J’ai suivi assidûment la future sortie en France de ce roman. Et ce, bien avant sa traduction. J’ai trouvé l’histoire originale et j’en attendais beaucoup. Alors, est-ce que ma lecture est à la hauteur de mes espérances ? Pas exactement…

Une histoire de discrimination

     Le Château Solitaire dans le Miroir pointe du doigt l’Ijime, un mal qui existe depuis fort longtemps et qui ne cesse de croître au Japon. L’Ijime se traduit par de la discrimination qui induit du bizutage, des humiliations, du racket… Certaines brimades conduisent les élèves les plus fragiles au suicide. C’est monnaie courante au Japon, et ce, même chez les tout jeunes élèves… Je crois que le plus petit avait 6 ans, ça s’est passé en 2021 ou 2022. Quelle tristesse… L’atmosphère anxiogène du Covid a renforcé le taux de suicide chez les jeunes… Je n’épiloguerai pas sur la fameuse publicité japonaise du rasoir qui promet un suicide réussi, là n’est pas le sujet (même s’il y aurait beaucoup à dire…).

     Dans un milieu toujours plus compétitif où il faut être le meilleur, les Japonais asphyxient complètement… Ils doivent être doués à l’école, intelligents, surpasser leurs camarades et susciter leur respect en manifester un talent certain en sport. Imaginez la pression permanente…

Melle Loup dans son château

     On démarre l’histoire du point de vue de Kokoro, une élève qui a subi un peu de harcèlement scolaire. Alors, oui, elle l’a mal vécu, mais honnêtement, il n’y avait rien de si terrible que ça. En revanche, les adultes auraient dû prendre cela au sérieux, surtout son Prof, Mr Ida, qui a préféré défendre Sanada Miori à la place. Parce que c’est plus simple de privilégier une meneuse…

     Kokoro préfère taire ce qui s’est passé, que des filles sont venues jusque chez elle avec la ferme intention de lui faire du mal. Aller jusqu’à la tuer, je ne crois pas, mais la tabasser, oui certainement.

     Terrifiée, elle cesse d’aller au collège. Sa mère, qui ignore ce qui la taraude, croit que sa fille exagère et se sent dépassée par la situation. Elle contacte Mme Kitajima qui s’occupe de jeunes déscolarisés pour l’inscrire à L’Institut du Cœur, (je rappelle qu’elle s’appelle Kokoro, ce qui signifie cœur en japonais).

     Cet endroit a l’air engageant, mais Kokoro ne se sent pas capable d’y aller. En revanche, elle s’épanouit de l’autre côté de son miroir, qui brille chaque jour pour l’inviter à entrer. La première fois, elle atterrit devant un château étrange. Elle y rencontre une petite fille affublée d’un masque de loup. Tout d’abord, Kokoro prend la fuite. Mais elle y revient et fait la rencontre de 6 autres personnes. Tous les 7 ont un point commun et Melle Loup leur fait miroiter un vœu qu’elle exaucera pour quiconque dénichera la Clé qui ouvre la Chambre des Souhaits. Les jeunes gens ont un an pour la trouver. Après quoi, l’accès au Château sera fermé à compter du 30 Mars.

Ce que c’est lent…

     Je me suis dit « Chouette ! Est-ce que ça va se transformer en Battle Royale ?! Tous les 7 vont s’affronter pour exaucer leur souhait ! » Ben… Non. Et en fait, il ne se passe rien les ¾ du livre… On suit le quotidien de Kokoro, l’évolution de ses nouveaux amis. Rien de plus. Du slice of life en somme. J’adore le slice of life. Mais quand on me promet autre chose, eh bien je suis déçue…

     Les coquilles sont nombreuses, surtout en approchant de la fin. Des erreurs de temps, des phrases mal traduites… Je cite « Et elle s’en voulait tellement que ses résultats en piano n’avancent plus. » Ce n’est qu’un exemple, il y en a des tas d’autres… On comprend le fond de la pensée, mais c’est mal tourné… Puis passer du présent à l’imparfait, passé simple et passé composé à l’arrache… Ne plus trop savoir qui se positionne à la première personne à certains moments de l’histoire… Atch !

     Et c’est vraiment dommage, car j’ai bien aimé le concept. En revanche, c’est complètement illogique. Attention, je vais spoiler, donc ne lisez pas la suite si vous souhaitez conserver la surprise !

Je t’aime à en mourir !

     À la toute fin, Rion fait demi-tour et s’adresse à Melle Loup. Il a deviné qu’il s’agit de Mio, sa sœur décédée. En l’occurrence, l’esprit de sa sœur avant sa mort qui a façonné ce château pour exaucer un souhait… OK, elle aimait créer des histoires abracadabrantes… Soit.

     Sauf que Mio aimait son frère. Jamais elle ne l’aurait dévoré. Donc, c’est complètement absurde… Le Conte « Le Loup et les 7 Chevreaux » arrive comme un cheveu sur la soupe. Il n’y a aucune cohérence sur la timeline. Les fameuses 7 années d’écart… Ça ne me convient pas comme dénouement.

     Quand on touche au temps, ça devient complexe… Dans ma logique, Melle Loup aurait dû être Mme Kitajima, leur servant de point d’ancrage à tous les 7.

     Puis bon, une fois que Kokoro a gaspillé son vœu, il n’y a aucune répercussion et Rion peut quand même prononcer le sien ? Sans blague…

     Oui, c’est la déception sur ce point… Il y a eu un regain d’intérêt aux ¾ du livre, soufflé comme un gâteau qui s’effondre à la cuisson.

     L’histoire n’aurait pas dû se placer du point de vue de Kokoro mais de Rion ! C’est lui le vrai héros de l’histoire, bon sang !