Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance est une production signée par les Péruviens de Bamtang. Considéré aujourd’hui comme l’un des leaders des studios indépendants d’Amérique Latine, ce dernier s’est spécialisé dans la création de jeux à licence à tout petits budgets.
Malgré une qualité généralement médiocre de leurs productions, ils sont parvenus à se forger une solide réputation en enchaînant les projets à un rythme assez impressionnant. En à peine 22 ans d’existence, Bamtang a publié pas moins de 150 projets.
Dernier en date, Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance est bien entendu une adaptation du dessin animé connu en France sous le titre « Le dernier Maître de l’Air » (depuis une sombre histoire de procès avec James Cameron). Un événement pour les fans, d’autant que la licence est incroyablement riche et dispose de tous les éléments nécessaires pour créer un grand jeu.
Qu’en est-il de cette adaptation ? Réponse toute en nuance ci-dessous.
Editeur(s)
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Game Mill |
Sortie France
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22 sept. 2023
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PEGI
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+12 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Nintendo Switch |
Une histoire… originale ?
Afin de justifier les différences scénaristiques entre le jeu et l’animé dont il est issu, Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance prend le parti de vous proposer une intrigue se déroulant après ceux de la série.
Ne vous attendez cependant pas à une « suite non assumée », ni à retrouver la Légende de Korra. Ici, les anciens des différentes tribus profitent d’un instant de paix tandis qu’une productrice leur demande de lui narrer l’histoire de l’Avatar afin d’en écrire une pièce de théâtre.
Aucun n’ayant suivi l’ensemble de ses péripéties, ils vont de fait fort logiquement broder certains moments et en omettre d’autres ; justifiant au passage les libertés que pourrait prendre le titre avec son matériel de base.
Et c’est… une excellente idée. Dès la séquence d’introduction, l’équipe de développement vous sous-entend ainsi qu’ils ne souhaitent surtout pas dénaturer l’expérience du dessin animé, et sont conscients que faire une adaptation demande cependant de prendre quelques libertés. Tout débute donc sous de très bons auspices…
Jusqu’au lancement du jeu lui-même.
Scénaristiquement, Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance est une belle réussite. Le titre respecte à la lettre les événements narrés dans l’animé. Cette mise en garde était de facto peu ou prou inutile, tant le titre suit la trame globale sans jamais trop s’en éloigner.
Le problème vient plutôt du « style » narratif ici adopté. Car si les principaux chapitres sont jouables, l’ensemble des événements ne pouvant proposer aucune idée de gameplay sont tout simplement relégués à de vulgaires petites cinématiques sous forme de bande dessinée (et de quelques séquences d’animations éparses).
La qualité de ces dernières n’est en rien à mettre en cause, mais il est tout de même dommage qu’une histoire aussi riche et prenante, ayant marqué des générations de spectateurs, soit ainsi résumée sans la moindre substance.
Toute la dimension émotionnelle de l’animé est par exemple totalement passée sous silence, de même que les liens qui unissent les protagonistes. Jamais vous n’avez droit à une petite scène mettant en exergue les sentiments qu’ils peuvent éprouver… alors que ces différents passages ont indubitablement participé au succès de l’animé.
En lieu et place, vous n’avez droit qu’à un bref résumé. L’épisode où Aang découvre que tous les maîtres de l’Air ont été assassinés par la Nation du Feu ? Trois plans fixes. L’émouvant sacrifice de Yue vous arrache une larme à chaque fois ? Certainement pas dans cette adaptation vidéoludique, qui se contente d’une seule image.
Il en résulte un titre qui, malheureusement, ne se destine clairement pas à ceux n’ayant aucune connaissance approfondie de la série. Qu’en est-il de ces derniers, dans ce cas ?
Eh bien, il faut reconnaître à Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance un véritable respect de son matériel d’origine. Il s’agit là clairement d’un jeu développé par une équipe passionnée et ayant à cœur de proposer la meilleure expérience possible.
Bien entendu, on ne parle ici toujours que de l’aspect scénaristique. Pour le reste…
Par pitié, qu’on leur donne du budget !
Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance est un jeu « Triple I ». Il est important de le rappeler, encore et encore ; de le marteler jusqu’à ce que cette information soit parfaitement acceptée par quiconque ose le critiquer en le comparant, par exemple, à Dragon Ball Z Kakarot ou One Piece Odyssey.
Le budget alloué, le nombre de personnes travaillant sur le projet, les moyens techniques mis en œuvre… cela n’a absolument rien à voir et n’est pas du tout comparable.
En prenant en considération ces limitations, le travail effectué par Bamtang est plus qu’honorable. Pour ne pas dire assez impressionnant. Tout au moins sur un plan purement visuel.
Car, tout comme l’animé dont il est issu, Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance va vous faire voyager au sein des quatre nations dans la quasi-intégralité des lieux qui y sont représentés.
