Crowns And Pawns Kingdom of Deceit est le tout premier jeu de Tag of Joy, un studio ayant eu à cœur de proposer un titre dans la droite ligne des classiques du point-and-click tels que Broken Sword (Les Chevaliers de Baphomet en français), Still Life ou encore Syberia.

Initialement sorti sur PC en 2022 et ayant obtenu pas moins de onze nominations et prix, le jeu arrive enfin sur console. L’occasion rêvée d’en proposer un test complet et de voir si ce portage lui rend grâce.

Éditeur
Thunderful
Sortie France
28 sept. 2023
PEGI
+12 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

Dans les bottes de ses aînés

Crowns And Pawns Kingdom of Deceit vous propose d’incarner Mila, une jeune femme recevant en héritage une vieille maison en Lituanie. Une fois arrivée sur place, une mystérieuse étrangère la menace pour la contraindre à abandonner son bien.

Comme vous pouvez vous y attendre, cette base scénaristique va conduire votre héroïne au sein d’une aventure riche en rebondissements. Et sur ce point précis, il faut reconnaître à Crowns And Pawns Kingdom of Deceit une ambiance très proche de ses modèles.

Le studio Tag of Joy connaît visiblement bien son sujet et a su saisir la quintessence des titres dont ils s’inspirent. L’aventure est riche en rebondissements, sait distiller des éléments historiques bien réels au sein d’une intrigue fictive riche et très dense, parfaitement dans la ligne de ce que proposent les Broken Sword.

Vous y retrouvez donc ce mélange si singulier, cette saveur unique et diablement envoûtante, baignant dans une ambiance old-school empreinte de modernisme. Une belle réussite qui ne laisse pas indifférent, d’autant que les développeurs n’ont pas misé que sur le fond.

Entièrement doublé (en anglais), le titre dispose de surcroît d’un sous-titrage français vraiment réussi parvenant à saisir l’essence des dialogues et autres descriptions via une traduction de qualité.

Comme à l’époque

Crowns And Pawns Kingdom of Deceit se positionne très clairement sur un segment du point-and-click qui n’est pas à destination de n’importe quel joueur. Entendez par là qu’à l’instar de ses modèles, il s’agit d’un jeu particulièrement ardu dans la résolution de ses énigmes et divers puzzles.

Il n’est de fait pas rare de se retrouver totalement bloqué par une logique peu compréhensible et, surtout, sans le moindre indice logique pour vous aider à progresser. Le jeu ne vous tient pas par la main et vous impose une bonne dose de concentration et de réflexion pour parvenir à comprendre sa logique qui peut, parfois, s’avérer capillotractée.

Certes, une fois la solution trouvée, vous allez systématiquement vous dire « bah oui, c’était logique en fait… » ; mais sur le coup rien ne semble aller de soi.

En cause une structure de résolution des énigmes, encore une fois, très old-school. Ne vous attendez certainement pas à être tenu par la main ni guidé d’une quelconque manière. Tous les indices sont là, systématiquement présents, mais il faut pour parvenir à la bonne conclusion être attentif tant aux dialogues et autres indications disséminés çà et là au sein des décors.

Sur ce plan précis, Crowns And Pawns Kingdom of Deceit ressemble bien plus à Still Life ou à Syberia et peut de fait s’avérer très obscure pour des joueurs moins habitués à ce genre de classiques.

Quoi qu’il arrive, vous allez prendre du temps pour progresser, effectuer de nombreux allers-retours entre les différents décors, parler en boucle à certains PNJ et parfois essayer des combinaisons improbables en espérant déclencher un événement.

Loin d’être un point négatif pour les amateurs du genre, il s’agit cependant là d’une acception du genre qui peut s’avérer particulièrement délétère pour d’autres.

Bien entendu et comme vous êtes en droit de l’attendre, Crowns And Pawns Kingdom of Deceit propose un système d’énigme à la fois au sein des décors et de votre propre inventaire. Les objets récupérables peuvent régulièrement être combinés et… parfois ne servent littéralement à rien (le bon souvenir du slip de l’inca dans Les Boucliers de Quetzalcoatl).

Une réalisation au top

Crowns And Pawns Kingdom of Deceit utilise les dernières techniques pour vous plonger dans son univers. Ainsi, les décors sont dessinés à la main et mis en valeur par un moteur graphique 3D particulièrement agréable.

Le jeu est chatoyant, les différents environnements particulièrement réussis et diversifiés ; là encore pour donner cette sensation de se retrouver face à un Syberia.

De plus, vous avez toute liberté de personnaliser votre héroïne tout au long de l’aventure en changeant sa tenue, sa coiffure, etc. Une fonctionnalité (souvent) inutile mais qui peut également être au cœur de la résolution de certaines énigmes. Une belle idée qui relance l’intérêt du titre via une mécanique peu commune dans le genre.

Côté bande son, les musiques sont composées par Daniel Pharos ; déjà à l’œuvre sur Blackguard. Un grand nom qui livre ici une B.O. vraiment sympathique et toujours juste.

Les doublages ne sont pas en reste et rare sont les comédiens à ne pas être totalement impliqués. Seul bémol (si j’ose dire), il aurait été bien plus agréable de bénéficier de doublages en français.

Un portage… compliqué

S’il est indéniable que Crowns And Pawns Kingdom of Deceit est un très bon point-and-click parvenant à remplir avec brio son cahier des charges en livrant une production dans la droite ligne de ses aînés ; il faut tout de même parler de cette version console.

Techniquement, il n’y a peu ou prou rien à dire. Sur Nintendo Switch, le jeu conserve sa superbe et ne souffre que d’un très léger aliasing en mode TV. Les concessions faites par les développeurs pour rendre le jeu fluide sont minimes, et le portage de qualité.

Par contre… c’est au niveau de la maniabilité que le jeu pèche le plus. Bien que l’on ne soit pas face à un carnage total, il est souvent très, très difficile de lui faire exécuter les actions attendues. Un point particulièrement délétère sur certaines énigmes chronométrées ; puisque chaque déplacement est un calvaire.

Pis encore, le système d’interaction avec l’environnement se fait via les boutons A, B, X et Y du joy-con droit. Une idée sans doute bonne sur le papier mais qui, une fois en jeu, s’avère particulièrement difficile. Viser le bon objet au sein d’un décor très fourni vire au cauchemar, de même que naviguer entre les éléments de l’inventaire lorsque celui-ci est particulièrement plein.

Il est assez étrange de constater le travail de qualité effectué sur l’ensemble du titre, la faculté qu’ont eu les développeurs à proposer une expérience très proche de leurs modèles… mais pas sur les différents portages.

Voilà une éternité (depuis le premier épisode) que Broken Sword existe sur console… et chaque opus, sans la moindre exception, fait mieux que Crowns And Pawns Kingdom of Deceit en termes de maniabilité.

J’aime

L

Graphiquement superbe

L

Un excellent scénario mêlant histoire et fiction

L

Entièrement doublé en anglais

L

Une traduction française de qualité

L

Dans la droite ligne de Syberia et des Broken Sword

J’aime moins

K

Une maniabilité très compliquée à la manette

K

Une difficulté dans les énigmes qui n'est pas à la portée de tous