20XX est le second titre du studio Batterystaple, une petite équipe indépendante ayant bénéficié de l’aide de Fire Horse Games pour ce dernier.
Sorti initialement en 2017 sur PC avant d’arriver sur consoles l’année suivante, le titre a connu surtout un succès d’estime et est passé totalement sous les radars de la presse spécialisée. Une honte absolue.
Editeur(s)
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Batterystaple |
Sortie France
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10 Juil. 2018
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PEGI
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+7 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Nintendo Switch |
Est-ce Mega Man ? Est-ce un Roguelite ? Non, c’est 20XX !
Le concept de base de 20XX est d’une simplicité extrême : proposer l’expérience Mega Man… en Roguelite. L’idée vous paraît folle ? C’est le cas.
Et pourtant, force est de constater que la licence de Capcom, dans son acception la plus traditionnelle, dispose déjà de tous les codes du genre : des niveaux retors se terminant par un boss et sélectionnables dans l’ordre voulu, des pouvoirs différents à débloquer au fur et à mesure, des améliorations d’armures dans les épisodes X… il ne manquait qu’une étincelle pour transformer la série en Roguelite à succès.
Malheureusement, Capcom n’a jamais saisi cette chance. Mais cette lacune a été comblée par les efforts conjoints de Batterystaple Games et de Fire Horse Games.
Dans 20XX, vous incarnez Nina et Ace, deux androïdes largement inspirés par les personnages de X et Zero (jusqu’aux couleurs, armes et armures de ces derniers). Vos deux protagonistes sont embauchés par des scientifiques afin de contrer un soulèvement robotique menaçant l’humanité tout entière.
Accueillis à bord de l’Arche, une station spatiale en orbite autour de la Terre qui leur sert de hub, les deux alliés vont devoir voyager aux quatre coins du globe pour défaire divers ennemis et boss au sein de niveaux générés aléatoirement.
Bien que faible et sous-exploité, l’aspect scénaristique est clairement inspiré des anciens opus de Mega Man (et plus particulièrement du premier, jusqu’à dans sa mise en scène). Aucune surprise n’est malheureusement à attendre de cette intrigue à la narration en berne, qui se contente d’empiler les poncifs déjà surexploités par son illustre aïeul.
Malgré cette absence de profondeur, il faut saluer le travail effectué par des équipes visiblement composées en grande majorité de fans assidus. Entre hommage et parodie, 20XX se pare de tous les atours des deux séries sans jamais céder aux sirènes de la simplicité. Les deux scientifiques qui vous accueillent à bord de l’Arche ont même des designs très similaires à ceux des docteurs Light et Wily.
20XX est un jeu qui transpire la passion, un amour sincère pour l’histoire de Mega Man. Si vous aussi êtes nostalgique de cette licence, vous devez jouer à ce titre.
Des sensations inimitables
Nonobstant son intrigue et son héritage, 20XX est avant tout un excellent jeu vidéo. Et cela, il le doit au talent indéniable des développeurs qui ne se contentent pas de singer les licences dont ils se sont inspirés.
Tout au contraire, ces dernières ont tout simplement été décortiquées pour en saisir la substantifique moelle, avant de l’intégrer dans leur titre.
Chaque partie suit le même schéma : vous débutez au sein de l’Arche. Dans cet endroit, vous allez pouvoir choisir votre personnage, débloquer divers objets et améliorations (temporaires ou permanentes) en dépensant des ressources durement gagnées lors de vos runs, consulter vos statistiques, la liste des objets, votre progression ; et même participer à divers défis quotidiens et hebdomadaires.
Une fois prêt, vous pouvez lancer une nouvelle partie. Comme tout bon Roguelite, votre personnage débute chacune d’entre elles sans la moindre amélioration, sinon celles débloquées dans votre base. Les niveaux sont tous générés aléatoirement, au sein de plusieurs biomes.
Vous pouvez ainsi parfaitement commencer par une zone glacée, une autre où les plateformes sont légion, etc. La grande ingéniosité de 20XX est justement de proposer une dizaine de boss de fins de niveaux différents, ainsi que cette fameuse génération aléatoire, permettant à chaque partie d’être réellement unique.
À l’instar des Mega Man et Mega Man X, votre héros utilise son arme principale en appuyant sur X, peut la charger en maintenant le même bouton enfoncé, sauter avec A et dasher via la touche RT. Y, LB et LT vous serviront ultérieurement, puisqu’il est possible d’y attribuer vous-mêmes des pouvoirs déblocables lors de votre progression.
