Développé par Brave Lamb et édité par Nacon, War Hospital est un jeu de gestion sorti ce 11 janvier 2024 sur PC, Xbox Series et PlayStation 5.

Second titre du studio polonais, le jeu a été présenté pour la première fois lors du Nacon Direct de 2023 et a su galvaniser les attentes des amateurs de ce type de production.

Désormais entre mes mains pour un test complet, il est temps de savoir si ce dernier vaut le détour.

La guerre ne meurt jamais

War Hospital vous place dans la peau du Major Henry Wells, médecin de guerre anglais à la retraite réquisitionné pour prendre le commandement d’un hôpital de campagne en plein cœur de la Première Guerre mondiale.

Moralement détruit par la mort de son fils sur le front, ce dernier cherche à se reconstruire en donnant un nouveau sens à sa vie et va de fait se donner corps et âme dans cette nouvelle mission, devenant le dernier espoir des blessés et mutilés.

Le jeu se découpe en trois chapitres (plus un épisode spécial) et se boucle en une grosse dizaine d’heures. Une durée qui peut sembler un poil légère pour ce genre de production… et qui l’est, puisqu’il ne propose aucun mode « bac à sable » et dispose d’une rejouabilité quasiment nulle.

En cause, une mise en scène poussive et intrusive, bien loin des canons du genre. À aucun moment l’histoire ne vous laisse respirer ni ressentir cette liberté nécessaire à l’appréciation du genre. Il en résulte un sentiment étouffant et dirigiste ; d’autant plus que le gameplay s’avère rapidement redondant.

War Hospital est un titre particulièrement original, ne serait-ce que par son concept. Car là où l’immense majorité des jeux de guerre vous permet de diriger des soldats, celui-ci prend le contrepied total en vous incitant… à en sauver un maximum.

Une acceptation très intéressante, d’autant que le titre ne baigne pas dans le conformisme ni dans la bien-pensance. Les dilemmes et choix moraux sont légion et fréquents, vous contraignant régulièrement à tester votre propre moralité afin de déterminer qui va vivre et mourir.

Une lumière dans les ténèbres

Mais revenons au cœur du jeu. Car après tout, qui dit « jeu de gestion » dit avant tout gameplay. Et en l’état, War Hospital s’en tire avec les honneurs… du moins au début.

Car votre aventure débute vers la fin de la Première Guerre mondiale. Autrement dit, vous arrivez dans un hôpital délabré, décati et à peine fonctionnel. Les médicaments sont rares, le personnel épuisé et très limité.

Le premier chapitre s’avère donc, paradoxalement, plus ardu que les suivants ; comme si le studio avait tout donné dans cette première partie sans prendre le soin de réfléchir à l’évolution de sa production.

En termes purement vidéoludiques donc, War Hospital est un cas d’école assez symptomatique des jeunes studios n’ayant pas eu le temps nécessaire de fignoler leur titre. Le jeu vous jette dans la gueule du loup, vous contraint immédiatement à des choix moraux importants et à une difficulté intense… avant de devenir, à mesure que les heures passent, de plus en plus simple.

Vers la fin de l’aventure, votre petit hôpital devient une sorte de complexe bien rodé, comme faisant fi des difficultés de la guerre. Un constat étrange et singulier qui, s’il est logique sur un plan scénaristique, s’avère particulièrement délétère pour le joueur. Et tout cela, vous le devez à la « reconnaissance » des soldats sauvés qui, petit à petit, vont vous envoyer des cadeaux et autres lettres de remerciements faisant office de points de compétences… sans pour autant que la difficulté du titre ne suive.

Votre vie est donc rythmée par les assauts. Après chacun, des patients arrivent dans le Poste d’évacuation sanitaire. Ces derniers s’affichent dans le côté gauche, et vos médecins à droite. Libre à vous de les affecter en fonction des compétences de chacun de vos docteurs, tout en prenant en compte leur niveau de fatigue.

