduire de prime abord, sachez cependant que tous les personnages n’ont malheureusement pas bénéficié du même soin, ni d’un traitement équivalent. Ainsi, rapidement, vous allez vous rendre compte que la majorité d’entre eux sont plutôt anecdotiques en comparaison aux héros iconiques de la série. Par « chance », Double Dragon Gaiden: Rise of the Dragons n’est pas un jeu particulièrement difficile, que ce soit en solitaire ou à plusieurs. Certes, il s’agit d’un divertissement agréable pour quelques soirées entre amis, mais qui n’atteint pas la superbe d’autres jeux du genre.

Pourquoi ? Eh bien…

La lie du Beat’em’all

Double Dragon Gaiden: Rise of the Dragons est un beat’em’all s’appuyant essentiellement sur son côté Roguelite pour maintenir le joueur en haleine. Malgré son roster particulièrement fourni et sa durée de vie artificiellement gonflée, il ne parvient pas à la cheville de ses principaux concurrents. Et la raison tient en un seul mot : le gameplay.

Celui-ci est, de prime abord, d’une simplicité assez symptomatique de ce type de production : coups légers, coups forts, attaques spéciales et ultime… du très classique, sans la moindre idée novatrice ou qui puisse chercher à révolutionner le genre. Mais est-ce réellement ce qu’on attend d’un beat’em’all ?

Certes, le titre se repose sur ses acquis et, nonobstant les quelques différences de caractéristiques, l’intégralité des personnages se dirigent de la même manière. Aucune subtilité ni différence notable pour renforcer l’expérience, ou simplement avoir la sensation d’un renouveau au sein du titre.

Les nouveautés se comptent en effet sur les doigts d’une main. Il est ainsi toujours possible de désarmer nos adversaires et de se servir de leurs armes, de les saisir pour mieux les rouer de coups, etc.

Et bien entendu, c’est la partie Roguelite qui subit le plus cette avarie. Car le principe même du genre est bien de proposer des manières de renouveler l’expérience afin d’éviter l’ennui.

Il faut également avouer que les ajouts de ce côté Roguelite sont assez faibles : à la fin de chaque niveau, vous avez le choix d’un bonus parmi trois pour vous aider lors des prochaines missions. Et ? C’est tout. Une bonne idée certes, mais guère suffisante pour se confronter aux ténors du genre.

Autre nouveauté : les différents niveaux que vous allez traverser sont plus « libres » que dans les jeux usuels du genre. Et si je mets des guillemets, c’est à raison ; puisqu’il n’est pas question ici d’Open World… mais plus de la possibilité d’explorer certains recoins reculés de la carte, d’explorer des bâtiments, de chercher des ennemis isolés. La récompense pour votre implication ? Strictement aucune. Vous ne gagnez ni expérience, ni argent, ni objets spécifiques.

Double Dragon Gaiden: Rise of the Dragons est donc un beat’em’all mariné de Roguelite assez médiocre dans tout ce qu’il entreprend. D’autant qu’il faut désormais aborder un point particulièrement clivant…

Chibi Dragon Arena

Dans une tentative totalement obscure de redynamiser la franchise, Secret Base a eu l’idée saugrenue de proposer une direction artistique… originale. Loin, très loin, du côté réaliste des premiers opus ; ce sont désormais des personnages « chibi » que vous contrôlez, dans un style purement décalé, pratiquement caricatural.

Et cette « vision » de la saga Double Dragon résonne pour les fans comme une véritable insulte. Le studio semble ici hurler sa haine pour la franchise, refuser d’en assumer l’héritage.

En lui-même, le pixel art est globalement réussi cependant. Que ce soit au niveau des décors ou des effets lumineux, le jeu est agréable et démontre un certain talent de la part des artistes graphiques… Alors pourquoi avoir choisi cette direction pour les personnages ? C’est un véritable crève-cœur à chaque partie, d’autant que les portraits sont, eux, bien plus fidèles à la licence.

Mais, outre cet aspect purement subjectif, il est important de noter que cet aspect chibi pose également de lourds problèmes de maniabilité. Il n’est pas rare en effet, à cause de cette direction artistique, de ne pas parvenir à viser vos adversaires correctement.

Régulièrement, il arrive de lancer une attaque sans même se rendre compte d’être légèrement décalé, puis de porter son coup dans le vide… ou encore de manquer une plateforme à cause de la difficulté d’évaluer les distances.

Les hitbox semblent ne pas coller aux différents protagonistes non plus, comme si cette D.A. singulière avait été décidée à la va-vite, quelques jours avant la sortie finale du jeu, au détriment sans nul doute d’une ancienne plus proche des origines de la saga.

Il faut malgré tout reconnaître aux artistes d’avoir su insuffler beaucoup d’expressions différentes aux personnages, d’avoir tenté de les iconiser via des poses, des coups ou des mimiques uniques. Le travail se ressent, mais ne parvient malheureusement pas à convaincre.

J’aime

L

Un côté Roguelite plutôt agréable

L

13 personnages jouables

L

Particulièrement fun en multi

J’aime moins

K

Une Direction Artistique trop caricaturale

K

Des erreurs de gamedesign

K

Très vite redondant