Tower of Time est le tout premier jeu du studio indépendant Event Horizon, fondé en 2016. Une fois n’est pas coutume, c’est après un succès d’estime sur PC via Steam que le titre a eu droit, en 2020, à une sortie sur consoles.

Eu égard du peu de C-RPG disponibles sur la console de Nintendo, le studio a fait un choix judicieux en y apportant son jeu. Mais vaut-il le coup face aux quelques ténors ? C’est ce que nous allons voir immédiatement.

Editeur(s)
Digerati
Sortie France
25 juin 2020
PEGI
+12 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

 

La tour prend garde

Tower of Time situe son action dans un univers médiéval fantastique des plus singuliers. Pour résumer l’intrigue, un jeune garçon y découvre un jour une tour inversée profondément enfouie sous terre.

Alors qu’il parvient à en atteindre le « sommet » sans encombre malgré les mises en garde des locaux, il y découvre un étrange trône ainsi que l’esprit d’un monarque antique qui le prédestine à une glorieuse destinée.

Bien des années plus tard, l’enfant a grandi et est devenu le leader d’une nation d’importance. Il est désormais temps pour lui de découvrir les secrets enfouis dans la Tour mais, plutôt que d’y aller par lui-même, il décide d’y envoyer ses soldats.

Vous incarnez ses gardes d’élite, soit un guerrier et une archère, dans leur aventure au sein de cette fameuse tour.

Tower of Time ne brille pas par sa narration, mais plus par l’originalité de son scénario et de sa mise en scène. Alors que vous vous attendez à incarner le « héros » de l’aventure, Event Horizon a plutôt choisi de vous faire vivre les péripéties des personnages secondaires.

Une idée bigrement rafraîchissante et qui, surtout, permet une totale liberté narrative. Aucun n’est réellement à l’abri, puisque ces derniers ne sont que des pions entre les mains de leur suzerain.

Malheureusement cette base, aussi inattendue soit-elle, est clairement sous-exploitée tout au long de l’aventure. Certes vos personnages peuvent périr, mais subsistent de grosses lacunes concernant le développement de ces derniers. Ce qui se traduit, une fois en jeu, par un manque clair d’implication dans le destin qui leur est réservé.

Tower of Time demeure malgré tout une belle petite surprise, originale et novatrice, qui mérite d’être découverte.

Visuellement en demi-teinte

Tower of Time est un jeu particulièrement beau sur Nintendo Switch. Sans atteindre les sommets des titres triple A, il demeure cependant dans le haut du panier ; surtout en considérant la taille et la jeunesse du studio.

Le portage est de qualité, malgré quelques imprécisions dans les effets d’ombres et de lumières, des textures parfois baveuses et un aliasing bien trop visible en mode TV.

La Direction artistique, en revanche, oscille dangereusement entre « magnifique » et « immonde », parfois au sein du même niveau.

L’idée d’avoir placé l’ensemble de l’intrigue au sein de cette fameuse Tour inversée offre aux développeurs la possibilité de laisser libre cours à leur imagination. Votre progression se fait de fait au sein de divers biomes, particulièrement différents. Une belle manière de renouveler l’intérêt de l’exploration.

Cependant à cause d’un level design trop prévisible et bien fade, de certains décors vraiment finis à la truelle ainsi que d’angles de caméra qui ne rendent pas toujours hommage à la beauté des environnements ; Tower of Time ne parvient jamais à totalement convaincre et semble avoir bien trop d’ambitions.

Un jeu trop en avance… ou en retard ?

Tower of Time souffre d’une envie disproportionnée de faire du neuf avec du vieux, de proposer une aventure singulièrement différente des autres ; quitte à puiser dans des idées parfois saugrenues.

C’est ainsi que le système de combat oscille entre des combats en zone restreinte ET en temps réel. Un « en même temps » clairement trop complexe pour être réellement appréciable.

Entendez par là que, contrairement aux autres C-RPG, les rencontres ne se déclenchent pas au sein de la zone où vous découvrez les ennemis. Tout comme dans un RPG plus classique, vous devez entrer en contact avec ces derniers, subir un temps de chargement, avant d’être amené dans une arène relativement petite.

C’est alors que le combat se déclenche. Mais, de nouveau en totale contradiction avec son genre, l’affrontement se déroule en temps réel. Fini donc la stratégie, ou simplement le temps de planifier vos actions. Ici, tout doit se jouer vite… Enfin, vite…

Car le corollaire logique est bien entendu que vous n’avez guère le temps de prendre les décisions adéquates dans un laps de temps très court. Pour pallier ce problème, les développeurs ont fait le choix… de ralentir volontairement les ennemis, qui semblent se déplacer comme des grabataires ayant oublié leur déambulateur.

Chaque affrontement semble alors durer une éternité, d’autant que les ennemis sont de véritables sacs à points de vie. De votre côté, vous devez malgré tout songer rapidement à votre placement ainsi qu’à votre stratégie si vous comptez vous en sortir.

Vos personnages sont relativement faibles, peuvent tomber rapidement, et doivent disposer d’une ligne de mire dégagée pour déclencher leurs compétences ou attaquer à distance. Des restrictions bien trop contraignantes qui gâchent purement et simplement le plaisir et rendent ces combats inutilement complexes.

N’aurait-il pas été plus simple et logique de calquer ces fameux affrontements sur l’intégralité des autres C-RPG à succès ? C’est la question que vous allez vous poser sans cesse durant l’intégralité de votre aventure.

Un portage dans les choux

Sur Nintendo Switch, Tower of Time souffre malheureusement d’une énième tare qui empêche quiconque de l’apprécier à sa juste valeur : sa maniabilité.

Porté à la va-vite de son homologue PC, ce sont des menus immondes et impraticables qui vous attendent. La moindre action, qu’il s’agisse de se déplacer, de sélectionner une compétence en combat ou, tout simplement, d’ouvrir un coffre est d’une rare complexité.

Pourtant il existe de nouveau pléthore d’autres jeux du genre sur la console… mais le studio ne semble jamais y avoir touché ou, à minima, a décidé de ne surtout pas s’en inspirer.

Il en résulte un jeu qui a l’air réellement intéressant, intrigant et novateur ; mais qui pèche par son manque d’ergonomie.

J’aime

L

D’excellentes bases scénaristiques

L

Des biomes très diversifiés

L

Une direction artistique parfois sublime…

L

De très bonnes idées de gameplay…

J’aime moins

K

Une caméra qui ne sait pas bien comment se placer

K

Un level design trop plat

K

… et à d’autres moments immonde

K

… mais une maniabilité inutilement complexe sur Switch