Dynasty Warriors 9: Empires, ultime itération de la licence phare de Tecmo Koei, est sorti le 15 février 2022 sur Nintendo Switch. Comme à chaque fois, il s’agit de l’épisode spin-off orienté tactique du jeu de base.

Si vous n’êtes pas familier avec les pratiques de l’entreprise japonaise, sachez que chaque nouvel opus a droit à différentes versions. « Xtreme », « Complete » ou encore « Empires », ces dernières sont censées développer le lore dépeint dans l’univers tout en apportant un gameplay différent et plus profond.

Dynasty Warriors 9: Empires en est la toute dernière mouture. Et si celui-ci est sorti en même temps sur toutes les plateformes modernes, sans doute aurait-il été préférable de retarder de quelques mois sa déclinaison Switch… sinon de l’annuler tout bonnement.

Editeur(s)
Koei Tecmo
Sortie France
15 Février 2022
PEGI
+12 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

 

L’Empire du pixel

Je ne peux dignement commencer ce test sans un avertissement simple, clair et concis : si vous avez le choix, n’achetez pas la version Switch.

Certes, la nature même de ce test est de vous présenter le jeu dans ses moindres détails, de développer tous les griefs que j’ai contre lui, jusqu’à ce que vous puissiez vous en faire votre propre avis. Mais pour une fois, je vais déroger à cette règle séculaire car j’ai l’intime conviction que c’est là mon devoir. Donc je vais vous le répéter une dernière fois :

Si vous avez le choix, n’achetez pas la version Switch.

Dynasty Warriors 9: Empires est un bon jeu. Cependant, on se pose continuellement la même question quand on voit ce genre de titre immense et riche arriver sur la petite hybride de Nintendo : « comment ça peut tourner ? » Eh bien, dans le cadre du titre qui nous intéresse aujourd’hui, ça ne peut pas. Tout simplement.

Afin de vous livrer cette expérience, les équipes de Koei Tecmo ont dû faire des sacrifices. Et, comme le savent très bien les possesseurs de PC bas de gamme : quand on veut optimiser un jeu facilement, on baisse la qualité graphique.

Sur ce point, il est clair et précis que le studio ait choisi de sacrifier son jeu au profit de la fluidité.

C’est bien simple, en mode TV c’est injouable. Immonde à l’écran, ne proposant guère plus qu’une bouillie de pixels et du clipping omniprésent, aliasé comme jamais auparavant ; tout sans exception a été sacrifié afin que Dynasty Warriors 9: Empires soit jouable dans de « bonnes » conditions (entendez par là « sans trop de lags »).

On se rabattra donc sur le mode portable pour espérer être moins écœuré par ce qu’on voit à l’écran. Et là, l’expérience est bien meilleure. Ça reste immonde, qu’on se le dise, mais au moins vous n’aurez plus cette terrible envie de vous crever les yeux.

Le titre propose différents gameplays, dont un en « Open World ». Ce dernier est tout simplement abject, pire que tout le reste. Le clipping est tels que les ennemis n’apparaissent pas tant que vous n’êtes pas littéralement au sein du groupe en question. Certains « PNJ » font de même et ne parlons pas des textures, des décors, ni de la « distance » d’affichage tout simplement risible.

En permanence, le jeu vous colle le nez dans un brouillard infâme pour éviter de surcharger la machine, mais vous empêche également de simplement… voir ce qu’il y a autour de vous.

La végétation ? Disparue. Les PNJ non essentiels ? Également. L’essence même de ce mode a comme été aspirée dans un trou noir, pour ne vous laisser qu’un titre moins beau que le second opus pourtant sorti en 2006.

L’Empire du Milieu

Revenons sur le jeu en lui-même. Dynasty Warriors 9: Empires vous propose d’incarner un personnage historique romancé issu de l’époque des Trois Royaumes, en Chine ; ou tout simplement de créer un avatar personnalisé.

Si toutes les options sont intéressantes, ce n’est réellement qu’à partir de votre seconde partie que le jeu révèle son plein potentiel puisqu’il inclut (enfin)… les Dynasties.

Ainsi, une fois votre aventure bouclée et à condition que vous ayez trouvé un conjoint de sexe opposé ; vous aurez un enfant. Ce dernier est généré aléatoirement, en tenant compte des spécificités de ses deux parents. Parfois c’est bigrement réussi. Et parfois… On a le sentiment que Darwin avait peut-être tort quant au principe d’évolution.