Votre périple débute même cent ans auparavant, dans un tutoriel se déroulant dans le Temple du Vent duquel Aang cherche à s’échapper. Oui, c’est impressionnant ; d’autant que de nouveau le respect de la série est bel et bien là à chaque instant.
La composition des villes et villages, les épreuves annexes et autres mouvements des maîtrises sont retranscrits avec beaucoup de talent.
Là où bien des productions plus ambitieuses se seraient contentées de recycler les anciens environnements, c’est un travail de fourmi que le studio vous propose, bien que ce dernier ne trouvera grâce qu’aux yeux des fans.
Certes, des textures et autres assets sont souvent réutilisés ; mais comment leur en vouloir devant la masse considérable de travail que le titre a dû demander ?
Bien entendu, pour vous livrer tout ceci eu égard à la taille du studio, de nombreuses concessions ont dû être faites. Point d’Open World, chaque chapitre se déroule dans des niveaux « couloirs » plus ou moins vastes se terminant généralement par un boss. Les embranchements sont peu nombreux, mais permettent cependant de trouver quelques trésors cachés et autres références fort appréciables (comme lorsque Katara se sert de sa maîtrise pour tailler un bloc de glace en statut de Appa).
Comme vous pouvez vous y attendre, l’aspect technique est délicat. Aliasing, clipping, ralentissements, chutes de fréquence d’image inexplicables… le BINGO est ici intégralement réuni et toutes les cases sont cochées. Cependant, aucun bug majeur (et très peu de mineurs) n’est à déplorer tout au long de l’aventure. Un exploit clairement à mettre au crédit du studio qui livre ici une production parfaitement fonctionnelle.
Visuellement maintenant, Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance oscille entre des séquences animées et dessinées vraiment très belles, et un moteur « in-game » totalement dépassé. Si les premières donnent clairement l’impression de se trouver devant une production plus importante ; une fois en jeu c’est une tout autre histoire.
Et là encore, le clair manque de temps et de moyens se fait terriblement ressentir. Les mouvements en combats sont certes fidèles, donc particulièrement vivants et fluides… mais paradoxalement les autres animations de vos héros sont d’une rigidité post-mortem après préjudiciable. Le moindre mouvement ou saut vous donne la sensation de contrôler un bulldozer en panne. Que dire alors des phases de plateformes éparpillées dans l’ensemble du titre… ? Oui, c’est un enfer.
La maniabilité est un désastre, qui n’a d’égal que le gameplay des combats. Durant ces derniers, vous effectuez des enchaînements à l’aide de votre maîtrise… sans possibilité de bouger durant ces fameux mouvements. Votre personnage semble figé, tapant régulièrement à côté des ennemis.
Par chance, l’amplitude des compétences permet simplement de se défaire de la majorité des antagonistes sans la moindre difficulté ; mais il est cependant dommageable de ne pas retrouver ce qui faisait indubitablement le sel de l’animé. Les combats sont tout sauf dynamiques malgré, de nouveau, des animations qui paradoxalement le sont !
Durant ces affrontements, chaque personnage jouable (au nombre de treize) dispose d’une compétence annexe liée à son background : Aang est capable de créer un bouclier de vent pour repousser les attaques, Katara de geler sur place ses ennemis et de soigner ses alliés, Sokka d’assommer quiconque se dresse sur son chemin, etc.
Intégralement jouable à deux une fois le prologue terminé, Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance peut se targuer de proposer une expérience multijoueur locale agréable, sinon les défauts précités.
Une production médiocre
Avatar – The Last Airbender: Quest for Balance est loin d’être un mauvais jeu ni une expérience particulièrement désagréable. Malgré une maniabilité très perfectible et un moteur incroyablement daté, il sait proposer un divertissement de qualité pour tout amateur de la série.
Cependant, force est de constater qu’une fois encore le studio se contente de livrer une production médiocre, guère plus ; et terriblement… vidéoludique.
Que ce soit en termes de level design ou de progression, le titre souffre d’un écueil malheureusement rédhibitoire : il oublie de développer une personnalité propre au profit de mécaniques d’une rare banalité.
Ainsi, vous allez uniquement parcourir des niveaux conçus autour d’énigmes qu’il faut résoudre. Une porte qui bloque le passage, un mécanisme à activer… c’est un florilège de puzzles qui émaillent votre progression et auxquels il faut obligatoirement venir à bout pour progresser, qu’importe la logique scénaristique ou diégétique.
Comme dans les vieilles adaptations de séries qui pullulaient dans les années 90 et 2000, tout y est ici prétexte à proposer un niveau ou un mini-jeu. Aang doit rejoindre la tribu de l’eau attaquée par la Nation du feu en chevauchant un XXX ? Mini-jeu. Aang chevauche un poisson pendant une demi-minute dans un épisode ? Mini-jeu.
Et de nouveau, ces derniers sont loin d’être désagréables… mais n’ont tout simplement pas leur place dans une production vidéoludique moderne et sont réalisés avec un clair manque de finition.