Palworld est un projet atypique. Annoncé pour la première fois en 2021, il est sorti en accès anticipé sur Xbox et PC ce 19 janvier 2024.

Issue du studio nippon Pocket Pair, déjà connu pour le très limité Craftopia qui ressemble à s’y méprendre à un certain Zelda : Breath of the Wild mariné de jeu de survie ; Palworld a rapidement été qualifié de « Pokémon avec des flingues ». De quoi agiter tout internet et faire un buzz monstre autour d’un titre qui, dans le cas contraire, serait simplement sorti dans le plus grand silence.

Il est donc temps de livrer un premier avis autour d’un titre non dénué de qualités… mais également pétri de défauts.

Pokémon Exiles

Inutile de tourner autour du pot : qualifier Palworld de « Pokémon avec des flingues » est totalement faux. Il s’agit plus du rejeton entre la licence de Game Freak, de Ark : Survival Ascended et de Zelda : Breath of the Wild.

Vous y êtes un personnage se réveillant sur les rives d’une île inconnue et mystérieuse, remplie de créatures étranges nommées « Pals ». Votre seul indice pour vous en sortir : une tablette numérique qui indique que « les trois sont la clef ».

Désormais seul et désorienté, vous allez devoir lutter pour survivre en utilisant toutes les ressources à votre disposition.

Très clairement inspiré par Ark, Palworld est un jeu de survie très classique issu d’une époque révolue. À l’image d’un Conan Exiles, vous allez devoir récolter du bois, des pierres et autres matériaux afin de construire des bâtiments et autres outils nécessaires pour atteindre la gloire.

Pas réellement de scénario, sinon des bribes disséminées ci et là proposant un lore particulièrement plat et sans intérêt. Des ruines, des braconniers, quelques rares PNJs placés de manière totalement aléatoire et, bien entendu, des journaux de naufragés que vous aurez tôt fait d’oublier totalement.

L’intérêt du titre ne réside, comme pour la majorité des jeux du genre, pas du tout dans son scénario. Cependant, il faut reconnaître qu’une once de cohérence diégétique ne fait pas de mal, tout au contraire, surtout lorsqu’un titre veut retenir le joueur sur un temps relativement long. Prenons l’exemple de Ark : Survival Ascended. Le jeu se lance sans la moindre petite once d’intrigue ; mais c’est au prisme de plusieurs heures et de recherches que le joueur parvient à découvrir toutes les subtilités d’un monde finalement assez riche, du moins suffisamment pour rendre l’ensemble du projet cohérent.

Palworld… S’en moque royalement. Son objectif est uniquement de lier ensemble des éléments totalement incongrus sans logique ni raison, avec pour seul objectif d’attirer un maximum de joueurs dans ses filets.

Gotta kill them all

En lui-même, Palworld propose cependant un divertissement… intéressant. Loin d’être le jeu de l’année, ni même un concurrent sérieux à l’ensemble des licences susnommées, il est une sorte de fangasm totalement assumé, un crossover improbable mais étrangement attirant.

Toutes les bases du jeu de survie sont là : vous allez récolter des ressources, construire des abris, champs et autres postes de craft afin de progresser. À chaque niveau, vous débloquez un nombre défini de points de compétences vous permettant d’apprendre de nouvelles recettes via un menu très… inspiré… de celui présent dans Ark.

Comme dans l’intégralité des jeux du genre, le bon outil permet de récolter plus de ressources. Un système d’usure des équipements est également de la partie, vous obligeant ainsi à régulièrement prendre soin et réparer armes et outils.

Bien entendu, la gestion des conditions de votre personnage est aussi présente, mais dans une version très sommaire. Seule la faim et la température sont à l’heure de la bêta incluses, et d’une déconcertante aisance à combler. Vous pouvez littéralement manger n’importe quel aliment sans conséquence, rendant ce besoin finalement plus frustrant qu’autre chose.