Votre mission est donc de devenir le maître absolu de l’ensemble de la Chine. Pour ce faire, vous allez devoir fonder votre propre royaume, déclarer des guerres, nouer des alliances, négocier, etc., jusqu’à parvenir au grade ultime : celui d’Empereur.

Vous êtes devant un jeu qui mixe habilement Muso, Stratégie et Gestion. Un mélange singulier mais intéressant et qui existe depuis le 4e opus de la série principale, soit en 2004.

Cela fait donc 18 ans et 5 épisodes d’Empires que Koei Tecmo livre la même formule. Et à chaque nouvel opus, les nouveautés se comptent littéralement sur les doigts d’une main. Celui-ci ne fait pas exception.

Si ces ajouts sont à saluer, ils ne sont clairement pas à la hauteur des attentes. Par exemple, le mariage n’arrive qu’après avoir unifié toutes les régions. Jamais votre héros n’a droit d’avoir un enfant pendant son périple. Et, par corollaire, il ne peut pas mourir de vieillesse. D’ailleurs, il ne vieillit pas du tout ; malgré la présence d’un calendrier qui vous montre clairement les années défiler.

Il aurait été préférable d’envisager une carte plus grande, plus difficile à maîtriser et héritée à chaque fois par vos descendants ; à l’image de ce que font tous les jeux de Grande Stratégie depuis des décennies. Ici, ce n’est pas le cas. Une fois que vous êtes sacré Empereur, votre enfant vient au monde. Vous pouvez alors le sélectionner en personnage jouable et… tout recommencer depuis le début, sans aucune logique ni continuité diégétique.

Vous avez même l’opportunité de rencontrer vos aïeux en tant qu’officiers et, de fait, de les recruter dans votre armée. Mais une nouvelle fois, le jeu ne gère rien du tout. Il est certes plus facile d’optimiser ses relations avec les membres de sa famille ; mais ils ont exactement la même apparence qu’à l’époque. Arrière-grand-papy peut donc sembler plus jeune, c’est un comble.

Et les problèmes de cohérences continuent quand on fait un bref calcul : Dynasty Warriors 9: Empires ne dispose que de 20 personnages féminins. Contre 74 pour les officiers masculins et plus de 300 pour les génériques (uniquement masculins également).

En d’autres termes : plus votre dynastie est grande, plus vous avez de chance de vous retrouver tout simplement bloqué dans votre partie car dans l’impossibilité de vous marier. Absurde.

Mais ce qui manque au titre est encore plus grave. Les options de négociations avec les autres officiers et rois rivaux sont toujours aussi faibles. Impossible par exemple de nouer une alliance via un mariage arrangé ni de kidnapper ou de faire assassiner quelqu’un. Des options qui sont pourtant disponibles dans Romances Of The Three Kingdoms ou Nobunaga’s Ambition… également issue de Koei Tecmo.

La seconde partie de gameplay proposée est celle, plus traditionnelle, du Muso. En d’autres termes, vous êtes sur un champ de bataille avec pour objectif de défaire vos adversaires tout en accomplissant divers objectifs secondaires pour « faciliter » la bataille.

Et là encore… l’expérience est réellement en demi-teinte. Si la prise en main du personnage est plaisante, on en vient rapidement à regretter les épisodes principaux.

Dynasty Warriors 9 : Empires ne propose que deux genres de maps différentes : attaque et défense. La première consiste à faire tomber les défenses d’une forteresse… et l’autre à en protéger une.

Aucune bataille rangée ni navale, aucune proposition un tant soit peu originale, ne vient pimenter ces mornes phases. Vous attaquez une forteresse ou la protégez. Point.

Et malgré cette proposition très faible, jamais le jeu ne parvient à vous surprendre par son inventivité. Tous ces conflits sont scriptés au possible et demandent d’être résolus selon un schéma très précis : lancer votre « plan », empêcher celui de l’adversaire, capturer des camps, attendre que vos béliers ou tours atteignent les murs de la forteresse. Puis vous entrez, foncez vers le « boss » et voilà… C’est une victoire.

Il n’est pas possible de tenter d’exploiter des failles dans le positionnement ennemi ni de s’infiltrer discrètement dans une place forte afin d’ouvrir les portes. Aucune stratégie réellement palpitante ne vous est proposée. Simplement encore et toujours la même chose, en boucle.