Une fois affecté, le patient doit alors être transporté dans l’aile opératoire afin d’être soigné. Bien entendu, en fonction de leur état et de la gravité de leur blessure, le temps et le matériel médical utilisé sont plus ou moins importants. La principale difficulté vient donc fort logiquement de vos propres décisions qui, régulièrement, vous invite à laisser mourir un patient en état critique afin de pouvoir utiliser les médicaments nécessaires pour en guérir trois. Un véritable dilemme du trauma fort plaisant, mais qui de nouveau s’étiole plus vous avancez dans l’aventure.

D’autant que la réflexion ne s’arrête pas là : une fois soigné, c’est à vous de déterminer l’avenir de votre patient : soit vous lui permettez de rentrer chez lui, soit vous le renvoyez au QG, soit directement sur la ligne de front.

Et ce choix est déterminant : permettre au patient de fuir booste le moral de vos médecins, lui ordonner de retourner au QG vous fait gagner de (précieux) points d’améliorations… et gonfler les soldats mobilisés au front augmente la durée de l’assaut en cours, vous permettant de retarder l’arrivée de prochains patients.

Une excellente idée qui force de fait le joueur à toujours avoir un œil sur l’ensemble des indicateurs, et ainsi devoir prendre la meilleure décision en fonction de ses besoins.

Une excellente réalisation… pensée pour PC

War Hospital fait indubitablement partie de ces productions intéressantes, que ce soit sur la forme ou dans le fond. Un jeu de gestion atypique et original, capable de ravir les amateurs du genre avec une certaine aisance… du moins s’ils le découvrent sur PC.

Car sur console, le titre est disponible d’une maniabilité… incompréhensible. Quiconque a déjà tenu une manette au moins une fois entre ses mains sait que les jeux de stratégie et de gestion sont souvent plus compliqués que leurs homologues PC.

Nombreuses sont les entreprises à avoir tenté l’expérience avec plus ou moins de succès. Mais dans le cas très précis de War Hospital… le résultat est artistique. Il n’y a pas d’autres mots.

Le stick analogique gauche vous permet, logiquement, de déplacer la caméra afin de faire le tour de votre hôpital. Le droit, quant à lui, sert exclusivement à la rotation horizontale (en l’orientant vers la gauche ou la droite). Et s’il aurait de fait été logique de mettre le zoom sur ledit stick en le déplaçant vers le haut ou le bas… les développeurs ont jugé plus amusant de le mapper sur les touches RT et LT.

Mais là n’est que le début du fun. Car l’idée particulièrement incroyable de War Hospital est bien… de ne pas afficher le moindre curseur, rendant la sélection particulièrement hasardeuse et frustrante. Dans les zones les plus chargées, vous êtes contraint de zoomer à l’extrême pour cibler ; ce qui vous fait perdre de précieuses secondes.

Enfin, d’autres choix sont tout aussi artistiques. Il existe dans le jeu trois « roues » de sélections. Deux d’entre elles s’activent avec LB et RB et permettent d’afficher des menus. Vous appuyez sur la touche et sélectionnez le menu souhaité avec le stick analogique gauche. Logique.

Mais la gestion du temps se fait en maintenant la touche Y… puis en sélectionnant avec la croix directionnelle, qui ne sert littéralement qu’à ça. Pourquoi, comment ? Encore une question qui restera sans réponse.

Pour couronner le tout, sachez qu’il est impossible de jouer au jeu avec un clavier et une souris sur console… alors qu’il est possible d’y jouer à la manette sur PC.

Bien que l’optimisation soit relativement correcte, War Hospital souffre encore au moment de sa sortie de nombreux bugs, ainsi que de quelques crashs.

Pis encore, le jeu ne dispose d’aucun système de sauvegarde automatique. Pour un titre sorti en 2024, c’est un comble.

J’aime

L

Un concept vraiment bon

L

Une narration sympathique

L

Un bon jeu de gestion

L

Des choix moraux constants

L

Une ambiance parfaitement retranscrite

J’aime moins

K

Une maniabilité délicate à la manette

K

Des choix de game design très étranges