Mais bien entendu, le principal intérêt du titre réside dans ses Pals. Nonobstant toute la partie « inspiration » sur laquelle je reviendrai ultérieurement, force est de constater que cette partie fonctionne étrangement bien… et s’avère même particulièrement plaisante.

Ces créatures réagissent en effet plus comme les dinosaures d’Ark que comme des Pokémons, bien que vous puissiez les capturer à l’aide de balles.

Une fois dans votre équipe, libre à vous de les laisser vous accompagner en exploration pour vous assister, ou de les assigner dans l’un de vos camps. C’est là que Palworld prend tout son sens et son identité propre.

À l’image des esclaves de Conan : Exiles, les Pals vous peuvent être assignés à différents postes ou libres de leurs actions. Ils vous assistent alors, en craftant à votre place, en récoltant de manière passive des ressources, ou en vous permettant de débloquer divers équipements avancés.

Un Pal de glace, par exemple, vous est nécessaire pour utiliser le congélateur. D’autres vont être plus efficaces aux champs, etc. Une sorte de synergie en résulte, vous permettant d’agrandir votre campement tout en profitant de vos petits compagnons.

Sur le terrain, ces derniers peuvent se servir de leurs capacités pour vous aider dans les combats, ou être utilisés de manière plus active. Ainsi Lamball, le premier que vous allez capturer, peut être saisi à pleine main afin de profiter de sa toison comme d’un bouclier.

En gagnant des niveaux, vos Pals apprennent également de nouvelles compétences fort utiles et nécessaires pour progresser. Tout comme dans Pokémon, Palworld dispose également d’un système de résistance et de faiblesse.

Il faut reconnaître que l’ensemble de ces systèmes mis bout à bout fonctionne étonnamment bien et s’avère particulièrement addictif sur le long terme.

Alors, plagiat ou pas ?

Depuis la sortie de la bêta, internet pullule de très (trop ?) nombreux avis qualifiant le titre de « plagiat » pour de nombreuses raisons. Et… il faut admettre que les « inspirations » du titre sont par moment vraiment peu subtiles. Mais de là à parler de plagiat…

Reprenons point par point :

De Ark : Survival Ascended, Palworld reprend les armes (dont les fameuses armes à feu, qui sont loin d’être le cœur du jeu), le menu, le système de niveau ainsi que la majorité des crafts. Et par « reprend », comprenez bien « copie pratiquement totalement ».

De Zelda : Breath of the Wild, vous allez bien sûr reconnaître les tours, tablettes ainsi qu’un bon nombre de bruitages et de polices. L’inspiration est là, moins flagrante, mais pourtant bien présente.

Enfin vient le cas Pokémon. Et là… il est clair qu’un nombre conséquent de créatures a tout simplement été repris tel quel et passés par la moulinette d’une IA générative. Pour autant, le mot « plagiat » est sans doute un peu fort ; car ces dernières n’en reprennent nullement les caractéristiques.

Qu’est-ce qu’un plagiat ? Si l’on considère la définition formelle du Petit Robert, il s’agit de « copier un auteur en s’attribuant indûment des passages de son œuvre ». Ce qui n’est, dans le cas de Palworld, absolument pas le cas. Jamais les développeurs n’ont repris traits pour traits les créatures de Game Freak, qui sont bien plus que des illustrations.

Comprenons-nous bien : les méthodes employées par le studio nippon sont discutables, c’est indéniable. Mais nous parlons ici de jeux vidéo. Pas de littérature ni d’art graphique. Réduire les créations de la Pokémon Compagnie à leur simple acception visuelle est trop réducteur.

Palworld doit plus être considéré comme s’inspirant grandement des licences précitées qu’en étant le plagiat.

J’aime

L

Une sorte de fangasm totalement assumé

L

Un mélange des genres qui fonctionne étrangement bien

L

Très plaisant en multi

L

Un système de niveau adapté à celui de votre héros

L

Les Pals, qui peuvent être chevauchés ou vous aider au camp

J’aime moins

K

Un jeu de survie très sommaire

K

Très...inspiré...de diverses licences

K

Encore énormément de bugs

K

Des constructions très restreintes