Mais là où le bât blesse, c’est que ces batailles sont jouées d’avance. Même sans votre concours ; puisque l’issue dépend essentiellement des « forces » en présence (qui est symbolisée par le nombre de soldats de chaque officier). Autrement dit, amenez vos personnages les plus puissants au front, et la victoire vous est acquise avec une déconcertante facilité. Au contraire, faites-vous attaquer sur une région ou n’avez laissé que peu d’hommes en garnison, et il vous est tout simplement impossible de gagner.

Nous parlons toujours d’une époque où Zhang Fei a chargé seul contre une armée de 10 000 hommes et est parvenu à les faire fuir de peur ? Ou ce dernier est mort après avoir repoussé les assauts d’une armée gigantesque avec seulement cent hommes à sa disposition ? L’histoire des Trois Royaumes est extrêmement riche en moments de bravoure, en renversement de situations pourtant inextricables, en conflits perdus d’avance mais qui profitent finalement aux plus faibles. C’est là l’essence même du roman ayant grandement inspiré la série ; et elle est tout simplement passée aux oubliettes.

Car dans cet Empires, tout fonctionne par ces fameux points. Et il n’y a guère que les batailles où les scores sont sensiblement peu ou prou équivalents qui parviennent à être un peu tendus…

Du moins sur les autres versions. Car sur Switch, vous allez souvent rager devant des situations inextricables : votre cheval qui se soft lock dans une catapulte apparaissant magiquement au milieu du champ de bataille, des officiers invisibles ou encore, le pire : des missions vous demandant de prendre le contrôle de camps ennemis dans un temps imparti en défaisant un nombre précis d’adversaires. L’idée est sans doute bonne sur tous les autres supports… Mais sur Switch, le nombre d’ennemis affichés à l’écran est limité. Donc on en tue vingt. Puis on attend que la console charge les vingt suivants. Passionnant, quand vous tentez désespérément de retourner une situation et que, pour ce faire, vous devez en vaincre 150 en moins d’une minute…

Dynasty Warriors 9 : Empires propose donc une expérience hybride certes plaisante, mais loin de briller que ce soit dans sa partie gestion ou Muso.

L’Empire contre-attaque

Malgré tout, le titre de Koei Tecmo dispose de forces indéniables qu’il serait honteux de ne pas citer. Les options de personnalisation sont nombreuses, de même que l’évolution de vos différents protagonistes.

Si vous débutez comme un simple mercenaire, une certaine liberté de choix s’installe rapidement. Vous n’êtes techniquement jamais contraint de devenir un seigneur et pouvez parfaitement vivre une partie entière en tant que mercenaire ou subalterne.

Cette variation de gameplay est fort appréciable (bien qu’imparfaite), et on se plaît clairement à accepter une voie différente plutôt que de refaire encore et encore les mêmes parties ; bien qu’au final la redondance de ce mode de jeu vous force indubitablement à prendre votre indépendance.

Concernant votre héros, ce dernier va bien entendu gagner de l’expérience pour devenir plus fort. Mais il peut également compter sur un système de cartes pour débloquer des pouvoirs uniques. De même, un système de runes assez complet (mais fort mal pensé) lui permet de s’éloigner des archétypes traditionnels.

Du côté des armes, c’est également un bon point. Plus ce dernier s’en sert, plus il la maîtrise. Et vous avez librement le choix d’en changer durant votre partie, quand vous le souhaitez. Bien entendu, ces maîtrises sont également transmises à vos descendants ; et rapidement vous dirigez un personnage capable d’utiliser à la perfection n’importe laquelle.

On appréciera également les nombreuses options disponibles quant à la gestion de votre royaume. Que ce soit les améliorations de chaque région (en termes de défense, d’agriculture ou encore d’impôts), ou la possibilité de partager des moments avec vos officiers pour augmenter votre affinité (et empêcher une désertion ou une mutinerie).

Mais de nouveau, si cette profusion d’options est agréable, il n’en demeure pas moins qu’elle ne va pas jusqu’au bout. Ou, du moins, pas aussi loin que dans d’autres jeux du genre et chaque partie finie indubitablement par se ressembler.

J’aime

L

Intégralement en français

L

Tente de mêler les genres…

L

De très nombreux personnages jouables…

J’aime moins

K

Une redondance ennuyeuse

K

… mais bâcle le travail sur chacun.

K

…mais le rapport hommes/femmes est trop déséquilibré

K

Un open-world particulièrement vide

K

Des missions de combat terriblement redondantes

K

Une version Switch qui ne devrait pas exister