Summum Aeterna est le dernier jeu du studio indépendant Aeternum Game, qui cherche à étayer le lore de son « gros » projet Summum Aeterna via une préquelle très différente.

Et le studio n’y est pas allé par quatre chemins en termes de communication, n’hésitant pas à le qualifier sur les réseaux sociaux comme le « meilleur Roguelite de tous les temps ».

Mais est-ce que cette prétention est justifiée ? Clairement non.

De l’Ombre à la Lumière

Dans Summum Aeterna, vous incarnez le Roi des Ténèbres qui cherche à se préparer au retour de la reine de la Lumière. Pourquoi ? Voilà un mystère qui mérite d’être élucidé… ou pas.

Particulièrement mal expliqué et visiblement destiné avant tout aux amateurs de l’opus principal, le jeu se perd rapidement en étranges circonvolutions scénaristiques pour quiconque n’a pas une connaissance approfondie du lore…

Sauf qu’ici, vous n’êtes pas en présence d’une grande licence vidéoludique comptant pléthore de fans endiablés ; mais bel et bien devant un « simple » jeu indépendant refusant, tel un videur un peu bourru, l’entrée de son univers à quiconque n’a pas déjà une invitation en bonne et due forme.

Pourtant, le titre a l’air sympathique, vraiment. Il y est (visiblement) question d’une guerre éternelle entre Ombre et Lumière, chacun représenté par un monarque destiné à prendre le pas à intervalles réguliers sur l’autre ; dans une métaphore assez bien construite du jour et de la nuit…

Mais entre l’absence d’explications, les noms de personnages et autres lieux visiblement importants jetés au petit bonheur la chance ci et là dans les conversations, les notions scénaristiques faisant référence à des événements jamais détaillés ; le joueur néophyte se sent rapidement perdu. Et le jeu n’hésite jamais à en rajouter des couches, comme pour bien faire comprendre à quiconque n’a pas une connaissance approfondie de son univers qu’il n’y est pas le bienvenu, qu’il n’avait qu’à acheter l’autre production ou faire ses devoirs avant de se lancer dans l’aventure.

Vous l’aurez compris, je suis excessivement perplexe quant à la condescendance qui se dégage d’un tel procédé narratif ; surtout venant d’une micro production indépendante prétentieuse dans l’ensemble de ses communications, visiblement certaine d’être la nouvelle quintessence du genre.

Et si côté gameplay c’est un poil mieux, il faut reconnaître que là encore l’échec n’est pas loin…

Prends-en de la graine !

Metroidvania, Roguelite, plateformer, jeu d’action ; Summum Aeterna a l’incroyable prétention de vouloir redéfinir les codes sans en maîtriser le moindre.

Pour s’entraîner avant le retour de sa vieille ennemie, votre anti-héros peut compter sur Yado, un gobelin alchimiste qui fait pousser et fusionne des graines dans son atelier ; tel un hipster cherchant à subvenir à sa propre consommation de drogue.

Ces graines vous permettent de générer des niveaux (oui, c’est très littéralement le concept de SEED présent dans tous les jeux à génération procédurale qui est ici exploité).

Ramassez donc les morceaux du quatrième mur qui viennent de vous exploser au visage, et reprenons ce test. Donc ces graines vous mènent dans des niveaux générés procéduralement (clin d’œil bien appuyé) ayant divers bonus et malus. Une fois les ennemis seront plus nombreux, une autre plus fort, etc. Quel dommage qu’aucune graine ne permette de rendre le jeu plus fun, optimisé, ou simplement jouable dans de bonnes conditions.

Roguelite à génération procédurale « oblige », le level design des différents mondes que vous allez visiter est une catastrophe sans nom ni ingéniosité. Les salles se ressemblent toutes, la moitié des chemins vous mènent dans des culs-de-sac, l’autre vers une mort certaine. Et qu’on ne vienne surtout pas me dire qu’il est impossible de générer de cette manière des niveaux de plateforme avec une certaine cohérence, 30XX est l’exemple parfait du contraire.

Pour vous défendre dans ce capharnaüm dénué de talent et d’intérêt, votre héros « Tro Dark » va pouvoir compter sur, tenez-vous bien, TROIS ARMES différentes. Vous voulez un instant pour vous remettre ?

Par chance, l’originalité de ces dernières suffit à compenser leur faible nombre. Car si le Prince de Lu débute avec une simple épée, rapidement vous allez pouvoir changer pour une faux ou un pistolet.

Et il faut reconnaître là au titre une belle inventivité. De mémoire de testeur (et de joueur), jamais aucun héros de Roguelite ne s’était vu affublé d’un tel arsenal si unique.

Bien entendu, la prise en main de ces différents équipements est au diapason de leur originalité. Vous avez continuellement le sentiment de totalement maîtriser votre héros lors de batailles épiques et diablement addictives et…

Oui, c’est insupportable. Je sais. Mais Summum Aeterna est un tel carnage sur tous les plans ; qu’il est difficile de garder son calme et son sérieux.

Au moins, le jeu fonctionne…

Summum Aeterna est une production vidéoludique. Non, je n’ai rien à ajouter. Le jeu se lance correctement depuis le menu principal, les niveaux se chargent, et le titre ne souffre de pratiquement aucun défaut majeur (sinon une génération procédurale totalement ratée, quelques chutes de framerate aux pires moments, une caméra bien trop rapprochée, des temps de chargement courts mais constants, un gameplay incroyablement rébarbatif et redondant, un scénario bâclé, des textes pas entièrement traduits et trop petits, etc…).

Que ce soit en mode TV ou portable, Summum Aeterna n’est pas un carnage technique. Il tourne malgré quelques gros pixels bien visibles.

Par contre… est-ce qu’on peut s’attarder quelques temps sur l’aspect visuel du jeu ? Non pas que ce dernier soit particulièrement laid… mais qui diantre a eu l’idée totalement saugrenue d’imposer un tel niveau de zoom ? C’est bien simple, le sprite de votre personnage prend un bon quart de l’écran et il est pratiquement impossible de voir en avance les pièges et ennemis qui vous attendent sur le chemin.

Dernier point qui peut sembler anecdotique mais qui prouve à quel point les développeurs se moquent de leur production (et de vous) : sur les différents artworks, le héros a les cheveux noirs… mais votre avatar numérique est blond. Est-ce que c’est trop demandé, que d’être un minimum pris au sérieux en 2023 ?

J’aime

L

C'est un jeu vidéo...

L

... et il fonctionne

J’aime moins

K

Visuellement singulier

K

Un scénario obscur qui exclut ceux qui n'ont pas acheté l'autre production du studio.

K

Un gameplay incroyablement mal pensé

K

Seulement 3 armes "différentes"

K

Une génération procédurale catastrophique

K

Prétentieux à l'excès