Les sensations de Mega Man X (surtout à partir du 5e épisode) sont bel et bien là. Le jeu se montre particulièrement nerveux, nécessite une attention de chaque instant et une touche de réflexion dans les passages les plus retors.
Mieux encore, la maniabilité de ce 20XX frise la perfection. Votre personnage répond instantanément, sans la moindre petite latence. La sensation de maîtriser totalement son avatar est bien présente, au point où il devient impossible de rager contre le jeu en cas de défaite.
Non, dans 20XX, si vous perdez c’est que vous n’êtes tout simplement pas assez bon.
Cette impression de contrôle absolu pousse le joueur à toujours relancer une partie, pour se surpasser et enfin parvenir à arracher une sacro-sainte victoire sur le jeu.
Particulièrement ardu dans ses premiers niveaux, 20XX se calque sur la progression bien connue des opus des séries dont il est l’héritier. Ainsi, à la fin de chaque niveau et une fois le boss vaincu, vous allez récupérer son pouvoir. Mais le titre ne s’arrête pas là pour marquer ses différences.
Votre héros peut également trouver diverses « augmentations » durant son périple. Les premières sont des pièces d’armures, qui s’équipent automatiquement sur les parties idoines. Il en existe quatre types différents : casque, torse, bras et jambes.
À l’instar d’un Hades, 20XX a l’intelligence de proposer des améliorations significativement différentes, capables de transformer totalement votre expérience de jeu via ces quelques pièces d’armures.
Ainsi, vous n’aborderez pas les niveaux avec la même hardiesse si vous avez dégoté un équipement de torse vous immunisant aux renversements, ni n’envisagerez une prise de risque inutile lors des phases de plateformes sans avoir au préalable trouvé une paire de bottes vous permettant de léviter.
De plus, lors de votre progression, vous avez également la possibilité de découvrir d’autres types d’améliorations. Ces dernières vont booster vos dégâts, faire gonfler votre barre de vie ou d’énergie, votre vitesse ou la hauteur de vos sauts.
L’idée particulièrement avenante du titre est de proposer, au sein des niveaux et à intervalle régulier, divers « défis de gloire ». Ces derniers vous transportent dans une zone minuscule et vous demandent de vaincre un nombre déterminé d’ennemis dans un temps imparti. Si vous y parvenez, vous débloquez des améliorations particulièrement puissantes. Dans le cas contraire, c’est le game over.
Petit bonus pour les speedrunners dans l’âme : en parvenant à terminer un niveau entier (boss inclus) sous une certaine limite temporelle ; vous bénéficiez d’un coffre supplémentaire.
Enfin, deux types de « monnaies » sont récoltables au sein des niveaux. Les boulons servent à acheter des améliorations ou soins à des distributeurs automatiques ; et les jetons d’âmes sont conservés à votre mort pour débloquer des augmentations permanentes.
Toutes ces idées mises bout à bout font de 20XX un grand Roguelite, dans la plus pure tradition du genre, en respectant chaque code tout en parvenant avec une déconcertante facilité à les magnifier… et tout ça, dans un univers proche de celui de Mega Man !
Le meilleur Mega Man-like ?
Avec les années, nombreux sont les jeux à avoir voulu surfer sur le succès de Mega Man et de sa variante X. Pléthore de titres qui se sont cassé les dents, ne parvenant jamais à trouver l’emplacement idéal du curseur entre inspiration et plagiat.
Bien entendu, on pense tout naturellement à la catastrophe Mighty No. 9, développé par le créateur même des licences précitées. Qu’en est-il de 20XX ? S’il s’impose d’emblée comme étant le meilleur héritier disponible à ce jour, il n’en souffre pas pour autant de quelques défauts assez préjudiciables.
Le premier, et le plus visible, est sans nul doute son aspect visuel. Graphiquement, le jeu est « spécial », fort de dessins très enfantins et peine à convaincre, surtout les amateurs, devant la maestria des derniers épisodes X.
Ensuite vient ce fameux aspect Roguelite, qui dénature quelque peu l’expérience action / plateforme de la série et qui pourrait en rebuter certains.
Enfin, sa difficulté ne sera clairement pas un argument en sa faveur aux yeux de bon nombre de joueurs.
Pourtant, inutile de préciser que 20XX est une expérience riche, incroyablement plaisante, et dispose de toutes les cartes pour tenir tête même aux opus canoniques de Mega Man.