Développé par le studio Olive Panda, lui-même étant une branche interne de LongYou ; Krzyżacy : The Knights of the Cross (ne me demandez pas comment cela se prononce) est un RPG exclusif au PC, mariné de Deck Building.
Le titre, disponible depuis le 20 juillet 2023, est donc une sous-production d’un studio indépendant chinois basé sur… un roman polonais. Le tout disponible en anglais.
Serait-ce le premier titre chinois à me décevoir cette année ? C’est ce que nous allons voir tout de suite !
Editeur(s)
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Neverland Entertainment |
Sortie France
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20 juil. 2023
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PEGI
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+16 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | PC |
Conrad Coron a des Teutons
Krzyżacy (mes plus sincères remerciements à la fonction copier-coller) se veut être l’adaptation du roman éponyme paru en 1900 et écrit par Henryk Sienkiewicz. Ce dernier raconte les aventures de Zbyszko (scrabble, mot compte triple, 4 600 points) luttant contre les chevaliers Teutoniques au nom de la belle princesse Danusia.
Je vous ferai grâce des péripéties du chevalier, vu que ces dernières… ne sont tout simplement pas présentes dans le jeu. D’adaptation, il ne porte que le nom, puisque Krzyżacy vous offre une version bien différente de l’intrigue de l’auteur polonais.
Ici, il est question d’une guerre entre trois factions (non, je n’ai pas dit « maisons »). Afin de pouvoir vaincre les Teutons, un mariage est organisé entre Zbyszko et Danusia. Bien entendu, les choses vont rapidement se compliquer pour votre héros et sa dame, qui doivent faire face à une invasion.
Vous voilà donc parti sur les routes en compagnie de votre oncle et mentor, ainsi que de recrues diverses et variées au design… voluptueux…
Pour une raison obscure, les développeurs ont choisi de vous proposer des acolytes majoritairement féminins et, disons-le franchement, dessinés de manière très provocante.
Tenues courtes et aguicheuses, poitrines disproportionnées, positions lascives… Il ne manquerait plus qu’un ou deux « Yamete Kudasai » pour se croire dans un bon vieux hentai. J’ai même vérifié à plusieurs reprises pour m’assurer de ne pas être devant une production nipponne, tant les jeux chinois nous ont habitués à plus de subtilité et de décence.
Le problème étant que, très clairement, cette volonté de mettre en avant les attributs de ces donzelles fort peu vêtues est là pour une seule et unique raison : vous faire oublier la vacuité crasse d’un scénario plat, sans saveur ni ambitions.
Oui, Krzyżacy dispose d’une intrigue totalement convenue, qui ne parvient jamais à s’élever au-delà des usuels poncifs d’une histoire maintes fois essorée jusqu’à la moelle.
Les protagonistes principaux sont tous des archétypes prémâchés allant du noble chevalier au grand cœur jusqu’au méchant-vilain-pas-beau-très-très-méchant, en passant bien entendu par la princesse fragile, mais qui a du caractère quand même.
D’une niaiserie intemporelle, ne cherchant jamais à aller plus loin que son concept de base, sans réel retournement de situation haletant ; Krzyżacy serait un bien piètre RPG s’il n’avait pour lui de réelles qualités ailleurs…
Du Pixel-Art top qualité
Car tout n’est pas à jeter dans Krzyżacy, loin de là. Commençons par ce qui saute immédiatement aux yeux : visuellement, le jeu est particulièrement réussi. Adoptant une 2,5D en pixel art, certains décors et autres mises en scène ne sont pas sans rappeler un certain Octopath Traveler, l’exploration en moins.
Le moteur du jeu tourne à la perfection, et c’est une débauche d’effets visuels et autres particules qui viennent vous titiller la rétine. Que ce soit dans les décors ou le design général des personnages, tout est réussi.
Même les artworks sont particulièrement qualitatifs… si on oublie, bien entendu, les courbes généreuses qui s’agitent sous votre nez.
Musicalement, c’est également du très bon travail. Les thèmes utilisés rappellent bien la musique médiévale européenne, savamment rehaussée de chœurs pour vous plonger dans une ambiance de guerre.
Un joli travail sonore à mettre également au crédit du titre.
Entre RPG et Deck Building, il faut choisir…
Krzyżacy est un jeu… particulièrement frustrant. Et ce, dès les premiers instants. Il se base en effet sur un concept très simple, voire même trop… tout en demeurant pétri de qualités indéniables.
Son système de combat repose sur une mécanique très simple : vous ne dirigez que votre héros. Vos compagnons sont en mode « Idle ». Entendez par-là qu’ils agissent à leur guise, guidés par une IA correcte (sans plus).
Lors de votre tour, vous piochez cinq cartes parmi un deck préconstruit (mais évolutif et modifiable à loisir). Libre à vous de toutes les utiliser, ou d’en conserver jusqu’à deux, dans l’optique de vous en servir ultérieurement.
Enfin, une jauge située en bas à gauche se remplit progressivement à mesure que vous combattez. Une fois pleine, elle peut être utilisée à loisir pour piocher de nouvelles cartes et, ainsi, augmenter votre potentiel stratégique.
Très simple à prendre en main, ce système de combat est particulièrement réussi également. Toutes vos cartes disposent en effet d’un code couleur limpide et basique : rouge pour les attaques physiques, bleu pour la magie, blanc pour la défense et vert pour les soins et les buffs.
On regrettera peut-être un manque de clarté sur celles disposant de deux attributs (des dégâts et des boosts, par exemple) ; qui auraient mérité de bénéficier de deux couleurs plutôt qu’une seule.
Mais outre cela, il faut reconnaître que cette simplicité fluidifie grandement le gameplay. Les combats s’enchaînent rapidement et aisément, d’autant que les modificateurs sont visibles avant l’utilisation desdites cartes.
Par exemple, si vous souhaitez infliger des dégâts, la barre de vie de l’ennemi se réduit avant que vous ne validiez l’action, ce qui vous permet d’annuler une erreur avant même de la commettre.
Particulièrement stratégiques, ces combats exigent une bonne dose de discipline et de réflexion pour s’en sortir. Mais…
Eh bien, il manque une dimension à ce Krzyżacy pour être réellement classifié comme un bon RPG… sinon même comme un RPG tout court : l’exploration.
L’intégralité de vos déplacements s’effectue en effet sur une carte de la Pologne et des régions adjacentes, affichant les missions disponibles à des points précis. Comme dans un T-RPG. Il n’est donc pas possible de se déplacer à loisir, ni de visiter la moindre ville librement.
Si ces missions sont claires (le niveau de difficulté est indiqué par un système d’étoiles, les missions secondaires arborent une couleur différente, et les événements spéciaux sont indiqués par un point d’interrogation) ; elles sont cependant incroyablement répétitives. Vous n’avez à disposition que des combats et des dialogues. Rien d’autre.
Ce système aurait été parfaitement adapté pour un T-RPG de type Fire Emblem. Mais dans le cadre d’un jeu de rôle pur… cela nuit grandement à l’intérêt même du titre, puisque vous ne ferez rien d’autre qu’enchaîner les affrontements et les dialogues, sans une once d’originalité.